Leçons de l’éruption sur la péninsule de Reykjanes (Islande) // Lessons from the eruption on the Reykjanes Peninsula (Iceland)

Des enseignements peuvent – et doivent – être tirés de la dernière éruption sur la péninsule de Reykjanes (18-21 décembre 2023). Cet événement a montré les limites de la prévision volcanique et a rappelé à l’humilité devant les phénomènes naturels. Il faut le dire franchement : nous nous sommes tous plantés, volcanologues et volcanophiles compris !

S’agissant des points positifs, les instruments (sismomètres, inclinomètres ) ont bien détecté l’arrivée d’une intrusion magmatique sur la péninsule. Sa progression a pu être suivie avec précision, ainsi que les événements qui l’ont accompagnée : soulèvement du sol dans le secteur de Svartsengi et ouverture de fissures vers Grindavik.

Le point négatif se situe au niveau de la prévision éruptive. Dès l’apparition de l’intrusion magmatique et de la déformation du sol entre le 20 et le 23 octobre 2023, les volcanologues islandais ont annoncé une éruption ‘imminente’. Ne la voyant pas venir au bout de plusieurs jours, l’imminence s’est transformée en probabilité. Ensuite, vers le 15 décembre, au vu de la très faible sismicité, l’état d’urgence a été levé. Le Blue Lagoon a rouvert  le 17 décembre et on a envisagé le retour des habitants évacués de Grindavik à leur domicile pour Noël.

La 18 décembre, patatras ! Rapide crise sismique et rapide sortie de la lave surprenant tout le monde ! Ouverture d’une fracture dans le secteur de Sundhnúkagígar avec un beau rideau de fontaines de lave au bout de quelques minutes. Un volcanologue français a indiqué sur France Info que « ce pourrait être la plus grosse éruption connue sur l’île depuis 2021 ». En effet, au cours des sept premières heures, l’éruption a émis plus de lave que l’éruption de trois semaines du Litli-Hrutur il y a quelques mois. On a craint que ce nouveau magma emprunte la fissure existante pour aller noyer Grindavik sous la lave. Par chance, ces craintes sont restées infondées. Le rideau de fontaines de lave initial a vite été remplacé par cinq bouches actives, puis trois, puis une seule le long de la fracture éruptive. Aucune activité n’était visible le 21 décembre au matin, hormis quelques points d’incandescence sur le champ de lave. Les prévisions les plus pessimistes tombaient à l’eau.

Comme je l’avais indiqué avant le début de l’éruption – une personne l’a sciemment oublié pour pouvoir me critiquer – il fallait rester vigilant malgré la faible sismicité. On n’était pas à l’abri d’un nouvel afflux de magma et il n’est pas exclu aujourd’hui que cette situation se reproduise dans les prochaines heures ou les prochains jours. A moins qu’il s’agisse juste de l’évacuation d’une poche résiduelle de magma ? L’expérience m’a montré que les volcans effusifs de point chaud – le Piton de la Fournaise, par exemple, sur l’île de la Réunion – pouvaient nous réserver de telles surprises, avec des réveils intempestifs.

Espérons que tout se passera bien et que les Islandais pourront passer un Noël tranquille.

En tout cas, ceux qui comptaient acheter un billet d’avion pour aller en Islande admirer l’éruption avaient sacrément intérêt à se dépêcher. J’étais très tenté, mais j’avais un empêchement à la maison. Heureusement!

Retour au calme le 21 décembre au matin… (Capture écran webcam)

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Lessons should be learned from the latest eruption on the Reykjanes Peninsula (December 18-21, 2023). This event showed the limits of volcanic prediction and reminded us to be humble in the face of natural phenomena. We have to admit all, volcanologists and volcanophiles, that we failed with our predictions !

Regarding the positive points, the instruments (seismometers, tiltmeters) detected the arrival of a magma intrusion on the peninsula. Its progression could be precisely followed, as well as the events which accompanied it: ground uplift in the Svartsengi sector and opening of fissures towards Grindavik.
The negative point lies in the eruptive prediction. As soon as the magma intrusion and ground deformation appeared between October 20th and 23rd, 2023, Icelandic volcanologists announced an ‘imminent’ eruption. Not seeing it coming after several days, the imminence turned into probability. Then, around December 15th, in view of the very low seismicity, the state of emergency was lifted. The Blue Lagoon reopened on December 17th and plans were underway to return residents evacuated from Grindavik to their homes for Christmas.
They were wrong decisions ! On December 18th, there was a quick seismic crisis and quick lava emission that surprised everybody. A fissure opened in Sundhnúkagígar, with an impressive curtain of lava fountains after a few minutes. A French volcanologist indicated on France Info that “this could be the biggest eruption on the island since 2021”. Indeed, during its first seven hours, the eruption emitted more lava than the three-week eruption of Litli-Hrutur a few months ago. It was feared that this new magma would use the existing fissure to drown Grindavik in lava. Fortunately, these fears remained unfounded. The initial curtain of lava fountains was quickly replaced by five active vents, then three, then a single one along the eruptive fissure. No more activity was visible on the morning of December 21st, apart from a few points of incandescence on the lava field. The most pessimistic predictions proved wrong.
As I had indicated before the start of the eruption – one person knowingly forgot it in order to criticize me – one needed to remain vigilant despite the low seismicity. We were not safe from a new influx of magma and it is not excluded today that this situation will happen again in the coming hours or days. Unless it is just the evacuation of a residual pocket of magma? Experience has shown me that effusive hotspot volcanoes – Piton de la Fournaise, for example, on Reunion Island – could have such surprises in store for us, with unexpected eruptions.
Let’s hope that everything goes well and that the Icelanders can have a peaceful Christmas.

Those who were planning to buy a plane ticket to go to Iceland and watch the eruption had better hurry up! I really felt like doing so, but I had an impediment at home. Fortunately!

Les leçons de l’éruption du Kilauea (Hawaii) // The lessons of the Kilauea eruption (Hawaii)

Maintenant que la dernière éruption du Kilauea est terminée, les scientifiques du HVO vont pouvoir étudier attentivement ce qui s’est réellement passé et, si possible, essayer de prévoir les événements futurs sur le volcan.
On peut affirmer aujourd’hui que l’éruption du Kilauea en 2018 a été la plus importante des 200 dernières années. En l’espace de quatre mois environ, le volcan a déversé au moins 0,83 kilomètre cube de lave – l’équivalent de plus de 300 000 piscines olympiques – sur une superficie d’environ 34 kilomètres carrés. L’éruption a transformé le paysage et ajouté plus de 2,5 kilomètres carrés de nouvelle terre à la côte sud de la Grande Ile.
Des événements spectaculaires se sont déroulés au cours de l’éruption, comme l’effondrement de la caldeira sommitale, le huitième événement de ce type observé sur les volcans de la planète depuis 1900. Ces événements ont offert aux chercheurs une occasion unique de répondre à des questions géologiques et d’améliorer les outils de prévision éruptive.

Rappelons-nous ce qui s’est passé sur le Kilauea depuis le début de l’éruption:
L’éruption a débuté début mai, lorsque le lac de lave dans l’Overlook Crater de l’Halema’uma’u a débordé, puis a commencé à se vidanger rapidement, chutant de plusieurs centaines de mètres en quelques jours. Cet événement a envoyé le magma sous la surface de la terre jusqu’à une quarantaine de kilomètres vers le sud-est, où il a ouvert des fractures et déclenché des séismes dans la Lower East Rift Zone (LERZ) à partir du 3 mai 2018. De nouvelles fractures ont continué à s’ouvrir pendant des semaines tandis que la caldeira sommitale s’effondrait en provoquant des explosions de gaz et de cendre.
À la fin du mois de mai, l’éruption s’est concentrée autour de la Fracture n° 8, avec des fontaines de lave atteignant 80 mètres de hauteur. Un réseau de chenaux s’est mis en place et la lave a détruit tout sur son passage en se dirigeant vers l’océan. Elle a continué à couler jusqu’au 4 août, jour où l’éruption a cessé brusquement.
Grâce aux instruments que le HVO avait installés sur le Kilauea, les chercheurs ont pu assez bien comprendre comment le magma se déplaçait dans le système de fractures et ils ont été en mesure d’évaluer la quantité de magma qui était mise en oeuvre. Cependant, il reste encore d’importantes questions en suspens, notamment ce qui a déclenché l’éruption et pourquoi elle s’est arrêtée si soudainement.
Les scientifiques du HVO expliquent que l’éruption a débuté en imitant de nombreux autres événements de l’histoire récente du Kilauea, avec une accumulation de pression dans le secteur du Pu’uO’o, en aval du sommet. Au cours des dernières décennies, l’inflation du Pu’uO’o avait déjà provoqué des épanchements de lave dans le secteur. En mai 2018, une rupture s’est produite dans la partie profonde du système d’alimentation, ce qui a permis à beaucoup plus de magma de se déplacer vers la LERZ.
Les scientifiques ne comprennent pas pourquoi cette rupture profonde s’est produite et, au bout du compte, il sera sûrement difficile de tirer des conclusions définitives sans référence à des événements similaires en guise de comparaison. La raison pour laquelle l’éruption s’est arrêtée du jour au lendemain sera peut-être plus facile à déterminer une fois que les chercheurs auront associé toutes les données recueillies lors de l’éruption avec des modèles d’écoulement de fluides.
En dépit du contrôle étroit du déroulement de l’éruption, les scientifiques ont été incapables de prévoir son évolution. La plupart d’entre eux pensaient qu’elle durerait des mois, voire un an. C’est la raison pour laquelle ils ont été si lents à admettre qu’elle était définitivement terminée.
Il reste d’autres mystères à résoudre, notamment ce qui a déclenché les événements explosifs qui ont secoué le sommet du Kilauea à partir du mois de mai.
Source: Earther.

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Now that the last Kilauea eruption is over, scientists at the US Geological Survey’s Hawaii Volcano Observatory (HVO) will have the opportunity to study what really happened and, if possible, predict future events on the volcano.

One can now definitively say that Kilauea’s 2018 eruption was its biggest in at least 200 years. In the span of about four months, the volcano spilled at least 0.83 cubic kilometres of lava – the equivalent of over 300,000 Olympic-sized swimming pools – over an area of about 34 square kilometres, transforming the landscape and adding more than 2.5 square kilometres of new land to the coast.

The dramatic sequence of events that unfolded during the eruption, like the eighth caldera collapse scientists have witnessed at any volcano on Earth since 1900, have given researchers an unprecedented opportunity to answer basic geological questions and improve the tools for trying to predict future eruptions.

Let’s remember what happened at Kilauea volcano from the start of the eruption:

The action at Kilauea started in early May, when the lava lake in the Overlook crater overflowed and next began to rapidly drain, dropping hundreds of metres in a matter of days. This sent magma streaming below the surface some 40 kilometres to the southeast, where it opened new fissures and triggered earthquakes in the Lower East Rift Zone (LERZ) beginning on May 3rd, 2018. Fresh fissures continued to open for weeks as the newly drained summit caldera collapsed in on itself, triggering explosive eruptions of gas and ash.

By the end of May, the eruption had concentrated around Fissure 8, with lava fountains up to 80 metres high, feeding a network of channels that ultimately destroyed everything on their way to the ocean. Lava continued to flow until August 4th, when things shut off abruptly.

Thanks to the scientific instruments HVO already had in place around Kilauea, researchers have developed a pretty good picture of how magma moved through the system, and they were able to better constrain how much molten rock is stored there. However, there are still major unanswered questions, including what tipped off the eruption in the first place and why it stopped so suddenly.

HVO scientists explain that the eruption started out looking like many other events in Kilauea’s recent history, with pressure building up at the Pu’uO’o vent down-rift of the summit. For the past few decades, inflation at Pu’uO’o has caused new lava outbreaks in the area. But this time, something ruptured in that deeper part of the plumbing system, which allowed a lot more magma to move much further into the LERZ.

It is not understood why that deep rupture occurred, and ultimately it might be tough to draw definitive conclusions without any similar events to compare it to. The mystery of why Kilauea shut off virtually overnight is perhaps more within reach once researchers combine all the data collected during the eruption with models of fluid flow.

Although this is one of the most well monitored eruptions in the world, scientists still could not predict its evolution. Most of them said it would last months or even a year. This is the reason why they were so slow to admit it was definitely over

There are other mysteries to solve, including what set off the explosive events that rocked the summit crater beginning in May.

Source : Earther.

Les fontaines de lave dans la Fracture n°8 ont constitué l’un les événements les plus spectaculaires de la dernière éruption du Kilauea (Crédit photo: USGS / HVO)

Il y a 25 ans, le Pinatubo entrait en éruption… // 25 years ago, Mt Pinatubo erupted…

drapeau-francaisCertaines dates sont à retenir en volcanologie. L’éruption du Pinatubo en 1991 est l’une d’entre elles. A 13h42, heure locale, le 15 juin 1991, le volcan laissait échapper son courroux après une période de repos d’environ 600 ans. Cette éruption cataclysmique est entrée dans l’histoire ; c’est la deuxième plus importante du 20ème siècle après celle du Novarupta en Alaska en 1912.
Le Pinatubo a commencé à montrer des signes de réveil en avril 1991 avec des essaims sismiques comprenant des événements allant de M 2 à M 3, parfois M4. Le PHILVOCS a remarqué que l’épicentre de cette activité sismique se situait sur le versant nord-ouest du volcan. Suite à l’augmentation du nombre de secousses, les scientifiques philippins sollicitèrent l’aide de l’USGS.
La première grande explosion du Pinatubo a eu lieu le 7 juin 1991. Le 12 juin, la colonne de cendre atteignait 20 kilomètres de hauteur. Le point culminant de l’éruption se situa le 15 juin en début de matinée et dura jusqu’au petit matin du 16 juin. L’éruption a été aggravée par le passage du typhon « Diding, » de sorte que la cendre émise par le volcan a atteint des secteurs situés au-delà de la zone de danger. Le typhon a également déclenché des lahars.
Grâce à l’anticipation de l’éruption et à l’évacuation de la population, environ 700 victimes seulement sont à déplorer; 40 pour cent d’entre elles sont décédées en raison d’effets indirects, tels que l’effondrement des toits sous le poids de la cendre, 50 pour cent sont mortes en raison de maladies dans les centres d’évacuation, et les 10 pour cent restants ont péri à cause des lahars.
Parmi les conséquences de l’éruption, on remarquera que la température moyenne de la planète a chuté de 0,4 à 0,5 degrés Celsius; la hauteur du volcan a été réduite de 300 mètres et un lac de cratère est apparu au sommet. 20 000 Aetas, population indigène qui vivait sur les pentes de la montagne, ont été déplacés.
L’éruption de 1991 a enseigné un certain nombre de choses. L’une d’elles est qu’un toit solide et en pente est le meilleur moyen de se protéger des retombées de cendre. Au cours de l’éruption, les gens qui se trouvaient en dehors de la zone de danger n’avaient pas imaginé que leurs toits s’effondreraient sous le poids de la cendre.
Une carte des lahars a été distribuée aux communautés concernées. Chaque fois qu’un typhon ou de fortes pluies sont attendues, le public est informé.
Le PHILVOCS et l’USGS ont fait un excellent travail pour sauver des vies lors de l’éruption du Pinatubo en 1991, mais il ne faudrait pas oublier qu’une vidéo pédagogique imaginée par le regretté Maurice Krafft pour le compte de l’IAVCEI a, elle aussi, sauvé des milliers de vies. Paradoxalement, alors que la vidéo sauvait des vies aux Philippines; Katia et Maurice Krafft perdait la leur sur le Mont Unzen au Japon, sous une coulée pyroclastique.

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drapeau-anglaisSome dates are to be remembered in volcanology. The 1991 eruption of Mount Pinatubo is one of them. At 1:42 p.m., local time, on June 15th, 1991, the volcano unleashed its fury after sleeping for some 600 years. The cataclysmic eruption went down in history as the second largest volcanic activity in the 20th century, after Novarupta (Alaska) in 1912.

Mt Pinatubo started to show signs of seismic unrest as early as April 1991. The seismic swarms included events that ranged from M 2 to 3, sometimes reaching M4. PHILVOCS was later able to detect the epicentre of seismic activity at the northwest side of the volcano. As the earthquakes were becoming more frequent, Phivolcs sought the assistance of the USGS.

The first large explosion happened on June 7th 1991. By June 12th, the ash column had reached 20 kilometres high. The strongest, or climactic, eruption occurred in the early morning of June 15th and lasted until early morning of June 16th. The eruption was aggravated by the passing of typhoon “Diding,” so that the volcanic ash released by the volcano reached areas beyond not in the hazard zone map for ashfall. The typhoon also triggered lahars.

Thanks to the anticipation of the eruption and the evacuation of the population, only about 700 casualties were recorded; 40 percent died due to indirect effects, such as collapse of roofs from heavy ash deposits, 50 percent died due to sickness in evacuation sites, and the remaining 10 percent died in the lahar flows.

Along the consequences of the eruption, the average global temperature dropped by 0.4 to 0.5 degrees Celsius; the height of the volcano was reduced by 300 metres; a crater lake formed at the volcano’s summit; and some 20,000 Aetas who used to live by the slopes of the mountain have been displaced.

The 1991 eruption taught quite a number of lessons. One of them was that a sturdy steep roof is best so it will not collapse from an ashfall. During the eruption, people who were outside the hazard zone were not aware that their roofs would collapse due to heavy ash deposits.

A lahar map has been distributed to the communities. They are aware of the hazard. Every time that a typhoon or heavy rainfall is expected, an advisory is issued to the public.

PHILVOCS and USGS did a great job to save lives during the Pinatubo eruption in 1991, but one should not forget that an educational video made by the late Maurice Krafft for the IAVCEI saved thousands of lives. Video worked where words would have failed. Ironically, while the video was saving lives in the Philippines; Katia and Maurice Krafft lost theirs on Mt Unzen in Japan where they were killed by a pyroclastic flow.

Pinatubo erup

Séquence éruptive dans le cratère du Pinatubo (Crédit photo: Wikipedia)

Les leçons du séisme de dimanche à Anchorage // The lessons of Sunday’s earthquake in Anchorage

drapeau-francaisLes sismologues en poste à Anchorage ont remarqué que le séisme de M 7.1 enregistré dimanche matin a secoué les quartiers de la ville de manière très inégale. Cette observation a pu être faite grâce à un vaste réseau de sismographes installés dans toute la ville. Il a été conçu il y a près de 20 ans, installé il y a une décennie et vraiment testé pour la première fois dimanche dernier.
Les instruments montrent que certains quartiers d’Anchorage ont ressenti le séisme de dimanche aussi fortement qu’en 1964. Toutefois, le tremblement de terre de1964 a causé beaucoup plus de dégâts, avec des mouvements du sol beaucoup plus importants et une durée beaucoup plus longue. La secousse de 1964 a duré 4 minutes, un laps de temps suffisant pour liquéfier le sol dans certaines parties de la ville. En revanche, le séisme de dimanche matin a duré seulement 10 à 15 secondes.
Les sismologues savent depuis longtemps que la partie E d’Anchorage a des sols plus résistants et donc plus susceptibles de faire face à des séismes. Par contre, le secteur O de la ville repose sur une couche d’argile très sensible aux séismes et qui peut se liquéfier en cas de secousses très fortes.
Après le séisme de 1964, les ingénieurs et les géologues ont déconseillé la reconstruction de certaines zones de la ville où les sols argileux s’étaient effondrés au cours des glissements de terrain qui avaient emporté des bâtiments. Ils ont réussi à limiter le développement urbain dans des zones à risque de glissement de terrain où le gouvernement fédéral a financé un important projet de stabilisation. Mais les autorités locales n’ont pas toujours écouté les scientifiques et elles ont autorisé la reconstruction dans d’autres secteurs. Ainsi, dans le quartier de Turnagain, où des dizaines de maisons se sont effondrées dans des fractures, ou ont terminé leur course dans l’océan en 1964, de nouvelles maisons, des routes et des services publics ont été construits sur leurs ruines. Plusieurs sismologues ont déclaré qu’ils n’accepteraient pas de vivre dans ces maisons et qu’ils éviteraient de fréquenter certains bâtiments du centre-ville.
Dans les années 1990, il y a eu un projet visant à installer un réseau d’instruments à Anchorage afin de montrer comment le sol peut avoir un comportement différent selon les endroits. Il était prévu qu’un réseau de 40 sismographes fonctionnerait en continu dans les services d’incendie, dans le sous-sol, dans les zones élevées et dans les parcs, etc. Le financement et l’installation de ce réseau ont pris de nombreuses années. Il a fallu ensuite attendre l’événement sismique qui permettrait d’activer les capteurs de mouvements du sol et de fournir des données détaillées. Cet événement s’est produit dimanche !
L’information donnée par les capteurs permettra de valider les modèles que les ingénieurs utilisent pour concevoir des bâtiments dans un pays exposé aux séismes. Les données pourraient également permettre aux scientifiques de répartir les sols en différentes catégories à travers Anchorage en fonction de leur capacité à accélérer les secousses sismiques. Ces informations pourraient définir des normes de construction dans des zones étroitement définies.
Source: Alaska Dispatch News.

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drapeau anglaisSeismologists in Anchorage noticed that Sunday morning’s M 7.1 earthquake shook the town neighbourhoods with vastly different force.
This observation could be made thanks to the best urban seismograph network in Alaska, conceived almost 20 years ago, installed a decade ago and receiving its definitive test Sunday.
The instruments show that Sunday some parts of Anchorage experienced a shaking probably as high as during the massive 1964 earthquake that transformed the region. But the 1964 did vastly more damage with massively greater motion and much longer duration. The rupture in 1964 lasted 4 minutes, long enough to liquefy ground in Anchorage. The latest quake lasted only 10 to 15 seconds.
Experts have long known that the east side of Anchorage generally has stiffer soils and bedrock that resist shaking. The west side of town rests on a layer of clay that shakes readily and can turn to liquid with enough shaking.
After the 1964 earthquake, engineers and geologists tried to prevent rebuilding of some areas of the city where clay soils collapsed into slides that took down buildings. The experts succeeded in limiting development on some of the slides where the federal government paid for a massive stabilization project. But the city overruled the experts to allow rebuilding in other areas. In Turnagain, where scores of houses fell into cracks or sank into the ocean, new houses, roads and utilities were built over their ruins. Earthquake experts declared they would not live in those homes and they avoid some buildings downtown.
In the 1990s, there was a project to set up a system of instruments in Anchorage that would show how the ground moves differently over our varied soils. A thick network of 40 seismographs would operate continuously in fire houses, underground in drill holes, in high rises and parks, and elsewhere. The network took many years to fund and build. Then came the long wait for the kind of large earthquake that could activate the strong-motion sensors and give detailed data.
That moment came Sunday.
The information will help validate models that engineers use to design buildings in earthquake country. With extensive study, the data could also allow scientists to designate soils in different areas around town according to how they accelerate seismic shaking. That information could determine building design standards in closely defined zones.
Source : Alaska Dispatch News.