Etude sur la fonte des glaciers antarctiques // Study about the melting of Antarctica’s glaciers

drapeau-francaisDans des notes précédentes (décembre 2015 et avril 2016), j’ai expliqué que les glaciers de l’Antarctique fondent eux aussi. J’ai donné les exemples des glaciers Thwaites et Pine Island qui sont parmi ceux qui fondent le plus vite sur notre planète. Dans une étude récente, des chercheurs américains de l’Institut de Technologie de Californie avancent une hypothèse selon laquelle une arrivée d’eau plus chaude contribuerait à faire réduire l’épaisseur de certaines plates-formes glaciaires de l’Antarctique Occidental, ce qui entraînerait le recul rapide des glaciers.
En utilisant les données recueillies par l’Opération IceBridge de la NASA, avec un avion pour survoler les pôles, les scientifiques ont étudié la fonte des glaciers Smith, Pope et Kohler (voir la carte ci-dessous). Ils ont découvert que la glace avait fondu sur plusieurs centaines de mètres d’épaisseur entre 2002 et 2009, ce qui confirme l’hypothèse que, dans le milieu des années 2000, la baie de la Mer d’Amundsen dans l’Antarctique Occidental a été envahie par de l’eau plus chaude.
Les chercheurs expliquent que les plates-formes glaciaires sont d’épaisses et vastes étendues de glace qui avancent dans la mer. De l’eau plus chaude peut pénétrer dans des fractures ouvertes à la base d’une plate-forme, entraînant son érosion par le bas. Cela peut avoir un effet domino si l’eau pénètre dans la zone où la glace quitte son support terrestre et commence à flotter dans l’eau. Si cette zone absorbe de l’eau chaude, le contact entre le substratum rocheux et le glacier est affaibli et le glacier recule rapidement.
Jusqu’à présent, on ne savait pas quelle quantité de glace disparaissait de cette façon. Grâce aux équipements à bord des avions de la NASA qui balayent les étendues de glace, les chercheurs ont conclu que des trois glaciers étudiés, le Smith était celui qui avait le plus souffert, avec un recul de 70 mètres et une perte d’épaisseur de près de 500 mètres chaque année.
L’eau de mer relativement chaude qui provoque la fonte de la glace de ces glaciers a pour nom Eau Profonde Circumpolaire – Circumpolar Deep Water (CDW). C’est un mélange de tous les océans du monde et elle se déplace à travers un plateau continental à une profondeur de plus de 300 mètres. A partir de 2009 et jusqu’en 2014, les chercheurs indiquent que l’afflux d’eau chaude a été moins important, ce qui a ralenti le recul des glaciers Kohler et Pope. Mais c’était trop tard. La glace qui se trouve dans la zone entre la mer et le substratum rocheux avait déjà formé une cavité profonde, de sorte que la fonte se poursuit aujourd’hui.
Les résultats de cette étude seront utilisés pour développer un modèle qui pourrait simuler les processus au point de contact de la glace avec l’océan, afin de mieux comprendre comment les plates-formes glaciaires évoluent et prévoir leur fonte dans les années à venir.
Source: Cosmos Magazine.

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drapeau-anglaisIn previous notes (December 2015 and April 2016), I explained that glaciers in Antarctica re melting too. I gave the examples of the Thwaites and Pine Island glaciers which are among the world’s fastest melting glaciers. In a recent study, US researchers from the California Institute of Technology suggest an influx of warm water thinned some of West Antarctica’s ice shelves, leading to the rapid retreat of the glaciers.

Using data collected by NASA’s Operation Icebridge – which sends aircraft to fly over the poles, the scientists studied the melting from the Smith, Pope and Kohler Glaciers (see map below). They found hundreds of metres of the glacial ice melted between 2002 and 2009, supporting the hypothesis that in the mid-2000s, the West Antarctica’s Amundsen Sea bay was flooded with warm water.

The researchers explain that ice shelves are thick, vast swathes of ice that poke out from the land and into the sea. But warm water can squeeze into ice shelf cracks, eroding them from the bottom up. This can have a domino effect if the water penetrates the grounding line, which is the zone where land ice starts to float in water. If the grounding line takes in warm water, contact between bedrock and glacier ice is weakened and glaciers retreat rapidly.

Until now, no one knew just how much ice was lost this way. With NASA aircraft scanning the icy plains, the researchers measured that Smith glacier suffered the most of the three, with as much as 70 metres in length and almost 500 metres in thickness of solid ice disappearing each year.

The relatively warm, salty water that causes the melting of glacier ice is called Circumpolar Deep Water. It’s a blend of the world’s oceans and travels across a continental shelf at a depth of more than 300 metres. From 2009 until 2014, the researchers indicate the warm water eased up and slowed Kohler and Pope’s retreat. But it might have been too late. The ice at the grounding line had already formed a deep cavity, so that melting continues today.

The results from this study will be used to develop a model that would simulate the processes at the ice-ocean connection point, to better understand how ice shelves evolve and help predict future melting.

Source: Cosmos Magazine.

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Vitesse d’écoulement (« Velocity »)des glaciers cartographiée grâce au satellite Earth Observatory de la NASA. Comme indiqué dans le texte, entre 2002 et 2009, le glacier Smith a reculé de 70 mètres par an et perdu quelque 500 mètres d’épaisseur.

L’Italie, un pays à fort risque sismique // Italy, a country with a high seismic risk

drapeau-francaisSelon les sismologues italiens, les deux violents séismes qui ont secoué le centre de l’Italie le 26 octobre dernier ne sont pas des répliques de l’événement dévastateur du mois d’août à Amatrice avec une magnitude de M 6.2. Il s’agit d’un nouveau séisme avec plus de 220 répliques enregistrées au cours des 48 heures qui ont suivi.
Heureusement, les dernières secousses, si elles ont provoqué des dégâts considérables, n’ont pas entraîné de décès. Quatre personnes ont été blessées et plus de 5.000 ont été affectées dans la région des Marches. Les séismes ont été suivis de glissements de terrain qui ont entraîné plusieurs fermetures de routes. 25 municipalités ont fait état de dégâts importants.
Les épicentres ont été localisés entre l’épicentre du séisme qui a secoué l’Ombrie en septembre 1997, et celui du mois d’août 2016 dans la région d’Amatrice. De tels séismes sont typiques de la région montagneuse des Apennins qui constituent l’épine dorsale de la botte italienne. Cependant, les scientifiques ne savent pas encore si les derniers séismes se sont produits sur une section jusqu’alors inactive de la faille d’Amatrice ou sur une structure parallèle, parente de cette faille.
Les secousses du 26 octobre ont été suivies d’une série de 221 répliques jusqu’au 28 octobre, avec des magnitudes supérieures à M 2.2. La plus forte réplique avait une magnitude de M 4.7 le 26 octobre. Les sismologues indiquent que de nouvelles répliques devraient se produire dans les prochains mois, mais elles devraient devenir progressivement plus faibles.
L’Italie est située entre les plaques tectoniques eurasienne et africaine, une position qui la rend vulnérable à l’aléa sismique et volcanique. Selon les scientifiques, le risque sismique le plus élevé se concentre le long des Apennins. Comme les plaques se déplacent, l’Italie est lentement poussée vers le nord, et se rattachera probablement à la Croatie dans environ 20 millions d’années.
Parmi les séismes les plus violents en Italie, on retiendra celui qui a eu lieu près de Naples en 1980 avec 3000 morts et le séisme dévastateur de Messine en 1908, où 95 000 personnes ont été tuées. Il convient de noter que cet événement n’a pas eu d’effet immédiat sur l’Etna situé à proximité.
Source: CSEM / CSEM et journaux italiens.

Dernière minute: Une nouvelle secousse de M 6,5 a de nouveau secoué le centre de l’Italie aujourd’hui 30 octobre à 7h40. L’épicentre se situe dans une zone compris entre Perugia et Macerata.

Voici quelques détails sur ce dernier séisme. L’épicentre a été localisé à 16 km au N de Maltignano, 38 km à l’O de Ascoli Piceno 59 km au NO de L’Aquila et 117 km au NE de Rome.
Le séisme s’est produit seulement 4 jours après l’événement de M6.1 qui a frappé la même région, et deux mois après le séisme dévastateur de M6.2 du 24 août. Selon les sismologues, il ne s’agit pas d’une réplique, mais d’un nouvel événement indépendant. C’est le plus violent séisme observé en Italie depuis 1980, avec une séquence sans précédent de 3 secousses en 4 jours : M 5.5, M 6.1 et M 6.5.
Il n’est pas fait état de victimes. De nombreux bâtiments près de l’épicentre se sont effondrés. Les secousses ont été ressenties à Rome où le métro est arrêté depuis le séisme.
Cette région du centre de l’Italie a été en grande partie évacuée depuis les séismes du mois d’août. Selon le maire du village de Ussita, «tout s’est effondré. Je vois des colonnes de fumée, c’est un désastre. Je dormais dans ma voiture et j’ai vu l’enfer. »

La BBC a mis en ligne une vidéo et des photos qui montrent l’ampleur des dégâts:

http://www.bbc.com/news/world-europe-37814975

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drapeau-anglaisAccording to Italian seismologists, the two strong earthquakes which rattled Central Italy on October 26th were not aftershocks of the devastating M 6.2 Amatrice August event, but rather the product of a new earthquake. More than 220 aftershocks were registered over the next 48 hours.

Fortunately, the last earthquakes caused widespread damage but did not directly kill anybody. Four people were injured and more than 5,000 were affected in Marche region. The quakes were followed by landslides which prompted several road closures. 25 municipalities reported severe damage.

The two earthquakes were located between the epicenter of the September 1997 Umbria earthquake, and the latest 2016 Amatrice earthquake. The events are a typical occurrence for the region of the central Appenini mountains. However, scientists do not know whether it happened on a dormant section of the Amatrice fault or a parallel structure, a close cousin of this fault.

The earthquakes were followed by a series of 221 aftershocks by October 28th, with magnitudes no less than M 2.2. The strongest aftershock recorded was an M 4.7 on October 26th. Seismologists indicate that more aftershocks are expected in the coming months, but they should get progressively weaker.

Italy is situated between the Eurasian and African tectonic plates, a position which makes it prone to seismic and volcanic hazard. According to experts, the highest seismic risk is concentrated along the central Appenini mountains. As the plates move, Italy is slowly being pushed northwards, and will likely become attached to present-day Croatia in about 20 million years.

Some of the most historically significant earthquakes in Italy include the 1980 tremor near Naples, which caused 3,000 deaths, and the 1908 Messina disaster, where 95,000 people were killed. It should be noted that this event did not have any eimmediate effect on close by Mount Etna.

Source: CSEM/EMSC and Italian newspapers.

Last minute: Another M 6.5 earthquake shook again Central Italy today October 30th at 7:40. The epicentre was located in an area between Perugia and Macerata.

Here are some more details about the latest earthquake. The epicentre was located 16 km N of Maltignano, 38 km W of Ascoli Piceno, 59 km NW of L’Aquila and 117 km NE of Rome.

The quake comes just 4 days after the M6.1 event that hit the same region, and two months after deadly M6.2 of August 24th. According to seismologists, it is not an aftershock but a new independent event. It is the strongest earthquake in Italy since 1980, and an unprecedented sequence of 3 large shocks in 4 days for the country – M 5.5, M 6.1 and M 6.5.

There were no immediate reports of casualties. Numerous buildings near the epicentre have reportedly collapsed. The tremors were felt in Rome where services on the metro have been suspended since the quake.

This region is mostly evacuated since earthquakes started in August. According to the mayor of the village of Ussita, « everything collapsed. I can see columns of smoke, it’s a disaster. I was sleeping in the car and I saw hell. »

The BBC has released a video and photos that show the extent of the damage:

http://www.bbc.com/news/world-europe-37814975

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Source: CSEM / EMSC.

Nishinoshima (Japon): Une île-laboratoire // A laboratory-island

drapeau-francaisComme je l’ai écrit dans une note précédente (5 août 2016), Nishinoshima au Japon va devenir un laboratoire scientifique au même titre que Surtsey en Islande. La semaine dernière, des scientifiques japonais ont débarqué sur l’île, qui était un simple affleurement rocheux dans l’Océan Pacifique jusqu’au jour où,  il y a deux ans, des éruptions spectaculaires ont commencé à émettre de la lave et de la cendre, et agrandi l’île qui a grandi jusqu’à 12 fois sa taille d’origine.
Aujourd’hui, vue du ciel, Nishinoshima montre un cône entouré de végétation en son milieu.
Le 20 octobre dernier, des chercheurs du Ministère de l’Environnement ont atteint la rive de l’île à la nage, depuis un petit bateau, pour minimiser la contamination biologique. Ils étaient les premiers à mettre le pied sur l’île nouvellement formée. Ils ont recueilli des échantillons de roches, de plantes et d’insectes et ont observé la première colonisation de l’île par des fous masqués, grands oiseaux marins de la famille des Sulidae.
En dehors de la recherche écologique, l’équipe scientifique espère recueillir des échantillons de lave et de cendre pour étudier le processus de croissance d’une île volcanique.
Les chercheurs ont également installé plusieurs sismographes sur Nishinoshima.
Source: Agence Reuters.

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drapeau-anglaisAs I put it in a previous note (5 August 2016), Nishinoshima in Japan is going to become a scientific laboratory, just like Surtsey in Iceland. Last week, Japanese scientists landed on the island, which was just a rocky outcropping in the Pacific Ocean until two years ago, when spectacular eruptions spewed lava and ash, and expanded it to 12 times its original size.

Today, seen from the sky, Nishinoshima shows a cone in the middle, surrounded by vegetation.

Researchers from the Environment Ministry swam the final distance from a small boat to Nishinoshima to minimize biological contamination. They were the first people to set foot on the newly formed island on October 20th. They collected rock, plant and insect samples and observed the first colonization of the island by masked gannets.

Aside from ecological research, the team hopes to collect samples of lava and ash to learn more about the growth process of a volcanic island.

They also planted several seismic monitors around Nishinoshima.

Source: Reuters press agency.

This handout picture taken by Japan Coast Guard on July 23, 2014 shows the newly created islet (R) and Nishinoshima island (L), which are conjoined with erupting lava at the Ogasawara island chain, 1,000 kilometres south of Tokyo. A smouldering islet off Japan's Pacific coast has grown six times in its land surface since before it merged last December with a landmass created by volcanic eruptions. AFP PHOTO / JAPAN COAST GUARD---EDITORS NOTE---HANDOUT RESTRICTED TO EDITORIAL USE - MANDATORY CREDIT "AFP PHOTO / JAPAN COAST GUARD" - NO MARKETING NO ADVERTISING CAMPAIGNS - DISTRIBUTED AS A SERVICE TO CLIENTS
                                                                   Source: Japan Coastguard.

Le Vendée Globe, les satellites et le réchauffement climatique

Il y a quelques jours, je me suis rendu aux Sables-d’Olonne afin de voir les bateaux qui vont participer au prochain Vendée Globe, course autour du monde en solitaire et sans assistance, dont le départ sera donné le 6 novembre prochain.

Je ne suis pas vraiment un amoureux de la mer et des foules qui s’y pressent, mais le côté sportif de cette compétition et l’affrontement des éléments m’ont toujours fasciné. Pas évident de se retrouver seul sur un bateau dans les 40èmes Rugissants ou les 50èmes Hurlants !

Dans le Village du Vendée Globe, j’ai remarqué et apprécié les explications données au grand public sur le rôle joué par les satellites en dehors de la course proprement dite :

« …. Tout au long de la course, les skippers du Vendée Globe parcourent les zones impactées par le réchauffement climatique. Des changements mesurés et mis en avant par les satellites.

Le niveau moyen des mers est un très bon indicateur du réchauffement climatique,  sans doute meilleur que la température moyenne de la Terre. Les émissions de gaz à effet de serre générées par les activités humaines provoquent un déséquilibre énergétique de notre planète. Elle accumule de la chaleur dont 93% est stockée dans les océans. Le reste fait fondre les glaces et réchauffe l’atmosphère.

L’accent est également mis sur la menace qui pèse sur les espèces marines dont l’évolution est, elle aussi, contrôlée grâce aux données satellitaires… »

vendee-blog

Photo: C. Grandpey