En 2006, Al Gore, l’ancien vice-président des Etats-Unis, a sorti sur les écrans « Une vérité qui dérange », un film alertant sur les dangers du réchauffement climatique. Malgré les vives critiques des climatosceptiques, le documentaire a connu un grand succès auprès du public. Il a permis également à Al Gore de recevoir le prix Nobel de la Paix en 2007.
Le 27 septembre prochain, un nouveau film, « Une suite qui dérange : Le temps de l’action », sortira sur les écrans en France. Il est la suite logique du précédent mais a rencontré un succès mitigé aux Etats-Unis (voir ma note du 9 août 2017). Le film est une déclaration de guerre ouverte à l’administration Trump, mais aussi un rappel de ses mises en garde de 2006. La justesse de certaines prédictions est saisissante. En cliquant sur ce lien, vous aurez accès à la bande-annonce :
http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19569566&cfilm=252419.html
En 2006, les climatosceptiques étaient encore nombreux, et le sujet faisait débat. Mais pour Al Gore, la vérité relevait de l’évidence. Non seulement le réchauffement climatique était bien réel, mais l’homme en était responsable. Pour donner du poids à ses propos, il citait une étude à grande échelle qui analysait les conclusions de 928 publications scientifiques sur le réchauffement climatique. La conclusion de l’étude était que l’Homme est responsable du réchauffement climatique. Depuis, les rapports du Groupe International d’Experts sur l’Evolution du Climat (GIEC) ont levé les derniers doutes. Le réchauffement climatique est non seulement bien réel, mais de plus en plus alarmant. Et les activités humaines en sont les premières responsables.
Dans son premier documentaire, Al Gore expliquait déjà que l’année 2005 avait été la plus chaude depuis la fin du 19ème siècle, et prédisait une série de nouveaux records pour les années à venir qui lui ont donné raison puisque 2016 a été la plus chaude jamais enregistrée. En se basant sur la moyenne des températures entre 1880 et 1899 – symboles de l’ère préindustrielle – 2016 a été en moyenne 1,1°C plus chaude, notamment à cause de l’accroissement des émissions de CO2 et de méthane dans l’atmosphère au cours des dernières décennies.
La scène la plus critiquée du film Une vérité qui dérange montrait que l’association de la montée des eaux et de la force des tempêtes tropicales inonderait le Mémorial du 11 Septembre sur l’île de Manhattan, à New York. Dans son premier documentaire, Al Gore prédisait que l’inondation de Manhattan serait provoquée par la fonte des glaces, notamment du Groenland, et la hausse du niveau des océans. New York a effectivement été inondée, comme il l’avait prévu, mais à cause de facteurs différents, en l’occurrence l’ouragan Sandy en 2012.
Dans son documentaire de 2006, Al Gore alerte également la population sur l’inéluctable multiplication des catastrophes naturelles liées au réchauffement climatique. Il prend pour exemple la multiplication des tornades aux États-Unis, des typhons dans le Pacifique et l’ouragan Katrina, en 2005. Sur ce point précis, il se confirme que le réchauffement climatique provoque, si ce n’est plus d’ouragans, au moins des ouragans plus violents, à l’image d’Irma et Jose en septembre 2017. Des études démontrent que, plus le réchauffement climatique sera important, plus les cyclones seront puissants.
S’agissant de la hausse du niveau des océans, Al Gore redoutait que la fonte des glaciers puisse entraîner une hausse des océans de près de 6 mètres, surtout à cause de la fonte du Groenland. Selon les derniers rapports publiés par la NOAA, le niveau des océans continue d’augmenter, avec une hausse d’environ 3,3 millimètres par an, un phénomène qui « risque de s’accélérer dans les prochaines décennies ». D’après le cinquième rapport du GIEC, publié en 2013, les océans se sont élevés de 19 cm depuis la fin du 19ème siècle. Selon le pire scénario, le niveau des océans pourrait s’élever d’un mètre d’ici 2100 et de 6,63 mètres d’ici 2500. Et selon une étude parue en juin 2017, le niveau des océans est monté en 2014 à une vitesse supérieure de 50% à celle de 1993. La fonte de la calotte glaciaire du Groenland serait à l’origine de 25% de cette hausse, contre 5% il y a 20 ans.
Dans son film Une vérité qui dérange, Al Gore affirmait que d’ici 10 ans, les neiges du Kilimandjaro auraient disparu. S’il s’est montré trop pessimiste sur la date, il ne s’est pas trompé sur le diagnostic. Force est de constater que la plus haute montagne d’Afrique est toujours enneigée en 2017, mais plus pour longtemps. Selon les dernières prévisions, ses glaciers devraient totalement disparaître d’ici 2030. Le Kilimandjaro n’est pas le seul sommet touché par le réchauffement climatique. Partout dans le monde, les glaciers reculent, voire disparaissent. Comme je l’ai indiqué dans une note précédente, selon une étude publiée en septembre 2017 par le laboratoire de Glaciologie et Géophysique de l’Environnement (LGGE), les glaciers des Alpes françaises fondent trois fois plus vite depuis 2003, avec une perte totale de 25% de leur superficie en 12 ans.
Source : L’Express.
—————————————–
In 2006, Al Gore, the former vice president of the United States, released An Inconvenient Truth, a film alerting the dangers of global warming. Despite the strong criticism of the climate change skeptics, the documentary was very popular with the public. It also allowed Al Gore to receive the Nobel Peace Prize in 2007.
On September 27th, a new film, the sequel to An Inconvenient Truth – « An Inconvenient Sequel » – will be released in France, after having met with mixed success in the United States (see my note of August 9th, 2017). The film is an open declaration of war to the Trump administration, but also a reminder of his 2006 warnings. The accuracy of certain predictions is striking.
By clicking on this link, you will see the trailer of the film:
http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19569566&cfilm=252419.html
In 2006, there were still many climate-skeptics, and the subject was debated. But for Al Gore, the truth was obvious. Not only was global warming real, but Man was responsible for it. To give weight to his remarks, he cited a large-scale study that analyzed the findings of 928 scientific publications on global warming. The conclusion of the study was that Man was responsible for global warming. Since then, the reports of the International Panel of Experts on Climate Change (IPCC) have lifted the last doubts. Global warming is not only real, but increasingly alarming. And human activities are the primary responsibility.
In his first documentary, Al Gore already explained that 2005 was the hottest year since the end of the 19th century, and predicted a series of new records for years to come. The following years proved him right since 2016 was the hottest ever recorded. Based on average temperatures between 1880 and 1899 – pre-industrial era symbols – 2016 averaged 1.1°C warmer, in particular because of the increase in CO2 and methane emissions in the atmosphere over the past decades.
The most criticized scene of the movie An Inconvenient Truth showed that the combination of rising water and the power of tropical storms would flood the September 11th memorial on Manhattan Island, New York. In his first documentary, Al Gore predicted mostly that the Manhattan flood would be caused by the melting of the ice, especially Greenland, and rising sea levels. New York was in fact flooded, as Al Gore had anticipated, but due to different factors, especially Hurricane Sandy in 2012.
In his 2006 documentary, Al Gore also alerted the population on the inevitable multiplication of the natural catastrophes linked to global warming. Examples include the increase in tornadoes in the United States, typhoons in the Pacific and Hurricane Katrina in 2005. On this specific point, it is confirmed that global warming causes, if not more hurricanes, at least more severe hurricanes, such as Irma and Jose in September 2017. Studies show that the more intense global warming will be, the more powerful the cyclones will be.
With regard to rising sea levels, Al Gore feared that the melting of glaciers could cause the oceans to rise by nearly 6 metres, mainly because of the melting of Greenland. According to the latest NOAA reports, ocean levels continue to rise, with a surge of about 3.3 millimetres per year, a phenomenon which « is likely to accelerate in the coming decades ». According to the fifth IPCC report published in 2013, the oceans have risen 19 cm since the end of the 19th century. According to the worst-case scenario, the ocean level could rise by 1 metre by 2100 and 6.63 metres by 2500. And according to a study published in June 2017, the ocean level rose in 2014 to a speed higher by 50% than in 1993. The melting of the Greenland ice sheet would account for 25% of this increase, as against 5% 20 years ago.
In his film An Inconvenient Truth, Al Gore stated that within 10 years, the snows of Kilimanjaro would have disappeared. If he was too pessimistic about the date, he was not mistaken about the diagnosis. It is clear that there is still snow on the highest mountain of Africa in 2017. But not for long. According to the latest forecasts, its glaciers should totally disappear by 2030. Kilimanjaro is not the only summit affected by global warming. Throughout the world, glaciers are receding or even disappearing. As indicated in a previous note, according to a study published in September 2017 by the Glaciology and Geophysics Laboratory of the Environment (LGGE), the glaciers of the French Alps have been melting three times faster since 2003, losing 25% of their area in 12 years.
Source: L’Express.
Vue de la courbe de Keeling entre septembre 2015 et septembre 2017. Aucun progrès en vue : les seuils mini et maxi sont à la hausse et la concentration de CO2 dans l’atmosphère reste supérieure à 400 ppm!. (Source: NOAA)
Pendant ce temps, la banquise et les glaciers continuent de fondre. (Photos: C. Grandpey)