Evacuations au Vanuatu

C’est vraiment la saison des évacuations en ce moment sur les volcans ! Après Bali, c’est au tour du Vanuatu d’évacuer plusieurs milliers de personnes en raison d’une forte menace d’éruption du volcan Manaro – au centre du Lac Voui – à Ambae. 8000 personnes ont dû fuir leurs maisons en raison d’une augmentation récente de l’activité et la crainte d’une éruption majeure. Le niveau d’alerte a été porté à 4 pour la première fois pendant le week-end.
Environ 10 000 personnes vivent à Ambae. Les habitants du nord et du sud sont les plus vulnérables. Ils ont été déplacés vers des écoles et des salles communautaires dans les régions orientale et occidentale de l’île.
Les autorités envisagent d’envoyer à Ambae un navire avec des provisions d’eau, de nourriture et d’autres fournitures qui arriveront mercredi pour venir en aide aux personnes déplacées. Les villageois situés à moins de 6,5 kilomètres du volcan sont confrontés au plus grand risque de projections de matériaux et de gaz volcaniques en cas d’éruption. Les autorités ont également averti que les pluies acides pourraient endommager les cultures sur une vaste zone.
Source: The Denver Post.

————————————–

It is really evacuation season on the volcanoes! After Bali, it is up to Vanuatu to evacuate several thousand people because a high eruption threat of Manaro volcano – in the middle of Lake Voui – at Ambae. The volcano has forced 8,000 people to flee their homes, due to a recent increase in activity, with fears of a major eruption. The alert level was raised to 4 for the first time over the weekend.

About 10,000 people live on Ambae; those in the north and south are most vulnerable. Those villagers have been moved into schools and community halls in the island’s eastern and western regions.

Authorities are planning to send to the island a ship filled with water, food and other supplies that would arrive Wednesday to help those people who had been displaced. Villagers within 6.5 kilometres from the volcano face the biggest risk from airborne rocks and volcanic gas. The department also warned that acid rain could damage crops across a broader area.

Source: The Denver Post.

Carte à risques à Ambae (Source: Geohazards)

Agung (Bali / Indonésie) : Les évacuations continuent // Evacuations are going on

Les chiffres les plus fantaisistes ont été communiqués par les médias au sujet du nombre de personnes qui ont été évacuées ou qui ont décidé d’elles-mêmes de quitter leur domicile autour de l’Agung. Certains journaux britanniques n’hésitent pas à parler de centaines de milliers.
En réalité, ce sont près de 50 000 personnes qui ont été évacuées suite à l’activité croissante du volcan depuis le 10 août 2017. Cependant, cette augmentation de l’activité ne signifie pas nécessairement qu’une éruption aura lieu. Les volcanologues sont incapables de dire si l’éruption se produira et à quel moment. Cependant, les données historiques montrent que les éruptions de l’Agung ont été particulièrement puissantes. Comme je l’ai déjà écrit, la dernière éruption majeure a commencé en février 1963 et s’est terminé en janvier 1964. Ce fut l’une des plus grandes éruptions du 20ème siècle, avec un VEI de 5. Les coulées pyroclastiques et les lahars ont causé des dégâts importants et ont tué environ 1 100 personnes.
Les évacuations actuelles ont lieu dans une zone de 12 km autour de l’Agung. Depuis le 24 septembre, près de 35 000 personnes ont été évacuées de leurs maisons et réparties dans 238 sites dans sept districts de Bali. La Protection Civile de l’Indonésie indiquait le 25 septembre dans la matinée que ce nombre était passé à 48 540 ; on s’attend à ce qu’il augmente car plus de 60 000 personnes vivent dans la zone sous la menace du volcan
Sources: TheWatchers et les journaux indonésiens.

————————————-

The most extravagant figures have been communicated by the media about the number ogf people who have been evacuated or who have decided to leave their home by themselves around Mt Agung. Some British news media don’t hesitate to tell about hundreds of thousands.

Actually, nearly 50 000 people have been evacuated following the increasing unrest at the volcano since August 10, 2017. However, this increased activity does not necessarily mean that an eruption will take place. Volcanologists cannot give precise indications on when/if this would happen. However, historical data shows that the eruptions of this volcano were of a big magnitude. As I put it before, the last major eruption started in February 1963 and ended in January 1964. It was one of the world’s largest eruptions of the 20th century, with a VEI 5. Pyroclastic flows and lahars caused extensive damage and killed about 1 100 people.

The current evacuations have taken place in an area of up to 12 km around Mt Agung.  As of September 24th, nearly 35 000 people have been evacuated from their homes and dispersed across 238 locations in seven districts in Bali. Indonesia’s Civil Protection indicated on September 25th in the morning that the number has increased to 48 540, adding that they expected it to rise because more than 60 000 people lived in the danger zone.

Sources : TheWatchers and Indonesian newspapers.

Carte à risques du Mt Agung (Source: VSI)

 

Activité éruptive et changement climatique en Antarctique // Eruptive activity and climate change in Antarctica

Les résultats d’une étude publiée au début de septembre 2017 dans les Proceedings of the National Academy of Sciences apportent une nouvelle lumière sur une période de presque deux siècles d’éruptions volcaniques en Antarctique, alors que le continent connaissait une rapide déglaciation il y a environ 17 700 ans.
Les mesures chimiques effectuées sur des carottes de glace de l’Antarctique montrent que des éruptions puissantes et riches en halogènes du Mont Takahe dans l’Antarctique de l’Ouest ont coïncidé exactement avec l’apparition d’un changement climatique rapide et à grande échelle dans l’hémisphère sud à la fin de la dernière période glaciaire et le début de l’augmentation des concentrations de gaz à effet de serre au niveau de la planète.
Les changements climatiques qui ont débuté il y a environ 17 700 ans ont été accompagnés d’un déplacement des vents d’ouest vers le pôle avec, en parallèle, des changements dans la surface occupée par la glace de mer, la circulation océanique et la ventilation de l’océan profond. Les preuves de ces changements sont observées dans de nombreuses parties de l’hémisphère sud et dans différentes archives paléoclimatiques, mais leur cause était en grande partie inexpliquée.
On sait que les évolutions climatiques rapides qui ont eu lieu à cette époque ont été provoquées par des changements intervenus dans l’ensoleillement et sur la banquise de l’hémisphère nord. Les cycles glaciaires et interglaciaires sont influencés par les paramètres orbitaux du soleil et de la Terre qui influent sur l’ensoleillement (l’intensité des rayons du soleil) ainsi que par les changements dans les couches de glace continentale et les concentrations de gaz à effet de serre. Les scientifiques pensent que les éruptions du Mt Takahe, riches en halogènes, ont créé un trou d’ozone dans la stratosphère au-dessus de l’Antarctique, semblable au trou dans la couche d’ozone de nos jours ; elles ont par ailleurs entraîné des changements à grande échelle dans la circulation atmosphérique et l’hydroclimat dans l’hémisphère sud. Même si le système climatique était déjà programmé pour subir une évolution, ces changements ont probablement entraîné le passage d’un état climatique profondément glaciaire à un état climatique largement interglaciaire.
En outre, les retombées de ces éruptions, avec des niveaux élevés d’acide fluorhydrique et de métaux lourds toxiques, se sont propagées au moins jusqu’à 2 800 kilomètres du Mont. Takahe et ont probablement atteint le sud de l’Amérique du Sud.
Ces puissantes éruptions volcaniques en Antarctique ont été découvertes et vérifiées grâce à des carottes de glace extraites de régions comme le Groenland et l’Antarctique. L’une de ces carottes, connue sous le nom de West Antarctic Ice Sheet Divide (WAIS Divide) a été forée à une profondeur de plus de 3 400 mètres, et les analyses ont mis à jour plus de 30 éléments et espèces chimiques différents. Elles confirment que l’anomalie chimique observée dans la carotte de glace WAIS Divide résulte d’une série d’éruptions du Mont. Takahe qui se trouve à 350 kilomètres au nord.
La découverte de cet événement unique dans le WAIS Divide n’était pas la première indication d’une anomalie chimique qui a eu lieu il y a environ 17 700 ans. L’anomalie a également été détectée de manière plus limitée dans une carotte de glace prélevée  sur le glacier Byrd dans les années 1990, mais les données n’ont pas pu être interprétées clairement. La plupart des études des anciennes carottes de glace en Antarctique n’ont pas pris en compte de nombreux éléments et espèces chimiques étudiés par des chercheurs, comme les métaux lourds et les éléments rares qui caractérisent l’anomalie. Donc, à bien des égards, ces autres études sont passées à côté de l’éruption Mont Takahe.
Source: Science Daily

—————————————–

New findings published early in September in the Proceedings of the National Academy of Sciences document a 192-year series of volcanic eruptions in Antarctica that coincided with accelerated deglaciation about 17,700 years ago.

Detailed chemical measurements in Antarctic ice cores show that massive, halogen-rich eruptions from the West Antarctic Mt. Takahe volcano coincided exactly with the onset of the most rapid, widespread climate change in the Southern Hemisphere during the end of the last ice age and the start of increasing global greenhouse gas concentrations.

Climate changes that began about17,700 years ago included a sudden poleward shift in westerly winds encircling Antarctica with corresponding changes in sea ice extent, ocean circulation, and ventilation of the deep ocean. Evidence of these changes is found in many parts of the Southern Hemisphere and in different paleoclimate archives, but what prompted these changes has remained largely unexplained.

It is known that rapid climate change at this time was primed by changes in solar insolation and the Northern Hemisphere ice sheets. Glacial and interglacial cycles are driven by the sun and Earth orbital parameters that impact solar insolation (intensity of the sun’s rays) as well as by changes in the continental ice sheets and greenhouse gas concentrations. Scientists postulate that these halogen-rich eruptions created a stratospheric ozone hole over Antarctica that, analogous to the modern ozone hole, led to large-scale changes in atmospheric circulation and hydroclimate throughout the Southern Hemisphere. Although the climate system already was primed for the switch, these changes probably initiated the shift from a largely glacial to a largely interglacial climate state.

Furthermore, the fallout from these eruptions, containing elevated levels of hydrofluoric acid and toxic heavy metals, extended at least 2,800 kilometres from Mt. Takahe and likely reached southern South America.

These massive Antarctic volcanic eruptions were discovered and verified thanks to ice cores extracted from remote regions of the Earth, such as Greenland and Antarctica. One such ice core, known as the West Antarctic Ice Sheet Divide (WAIS Divide) core was drilled to a depth of more than 3,400 metres, and much of it was analyzed for more than 30 different elements and chemical species. These precise, high-resolution records illustrate that the chemical anomaly observed in the WAIS Divide ice core was the result of a series of eruptions of Mt. Takahe located 350 kilometres to the north.

Discovery of this unique event in the WAIS Divide record was not the first indication of a chemical anomaly occurring about 17,700 years ago. The anomaly was detected in much more limited measurements of the Byrd ice core in the 1990s, but exactly what it was or what created it was not clear. Most previous Antarctic ice core records have not included many of the elements and chemical species that are studied by researchers, such as heavy metals and rare earth elements that characterize the anomaly. So in many ways these other studies were blind to the Mt. Takahe event.

Source: Science Daily

Vue du Mont Takahe, volcan qui culmine à 2000 mètres au-dessus de l’Ouest antarctique (Source : NASA)