Volcans du monde // Volcanoes of the world

Aucune activité volcanique majeure n’a été observée dans le monde au cours des derniers jours.

Au Mexique, l’activité du Popocatépetl se caractérise par des épisodes de tremor, très peu d’explosions mineures et modérées, des émissions quasi constantes de vapeur, de gaz et parfois de cendres, et des projections de matériaux incandescents. Le CENAPRED indique que l’activité globale a légèrement diminué au cours de la semaine écoulée. Cependant, des retombées de cendres ont encore été signalées dans de nombreuses localités. Le 26 mai 2023, plus d’un million d’élèves avaient pu retourner en classe. Le niveau d’alerte pour le Popocatepetl reste à la couleur Jaune, Phase 3.

 

Image webcam du Popocatepetl le 30 mai 2023

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Les explosions phréatiques se poursuivent sur le Rincón de la Vieja (Costa Rica). Elle génèrent de volumineux panaches de gaz et de vapeur contenant éventuellement des sédiments lacustres qui s’élèvent à environ 2,5 km au-dessus du cratère. Lors d’un survol le 26 mai 2023, on a constaté que le niveau d’eau du lac avait considérablement baissé. Une intense éruption le 27 mai a éjecté des matériaux incandescents et généré un panache qui s’est élevé à 3,5-4 km au-dessus du cratère. Un important lahar a dévalé le lit de la rivière Pénjamo.
Source : OVSICORI.

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Le 28 mai 2023, l’Observatoire Volcanologique de Goma (OVG) a signalé que les coulées de lave sur le flanc supérieur ouest du Nyamulagira (RDC) avaient commencé à se refroidir et à se solidifier. La sismicité est revenue à des niveaux similaires à ceux enregistrés avant la hausse d’activité du 17 mai. L’émission de lave continue mais reste confinée au cratère sommital.

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L’activité de l’Etna (Sicile) qe caractérise par une faible activité explosive à l’intérieur du Cratère SE et une incandescence mineure dans la Bocca Nuova. Une approche par drone des coulées de lave et des dépôts de tephra mis en place lors de l’éruption du 21 mai 2023 a révélé que les coulées de lave avaient parcouru 2,3 km, et atteint 2 650 m d’altitude.
Source : INGV.

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Big Ben n’est pas seulement la grosse cloche qui retentit au sommet d’une tour du Parlement londonien. C’est aussi le nom donné est l’un des deux volcans actifs d’Australie. Big Ben se trouve sur l’île Heard à environ 4 100 kilomètres au sud-ouest de Perth et à 1 500 km au nord de l’Antarctique. L’autre volcan actif se trouve à proximité, sur les îles McDonald. L’île Heard et les îles McDonald sont situées sur le plateau de Kerguelen qui s’élève à environ 3 000 mètres au-dessus des fonds marins.
Le satellite Copernicus Sentinal-2 a repéré une émission de lave le 25 mai 2023. La coulée que l’on peut voir sur l’image ci-dessous fait partie d’une éruption qui a été observée pour la première fois il y a plus de dix ans. L’image est un composite d’une image optique et d’une image infrarouge.
On voit la lave couler sur le flanc de Big Ben, près du sommet (Mawson Peak) qui culmine à 2 745 mètres d’altitude.
Selon la Smithsonian Institution, la coulée de lave actuelle fait partie d’un épisode éruptif qui dure depuis septembre 2012. Le Global Volcanism Program a enregistré des éruptions sur l’île Heard jusqu’en 1910, avec environ 20 épisodes de « coulée de lave » depuis septembre. 2012.
L’île Heard appartient à un volcanisme intraplaque car elle se trouve au milieu de la plaque tectonique antarctique. La Smithsonian Institution nous rappelle qu’il y a plus de 100 volcans en Antarctique, dont environ 90 qui se cachent sous la glace. L’âge de l’île Heard se situe probablement entre 750 000 et 500 000 ans. Le magma trouverait sa source dans le manteau supérieur.
Source : The Guardian.

(Source : Copernicus  Sentinel-2).

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Pour mémoire, le 21 avril 2023, l’OVPF prévenait que le Piton de la Fournaise (Ile de la Réunion) était sur le point d’entrer en éruption. C’était une affaire de minutes, d’heures tout au plus. Nous somme le 2 juin 2023 et rien n’annonce une éruption à court terme… Mais avec le Piton on ne sait jamais !

Le volcan a beau être truffé d’instruments, notre capacité à prévoir une éruption reste faible. Cela a peu d’importance sur le Piton de la Fournaise où aucune population n’est vraiment menacée la plupart du temps. Prévision et prévention sont beaucoup plus complexes sur les volcans explosifs de la Ceinture de Feu du Pacifique…

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C’est un peu la même chose pour la Kilauea (Hawaii). On nous serine depuis plusieurs semaines que les niveaux de sismicité et de déformation du sol sont supérieurs à ce qu’ils étaient avant l’éruption du 5 janvier 2023. Pourtant, aucune lave ne daigne pointer le bout de son nez dans le cratère de l’Halema’uma’u, ou ailleurs sur les zones de rift. Même les Américains ont des problèmes en matière de prévision volcanique… !

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L’activité reste globalement stable sur les autres volcans.

Ces informations ne sont pas exhaustives. Vous en trouverez d’autres (en anglais) en lisant le bulletin hebdomadaire de la Smithsonian Institution :
https://volcano.si.edu/reports_weekly.cfm

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No major volcanic activity has been observed in the world during the past days.

In Mexico, activity at Popocatépetl consists of seismic tremors, very few minor and moderate explosions, near-constant emissions of steam, gas, and sometimes ash, and ejections of incandescent material. CENAPRED indicates that overall activity slightly decreased during the week. However, ashfall has still been reported in numerous municipalities. By May 26th, 2023, over one million students were able to return to classrooms. The alert level for Popocatepetl remains at Yellow, Phase 3.

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Phreatic explosions continue at Rincón de la Vieja (Costa Rica). They produce voluminous gas-and-steam plumes possibly containing some lake sediments that rise about 2.5 km above the crater. During an overflight on May 26th, 2023, the lake water level was observed to have significantly dropped. An powerful eruption on May 27th ejected incandescent material and generated a plume that rose 3.5-4 km above the crater. A significant lahar descended the Pénjamo River.

Source : OVSICORI.

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On May 28th, 2023, the Observatoire Volcanologique de Goma (OVG) reported that the lava flows on Nyamulagira’s upper W flank (DRC) had begun to cool and solidify. Seismicity has returned to levels similar to those recorded before the May 17th increase in activity. Lava effusion continues but is confined to the summit crater.

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Activity at Mt Etna (Sicily) is characterized by weak intra-crater explosive activity at the SE Crater and minor incandescence at Bocca Nuova. A drone survey of the lava flows and tephra deposits emplaced during the eruption of May 21st, 2023 revealed that lava flows had traveled 2.3 km, reaching 2,650 m elevation.

Source : INGV.

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Big Ben is one of Australia’s two active volcanoes. It is located on Heard Island about 4,100 kilometres south-west of Perth and 1,500 km north of Antarctica. Australia’s other active volcano is on the nearby McDonald Islands. Heard Island and McDonald Islands sit on the Kerguelen Plateau that is elevated about 3,000 metres above the surrounding sea floor.

Big Ben was spotted spewing lava by the Copernicus Sentinal-2 satellite on May 25th, 2023. The lava flow that can be seen on the image below is part of an ongoing eruption that was first noted more than a decade ago. The image is a composite of an optical picture and an infrared image.

The lava is seen flowing down the side of Big Ben from near the summit (Mawson Peak) which culminates 2,745 metres above sea level..

According to the Smithsonian Institution, the current lava flow is part of an eruptive episode that has been ongoing since September 2012. The Global Volcanism Program has records of eruptions at Heard Island going back to 1910, with about 20 “lava flow” incidents since September 2012.

Heard Island is known as an intraplate volcano because it is in the middle of the Antarctic tectonic plate. The Smithsonian Institution reminds us that there are more than 100 volcanoes on Antarctica itself, including about 90 that are hidden below the ice. Heard Island is likely between 750,000 and 500,000 years old. Evidence suggests the source of the magma lies in the Earth’s upper mantle.

Source : The Guardian.

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Just remember : on April 21st, 2023, the OVPF warned that Piton de la Fournaise (Reunion Island) was about to erupt. It was a matter of minutes, hours at most. Today is June 2nd, 2023 and nothing announces a short-term eruption… But with the Piton you never know!
The volcano is full of instruments, but our ability to predict an eruption remains low. This does not really matter on Piton de la Fournaise where no population is at risk, most of the time. Prediction and prevention are much more complex on explosive volcanoes along the Pacific Ring of Fire…

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The situation is similar on Kilauea (Hawaii). We have been told for several weeks that the levels of seismicity and ground deformation are higher than before the eruption of January 5th, 2023. However, no lava has appeared in Halema’uma’u Crater, or elsewhere on the rift zones. Even the Americans have problems when it comes to volcanic prediction…!

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Activity remains globally stable on other volcanoes.

This information is not exhaustive. You can find more by reading the Smithsonian Institution’s weekly report:

https://volcano.si.edu/reports_weekly.cfm

Les volcans polluent beaucoup moins que les hommes!

Je viens de découvrir – via le site web de France Info – que le 25 mai 2023, on pouvait lire sur Twitter un message vu plus de deux millions de fois, accompagné d’une vidéo d’une éruption de l’Etna, et rédigé dans un français douteux : «Le Mont Etna, filmé hier, émet PLUS de CO2 que ce que l’homme n’a jamais produit. Mais on ne peut pas taxer les volcans, donc ce simple fait n’est pas partagé auprès du commun des mortels qui doivent abandonner leur voiture, éviter de prendre l’avion et doivent manger des insectes pour lutter contre le changement climatique.»

Cette publication n’est pas la première du genre. En 2022, un tweet affirmait déjà qu’une éruption de l’Etna rejetait «10 000 fois plus de CO2 dans l’atmosphère que l’humanité entière ».

A noter que les images illustrant le dernier tweet ne sont pas celle de l’activité du volcan en mai 2023, mais datent de 2021. Ce n’est pas très grave ; on sait que les journalistes eux-mêmes utilisent souvent des images d’archives pour illustrer des événements actuels.
Ce qui est plus grave, c’est l’affirmation concernant la pollution dont l’Etna serait responsable. Il est vrai que les volcans polluent avec l’émission de gaz de toutes sortes, comme le dioxyde de carbone (CO2) et le dioxyde de soufre (SO2). Cependant, dans les faits, les éruptions volcaniques ne représentent qu’une faible proportion des émissions globales de CO2. C’est d’ailleurs ce qu’a confirmé Patrick Allard, volcanologue à l’IPGP : «L’Etna est un volcan parmi les plus gros émetteurs de CO2. Quotidiennement, en moyenne, il dégage environ 5000 tonnes de CO2. Dans ses périodes d’activité intense, cela peut monter jusqu’à 20.000 ou 30.000 tonnes de CO2 par jour. Or, les émissions anthropiques sont de 115 millions de tonnes de CO2 par jour, soit 40 milliards de tonnes par an. Le volcanisme dans sa globalité, même en prenant large, représente entre 0,1 % et 1 % des émissions anthropiques de CO2.»

Photo: C. Grandpey

Mémoires volcaniques // Volcanic memories

Dans un récent article « Volcano Watch », les scientifiques de l’Observatoire des volcans d’Hawaï nous expliquent que l’on peut comprendre le comportement d’un volcan actif en analysant les séismes, les déformations du sol, les émissions de gaz et les coulées de lave.
La tâche devient beaucoup plus compliquée si un volcan ne s’est pas manifesté pendant des centaines, voire des milliers d’années. Dans ce cas, la tradition orale peut être d’un grand secours. Depuis des temps immémoriaux, nos ancêtres enregistrent des événements dans leurs mémoires et les transmettent à travers des histoires, des poèmes et des chansons. C’est ainsi que naissent des mythes, des légendes ou des traditions orales.
Les meilleures histoires trouvent généralement leurs source dans des événements réels. Les traditions orales hawaïennes regorgent d’histoires passionnantes, comme celle des deux chefs de Kahuku qui sont devenus les deux collines de Nāpuʻuapele. Elles sont parfois en relation directe avec des éruptions ayant vraiment existé.
Ailleurs dans le monde, le temps et l’embellissement artistique ont dissimulé de nombreuses éruptions volcaniques dans les traditions orales. En Australie, les histoires du peuple Bungandidj (Boandik) racontent comment un géant nommé Craitbul a parcouru le sud-est du pays avec sa famille, à la recherche d’une maison. Ils se sont d’abord installés sur le mont Muirhead. Ils ont creusé leur four de cuisson et se préparaient à passer la nuit lorsqu’ils ont été réveillés par un bullin, un oiseau local qui hurlait pour les avertir de la présence d’un esprit maléfique. La famille a décidé de fuir et a construit un nouveau four sur le Mont Schank. Malheureusement, le bullin a de nouveau crié et a chassé la famille qui est repartie. Finalement, ils se sont installés sur le Mont. Gambier. Tout fut paisible jusqu’au jour où l’eau a percé le sol et a détruit le feu utilisé pour la de cuisine. De nouveaux fours furent creusés, mais chaque fois l’eau éteignait les flammes, laissant des trous béants là où se trouvaient les fours. Craitbul et sa famille déménagèrent une dernière fois et s’installèrent définitivement dans une grotte à flanc de montagne. Cette histoire rappelle plusieurs éruptions qui se soldèrent par la formation de quatre lacs de cratère sur un volcan de type maar, le Mont Gambier qui entra en éruption dans le sud-est de l’Australie il y a environ 4 500 ans. De nombreux récits de l’est de l’Australie décrivent des éruptions volcaniques dont les aborigènes ont été témoins, avec des récits transmis de génération à génération pendant des millénaires.
Une autre légende, transmise oralement depuis des siècles en Islande raconte la grande rivalité entre le dieu Thor et le géant Hrungnir. L’histoire commence par un martèlement de sabots au moment où, invité par le père de Thor, Odin, Hrungnir part de Jötunheim, le pays des géants, pour se rendre à Asgard, le pays des dieux. Les dieux ont invité Hrungnir à un festin, mais bientôt ce dernier devient brutal et violent, menaçant de tuer les dieux. Il défie Thor en duel, et les deux personnages s’affrontent brutalement dans la nuit. À un moment donné, Hrungnir essaie de se protéger en se dressant au sommet de son grand bouclier de pierre, certain que Thor allait l’attaquer sous la Terre. Au lieu de cela, Thor lance d’en haut son puissant marteau qui entre collision avec la pierre à aiguiser de Hrungnir. Les coups pleuvent dans les airs avec un bruit de tonnerre, une pluie d’étincelles et de fragments brisés…comme pendant une éruption !
Les événements terrestres comme les éruptions volcaniques disparaissent de la mémoire en une génération ou deux, mais les grandes histoires deviennent des mythes, des légendes ou des traditions orales dont on se souvient beaucoup plus longtemps. Les auteurs de cet article « Volcano Watch » pensent qu’il faut écouter les histoires que nos ancêtres nous ont transmises pour obtenir des indices sur l’histoire de la Terre.
Il y a quelques années, j’ai écrit un livre intitulé « Mémoires volcaniques » avec mon ami Jacques Drouin. L’ouvrage ne se trouve plus en librairie mais nous avons encore quelques exemplaires à bas prix. Il suffit de m’envoyer un e-mail si vous êtes intéressé(e) : grandpeyc@club-internet.fr

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In a recent « Volcano Watch » article, scientists at the Hawaiian Volcano Observatory explain us that we can understand the behaviour of an active volcano through earthquakes, deformation, gas emissions and lava flows.

The task becomes far more difficult if a volcano has not been active for hundreds or even thousands of years. In that case, oral history can be of a great help. Since time out of mind, our ancestors have been recording events in their memories and passing them down through stories, poetry and song. Today, we call them myths, legends or oral traditions.

Good stories are usually rooted in real events. Hawaiian oral traditions are full of riveting stories, like the one about the two chiefs of Kahuku who became the two hills of Nāpuʻuapele. They can be traced in some cases directly to the eruptions they record.

In other parts of the world, time and artistic embellishment have disguised many volcanic eruptions in oral traditions. In Australia, the dreaming stories of the Bungandidj (Boandik) people tell of a giant named Craitbul who travelled across the southeastern part of the country with his family in search of a home. First, they settled at Mt. Muirhead. They dug their cooking oven and were settled in for the night when they were awakened by a shrieking bullin (bird) warning them of an evil spirit. They fled their home and built a new cooking oven at Mt. Schank.Again, the bullin shrieked and chased the family from their rest. Eventually, they settled at Mt. Gambier. All was peaceful until one day water rose from the ground and destroyed their cooking fires. They dug their ovens again and again and each time water rose to douse the flames, leaving gaping holes where their ovens once were. Finally, Craitbul and his family moved one last time and settled for good in a cave on the side of the peak. This dreaming recalls several eruptions, ending with the formation of four crater lakes at a maar volcano, Mt. Gambier in southeast Australia, about 4,500 years ago. Many dreaming stories from eastern Australia describe volcanic eruptions that Aboriginal people had witnessed and passed down in story for thousands of years.

Another legend, passed down orally for hundreds of years in Iceland recounts a great duel between the god Thor and giant Hrungnir. It begins with the pounding of hooves as Thor’s father Odin raced Hrungnir from Jötunheim, the land of the giants, to Asgard, the land of the gods. The gods invited Hrungnir for a feast, but soon he became loud and boastful, saying that he would kill the gods. He challenged Thor to a duel, and the two clashed brutally into the night. At one point, Hrungnir tries to protect himself by standing atop his great stone shield, thinking Thor would attack him from beneath the Earth. Instead, Thor hurled his mighty hammer from above. It collided with Hrungnir’s whetstone in mid-air with a thunderclap, showering the land with sparks and shattered fragments.

Rumbling hooves, bellowing giants on enormous stone shields, sparks and shattered stone raining from above sounds like an eruption.

Earth events fade from memory within a generation or two, but great stories become myths, legends or oral traditions that are remembered far longer. The authors of this « Volcano Watch » article think it is wise to listen to stories that our ancestors have passed to us for clues about Earth’s history.

Some years ago, I wrote a book entitled « Mémoires volcaniques – Volcanic memories – with my friend Jacques Drouin. The book can no longer be found in bookshops but we still have a few copies. Just send me an e-mail if you are interested (grandpeyc@club-internet.fr).

L’éruption du Hunga Tonga-Hunga Ha’apai a perturbé l’ionosphère // The Hunga Tonga-Hunga Ha’apai eruption disturbed the ionosphere

L’éruption du Hunga Tonga-Hunga Ha’apai, le volcan sous-marin des Tonga, en janvier 2022, est exceptionnelle et représente un trésor pour les scientifiques qui ne cessent de faire de nouvelles découvertes.Ils ont déjà publié une analyse qui montre que cette éruption a généré le plus haut panache volcanique de tous les temps (57 km), avec pénétration de la stratopause, la limite supérieure de la stratosphère.
Aujourd’hui, une équipe internationale de chercheurs a découvert que l’éruption a perturbé les signaux satellites à grande échelle. Les scientifiques ont utilisé des observations ionosphériques satellitaires et terrestres pour montrer qu’une onde de pression atmosphérique déclenchée par une éruption volcanique est capable de produire une bulle de plasma équatoriale (EPB) dans l’ionosphère, avec de fortes perturbations causées aux communications par satellite. Les résultats de ces travaux ont été publiés dans la revue Scientific Reports.
L’ionosphère s’étend d’une altitude d’environ 80 à 1 000 km. C’est la région de la haute atmosphère terrestre où les molécules et les atomes sont ionisés par le rayonnement solaire, ce qui donne naissance à des ions chargés positivement. La zone avec la plus forte concentration de particules ionisées, la région F – 150 à 800 km de la surface de la Terre – joue un rôle crucial dans les communications radio longue distance car elle réfléchit et réfracte les ondes radio utilisées par les systèmes de suivi par satellite et GPS vers la surface de la Terre. Cependant, des trous peuvent se former dans cette région F, créant une structure en forme de bulle appelée EPB (Equatorial Plasma Bubble) qui peut retarder les ondes radio. et dégrader les performances du GPS.
L’équipe de chercheurs, qui comprenait principalement des scientifiques japonais collaborant avec diverses institutions, a utilisé le satellite Arase pour détecter les survenues d’EPB, le satellite Himawari-8 pour vérifier l’arrivée initiale des ondes de pression atmosphérique, et des observations ionosphériques au sol pour suivre les mouvements de l’ionosphère.
Ces scientifiques ont observé une structure irrégulière de la densité électronique au niveau de l’équateur après l’arrivée des ondes de pression générées par l’éruption volcanique. Ils ont également fait une découverte surprenante. Pour la première fois, ils ont montré que les fluctuations ionosphériques commencent quelques minutes à quelques heures plus tôt que les ondes de pression atmosphérique impliquées dans la génération des bulles de plasma. Cela signifie que le modèle du couplage géosphère-atmosphère-cosmosphère qui existait jusqu’à présent et qui stipulait que les perturbations ionosphériques ne se produisent qu’après l’éruption, doit être révisé.
De plus, les chercheurs ont constaté que l’EPB s’étend beaucoup plus loin que prévu par les modèles classiques. Cette découverte montre qu’il y a intérêt à prêter attention au lien entre l’ionosphère et la cosmosphère lorsque des phénomènes naturels extrêmes, tels que l’éruption du Hunga Tonga-Hunga Ha’apai, se produisent.
Les résultats de ces recherches présentent un intérêt du point de vue scientifique, mais aussi du point de vue de la météo spatiale et de la prévention des catastrophes.
Source : The Watchers, un excellent site qui publie des articles et des informations en relation avec la science et l’environnement.

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The eruption of Hunga Tonga-Hunga Ha’apai, the underwater volcano in Tonga, in January 2022 was exceptional and a treasure for scientsists who keep making new discoveries. For instance, they have already an analysis that showed this eruption created the highest volcanic cloud ever recorded. For the first time, a volcanic plume has been seen to penetrate the stratopause, the upper limit of the stratosphere.

This time, an international team found that the eruption disrupted satellite signals. The researchers used both satellite and ground-based ionospheric observations to show that an air pressure wave triggered by the volcanic eruptions could produce an equatorial plasma bubble (EPB) in the ionosphere, severely disrupting satellite-based communications. The findings were published in the journal Scientific Reports.

The ionosphere is the region of the Earth’s upper atmosphere where molecules and atoms are ionized by solar radiation, creating positively charged ions. The area with the highest concentration of ionized particles, the F-region, plays a crucial role in long-distance radio communication, reflecting and refracting radio waves used by satellite and GPS tracking systems back to the Earth’s surface. However, irregularities in the F-region, such as the movement of plasma, electric fields, and neutral winds, can cause the formation of a localized irregularity of enhanced plasma density, creating a bubble-like structure called an EPB that can delay radio waves and degrade the performance of GPS.

The team, that mainly included Japanese scientists in collaboration with various institutions, used the Arase satellite to detect EPB occurrences, the Himawari-8 satellite to check the initial arrival of air pressure waves, and ground-based ionospheric observations to track the motion of the ionosphere.

They observed an irregular structure of the electron density across the equator that occurred after the arrival of pressure waves generated by the volcanic eruption.

The group also made a surprising discovery. For the first time, they showed that ionospheric fluctuations start a few minutes to a few hours earlier than the atmospheric pressure waves involved in the generation of plasma bubbles. This suggests that the long-held model of geosphere-atmosphere-cosmosphere coupling, which states that ionospheric disturbances only happen after the eruption, needs revision.

Furthermore, the researchers found that the EPB extended much further than predicted by the standard models. This discovery suggests that we should pay attention to the connection between the ionosphere and the cosmosphere when extreme natural phenomena, such as the Tonga event, occur.

The results of this research are significant not only from a scientific point of view but also from the point of view of space weather and disaster prevention.

Source : The Watchers, an excellent website that releases articles and information linked to science and the environment.

Hunga Tonga-Hunga Ha’apai, l’éruption de tous les superlatifs (Source: NASA)