Super éruptions et refroidissement de l’atmosphère // Super eruptions and atmosphere cooling

Une nouvelle étude publiée dans le Journal of Climate explique qu’en entravant la lumière du soleil, les particules émises lors d’ une super éruption ne refroidissent probablement pas la température à la surface de la Terre aussi fortement qu’on l’avait estimé précédemment. La super éruption du volcan Toba (Indonésie) il y a environ 74 000 ans a déployé une énergie 1 000 fois plus puissante que l’éruption du mont St. Helens en 1980.

Image satellite du Lac Toba (Source: NASA)

S’agissant des éruptions les plus puissantes, les chercheurs se demandent depuis longtemps quel niveau de refroidissement causé par ces éruptions, et souvent appelé hiver volcanique, pourrait potentiellement constituer une menace pour l’humanité. Les études déjà effectuées s’accordent pour dire que notre planète subirait un refroidissement, mais elles divergent sur son ampleur. Les estimations varient entre 2 et 8 degrés Celsius.
La nouvelle étude, réalisée par une équipe du Goddard Institute for Space Studies de la NASA et de l’Université Columbia à New York, a utilisé une modélisation informatique de haute technologie pour simuler des super-éruptions comme celle du Toba. Les chercheurs ont alors constaté que le refroidissement post-éruption ne dépasse probablement pas 1,5 degré Celsius, même pour les événements les plus puissants.
Pour mériter le titre de « super éruption », un tel événement doit libérer plus de 1 000 kilomètres cubes de magma, avec un VEI 8, le maximum sur cette échelle. Ces éruptions sont extrêmement puissantes ; heureusement, elles sont rares. La super-éruption la plus récente s’est produite il y a plus de 22 000 ans au niveau du Lac Taupo en Nouvelle-Zélande.

Le Lac Taupo vu depuis l’espace (Source: NASA)

L’événement le plus connu est la super éruption qui a eu pour cadre le cratère de Yellowstone il y a environ 2 millions d’années.

Photo: C. Grandpey

Les auteurs de l’étude ont tenté de comprendre quelle était la cause de la divergence dans les estimations de température fournies par les modélisations. Il faut savoir que « les modélisations sont le principal outil permettant de comprendre les changements climatiques survenus il y a trop longtemps pour laisser des traces de leur impact ». Les scientifiques ont étudié plus particulièrement une variable qui peut être difficile à cerner : la taille des particules microscopiques de soufre injectées à des kilomètres de hauteur dans l’atmosphère.
Dans la stratosphère (entre 10 et 50 kilomètres d’altitude environ), le dioxyde de soufre gazeux émis par des volcans subit des réactions chimiques pour se condenser en particules de sulfate liquide. Ces particules peuvent influencer la température de surface sur Terre de deux manières : en réfléchissant la lumière solaire entrante (ce qui provoque un refroidissement), ou en piégeant l’énergie thermique sortante (ce qui génère une sorte d’effet de serre).
Au fil des années, ce phénomène de refroidissement a également suscité des questions sur la manière dont les humains pourraient inverser le réchauffement climatique, un concept baptisé géo-ingénierie. Il consiste à injecter volontairement des particules d’aérosol dans la stratosphère pour favoriser un effet de refroidissement.
Les chercheurs ont montré dans quelle mesure le diamètre des particules d’aérosol volcanique influençait les températures post-éruption. Plus les particules sont petites et denses, plus leur capacité à bloquer la lumière du soleil est grande. Mais estimer la taille des particules est extrêmement difficile car les super éruptions du passé n’ont pas laissé de traces physiques fiables. Dans l’atmosphère, la taille des particules change à mesure qu’elles coagulent et se condensent. Lorsque les particules retombent sur Terre et sont conservées dans des carottes de glace, elles ne laissent pas de traces physiques claires en raison du mélange et du compactage.
En simulant des super-éruptions sur une gamme de tailles de particules, les chercheurs ont découvert que les super-éruptions sont probablement incapables de modifier la température globale davantage que les plus grandes éruptions des temps modernes. Par exemple, l’éruption du mont Pinatubo aux Philippines en 1991 n’a provoqué qu’une baisse d’environ un demi-degré Celsius de la température sur Terre pendant deux ans.

Eruption du Pinatubo en 1991 et nuage d’aérosols (Source: Wikipedia)

La compréhension du refroidissement causé par les super-éruptions nécessite davantage de recherches. Selon les chercheurs de la NASA, la voie à suivre consiste à comparer des modèles de manière exhaustive, ainsi qu’à effectuer davantage d’études en laboratoire, en insistant sur les facteurs déterminant la taille des particules d’aérosols volcaniques. Compte tenu des incertitudes dans ce domaine, le recours à la géo-ingénierie via l’injection d’aérosols dans la stratosphère ne semble pas la meilleure solution.
Source : NASA.

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A new study published in the Journal of Climate. suggests that sunlight-blocking particles from a super eruption would not cool surface temperatures on Earth as severely as previously estimated.

Some 74,000 years ago, the Toba volcano in Indonesia exploded with a force 1,000 times more powerful than the 1980 eruption of Mount St. Helens.

When it comes to the most powerful volcanoes, researchers have long speculated how post-eruption global cooling – sometimes called volcanic winter – could potentially pose a threat to humanity. Previous studies agreed that some planet-wide cooling would occur but diverged on how much. Estimates have ranged from 2 to 8 degrees Celsius.

The new study, by a team from NASA’s Goddard Institute for Space Studies and Columbia University in New York used advanced computer modeling to simulate super-eruptions like the Toba event. They found that post-eruption cooling would probably not exceed 1.5 degrees Celsius for even the most powerful blasts.

To qualify as a super eruption, a volcano must release more than 1,000 cubic kilometers of magma, with a VEI 8, the maximum on the scale. These eruptions are extremely powerful and rare, fortunately. The most recent super-eruption occurred more than 22,000 years ago in New Zealand’s Lake Taupo. The best-known example may be the eruption that blasted Yellowstone Crater about 2 million years ago.

The authors of the study tried to understand what was driving the divergence in model temperature estimates because “models are the main tool for understanding climate shifts that happened too long ago to leave clear records of their severity.” They settled on a variable that can be difficult to pin down: the size of microscopic sulfur particles injected kilometers high into the atmosphere.

In the stratosphere (about 10 to 50 kilometers in altitude), sulfur dioxide gas from volcanoes undergoes chemical reactions to condense into liquid sulfate particles. These particles can influence surface temperature on Earth in two ways: by reflecting incoming sunlight (causing cooling) or by trapping outgoing heat energy (a kind of greenhouse warming effect).

Over the years, this cooling phenomenon has also spurred questions about how humans might turn back global warming – a concept called geoengineering – by intentionally injecting aerosol particles into the stratosphere to promote a cooling effect.

The researchers showed to what extent the diameter of the volcanic aerosol particles influenced post-eruption temperatures. The smaller and denser the particles, the greater their ability to block sunlight. But estimating the size of particles is challenging because previous super eruptions have not left reliable physical evidence. In the atmosphere, the size of the particles changes as they coagulate and condense. Even when particles fall back to Earth and are preserved in ice cores, they don’t leave a clear-cut physical record because of mixing and compaction.

By simulating super-eruptions over a range of particle sizes, the researchers found that super-eruptions may be incapable of altering global temperatures dramatically more than the largest eruptions of modern times. For instance, the 1991 eruption of Mount Pinatubo in the Philippines caused about a half-degree drop in global temperatures for two years.

The mysteries of super-eruption cooling invite more research. The NASA researchers say that he way forward is to conduct a comprehensive comparison of models, as well as more laboratory and model studies on the factors determining volcanic aerosol particle sizes. Given the ongoing uncertainties, geoengineering via stratospheric aerosol injection is a long way from being a viable option.

Source : NASA.

Eruptions volcaniques, météo et climat // Volcanic eruptions, weather and climate

Suite à la publication de ma note sur l’éruption du Laki (Islande) en 1783, deux abonnés de mon blog m’ont demandé dans quelle mesure une éruption volcanique pouvait affecter la météo, voire le climat.
Lorsqu’un volcan entre en éruption, les volumineux panaches de cendres et de gaz envoyés dans l’atmosphère peuvent provoquer des variations de température à grande échelle et, à long terme, affecter les conditions météorologiques pendant plusieurs mois après une éruption. On a pu l’observer récemment avec les effets de l’éruption du volcan tongien Hunga Tong-Hunga Ha’apai. J’ai décrit les impacts de cette éruption dans plusieurs notes sur ce blog.

 

Panache éruptif du Hunga Tonga-Hunga Ha’apai (Source: NASA)

La conséquence la plus significative d’une éruption volcanique majeure est un refroidissement de la température, localement et même dans le monde entier, avec la présence d’importants nuages de dioxyde de soufre (SO2) dans la stratosphère. Ce phénomène a été observé après l’éruption du Pinatubo aux Philippines en 1991, avec un abaissement de la température mondiale. de quelques dixièmes de degrés (0,72°C) pendant plusieurs mois. Le nuage de SO2 du Pinatubo a été le plus important jamais observé dans la stratosphère depuis le début des observations par satellite en 1978. Il a probablement provoqué la plus grande perturbation par aérosols dans la stratosphère au 20ème siècle, même si ces perturbations ont probablement été moindres que celles provoquées par les éruptions du Krakatau en 1883 et du Tambora en 1815.

 

Panache éruptif et aérosols du Pinatubo (Source: Wikipedia)

Comme je l’ai écrit il y a quelques jours, l’éruption fissurale du Laki en Islande en 1783-1784 a libéré une énorme quantité de dioxyde de soufre, bien supérieure à celle émise par le Pinatubo (environ 120 millions de tonnes contre 20 millions de tonnes pour le volcan philippin). Bien que les deux éruptions aient été différentes en termes de durée et de style, le SO2 atmosphérique émis a provoqué un refroidissement du temps dans des proportions similaires, pendant des périodes de temps semblables, en Europe et en Amérique du Nord.

Lakagigar (Photo: C. Grandpey)

L’US Geological Survey affirme qu’une nouvelle éruption majeure de Yellowstone modifierait probablement les conditions météorologiques mondiales et aurait un impact sur la production agricole pendant de nombreuses années.

L’éruption du Tambora (Indonésie) en 1815 fut l’éruption la plus puissante enregistrée dans les temps historiques. Le nuage volcanique émis lors de l’événement a abaissé la température de la planète de 1,6°C. L’Europe et l’Amérique du Nord ont connu des températures plus basses que la normale tout au long de l’été 1816.

 

Caldeira du Tambora vue depuis l’ISS

On sait depuis longtemps que les volumineux nuages d’éruptions volcaniques, ou pyrocumulus, qui contiennent beaucoup de particules de cendres, peuvent produire des éclairs et des vortex – ou tourbillons de vent. Semblables aux nuages d’orages et leurs particules de glace, les nuages volcaniques contiennent des particules de cendre qui entrent en collision les unes avec les autres à grande vitesse. Ces collisions peuvent provoquer la séparation des charges dans les nuages et donner naissance à des éclairs.

Eclairs pendant l’éruption du Rinjani (Crédit photo: Wikipedia)

De plus, lors d’une éruption, les panaches peuvent également produire des événements météorologiques semblables à des tornades, mais qui ne sont pas de véritables tornades. L’air à l’intérieur du panache éruptif est si chaud et si léger qu’à mesure qu’il s’élève, il aspire davantage d’air du dessous. Au fur et à mesure que le vent éloigne le panache, davantage d’air est aspiré sur le côté, ce qui crée un vortex.

Vortex dans le cratère de l’Halema’umau ‘Source: HVO)

Il convient de noter que la poussière et le dioxyde de soufre provenant d’une éruption majeure peuvent également donner naissance à de spectaculaires couchers et levers de soleil car les particules diffusent la lumière à différentes longueurs d’onde. De tels événements ont inspiré des peintres célèbres comme Ashcroft et Turner qui ont peint les magnifiques couchers de soleil provoqués par l’éruption du Tambora en avril 1815.

Sunset (William Turner)

S’agissant du réchauffement climatique que nous connaissons actuellement, les volcans sont parfois tenus pour responsables, mais c’est faux. Selon l’USGS, toutes les études réalisées à ce jour sur les émissions volcaniques de CO2 indiquent que les volcans subaériens et sous-marins de la planète libèrent moins de 1 % du dioxyde de carbone actuellement rejeté par les activités humaines. Le dégazage volcanique global a été estimé entre 0,13 gigatonne et 0,44 gigatonne par an.

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Following the release of my post about the 1783 Laki eruption, two followers of my blog asked me how far a volcanic eruption can affect the weather or even the climate.

When a volcano erupts, the massive plumes of ash and gases sent high into the atmosphere can cause global temperature changes and, in the long term, affect weather for months after an eruption. This could be seen recently with the effects of the Hunga Tong-Hunga Ha’apai volcano in the Tonga archipelago. I have described the impacts of this eruption in several posts on this blog.

The most significant way a volcanic eruption can affect the weather is by cooling the temperature locally and worldwide with the giant clouds of sulfur dioxide sent into the stratosphere.This phenomenon was observed after the 1991 eruption of Mt Pinatubo in the Philippines which lowered the world temperature by a few tenths of degrees (0.72°C) for several months.The Pinatubo cloud was the largest SO2cloud ever observed in the stratosphere since the beginning of such observations by satellites in 1978. It caused what was probably the largest aerosol disturbance of the stratosphere in the 20th century, though probably smaller than the disturbances from eruptions of Krakatau in 1883 and Tambora in 1815.

As I put it a few days ago, the 1783-1784 Laki fissure eruption in Iceland released a huge amount more sulfur dioxide than Pinatubo (approximately 120-million tons vs. 20). Although the two eruptions were significantly different in length and style, the added atmospheric SO2 caused regional cooling of Europe and North America by similar amounts for similar periods of time.

The U.S. Geological Survey says another major Yellowstone eruption would probably alter global weather patterns and impact agricultural production for many years.

The eruption of the Tambora (Indonesia) in 1815 was the most powerful eruption recorded in history. The volcanic cloud emitted during the event lowered global temperatures by 1.6°C, and Europe and North America experienced cooler temperatures throughout the summer of 1816.

It is well known that massive volcanic eruption clouds, or pyrocumulus clouds with a lot of ash particles, can produce lightning and wind vortices. Similar to a thunderstorm with ice particles, volcanic ones collide with one another at high speeds. These collisions can cause the separation of charges in volcanic clouds, creating lightning.

Moreover, during an eruption, the plumes can also produce weather events that look like tornadoes, but are not true tornadoes. The air inside the eruption plume is so hot and buoyant that as it rises, it draws more air from underneath. As the wind blows the plume away, more air gets pulled in from the side, creating a vortex.

It should be noted that the dust and sulfur dioxide from a major eruption can also create vibrant sunsets and sunrises as the particles scatter light at different wavelengths. Such events inspired famous painters like Ashcroft and Turner who painted vivid sunsets caused by the April 1815 eruption of Tambora.

As far as the current global warming is concerned, volcanoes are sometimes held responsible for contributing to it, which is totally wrong. According to USGS, all studies to date about global volcanicCO2 emissions indicate that today’s subaerial and submarine volcanoes release less than one percent of the carbon dioxide released currently by human activities. The global volcanic degassing has been estimated between 0.13 gigaton and 0.44 gigaton per year.

Volcans du monde // Volcanoes of the world

Plusieurs événements ont été signalés depuis ma dernière note sur l’activité volcanique dans le monde.

Le 25 septembre 2022, de petites explosions ont été enregistrées tôt le matin sur le Stromboli (Sicile) mais les habitants, notamment ceux de Ginostra, n’ont rien entendu. Selon l’INGV, il y a eu « une intensification de l’activité explosive de la zone nord du cratère, avec quelques explosions plus fortes comme celle enregistrée à 4h29 ».
Les matériaux émis par les explosions sont retombés en abondance dans la partie supérieure de la Sciara del fuoco. Parallèlement à l’augmentation de l’activité explosive, un petit débordement de lave a été observé depuis la zone cratèrique Nord. Aucune déformation significative n’a été enregistrée.

Source: INGV.

 

Le débordement de lave vu par la caméra thermique de l’INGV

Dernière minute : L’INGV indique qu’une explosion majeure a eu lieu sur le volcan à 13h24 (UTC) le 29 septembre 2022, dans la zone cratèrique nord. Des matériaux sont retombés en abondance le long de la Sciara del Fuoco, mais il n’y a pas eu de chute significative de gros matériaux dans le secteur de Pizzo. L’amplitude du tremor éruptif est restée à des niveaux élevés pendant environ 6 à 7 minutes. Le retour à la normale a eu lieu à 19h36 (UTC).

Un tel événement, totalement imprévisible, justifie l’interdiction d’accès au sommet du volcan.

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Dans ma dernière mise à jour du 22 septembre 2022, j’expliquais que la nouvelle île de Home Reef qui est sortie de l’océan le 10 septembre 2022 continuait de croître. Elle mesurait 170 m de diamètre le 16 septembre et avait atteint 182 m N-S et 173 m E-W le 18 septembre. Les panaches de vapeur avec une certaine teneur en cendres s’élevaient jusqu’à 3 km de hauteur du 19 au 20 septembre.
Le 18 septembre, l’USGS a indiqué qu’il y avait eu 24 événements volcaniques en 48 heures. Il est conseillé aux navigateurs de rester à 4 km du volcan, mais l’activité présente un risque faible pour les zones habitées à proximité.
Même si l’île s’est rapidement agrandie au cours des 16 derniers jours, cela ne devrait pas durer. Les îles créées par les volcans sous-marins peuvent persister pendant des années, mais elles ont généralement une vie courte. Par exemple, Home Reef a eu quatre périodes d’éruptions. Au cours de deux de ces périodes, de petites îles se sont formées. Au cours des deux autres périodes d’éruption en 1984 et 2006, des îles éphémères avec des falaises de 50 à 70 mètres de haut se sont formées. Lorsque le Late’iki situé à proximité est entré en éruption pendant 12 jours en 2020, l’île qu’il a créée a été emportée par les vagues en deux mois. A côté de cela, une île créée par une éruption du Late’iki en 1995 a duré 25 ans.
Source : USGS.

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D’après le VAAC de Tokyo, une activité éruptive modérée continue sur l’Alaid (Iles Kouriles / Russie), avec des panaches de cendres qui montent jusqu’à 3 000 mètres d’altitude.

La couleur de l’alerte aérienne est maintenue à l’Orange.

 

L’Alaid vu depuis l’espace le 27 septembre 2022 (Source: Copernicus EU/Sentinel-2)

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Un séisme de magnitude M 4,5 a été enregistré sur la zone de rift sud-ouest du Kilauea dans l’après-midi du 27 septembre 2022. L’événement n’a eu aucun impact apparent sur le Mauna Loa et le Kīlauea. Il a été localisé à environ 9 kilomètres à l’est-nord-est de Pāhala à une profondeur d’environ 30 kilomètres. Selon le HVO, le tremblement de terre fait partie d’un essaim sismique sous la région de Pāhala, qui dure depuis 2019. Des tremblements de terre dans cette région ont été observés au moins aussi loin que les années 1960.
Pendant ce temps, l’éruption au sommet du Kilauea se poursuit dans le cratère Halema’uma’u. Aucun changement significatif n’a été observé au sommet ou dans l’une ou l’autre des zones de rift. La lave est émise par une bouche dans la partie ouest du cratère, avant de se déverser dans le lac de lave actif et sur le plancher du cratère. Les mesures effectuées au cours d’un survol le 12 septembre 2022 ont révélé que le fond du cratère s’était élevé d’environ 143 mètres et que 111 millions de mètres cubes de lave avaient été émis depuis le début de cette éruption le 29 septembre 2021.
Source : USGS, HVO.

Crédit photo : HVO

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L’éruption du Piton de la Fournaise (Ile de la Réunion) débutée le 19 septembre 2022 continue. L’amplitude du trémor éruptif est relativement stable, même si on a observé une légère hausse au cours des dernières 48 heures. Elle se situe à environ 25% de son niveau initial. On observe la reprise d’une légère inflation de l’ensemble du volcan.

Source: OVPF.

Image de l’éruption le 27 septembre 2022 (Photo: C. Holveck)

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GeoNet indique que la sismicité et la déformation continuent sur le Taupo (Nouvelle-Zélande). Quelque 750 secousses ont été localisées à des profondeurs de 4 à 13 km sous le lac depuis le début de l’activité en mai. L’activité sismique se concentre actuellement sous la partie E du lac et se montre un certain déclin. La zone de déformation à Horomatangi Reef s’est soulevée d’environ 60 mm depuis le mois de mai. Les données laissent supposer que la sismicité et la déformation sont causées par le mouvement du magma et des fluides hydrothermaux. GeoNet ajoute que ce type d’activité est fréquent dans les caldeiras et peut se poursuivre pendant des mois ou des années sans déboucher sur une éruption.
Le niveau d’alerte volcanique du Taupo reste à 1.

Lac Taupo (Photo: C. Grandpey)

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Le 25 septembre 2022, le PHIVOLCS a mis en garde contre de possibles lahars autour du Pinatubo (Philippines) suite aux pluies intenses accompagnant un typhon susceptible de frapper la région. Des dépôts importants des coulées pyroclastiques de 1991 sur le flanc ouest étaient susceptibles d’être remobilisés, avec des lahars le long des principales ravines. Le PHIVOLCS a prévenu que plusieurs localités pourraient être affectées par les lahars et les inondations.

Panache généré par l’éruption de 1991 (Crédit photo: Wikipedia)

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L’essaim sismique qui a commencé le 24 août 2022, sous le volcan Trident (Katmai / Alaska) se poursuit. Des épisodes de tremor de faible intensité et des séismes basse fréquence ont également été enregistrés. Aucun autre signe d’activité n’a été détecté. Ces observations signifient que le Trident montre des signes d’activité supérieurs à la normale. C’est pourquoi l’AVO a relevé la couleur de l’alerte aérienne au JAUNE et le niveau d’alerte volcanique à ADVISORY (surveillance conseillée).
La hausse de l’activité sismique est probablement causée par des mouvements du magma ou des fluides magmatiques. De tels phénomènes ont déjà été détectés sur le Trident, mais n’ont pas été suivis d’éruptions.
Le Trident est un groupe de volcans situés dans le Parc national du Katmai sur la péninsule de l’Alaska. Le nom a été donné par Robert Griggs de la National Geographic Society, en 1916, car il y avait trois principaux sommets. Le Trident se compose d’un complexe de quatre cônes et de nombreux dômes de lave, tous composés d’andésite et de dacite, qui atteignent 1 864 m d’altitude. Une éruption en 1953 a édifié le cône le plus récent, Southwest Trident, et émis quatre coulées de lave sur le flanc de l’ancien complexe. Cette éruption s’est poursuivie jusqu’en 1974; elle a produit des panaches de cendres, des bombes et de la lave à plusieurs reprises.

Le Trident est le seul volcan du groupe Katmai autre que le Katmai et le Novarupta à avoir eu une activité historique. Le dôme de lave du Novarupta est visible en bas, au centre. (Crédit photo: Wikipedia)

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Bien que le cône nord duMont Cerberus du Semisopochnoi (Aléoutiennes occidentales / Alaska) continue d’émettre un panache de vapeur, avec un tremor élevé, aucune émission de cendres ou activité explosive n’a été détectée depuis le 14 septembre 2022. En conséquence, l’AVO a abaissé la couleur de l’alerte aérienne au JAUNE et niveau d’alerte volcanique à ADVISORY (surveillance conseillée).

Source: AVO

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Ces informations ne sont pas exhaustives. Vous en trouverez d’autres (en anglais) en lisant le bulletin hebdomadaire de la Smithsonian Institution :
https://volcano.si.edu/reports_weekly.cfm

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Several events have been reported since my previous post about volcanic activity around the world.

On September 25th, 2022, small explosions were recorded early in the morning on Stromboli (Sicily) but the inhabitants, in particular those of Ginostra, heard nothing. According to INGV, there was « an intensification of the explosive activity of the northern area of the crater terrace, with some stronger explosions like the one recorded at 4:29 am ».
The materials emitted by the explosions fell on the upper part of the Sciara del fuoco. Along with the increase in explosive activity, a small lava overflow was observed from the North Crater area. No significant deformation was recorded.
Source: INGV.

Last minute : INGV indicates that a major explosion took place on the volcano at 13:24 UTC on September 29th, 2022, in the North Crater area. Volcanic material fell abundantly along the Sciara del Fuoco, while there was no significant fall of coarse material in the Pizzo area. The amplitude of the eruptive tremor remained at high levels for about 6 to 7 minutes. All parameters returned to normal levels at 19:36 UTC.

Such an event, totally unpredictable, justifies the prohibition of access to the summit of the volcano.

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In my last update of September 22nd, 2022, I explaied that the new island at Home Reef that emerged from the ocean on September 10th, 2022 continued to grow. It was 170 m in diameter by September 16th and had grown to 182 m N-S and 173 m E-W by September 18th. Steam plumes with some ash content rose 3 km during September 19th-20th.

On September 18th, USGS said there had been 24 volcanic events in 48 hours. Mariners are advised to stay 4 km away from the volcano, but the activity poses low risk to surrounding communities.

While the island quickly grew over the past 16 days, it is not expected to last. While islands created by underwater volcanoes can persist for years, they are typically short lived. For example, Home Reef has had four periods of eruptions. During two of these periods, small islands formed. During the other two eruption periods in 1984 and 2006, short-lived islands with 50- to 70-meter-high cliffs formed. When nearby Late’iki erupted for 12 days in 2020, the island it created washed away in two months. But an island created by a Late’iki eruption in 1995 lasted 25 years.

Source: USGS.

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According to the Tokyo VAAC, moderate activity continues at Alaid volcano Kuril Islands / Russia), with ash emissions rising up to 3 km above sea level..

The Aviation Color Code remains at Orange.

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A 4.5 magnitude earthquake was recorded on the southwest rift zone of Kilauea volcano on September 27th, 2022 in the afternoon. The event had no apparent impact on either Mauna Loa or Kīlauea volcanoes. It was located about 9 kilometers east-northeast of Pāhala at a depth of about 30 kilometers. According to HVO, the quake is part of a seismic swarm under the Pāhala area, which has been going on since 2019. Earthquakes in this region have been observed at least as far back as the 1960s.

Meantime, the summit eruption of Kilauea continues within Halemaʻumaʻu crater. No significant changes have been observed at the summit or in either rift zone.Lava is emitted from the western vent into the active lava lake and onto the crater floor. Overflight measurements from September 12th, 2022, indicated that the crater floor had seen a total rise of about 143 meters, and that 111 million cubic meters of lava had been effused since the beginning of this eruption on September 29th, 2021.

Source: USGS, HVO.

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The eruption of Piton de la Fournaise (Reunion Island) that started on September 19th, 2022 continues. The amplitude of the eruptive tremor is relatively stable, although a slight increase has been observed over the past 48 hours. It is around 25% of its initial level. There is the resumption of a slight inflation of the whole volcanic edifice..
Source: OVPF.

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GeoNet reports that seismic unrest and deformation at Taupo (New Zealand) continue. About 750 earthquakes have been located at depths of 4-13 km beneath the lake since unrest began in May. The locations are currently concentrated beneath the E part of the lake and occurr at a slightly lower rate than before. An area of deformation at Horomatangi Reef has been rising at a rate of 60 mm since May. The data suggest that the seismicity and deformation are caused by the movement of magma and hydrothermal fluids. GeoNet adds that unrest at calderas is common and may continue for months or years without resulting in an eruption.

Taupo’s Volcanic Alert Level remains at 1.

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On September 25th, 2022, PHIVOLCS warned of potential lahars around Pinatubo (Philippines) due to intense rains from a typhoon that was likely to strike the region. Significant deposits from 1991 pyroclastic flows on the W flank may be remobilized, generating lahars down major drainages. PHIVOLCS noted that several communities might be affected by lahars and flooding.

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The swarm of earthquakes that began on August 24th, 2022, beneath Trident volcano (Katmai / Alaska) continues. Episodes of weak seismic tremor and low frequency earthquakes have also been detected. No other signs of unrest have been detected in monitoring data. These observations mean that Trident is exhibiting signs of unrest above background level. Therefore, AVO has raised the Aviation Color Code to YELLOW and the Volcano Alert level to ADVISORY.

The increase in seismic activity is likely caused by movement of magma or magmatic fluids. Similar ncreases in seismic activity have been detected previously at Trident, with no subsequent eruptions.

Trident is one of the group of volcanoes located within Katmai National Park on the Alaska Peninsula. The name was given by Robert Griggs of the National Geographic Society, in 1916, because there were three major peaks. Trident consists of a complex of four cones and numerous lava domes, all andesite and dacite in composition, that reach as high as 1,864 m above sea level. An eruption beginning in 1953 constructed the newest cone, Southwest Trident, and four lava flows on the flank of the older complex. This eruption continued through 1974 and produced ash, bombs, and lava at various times.

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Although the active north cone of Semisopochnoi‘s Mount Cerberus (Western Aleutians / Alaska) continues to produce a vapor plume and elevated seismic tremor, no ash emissions or explosive activity have been detected since September 14th, 2022. As a consequence, AVO has lowered the Aviation Color Code to YELLOW and Volcano Alert Level to ADVISORY.

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This information is not exhaustive. You can find more by reading the Smithsonian Institution’s weekly report:

https://volcano.si.edu/reports_weekly.cfm

Eruption du Hunga Tonga-Hunga-Ha’apai : pas d’effet sur la température terrestre // No impact on Earth’s temperature

Les scientifiques viennent de confirmer que l’éruption sous-marine du Hunga Tonga-Hunga Ha’apai en janvier 2022 n’affectera pas le climat de la Terre malgré la présence de nuages de cendres de dizaines de kilomètres de hauteur dans l’atmosphère (voir ma note précédente à ce sujet),
De puissantes éruptions volcaniques provoquent parfois un refroidissement à court terme de la planète, mais ce ne sera pas le cas avec le récent événement dans l’archipel des Tonga.
Une nouvelle étude confirme en effet les estimations précédentes. Elle indique que l’effet de refroidissement du Hunga Tonga ne dépasserait pas 0,004 ° C dans l’hémisphère nord et 0,01 ° C dans l’hémisphère sud, ce qui est encore moins que certaines estimations précédentes.
La clé de l’impact d’une éruption volcanique sur la température de la Terre est la quantité de dioxyde de soufre (SO2) qui a été émise par le volcan. En effet, dans l’atmosphère, le gaz forme des particules d’aérosol qui font obstacle à la lumière du soleil, avec diminution de la quantité d’énergie qui entre dans le système terrestre. Par exemple, l’éruption du Pinatubo en 1991 a entraîné un refroidissement d’environ 0,6°C qui a duré près de deux ans. La différence avec l’éruption aux Tonga, c’est que les cendres rejetées dans l’air par le Pinatubo contenaient environ 50 fois plus de dioxyde de soufre.
Source : space.com.

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Scientists have just confirmed that the Hunga Tonga submarine eruption in January 2022 will not affect Earth’s climate despite sending clouds of ash dozens of kilometers high into the atmosphere (see my previous post about this topic),

Powerful volcanic eruptions sometimes cause short-term cooling of the planet, but this won’t be the case of the recent Tonga event.

A new study confirms previous estimates, stating that the cooling effect of Hunga Tonga could range from just 0.004°C in the northern hemisphere to 0.01°C in the southern hemisphere, which is even less than some of the previous estimates expected.

The key to the impact of a volcanic eruption on the Earth’s temperature is the amounrt of sulfur dioxide (SO2) that has been emitted by the volcano. Indeed, in the atmosphere the gas forms aerosol particles, which deflect sunlight, thus decreasing the amount of energy that enters the Earth’s system. For example, the 1991 explosive eruption of Mount Pinatubo produced a cooling of about 0.6°C that lasted for nearly two years. The difference with the Tonga eruption is that the ash spewed into the air by Mount Pinatubo contained about 50 times as much sulfur dioxide.

Source: space.com.

Effet de l’éruption du Pinatubo sur l’atmosphère (Source : Wikipedia)