Les colères du Sinabung (Indonésie) // Mt Sinabung’s wrath (Indonesia)

Alors que l’Agung demeure plutôt calme, le Sinabung est de nouveau entré en éruption ces derniers jours. Cela se produit généralement lorsque le dôme sommital s’effondre en générant de spectaculaires coulées pyroclastiques et des nuages de cendre. Le volcan est entré en éruption le 18 décembre, puis le 27 décembre 2017 à 15h30 (heure locale). Les autorités ont publié une déclaration confirmant qu’il n’y avait pas eu de victimes, mais des milliers de personnes ont été affectées par des retombées de cendre.
Le volcan est en alerte maximale depuis sa première éruption il y a quatre ans. Six personnes avaient alors été tuées et des dizaines de milliers d’autres avaient été évacuées. L’Agence nationale de gestion des catastrophes demande aux habitants de rester vigilants et de ne pas pénétrer dans la zone de danger de trois à sept kilomètres autour du cratère.
Plusieurs médias ont publié des photos et des vidéos de la dernière éruption. Voici des liens vers certains articles:

http://metro.co.uk/2017/12/27/volcano-erupts-indonesia-spewing-hot-ash-4-6km-air-7186761/

https://www.express.co.uk/news/world/897174/Bali-volcano-news-Mount-Sinabung-Mount-Agung-eruption-ash-cloud-video

http://www.straitstimes.com/asia/se-asia/indonesias-sinabung-volcano-erupts-again

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While Mt Agung remains rather quiet, Mount Sinabung has again erupted in the past days. This usually happens when the summit dome collapses, generating dramatic hot clouds of ash. The volcano erupted on Decembrer 18th, then on December 27th at 3:30 pm (local time). Officials released a statement confirming that there had been no casualties after the eruption, but thousands of people have reportedly been affected by ashfall.

The volcano has been at the highest alert level since its first eruption four years ago, when six people were killed and tens of thousands of local residents were evacuated. The Indonesian National Disaster Mitigation Agency urges residents to stay alert, and not to enter the three to seven kilometre danger zone around the crater.

Several media have released photos and videos of the last eruption. Here are links to some of them:

http://metro.co.uk/2017/12/27/volcano-erupts-indonesia-spewing-hot-ash-4-6km-air-7186761/

https://www.express.co.uk/news/world/897174/Bali-volcano-news-Mount-Sinabung-Mount-Agung-eruption-ash-cloud-video

http://www.straitstimes.com/asia/se-asia/indonesias-sinabung-volcano-erupts-again

Vue du dôme du Sinabung (Crédit photo: Franck Gueffier)

Indonésie / Indonesia: Les gardiens des volcans // The volcanoes’ guardians

Si vous demandez au gouvernement français de nommer un «gardien» du Piton de la Fournaise à la Réunion, on vous répondra que l’Observatoire est largement suffisant pour surveiller le volcan. Les autorités italiennes vous donneront la même réponse et se tourneront vers l’INGV pour surveiller le Vésuve, l’Etna ou le Stromboli. La notion de « gardien » d’un volcan n’existe pas en Europe.
En Indonésie, les choses sont différentes et presque chaque volcan possède son propre « gardien ». Il y a sept ans, Mbah Maridjan, 83 ans, le célèbre gardien spirituel du Merapi sur l’île de Java, a été tué lorsque le volcan a envoyé des coulées pyroclastiques sur sa maison à 5 km du cratère. Lorsqu’il a été retrouvé, son corps était recouvert de cendre blanche et prostré dans la position typique de prière islamique.
Le gardien spirituel de l’Agung est Jero Mangku Darma. Cet homme de 75 ans prie régulièrement pour protéger ses semblables contre la colère des esprits qui habitent la montagne la plus haute et la plus sainte de l’île ; elle crache des cendres, provoque des lahars, et vient de chasser plus de 72 000 personnes.
M. Darma est un pemangku, ; il fait partie des centaines de gardiens de temples qui, selon la croyance locale, ont le pouvoir de communiquer avec les esprits des montagnes à Bali – le Mont Agung en particulier – et de les apaiser par des rituels sacrés tels que la montée au cratère pour y déposer des offrandes de buffles, chèvres et autres poulets. M. Darma vit dans le village de Sebudi, situé dans la «zone rouge» interdite, à seulement 5 km du volcan.
Lorsque les autorités ont élevé la niveau d’alerte du volcan à son maximum le 22 septembre 2017, suite à une augmentation de l’activité sismique, et ont ordonné aux personnes vivant dans un rayon de 10 km du sommet de se retirer vers des zones plus sûres, toutes ont obéi, à l’exception de M. Darma. Il a dit qu’il ne bougerait pas, sauf s’il recevait « l’instruction divine des chuchoteurs de rêves » à travers des indices tels que « le feu, la fumée et les rochers … Les esprits du Mont Agung sont en colère, je dois prier et demander pardon. »
L’Indonésie possède environ 130 volcans actifs. Beaucoup d’entre eux ont des gardiens spirituels qui héritent de la position de leurs ancêtres ou sont nommés par les sultans ou la communauté locale. A Java, la responsabilité repose sur les épaules d’une seule  personne, le jurukunci. A Bali, la tâche est répartie entre les pemangku des nombreux temples qui sont disséminés sur les pentes des volcans. Chacun a une mission unique: s’occuper de son propre volcan et s’assurer qu’il ne met pas en danger la vie des gens.
Tout comme le Mont Merapi sur l’île de Java en 2010, le Mont Agung à Bali a tué au moins un pemangku lors de sa dernière éruption en 1963. C’était le père de M. Darma, Jero Mangku Sabda. Lui et sa femme sont morts avec plus de 1000 autres personnes. Leur seul enfant, M. Darma, s’en est tiré avec une blessure sans gravité à la jambe.
De nos jours, les habitants ont compris l’importance des instruments modernes utilisés pour surveiller l’activité volcanique. En conséquence, ils ont appris à combiner les connaissances spirituelles et la technologie moderne pour assurer leur bien-être. Comme l’a déclaré un responsable religieux: «L’équipement permettant de détecter l’éruption d’une manière scientifique et précise doit aussi être considéré comme un don de Dieu, il ne peut exister sans la grâce de Dieu … Mais la science est également limitée. Les gardiens doivent prier pour déplacer le cours de la lave afin qu’elle ne touche pas les villages ; ils ne peuvent arrêter une éruption, mais ils peuvent prier pour que les effets soient moins dévastateurs, pour que l’éruption apporte des bienfaits tels que des terres fertiles et pas des malédictions. »
Adapté d’un article paru dans The Straits Times.

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If you ask the French government to appoint a “guardian” of the Piton de la Fournaise on Reunion Island, they will tell you that the Observatory is largely sufficient to monitor the volcano. Italian authorities will give you the same answer and refer to INGV to control Vesuvius, Mount Etna or Stromboli. The notion of a “guardian” of a volcano does not exist in Europe.

In Indonesia, things are different and nearly every volcano has its own “guardian”. Just seven years ago, the famed spiritual keeper of Java’s Mount Merapi, 83-year-old Mbah Maridjan, was killed when the volcano erupted, sending pyroclastic flows over his home, situated 5km from the crater. His body, when found, was caked in white soot and prostrate in the typical Islamic prayer position.

Mt Agung’s spiritual guardian is Jero Mangku Darma. The 75-year-old man regularly prays for protection from the wrath of the spirits living within the island’s tallest and holiest mountain, which has been spewing ash and cold lava and displaced more than 72,000 people.

Mr Darma is a pemangku, one of the hundreds of temple guardians who the local people believe have the power to communicate with mountain spirits in Bali – such as in Mount Agung – and appease them through sacred rituals such as hikes to the crater to make offerings of buffaloes, goats and chicken. He lives in the village of Sebudi, which lies in the no-go « red zone », only 5 km away from the volcano.

When the authorities raised the alert to the highest level on September 22nd 2017, following an increase in seismic activity, and ordered people living within a radius of 10km from the summit to evacuate to safer areas, all left except for Mr Darma. He said he would not budge unless he received « divine instruction from dream whisperers » through clues such as « fire, smoke and rocks… The spirits of Mount Agung are angry. I must pray and ask for forgiveness. »

Indonesia is home to around 130 active volcanoes. Many of them are guarded by spiritual keepers, who inherit the position from their forefathers or are appointed by sultans or the local community. In Java, the responsibility rests on the shoulders of one person, called the jurukunci. In Bali, the burden is shared among the pemangku of the many temples that dot the slopes of the volcanoes. Each has a single mission: to look after his own volcano and ensure it does not endanger the lives of people.

Just like Mount Merapi on the island of Java in 2010, Bali’s Mount Agung claimed the life of at least one pemangku when it last erupted in 1963. He was Mr Darma’s father, Jero Mangku Sabda. He and his wife died with more than 1,000 others. Their only child, Mr Darma, escaped with a minor leg injury.

Nowadays, local residents have understood the importance of modern instruments to monitor volcanic activity. As a consequence, they have learnt to combine spiritual knowledge and modern technology to ensure their well-being. As one religious official said: « The equipment to detect eruption in a more scientific and precise way must also be considered a gift from God. It can’t exist without the grace from God…But science is also limited; we still need the spiritual guardians to pray to shift the flow of lava so it won’t hit villages. They cannot stop an eruption, but they can pray that the effects will be less devastating, that the eruption will bring blessings such as fertile lands, and not curses such as fatalities. »

Adapted from an article in The Straits Times.

Panache de cendre du Merapi vu depuis l’espace en 2010 (Crédit photo: NASA)

Des livres pour les Etrennes !

A l’occasion des fêtes de fin d’année, je propose jusqu’au 31 décembre 2017 :

– un lot de deux livres comprenant « Mémoires Volcaniques » et « Dans les Pas de l’Ours » au prix de 30 euros, frais d’envoi offerts.

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« Mémoires Volcaniques » – Des contes et légendes vous feront voyager à travers le monde des volcans.   Prix normal: 17 euros + 5 euros de frais d’envoi.

« Dans les Pas de l’Ours »L’ouvrage vous fera voyager des Pyrénées à l’Alaska en vous entraînant dans le monde passionnant de l’Ours. Tantôt vénéré, tantôt haï, le nounours de notre enfance ne saurait laisser indifférent.  Prix normal: 20 euros + 4 euros de frais d’envoi.

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Si cette offre vous intéresse, merci de me contacter par courrier électronique : grandpeyc@club-internet.fr

Bonnes fêtes à tous !

Le Mont Taranaki (Nouvelle Zélande) va devenir une personne légale // Mt Taranaki (New Zealand) to become a legal person

En Nouvelle Zélande, le Mont Taranaki (aussi appelé Mont Egmont) va recevoir les mêmes droits légaux qu’une personne. Il deviendra ainsi la troisième entité géographique du pays à se voir accorder une «personnalité juridique». Huit tribus Maori locales et le gouvernement se partageront la tutelle de la montagne sacrée qui se trouve sur la côte ouest de l’île du Nord. Il s’agit d’un volcan qui culmine à 2 518 mètres d’altitude ; sa forme conique aux pentes régulières est considérée comme une des plus symétriques au monde. La dernière éruption s’est probablement produite en 1755 mais le volcan est toujours considéré comme actif et potentiellement dangereux.

Cette attribution de droits légaux est la dernière étape d’une reconnaissance de la relation entre les peuples autochtones et la montagne qu’ils considèrent comme un ancêtre et un whanau ou membre de la famille. Le nouveau statut signifie que si quelqu’un la maltraite ou lui veut du mal, cela revient à nuire à la tribu.
Le Mont Taranaki deviendra une personnalité juridique, à part entière, qui aura des droits similaires à ceux de la rivière Whanganui, qui a reçu un statut identique en début d’année. Il confère la meilleure protection possible au volcan qui est devenu une attraction touristique de plus en plus populaire après que Lonely Planet ait élevé l’année dernière la région de Taranaki au rang de deuxième endroit à visiter dans le monde.
Dans le cadre du nouveau statut, le gouvernement néo-zélandais présentera ses excuses aux tribus Maori locales pour les violations historiques du Traité de Waitangi envers la montagne, mais les tribus locales ne recevront aucune compensation financière ou commerciale.
Source: journaux néo-zélandais.

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Comme je l’ai écrit sans une note publiée le 14 avril 2017, ce n’est pas la première fois dans le monde qu’un site naturel reçoit les mêmes droits légaux qu’une personne. La Haute Cour d’Uttarakhand a déclaré vendredi 31 mars 2017 que l’air, les glaciers, les forêts, les sources, les rivières et autres lieux naturels étaient des personnes à part entière d’un point de vue légal et que les blesser ou leur causer du mal entraînerait des poursuites. Sont particulièrement concernés par la décision de la Haute Cour les glaciers de l’Himalaya parmi lesquels figurent le Gangotri et le Yamunotri.

Le village de Gangotri est un des lieux de pèlerinage les plus visités en Inde. Il se trouve au pied d’un glacier du même nom, long d’une trentaine de kilomètres, dont les eaux de fonte donnent naissance à l’un des bras du Gange supérieur. Le glacier Yamunotri  donne naissance à la Yamuna, l’un des fleuves les plus sacrés de l’Inde.

L’annonce de la Haute Cour intervient une semaine après qu’elle ait déclaré que le Gange et la Yamuna étaient des « personnes légales ». Elle a expliqué le concept en déclarant qu’une « personne juridique », comme toute autre personne physique, dispose de droits, d’obligations et de responsabilités et est soumise à la loi. Il s’agit en réalité d’une personne artificielle ayant le statut de personne morale. En d’autres termes, elle agit comme une personne physique, mais grâce à une personne désignée. Les droits de ces entités sont équivalents aux droits des êtres humains et le préjudice susceptible de leur être causé doit être considéré comme un préjudice causé aux êtres humains.

Aux yeux des juges de la Haute Cour, les générations antérieures ayant remis la « Mère Terre dans sa gloire immaculée », il existe une obligation morale de remettre la même Terre à la prochaine génération.

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Mount Taranaki (also called Mount Egmont) in New Zealand is to be granted the same legal rights as a person, becoming the third geographic feature in the country to be granted a “legal personality”. Eight local Maori tribes and the government will share guardianship of the sacred mountain on the west coast of the North Island. It is a volcano that rises 2,518 meters above sea level; its conical shape with regular slopes is considered one of the most symmetrical in the world. The last eruption probably occurred in 1755 but the volcano is still considered active and potentially dangerous.

This attribution of legal rights is the final stage in a long-awaited acknowledgement of the indigenous people’s relationship to the mountain, who view it as an ancestor and whanau, or family member. The new status of the mountain means if someone abuses or harms it, it is the same legally as harming the tribe.

Mount Taranaki will become “a legal personality, in its own right, gaining similar rights to the Whanganui River, which was granted legal personhood earlier this year. The agreement will offer the best possible protection for the mountain, which is becoming an increasingly popular tourist attraction after Lonely Planet named the Taranaki region the second best place to visit in the world last year.

As part of the agreement the New Zealand government will apologise to local Maori for historical breaches of the Treaty of Waitangi against the mountain, although local tribes will receive no financial or commercial redress.

Source: New Zealand newspapers.

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As I put it in a note written on April 14th 2017, this is not the first time in the world a natural site has been granted the same legal rights as a person. The Uttarakhand High Court in India declared on Friday March 31st 2017 air, glaciers, forests, springs, rivers and other natural places as legal/juristic persons and that injuring them or causing them any harm would result in prosecution. Particularly concerned by the High Court decision are the glaciers of the Himalayas, among which are the Gangotri and the Yamunotri. The village of Gangotri is one of the most visited places by pilgrims in India. It is located at the foot of a glacier of the same name, about thirty kilometres long, whose meltwaters give birth to one of the arms of the upper Ganges. The Yamunotri glacier gives birth toYamuna, one of the most sacred rivers in India.
The High Court’s decision came a week after it declared that the Ganges and the Yamuna were « legal/juristic persons ». It explained the concept by stating that a « legal:juristic person », like any other natural person, is conferred with rights, obligations and responsibilities and is dealt with in accordance to the law.

Le Mt Taranaki enneigé vu depuis l’espace (Crédit photo : NASA)