Ça bouge un peu à la Réunion…et beaucoup en Sicile !

L’OVPF constate depuis la mi-septembre une légère hausse de la sismicité sous le massif du Piton de la Fournaise (Île de la Réunion). Cette activité ne signifie pas forcément une éruption prochaine, mais elle sort un peu de la léthargie observée ces derniers mois.

Depuis la mi-septembre 2025, l’activité est observée à une vingtaine de kilomètres de profondeur sous la région des Plaines. Elle semble traduire une réactivation de la zone de transfert profonde, « potentiellement liée à des mouvements de magma en profondeur ou à une pressurisation accrue dans les conduits internes du Piton de la Fournaise », selon l’Observatoire.

De plus, depuis le 22 novembre 2025, on enregistre également une augmentation modérée de la sismicité sous la zone sommitale. Les instruments ont d’abord détecté une sismicité profonde (4 – 5 km) sous la bordure nord du cratère Dolomieu. Ces séismes sont de très faible magnitude (M<0.4), et la hausse actuelle reste limitée, bien en dessous de ce qui avait été observé dans cette zone lors des réactivations profondes de 1998 et 2015.
À partir du 24 novembre, cette activité profonde s’est accompagnée de l’apparition de plusieurs événements longue-période (LP), puis, à partir du 26 novembre, d’une légère hausse de la sismicité plus superficielle, vers 2 km de profondeur sous le sommet, au-dessus du réservoir magmatique superficiel, avec 16 événements enregistrés sur la journée.
L’OVPF explique qu’à l’heure actuelle cette hausse modérée de la sismicité, associée à l’absence de déformation significative du sol et à l’absence de changement notable dans les émissions de CO2 ne traduit probablement pas une réalimentation majeure du réservoir magmatique superficiel.

Photo: C. Grandpey

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En Sicile, la polémique autour des Crateri Silvestri ferait sûrement, à elle seule, s’agiter les sismomètres. Il y a quelques semaines, j’ai écrit une note à propos du droit d’entrée de 5 euros imposé aux visiteurs par Russo Morosoli, le soi-disant propriétaire des cratères, une situation déjà critiquée par beaucoup

Selon un dernier rebondissement de l’affaire, l’accès aux cratères se fait sur un terrain qui, en réalité, n’appartient pas à Russo Morosoli. Mais à Davide Biondi, pharmacien de profession, qui possède avec ses frères les parcelles 69 et 70 qui correspondent à l’entrée des sentiers des Monti Silvestri. Pr, c’est là que le groupe Russo Morosoli a installé sa camionnette de paiement qui est en service depuis début octobre.

L’affaire a rapidement pris une tournure juridique. Munis des documents du cadastre, Biondi et ses frères ont aussitôt contacté leurs avocats et adressé deux mises en demeure à la société de Russo Morosoli. On peut lire dans un document signé par les frères Biondi « que votre société exerce une activité économique sur notre terrain, exigeant un droit d’entrée de cinq euros par personne des touristes et randonneurs, ainsi que de toute personne souhaitant accéder au sentier situé sur le flanc ouest des cratères, au nord de la route départementale. Ils ont installé une barrière mobile composée de poteaux reliés par une barrière sur notre propriété et ont employé une personne, également sur notre terrain, pour contrôler les visiteurs et vérifier l’achat des billets. » Selon les frères Biondi, « cette activité, exercée sur notre terrain sans notre autorisation, constitue une violation de nos droits de propriété et est illégale. » Ce document inclut une mise en demeure formelle de cesser les activités et de retirer tout ce qui a été installé, avec le risque d’être poursuivi en justice, mais aussi de se voir réclamer des dommages et intérêts pour le préjudice subi et à venir.

De plus, selon la famille Biondi se trouvait également sur leurs terres l’autel de la Madonna della Neve, englouti par l’éruption de 1983 et déplacé, des années plus tard, près du refuge Sapienza. le pharmacien ajoute donc : « L’accès aux cratères doit absolument rester libre. Quant à l’argent récolté pour accéder aux cratères, il devrait servir à remettre l’autel à son emplacement d’origine.

Selon le journal La Sicilia dont l’article sert de support à cette note, c’est un coup dur pour l’histoire des cratères de Silvestri, dont la controverse repose entièrement sur l’exercice du droit de propriété privée. Or, ce sont précisément ces droits que le groupe Russo Morosoli revendique dès la première ligne de son communiqué officiel : « Nous avons acquis les cratères de Silvestri en 1997 suite à la faillite de la société Montenero.» Un jugement sur lequel les frères Biondi ont désormais leur mot à dire.

Il ne reste plus qu’à attendre le prochain numéro de cette farce à la mode sicilienne…

Source : La Sicilia.

Photo: C. Grandpey

Séisme dans les Îles Éoliennes // Earthquake in the Aeolian Islands

Un séisme de magnitude M4,8, avec son hypocentre à une profondeur de 17 km, z été enregistré à 16h19 le 7 février 2025 un peu au sud des deux îles Éoliennes d’Alicudi et Filicudi. Aucun dégât n’a été observé sur les bâtiments. La secousse a été suivie de huit répliques pendant plus d’une heure, Après l’événement principal, l’INGV a enregistré des secousses de magnitude comprise entre M2,5 et M3,4 à une profondeur allant de 18 à 4 km. Selon l’INGV, ces séismes sont dus au mouvement de convergence entre la partie nord de la Sicile et la partie sud de la mer Tyrrhénienne. La zone affectée par les séismes se trouve dans une bande qui s’étend d’est en ouest, à peu près d’Ustica aux îles Éoliennes. C’est dans cette zone que la partie nord de la Sicile converge avec la partie sud de la mer Tyrrhénienne, générant des séismes de compression.
Des vibrations dans les habitations ont été ressenties à Messine et dans certaines communes de la côte tyrrhénienne. L’événement a également été ressenti à Palerme, notamment aux étages supérieurs des immeubles.
Source : INGV, La Sicilia.

Vue des Îles Éoliennes, avec Alicudi et Filicudi à l’ouest (Source: Wikipedia)

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An M4.8 earthquake, with its hypocenter at a depth of 17 km, was recorded at 16:19 on 7 February 2025, just south of the two Aeolian islands of Alicudi and Filicudi. No damage was reported. The tremor was followed by eight aftershocks lasting over an hour. After the main event, INGV recorded tremors of magnitude between M2.5 and M3.4 at depths ranging from 18 to 4 km. According to INGV, these earthquakes are due to the convergence movement between the northern part of Sicily and the southern part of the Tyrrhenian Sea. The area affected by the earthquakes is located in a band that extends from east to west, roughly from Ustica to the Aeolian Islands. It is in this area that the northern part of Sicily converges with the southern part of the Tyrrhenian Sea, generating compression earthquakes.
Vibrations in homes were felt in Messina and in some municipalities on the Tyrrhenian coast. The event was also felt in Palermo, especially on the upper floors of buildings.
Source: INGV, La Sicilia.

Éruption d’un volcan de boue à Taïwan // Eruption of a mud volcano at Taiwan

Le volcan de boue Wandan, dans le sud de Taiwan, est entré en éruption pour la neuvième fois en deux ans le 6 juillet 2024. L’éruption a eu lieu à partir de quatre bouches différentes, dont trois à environ 50 mètres au sud-est du temple Huangyuan. La quatrième bouche se trouvait à 30 mètres à l’ouest du temple.

Image extraite de la vidéo ci-dessous

Une éruption du même type, le 8 février 2023, avait émis des flammes atteignant jusqu’à 4 mètres de hauteur et de la boue éjectée jusqu’à 2 mètres. À l’époque, les médias locaux avaient indiqué que les flammes avaient endommagé les câbles électriques à proximité, ce qui avait incité Taipower à se précipiter sur les lieux et à couper l’électricité pour éviter d’autres dégâts au réseau électrique.
Voici une courte vidéo de la dernière éruption :
https://twitter.com/i/status/1809724341275242541

J’ai consacré plusieurs botes aux volcans de boue sur ce blog, notamment lorsque Lusi est entré en éruption le 29 mai 2006 dans la régence de Sidoarjo (Indonésie). L’éruption s’est intensifiée et la boue a commencé à se répandre sur les champs, entraînant l’évacuation de nombreux habitants. Les semaines ont passé et la boue a englouti des villages entiers. Le gouvernement indonésien a commencé à construire des digues pour contenir cette boue et arrêter sa propagation. Lorsque la boue a recouvert les premières digues, il a fallu en construire de nouvelles. Le gouvernement a finalement réussi à arrêter l’avancée de la boue, mais les coulées avaient anéanti une douzaine de villages et obligé 60 000 personnes à partir.

Des éruptions d’autres volcans de boue sont observées en Azerbaïdjan, en Colombie, à Trinité-et-Tobago ou au Guatemala. Plus près de nous, certains des volcans de boue les plus connus se trouvent en Sicile ; les Maccalube di Aragona. En septembre 2014, l’explosion soudaine d’un de ces volcans a surpris un homme et deux enfants âgés de 7 et 9 ans. L’homme, âgé de 46 ans, a réussi à se sortir de la boue mais sa fille de sept ans était déjà morte lorsqu’elle a pu être être retirée rapidement de la boue. Son frère, âgé de 10 ans, a été retrouvé seulement 7 heures plus tard et il était mort, lui aussi.

Volcan de boue dans les Maccalube di Aragona (Photo: C. Grandpey)

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The Wandan mud volcano in southern Taiwan erupted for the ninth time in two years on July 6th, 2024. The eruption took place from four different vents, with 3 of them about 50 meters southeast of Huangyuan Temple. The fourth vent was 30 meters west of the temple.

A similar eruption on February 8th, 2023, had flames reaching as high as 4 meters and mud flying up to 2 meters. At the time, local media reported flames caused damage to nearby power cables, prompting Taipower to rush to the scene and cut electricity to prevent further damage to the power grid.

Here is a short video of the latest event :

https://twitter.com/i/status/1809724341275242541

I have dedicated several posts to mud volcanoes on this blog, especially when Lusi started erupting on May 29th, 2006 in Sidoarjo Regency (Indonesia). The eruption intensified and the mud started to spread over the fields, forcing the evacuation of many residents. Weeks passed, and the spreading mud engulfed entire villages. The Indonesian government began to build levees to contain the mud and stop the spread. When the mud overtopped these levees, they built new ones behind the first set. The government eventually succeeded in stopping the mud’s advance, but not before the flows had wiped out a dozen villages and forced 60,000 people to relocate.

Eruptions of other mud volcanoes are observed in Azerbaijan, Colombia, Trinad and Tobago or Guatemala. Closer to Fra,ce, some of the best known mud volcanoes are located in Sicily ; they are the Maccalube di Aragona. In September 2014, the sudden explosion of one of these volcanoes engulfed a man and two children aged 7 and 9. The man, aged 46, managed to get out of the mud but his seven-year-old daughter was already dead when she was able to be removed quickly. Her brother, aged 10, was found only 7 hours later and was dead.

La Sicile en proie à une sévère sécheresse et à une pénurie d’eau

Le sujet fait la Une des journaux depuis plusieurs semaines : la Sicile connaît actuellement une forte sécheresse et des températures très supérieures à la normale, comme la plupart des pays du pourtour méditerranéen  ; La température moyenne dans la région est désormais de 1,5°C supérieure à celle d’il y a 150 ans. Le gouvernement italien a déclaré l’état d’urgence en raison des faibles précipitations sur l’île qui ont dévasté les cultures et les pâturages. Ceux qui envisagent de se rendre en Sicile dans les prochaines semaines doivent donc s’attendre à quelques difficultés dans certains parties de l’île. Cerise sur le gâteau, une alerte Orange vient d’être décrétée car on attend des températures supérieures à 40°C dans les prochains jours.

En Sicile, le lac Pergusa, décrit par Ovide dans les « Métamorphoses » comme un lieu de beauté et de « printemps éternel », est un indicateur parfait des conséquences du réchauffement climatique. La partie de l’eau qui était visible a complètement disparu, à part une mare résiduelle. Tout le reste est sous terre, dans la nappe phréatique ou ce qu’il en reste. Le lac servait d’escale et de station de repos aux oiseaux migrateurs entre l’Afrique et l’Europe. Faute d’eau, la situation va devenir problématique pour ces volatiles.

Au cours des 12 derniers mois, la pluie s’est faite rare en Sicile qui se trouve désormais dans une situation hydrique d’urgence. Un assèchement total et un manque d’eau à l’automne seraient véritablement catastrophiques.

Le manque d’eau met à mal le tourisme, en particulier dans la province d’Agrigente où les hôteliers ont décidé de limiter leurs entrées aux touristes. Cette zone côtière cache sous ses structures archéologiques et ses vestiges de la Vallée des Temples un vieil aqueduc, destiné à capter et conduire l’eau d’un lieu à un autre de la cité. Malheureusement, le canal construit en forme de labyrinthe est aujourd’hui quasiment à sec, en raison d’une sécheresse sans précédent.

Pour endiguer cette pénurie d’eau, la Sicile a opté dès le mois de février pour des mesures de restriction. Plus d’un million de personnes réparties dans 93 communes sont soumises à des mesures de rationnement. Il est parfois demandé de réduire la consommation d’eau jusqu’à 45 %, en respectant un calendrier précis. Ainsi, l’approvisionnement est parfois interrompu pendant la nuit en certains endroits.

Plusieurs établissements touristiques mettent en garde les vacanciers contre d’éventuelles pénuries et les aident à réserver ailleurs sur l’île, où les restrictions sont moins sévères ou ne sont pas en vigueur.

À côté de la pénurie d’eau, la Sicile – où les températures ont déjà dépassé les 40°C ces dernières semaines – doit faire face aux incendies de forêts. En 2023, plusieurs massifs forestiers sont partis en fumée, ce qui a entraîné l’évacuation de milliers de touristes.

L’agriculture sicilienne est, elle aussi, durement touchée par cette sécheresse persistante. Face au manque d’eau, les agriculteurs sont parfois confrontés à un choix terrible : tuer leurs troupeaux ou les laisser mourir de faim ou de déshydratation. Avec les fortes températures, les producteurs d’agrumes voient les fruits se dessécher sur les arbres. Les réservoirs utilisés pour l’irrigation autour de l’Etna, où sont cultivées les oranges, ne contiennent plus que la moitié de la quantité d’eau habituelle. S’il n’y a pas de pluie pendant l’été, ils ne seront plus qu’à 25 % de leur capacité.

Pour essayer de soulager un peu la population, un navire-citerne devrait ravitailler en eau les régions d’Agrigente et de Gela. Le navire, amarré à Augusta, peut transporter jusqu’à 1 200 mètres cubes d’eau et est prêt à appareiller en fonction des indications d’urgence qui arriveront de la Région.

Les autorités siciliennes sont en train de mettre en place le financement de mesures destinées à améliorer la distribution de l’eau sur l’île. Des améliorations ont déjà été apportées au réseau, mais ce n’est pas suffisant. Parmi les mesures, on note la réactivation des usines de dessalement de Gela, Trapani et Porto Empedocle.

Source : Presse italienne.