Il n’y rien eu de vraiment nouveau hier en Islande et le dyke continue sa progression vers le nord. Au vu de la carte mise en ligne par le Met Office (voir ci-dessous), l’intrusion magmatique est maintenant sortie du Dyngjujökull, la langue glaciaire du Vatnajökull. La sismicité reste intense mais la plupart des événements se trouvent à des profondeurs entre 5 et 10 km. Il semble donc que le magma n’ait pas envie de montrer le bout de son nez.
Depuis le début de la crise sismique le 16 août, je n’ai jamais vraiment cru à une éruption. Elle tardait vraiment trop à se produire et les hypocentres des séismes n’avaient pas tendance à se diriger vers la surface. J’ai eu l’impression de ramer à contre-courant car la plupart des volcanologues et autres volcanophiles misaient sur une éruption semblable à celle de 2010 sur l’Eyjafjallajökull.
Ma position s’appuyait sur deux événements : d’une part, une crise sismique identique que j’ai connue dans les années 1990 sur le Krafla (NE de l’Islande) et qui n’a débouché sur aucune éruption ; d’autre part les récents essaims sismiques à El Hierro (Iles Canaries) qui correspondaient eux aussi à une forte intrusion magmatique sans éruption.
Je ne sais pas comment la crise sismique actuelle va se terminer et je partage les conclusions des scientifiques islandais (voir ma note d’hier soir). Il y a toutefois fort peu de chances qu’elle débouche sur une éruption sous-glaciaire au niveau du Barðarbunga comme le redoutaient les volcanologues islandais et comme l’espéraient les médias européens. La carte montre clairement que la sismicité se concentre moins sous ce volcan où la chambre magmatique semble s’être vidée de son contenu. Cela s’est traduit par un affaissement de la caldeira accompagné de fortes secousses sismiques qu’il ne fallait pas interpréter comme une ascension du magma, comme l’ont fait certains. Il est vrai que les nuages de poussière apparus au même moment sur le Barðarbunga n’ont fait qu’accroître la confusion.
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There was nothing really new in Iceland yesterday and the dyke continues to move northward. Looking at the map posted by the Met Office (see below), the magma intrusion has now gone beyond Dyngjujökull, the glacier tongue of Vatnajökull. Seismicity remains intense but most events are located at depths between 5 and 10 km. So it seems that the magma does not want to show the tip of its nose.
Since the beginning of the seismic crisis on August 16th, I never really thought there would be an eruption. It was really taking too much time to occur and hypocentres of the earthquakes did not tend to move toward the surface. I felt like rowing against the tide because most volcanologists and other volcano lovers thought there would be an eruption similar to the 2010 Eyjafjallajökull eruption.
My position was based on two events: on the one hand, I experienced the same seismic crisis in the 1990s on Krafla (NE Iceland) and the crisis did not result in any eruption ; on the other hand, the recent seismic swarm in El Hierro (Canary Islands) also corresponded to a strong magma intrusion without an eruption.
I do not know how the current seismic crisis will come to an end and I share the conclusiosn of the Icelandic scientists. The odds are that that it will probably not result in a subglacial eruption at Barðarbunga volcano as this was feared by Icelandic volcanologists and hoped by European mass media. The map clearly shows that the seismicity is less concentrated beneath the volcano where the magma chamber seems to have been emptied of its contents. This resulted in the subsidence of the caldera accompanied by strong earthquakes that could not be interpreted as a magma ascent, as some people did. It is true that the dust clouds that appeared at the same time on Barðarbunga only increased the confusion.
Cette carte montre la progression du dyke vers le nord
(Source: Met Office islandais)
Bonjour,
Je me permet un petit commentaire qui ne vas pas tout à fait dans votre sens. Le véritable questionnement de la situation est de savoir d’où le magma remonte. Si c’est de la zone de fusion, il est probable que le magma se stocke ; disons alors qu’il remonte par différence de densité (fonctionnement habituel du volcan). Si c’est d’un réservoir magmatique, alors il remonte probablement grâce aux gaz et là, ce serait étonnant qu’il n’y est rien en surface, d’autant plus que la croûte superficielle en Islande est très fracturée.
Si j’ai un avis à donner, je penche plus en faveur de la deuxième solution et donc d’une éruption à venir (probablement fissurale donc) pour deux raisons :
– le réservoir de la caldeira semble s’affaisser. Le magma proviendrai donc de cette zone ; le moteur de la remontée serait alors le gaz.
– la vitesse de progression du dyke est rapide, ce qui penche aussi en faveur de la richesse en gaz.
– un magma qui se stocke provient souvent de très profond et la sismicité n’indique rien de tel.
Nous verrons bien ce qu’il se passe, en tout cas, cette crise sismique alimente un débat très intéressant.
Bonne journée,
Ludovic
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Bonjour,
La caldeira du Bardarbunga s’affaisse réellement; ce n’est pas une impression, même si le phénomène semble en phase finale vu que la sismicité a pratiquement disparu dans le secteur. Si les gaz avaient joué un rôle moteur de premier ordre, l’éruption aurait eu lieu rapidement, probablement au niveau du Bardarbunga. Au lieu de cela, le magma a trouvé une ligne de fractures qui a orienté son comportement. Je me répète, mais un tel phénomène, en Islande ou ailleurs, ne débouche pas inévitablement sur une éruption. Si une éruption sous-glaciaire ne semble plus à l’ordre du jour, il peut toujours y avoir une remontée de magma le long du dyke, même si, pour le moment, la profondeur des événements sismiques ne semble pas aller dans ce sens. La volcanologie actuelle ne permet pas d’en savoir plus. Wait and see! En tout cas, la situation actuelle est extrêmement intéressante dans le domaine de la tectonique des plaques. Nous assistons en direct à l’accrétion médio-atlantique avec l’intrusion magmatique qui l’accompagne de temps en temps. Cordialement.
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Bonjour Claude
Ca fait longtemps que je n’ia pas fait de commentaires je sais 🙂
je suis en proie aux intérrogations au sujet de ce qui se passe en Islande et de ce qui se passe pas d’ailleurs.
J’entends parler de dyke : ça veut donc dire que du magma est injecté au travers la croute on est d’accord ?
si tel est le cas …… et si les séismes sont bien provoqués par une intrussion de magama (es tce prouvé au fait ? ) le point de départ de l’alimentation de ce dyke ne devrait pas varier et continuer de « pousser » le dyke à travers la croute vers la surface peu importe son chemin et son axe de progression ? Mais la on a quand même l’impression que c’est tout le dyke qui se déplace comme d’un seul tenant. …. comme s’il nétait plus alimenté et qu’il ne se remplissait plus puisque la crise reste profonde…. je ne vois pas quel miracle u ndyke se dépalecerit comme ça sans inrtusion « fraiche » à partir de son point de départ même si mes connaissances sont faibles.
N’assiste t on pas « juste » à un phénomène purement tectonique d’accrétion ?
je suis carrément perdu la
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Bonjour Fabien, la thèse de l’accrétion est celle que je me tue à défendre quasiment depuis le début de la crise sismique, et surtout depuis que la sismicité a commencé à migrer. Je n’ai jamais « senti » venir une éruption du Bardarbunga. Je pense que la source de l’intrusion reste au niveau du Dyngjujökull et qu’elle « pousse » le dyke vers le nord-nord-est, sinon il n’avancerait pas. Reste à savoir combien de temps l’alimentation peut tenir. Si elle continue encore longtemps, tout peut arriver, mais je ne penche pas trop pour des scénarios catastrophe. Je pense plutôt que l’on s’oriente vers une mise en place du dyke avec cristallisation du magma, comme cela se produit relativement fréquemment en Islande. Amitiés.
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