L’histoire est toujours la même lorsqu’une éruption se produit ou est sur le point de se produire en Indonésie. Les autorités indonésiennes en charge de la protection civile ont souvent du mal à convaincre les habitants de partir. Certains refusent obstinément de quitter la zone dangereuse parce qu’ils sont inquiets pour leur bétail. D’autres insistent farouchement pour rester dans leurs villages parce qu’ils veulent s’occuper de leurs plantations et ont peur que leurs maisons soient pillées pendant leur absence. Dans certains cas, l’échec de l’évacuation s’est avéré fatal. Par exemple, des dizaines de villageois ont été tués par l’éruption du Merapi sur l’île de Java en 2010 après avoir refusé de partir, à cause de leur bétail. Dans la culture indonésienne, les gens ont une relation très spéciale avec le bétail. En 2010, j’ai expliqué cette relation dans un article intitulé « Merapi mon amour ».
https://claudegrandpeyvolcansetglaciers.com/2010/10/31/merapi-mon-amour/
À midi, le 26 septembre 2017, 75 673 personnes vivant dans la zone rouge autour de l’Agung avaient été évacuées*. Le nombre d’évacués diminue pendant la journée et augmente pendant la nuit. En effet, au cours de la journée, beaucoup retournent dans leurs villages pour nourrir leur bétail et s’occuper de leurs plantations. La nuit, ils reviennent dormir dans les abris temporaires.
Un villageois évacué explique que sa maison se trouve dans le village de Sebudi, à environ 6 km du cratère, donc à l’intérieur de la zone dangereuse. Malgré tout, il dit qu’il oublie sa peur de l’éruption pour le bien de sa famille, même si les séismes d’origine tectonique et volcanique deviennent plus fréquents chaque jour. Par mesure de sécurité, les villageois de Sebudi ont été les premiers à être évacués lorsque le niveau d’alerte de l’Agung a été élevé à son maximum.
Un autre villageois a refusé d’évacuer ses cinq petits-enfants. Il explique qu’ils ont des bicyclettes et quand l’Agung entrera en éruption, « ils pourront s’enfuir très vite et faire la course avec les coulées pyroclastiques ». (!)
Il y a aussi la conviction de certains que le volcan n’entrera pas en éruption dans un proche avenir. Un villageois a déclaré qu’ »il n’y a que des tremblements ; aucune fumée blanche et aucune flamme n’ont été vues comme en 1964. » Il a été témoin de la dernière éruption au cours de laquelle son père et ses trois neveux ont été tués par un lahar.
Un responsable de la Protection Civile a déclaré que pendant le processus d’évacuation, il avait été étonné par l’esprit de générosité manifesté par les villages en dehors de la zone dangereuse. Il a comparé ce comportement à celui des Japonais en cas de catastrophe naturelle. Les villageois ont prêté leurs pâturages pour le bétail des évacués et quelque 2000 vaches ont été accueillies, de sorte que les paysans n’ont pas besoin de risquer leur vie en revenant chez eux pour nourrir leur bétail. Certains ont ouvert leurs maisons pour accueillir les évacués et les ont nourris.
Pour la plupart des Balinais, le Mont Agung est la montagne sacrée qui leur donne la vie. Ils sont persuadés que le volcan n’entre pas en éruption sans raison valable. Après l’éruption, les gens qui vivent sur ses pentes reviennent chez eux où ils trouvent une terre encore plus fertile. Pour eux, quand quelqu’un est tué pendant l’éruption, c’est une sorte d’invitation des dieux à les suivre. C’est l’une des raisons pour lesquelles certains villageois préfèrent rester dans leur village, même si une éruption est imminente.
Source: Presse indonésienne.
*Le nombre de personnes évacuées atteint 134 200 le 28 septembre.
———————————
The story is always the same when an eruption is occurring or about to occur in Indonesia. Convincing local residents to evacuate is a problem frequently faced by Indonesian disaster management authorities. Some residents stubbornly refuse to leave the danger zone because they are worried about their livestock. Others fiercely insist on staying in their villages because they want to take care of their plantations and worry that their houses might be looted. In some cases, failure to evacuate has proved fatal. For instance, scores of villagers were killed by the eruption of Mt.Merapi in Central Java in 2010 after refusing to evacuate over concerns for their cattle. In Indonesian culture, people have special relationship with their cattle. In 2010, I explained this relationship in a post entitled “Merapi mon amour”.
https://claudegrandpeyvolcansetglaciers.com/2010/10/31/merapi-mon-amour/
As of noon on September 26th, a total of 75,673 residents living within the red zone had been evacuated*. Uniquely, the number of evacuees declines in the daytime and goes up again at night. In the daytime, many return to their villages to feed their cattle and check their plantations. At night, they return to their temporary shelters.
One evacuee explains that his house is located in the village of Sebudi, only about 6 km from the crater, inside the danger zone. But he had to put aside his fears of possible eruption for the sake of his family’s assets, although tectonic and volcanic earthquakes are getting more frequent every day. Villagers in Sebudi were the first to be evacuated after Mt. Agung’s status was raised to top alert because it was the closest to the volcano.
Another villager refused to evacuate his five grandchildren. He explains that they have bicycles and when Mt. Agung erupts, “they can run away very fast, racing with the hot clouds.”
There is also some people’s conviction that the volcano will not erupt in the near future. One villager said that “only tremors occur and no white smoke or flame of fires has been seen like in 1964.” He witnessed the last eruption in which his father and three nephews were killed by being buried by a lahar.
A Civil Defence official said that during the process of evacuation, he was astonished by the spirit of generosity showed by unaffected villages outside the danger zone, likening what they did to what Japanese people are known to do in cases of natural disasters. They lent their land for the evacuees’ cattle with about 2,000 cows having been accommodated, so the latter don’t need to risk their lives, returning home to feed their cattle. Some opened their houses to accommodate evacuees and cooked food for them.
For most Balinese Hindus, Mt. Agung is the most sacred mountain that provides them life. They believe the volcano does not erupt without good reason and after it does, people living on its slopes return home to till their land which has become more fertile as a result. And when someone is killed during the eruption, it is a kind of sign from Gods to follow them. This is a reason why some villagers prefer to stay at their village even though an eruption is imminent.
Source: Indonesian press.
*The number of evacuees reached 134,200 on September 28th.

Crédit photo: Wikipedia