Kilauea (Hawaï): Épisode 17 ! // Kilauea (Hawaii) : 17th eruptive episode !

07 avril 2025 – 23h55 (heure locale) : L’épisode éruptif n°17 du Kilauea (Hawaï) vient de débuter. La lueur s’est intensifiée au-dessus de la bouche éruptive nord vers 21h30 (heure locale) et une coulée de lave émise par le cratère sud est apparue sur les images de la webcam à 22h14. La lave avance sur le plancher de l’Halema’uma’u. Le HVO pense que cette émission de lave devrait être suivie d’un épisode de fontaines, comme lors des épisodes éruptifs précédents.

°°°°°°°°°°

Vue de l’éruption le 8 avril 2025 à 6h30 (heure locale) :

°°°°°°°°°°

8 avril 2025 – 19 heures (heure locale) : L’activité éruptive reste intense au niveau de la bouche sud dans le cratère de l’Halema’uma’u, mais les fontaines de lave n’atteignent pas, pour le moment, la hauteur des épisodes précédents. Le spectacle reste toutefois de toute beauté.

°°°°°°°°°°

09 avril 2025 – 6h30 (heure locale) : Le 17ème épisode éruptif du Kilauea se poursuit sans grands changements. L’activité reste très intense au niveau de la bouche sud dans le cratère de l’Halema’uma’u. Les gerbes montent à une cinquantaine de mètres de hauteur, sans évoluer en spectaculaires fontaines de lave comme pendant les épisodes précédents. La lave s’échappe en abondance de la bouche éruptive et s’étale ensuite sur le plancher du cratère.

°°°°°°°°°°

9 avril 2025 – 10h15 (heure locale) : L’épisode 17 de l’éruption du Kilauea s’est terminé à 9h45 (heure locale) le 9 avril, lorsque les fontaines de lave ont cessé de jaillir de la bouche sud dans le cratère de l’Halema’uma’u. Elles ont atteint des hauteurs de 15 à 60 mètres. Au total, l’épisode 17 a duré 35 heures et 30 minutes, avec des fontaines de lave émises par la bouche éruptive sud et une activité mineure dans la bouche nord.
Pendant l’épisode 17, les coulées de lave ont recouvert plus de 40 % du plancher de Halemaʻumaʻu.
Une déflation d’environ 10,5 microradians a été observée pendant l’événement. La fin de l’éruption a coïncidé avec un changement du tilt qui est passé de la déflation à l’inflation, signe que du nouveau magma continue de pénétrer dans la chambre superficielle. .
Source : HVO.

 ————————————————

April 7, 2025 – 11:55 PM (local time) : Eruptive episode 17 of Kilauea (Hawaii) has just begun. Glow intensified over the north vent around 9:30 PM (local time), and a lava flow from the south crater appeared on webcam images at 10:14 PM. Lava is advancing across the floor of Halema’uma’u. HVO thinks that the current lava emission will be followed by an episode of lava fountaining, like during the previous eruptive episodes.

°°°°°°°°°°

See the eruption (screenshot above) at 6:30 on April 8th, 2025.

°°°°°°°°°°

April 8th, 2025 – 7:00 PM (local time) : Eruptive activity remains intense at the southern vent in Halema’uma’u Crater, but lava fountains are not yet reaching the heights of previous episodes.  (see screenshot above).

°°°°°°°°°°

April 9, 2025 – 6:30 a.m. (local time) : Kilauea’s 17th eruptive episode continues without significant changes. Activity remains very intense at the south vent in Halema’uma’u Crater. Lava projections rise to about 50 meters in height, without developing into spectacular lava fountains as during previous episodes. Lava flows profusely from the eruption vent and then spreads across the crater floor.

°°°°°°°°°°

9 April 2025 – 10:15 (local time) :Episode 17 of the Kilaueaeruption ended at 9:45 a.m. (local time) on April 9 when low fountaining at the south vent stopped. Fountains from the south vent sustained heights of 15-60 meters. Overall, episode 17 lasted 35.5 hours and consisted of lava fountains from the south vent and minor north vent activity.

During episode 17, lava flows covered over 40% of the floor of Halemaʻumaʻu

Deflation was measured at approximately 10.5 microradians during episode 17. The end of the eruption was coincident with a distinct change in tilt from deflationary to inflation, the sign taht new magma is still entering the shallow magma chamber.

Source : HVO.

Rebond isostatique et éruptions en Antarctique ? // Isostatic rebound and eruptions in Antarctica ?

À la fin du documentaire consacré au « Réveil des volcans d’Europe » (France 5 le 7 avril 2025), Jamy Gourmaud aborde le sujet du rebond isostatique en Antarctique.

Le rebond isostatique est un phénomène que l’on peut rapprocher du bradyséisme qui affecte les Champs Phlégréens en Italie. À Pouzolles, le sol subit des variations de niveau au gré des phases de gonflement et de dégonflement de la chambre magmatique qui se trouve sous cette région. S’agissant des glaciers, avec leur fonte leur masse diminue, ce qui pourrait favoriser la poussée du magma qui sommeille sous la surface de la Terre ; on aurait affaire à une sorte de bradyséisme glaciaire.

Traces du bradyséisme sur le temple de Sérapis à Pouzzoles (Photo: C. Grandpey)

Plusieurs scientifiques ont évoqué le rebond isostatique à propos de l’Islande. Le documentaire diffusé le 7 avril nous explique que le soulèvement du substrat rocheux pourrait également se produire en Antarctique et favoriser le déclenchement d’éruptions sur le Continent blanc.
En étudiant l’interaction entre le volcanisme et la glaciation au cours des 150 000 dernières années, des scientifiques américains et allemands ont déterminé – dans une étude publiée début 2025 – que que le rebond isostatique pourrait augmenter la fréquence et l’intensité de l’activité volcanique dans le système de rift antarctique occidental (West Antarctic Rift System – WARS). Les résultats de l’étude ont été publiés dans la revue Geochemistry, Geophysics, Geosystems.
Comme l’a précisé Jamy Gourmaud, l’une des zones volcaniques les plus actives au monde, la région de WARS abrite plus de 130 volcans, dont beaucoup sont situés le long de la côte ouest de l’Antarctique. Si certains de ces volcans, comme le mont Erebus, sont visibles, beaucoup d’autres se cachent sous une épaisse couche de glace, une couche qui s’amincit et recule lentement.

Sommet de l’Erebus (Crédit photo: Wikipedia)

Les auteurs de l’étude ont analysé la « dynamique interne » du système d’alimentation magmatique dans la région en concevant un modèle de chambre magmatique thermomécanique et en simulant diverses baisses de pression causées par la déglaciation. L’étude a également examiné comment ce changement de pression faisait augmenter la taille de la chambre magmatique tout en impactant l’émission des substances volatiles. Après avoir effectué plus de 4 000 simulations, ils ont découvert que plus la chambre magmatique était grande, plus elle était impactée par le retrait des glaciers qui la surmontent.
Pour tester leurs conclusions, les chercheurs ont également exploré l’impact de la déglaciation dans les Andes, qui s’est produite il y a environ 18 000 à 35 000 ans. Ils ont trouvé des preuves d’une augmentation du volcanisme pendant la déglaciation au cours du dernier maximum glaciaire. La réduction de poids due à la fonte de la glace au-dessus permet également à l’eau dissoute et au dioxyde de carbone de former des bulles de gaz, ce qui provoque une accumulation de pression dans la chambre magmatique et peut éventuellement déclencher une éruption. »
Source : Populatr Mechanics via Yahoo News.

Comme je l’explique au cours de ma conférence « Volcans et Risques volcaniques », cette approche du rebond isostatique en milieu glaciaire est intéressante, mais nous ne disposons pas de suffisamment de recul dans le temps pour la valider. Le réchauffement climatique a vraiment commencé à s’accélérer dans les années 1970 et depuis cette époque, aucune éruption n’a été provoquée par un rebond isostatique. Les prochaines générations continueront ces observations et pourront affirmer si oui ou non la fonte des glaciers en milieu volcanique peut contribuer au déclenchement des éruptions.

La prochaine éruption du Katla (Islande) sera-t-elle provoquée par le rebond isostatique (Photo: C. Grandpey)

——————————————–

At the end of the documentary about « The Awakening of Europe’s Volcanoes, » Jamy Gourmaud tackles the topic of isostatic rebound in Antarctica.
Isostatic rebound is a phenomenon similar to the bradyseism that affects the Phlegraean Fields in Italy. In Pouzolles, the ground undergoes fluctuations according to the swelling and deflation of the magma chamber beneath the region. As glaciers melt, their mass decreases, which could promote the upwelling of magma lying dormant beneath the Earth’s surface; this would be a kind of glacial bradyseism.
Several scientists have mentioned isostatic rebound in connection with Iceland. The documentary released on April 7 explains that the uplift of the bedrock could also occur in Antarctica and trigger eruptions on the White Continent.

Studying the interplay between volcanism and glaciation over the past 150 thousand years, scientists from the U.S. and Germany determined that the isostatic rebound could increase the frequency and intensity of volcanoes in the West Antarctic Rift System (WARS). The results of the study were published in the journal Geochemistry, Geophysics, Geosystems.

One of the most volcanically active areas of the world, WARS is home to more than an estimated 130 volcanoes, many of which are located along Antarctica’s western coast. While some of these volcanoes, such as Mount Erebus, are visible, many more are hidden away beneath a deep sheet of ice, a sheet that is slowly thinning and retreating.

The authors of the study analyzed the“internal dynamics” of the magma plumbing system in the region by designing a thermomechanical magma chamber model and simulated various pressure decreases caused by deglaciation. The study also investigated how this change in pressure increased the size of the magma chamber while also impacting the expulsion of volatiles. After running more than 4,000 simulations, they found that the larger the magma chamber, the more impacted it was by retreating glaciers overhead.

To test their findings, the researchers also explored the impact of deglaciation in the Andes Mountains, which occurred around 18,000 to 35,000 years ago. They found evidence of increased volcanism during deglaciation during the Last Glacial Maximum. The reduced weight from the melting ice above also allows dissolved water and carbon dioxide to form gas bubbles, which causes pressure to build up in the magma chamber and may eventually trigger an eruption.”

Source : Populatr Mechanics via Yahoo News.

As I explain in my lecture « Volcanoes and Volcanic Risks, » this approach to isostatic rebound in a glacial environment is interesting, but we don’t have enough time to validate it. Global warming really started to accelerate in the 1970s, and since then, no eruption has been triggered by isostatic rebound. Future generations will continue these observations and will be able to determine whether or not the melting of glaciers in a volcanic environment can contribute to triggering eruptions.

Mars 2025 toujours trop chaud // March 2025 was still too hot

Selon l’Agence Européenne Copernicus, mars 2025 a été le deuxième mois de mars le plus chaud au niveau mondial, avec une température moyenne de 14,06°C, soit 0,65°C de plus que la moyenne 1991-2020 et 1,6°C de plus que le niveau préindustriel. Mars 2025 a également été le mois de mars le plus chaud pour l’Europe. Mars 2025 est seulement 0,08°C plus froid que le record de mars 2024 et à peine plus chaud qu’en 2016. Il faut toutefois noter que ces deux extrêmes précédents avaient été observés lors d’un fort épisode d’El Niño tandis que 2025 flirte avec La Niña, la phase inverse du cycle, synonyme d’influence rafraîchissante.

Les températures ont été majoritairement supérieures à la moyenne sur l’ensemble de l’Europe, les anomalies chaudes les plus importantes ayant été enregistrées sur l’Europe de l’Est et le sud-ouest de la Russie. En France, on à observé des températures légèrement supérieures aux normales avec un excédent de +0,65°C à l’échelle nationale.

En dehors de l’Europe, les températures ont été plus élevées que la moyenne sur une grande partie de l’Arctique, en particulier sur l’archipel canadien et la baie de Baffin. Elles ont également été supérieures à la moyenne aux États-Unis, au Mexique, dans certaines parties de l’Asie et en Australie. Les températures ont été très inférieures à la moyenne sur le nord du Canada, la baie d’Hudson et l’est de la Russie, y compris la péninsule du Kamtchatka.

La température moyenne de la surface de la mer en mars 2025 arrive en 2ème position, 0,12°C en dessous du record de mars 2024.

La glace de mer arctique a atteint en mars son étendue mensuelle la plus faible en 47 ans d’enregistrement par satellite, soit 6 % de moins que la moyenne. Il s’agit du quatrième mois consécutif au cours duquel l’étendue de la glace de mer a atteint un niveau record pour cette période de l’année.

La glace de mer de l’Antarctique a enregistré sa quatrième étendue mensuelle la plus faible pour le mois de mars, avec un niveau inférieur de 24 % à la moyenne.

Source : Météo France.

Anomalies de températures dans le monde en mars 2025
—————————————————–

According to the European agency Copernicus, March 2025 was the second warmest March on record, with an average temperature of 14.06°C, 0.65°C higher than the 1991-2020 average and 1.60°C higher than the pre-industrial level. March 2025 was also the warmest March on record for Europe. March 2025 is only 0.08°C colder than the record of March 2024 and barely warmer than 2016. It should be noted, however, that these two previous extremes were observed during a strong El Niño episode, while 2025 is flirting with La Niña, the reverse phase of the cycle, synonymous with a cooling influence. Temperatures were mostly above average across Europe, with the most significant warm anomalies recorded over Eastern Europe and southwestern Russia. In France, temperatures were slightly above average, with a national excess of +0.65°C.
Outside Europe, temperatures were above average over much of the Arctic, particularly over the Canadian Archipelago and Baffin Bay. They were also above average in the United States, Mexico, parts of Asia, and Australia. Temperatures were well below average over northern Canada, Hudson Bay, and eastern Russia, including the Kamchatka Peninsula.

The average sea surface temperature in March 2025 ranks second, 0.12°C below the March 2024 record.
Arctic sea ice reached its lowest monthly extent in 47 years of satellite recording in March, 6% below average. This is the fourth consecutive month in which sea ice extent has reached a record low for this time of year.
Antarctic sea ice recorded its fourth lowest monthly extent for March, with a level 24% below average.
Source: Météo France.