Les conséquences dramatiques de la fonte des glaciers himalayens // Disastrous consequences of the melting of Himalayan glaciers

Dans une note publiée le 30 avril 2022, on pouvait lire: « La forte chaleur du mois de mars n’a pas épargné les États himalayens de l’Himachal Pradesh et de l’Uttarakhand, qui connaissent généralement des températures plus fraîches pendant cette période. En outre, le nombre de jours de froid dans la région himalayenne a diminué au cours des trois dernières décennies. On imagine facilement les conséquences pour les glaciers. C’est très inquiétant car après l’Antarctique et l’Arctique, la région détient la troisième plus grande quantité de glace dans le monde. Sa fonte et sa disparition auraient un impact catastrophique sur l’approvisionnement en eau des habitants de la région. »

Parfois surnommé « troisième pôle », ou « château d’eau de l’Asie », le centre du plateau tibétain constitue la troisième plus grande réserve de glace après l’Antarctique et l’Arctique. Il approvisionne en eau près de deux milliards de personnes, mais comme la glace des pôles, celle de l’Himalaya fond de plus en plus vite. Entre 2000 et 2018, on estime que la masse totale des glaciers a diminué de plus de 50 % , avec des conséquences inégales selon les régions. En effet, une étude a montré que le changement de phase glace-liquide crée une « disparité sud-nord due à l’interaction spatio-temporelle entre les vents d’ouest et la mousson indienne. » Autrement dit, les circulations atmosphériques ont changé à cause d’une augmentation de la proportion d’eau liquide, avec une modification de la répartition des ressources en eau selon les régions. Ainsi, l’eau s’écoule de plus en plus vers le nord, et de moins en moins vers le sud. Au final, on risque d’assister à l’assèchement des bassins du sud dont le réseau hydrographique est raccordé au niveau des mers, tandis que les bassins endoréiques qui, eux, sont fermés, risquent d’être submergés. Selon les chercheurs, le réchauffement climatique devrait amplifier ce déséquilibre, avec une forte alimentation des bassins des fleuves Jaune et Yangtze, et une pénurie dans les bassins de l’Indus et de l’Amou-Daria, ce qui pourrait en particulier affecter les zones agricoles qui demandent une irrigation importante sur les bords de l’Indus.

Source: plusieurs organes de presse dont Futura-Sciences.

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A post released on April 30th, 2022, one could read: « The intense heat of March did not spare the Himalayan states of Himachal Pradesh and Uttarakhand, which generally experience cooler temperatures during this period. In addition, the number of cold days in the Himalayan region has decreased over the past three decades. One can easily imagine the consequences for glaciers. This is very worrying because after Antarctica and the Arctic, the region holds the third largest amount of ice in the world. Its melting and disappearance would have a disastrous impact on the water supply of the inhabitants of the region. »
Sometimes referred to as the « Third Pole », or « Asia’s Water Tower », the center of the Tibetan Plateau is the third largest ice reserve after Antarctica and the Arctic. It supplies water to nearly two billion people, but like the ice of the poles, that of the Himalayas is melting faster and faster. Between 2000 and 2018, it is estimated that the total mass of glaciers has decreased by more than 50%, with uneven consequences depending on the region. Indeed, one study has shown that the ice-liquid phase change creates a « south-north disparity due to the spatio-temporal interaction between westerly winds and the Indian monsoon. In other words, atmospheric circulations have changed due to an increase in the proportion of liquid water, with a modification in the distribution of water resources according to the regions. Thus, the water flows more and more towards the north, and less and less towards the south. In the end, there is a risk of a drying up of the southern basins whose hydrographic network is connected to sea level, while the endorheic basins which are closed, risk being submerged. According to the researchers, global warming should amplify this imbalance, with a strong supply of the basins of the Yellow and Yangtze rivers, and a shortage in the basins of the Indus and the Amu-Daria, which could in particular affect the areas agricultural fields which require significant irrigation on the banks of the Indus river.
Source: several press organs like Futura-Sciences.

Le Plateau Tibétain (Source: NASA)

Eruptions volcaniques et débit des cours d’eau // Volcanic eruptions and river flows

drapeau-francaisUne nouvelle étude menée par des chercheurs de l’Université d’Edimbourg et publiée dans la revue Nature Geoscience examine pour le première fois la relation entre le comportement des grands cours d’eau et les éruptions volcaniques. Les scientifiques ont découvert que les éruptions volcaniques modifiaient le débit des grands fleuves dans le monde. Les résultats de cette étude pourraient permettre de prévoir dans quelle mesure l’approvisionnement en eau peut être affecté dans les régions où se produisent les éruptions volcaniques. Les chercheurs ont étudié les particules d’aérosols rejetées par les volcans et leur capacité à bloquer et à réfléchir la lumière du soleil, avec pour conséquence un refroidissement de l’atmosphère et une réduction des précipitations.
Malgré l’importance des rivières pour les populations, il a été jusqu’à présent difficile de savoir si le volcanisme provoquait des changements détectables dans le débit des cours d’eau qui connaît déjà une grande variabilité naturelle.
La nouvelle étude indique que les précipitations diminuent sur une grande partie du globe à la suite d’éruptions explosives majeures, en particulier dans les régions humides. Une fois dans la stratosphère, les aérosols volcaniques réfléchissent la lumière du soleil en réduisant l’évaporation, tandis que le refroidissement de la surface du sol stabilise l’atmosphère et réduit sa capacité de rétention d’eau.
Afin de déterminer l’influence de ce phénomène sur les grandes rivières, les chercheurs ont analysé le débit de 50 fleuves. Ils ont cherché à savoir si ces données correspondaient à des événements éruptifs allant de l’éruption du Krakatoa en 1883 à celle du Pinatubo en 1991, en passant par celle de l’Agung en 1963 et d’El Chichon en 1982. Les rivières ont été regroupées par région et les scientifiques ont utilisé des modèles informatiques pour corréler précipitations et éruptions.
Les résultats montrent que, suite à des éruptions dans les régions tropicales et dans le nord de l’Asie, avec des fleuves comme l’Amazone, le Congo et le Nil, les cours d’eau ont tendance à avoir un débit réduit (jusqu’à 10%) pendant une période d’environ deux ans. Dans les régions sub-tropicales, y compris le sud-ouest de l’Amérique du Nord et certaines régions d’Amérique du Sud, les scientifiques ont observé que le débit des rivières augmentait dans certains cas, suite à une éruption volcanique. Ils pensent que le phénomène observé dans les régions sub-tropicales est probablement lié à la circulation atmosphérique qui induit des conditions météorologiques locales.
Les changements survenus dans les rivières situées dans les régions peu peuplées comme l’Amazonie auront probablement peu d’impact, mais les changements sur le Nil et d’autres cours d’eau dans des zones très peuplées pourraient avoir de graves conséquences pour les populations.
Source: Nature Geoscience.

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drapeau-anglaisA new study by University of Edinburgh researchers, published in the journal Nature Geoscience offers the first exploration of the relationship between major river flows and volcanic eruptions. Scientists discovered volcanic eruptions actually change the way the world’s major rivers flow. The new findings could help predict how water availability in different regions will be affected by volcanic eruptions. The researchers took a closer look at how volcanoes release aerosol particles that have the ability to block and reflect sunlight in a way that cools the atmosphere and reduces rainfall.
Despite the importance of rivers to people, it has until now been unclear whether volcanism causes detectable changes in streamflow given large natural variability.
The new study indicated that precipitation decreases over much of the globe following large explosive volcanic eruptions, particularly in climatologically wet regions. Stratospheric volcanic aerosols reflect sunlight, reducing evaporation, whilst surface cooling stabilizes the atmosphere and reduces its water-holding capacity.
In order to determine how this phenomenon affects water flow in large rivers, the researchers analyzed the flow of 50 major rivers. They looked at how this flow data corresponded with eruption events spanning from Krakatoa in 1883 to Pinatubo in 1991, together with Agung in 1963 and El Chichon in 1982. The rivers were grouped by region to help keep track of which rivers would be influenced by which volcanoes, and used computer models to correlate rainfall with eruptions.
The findings showed that following eruptions in tropical regions and northern Asia, including rivers like the Amazon, Congo and Nile, rivers tended to have a reduced flow for a period of about two years. In sub-tropical regions, including the American Southwest and parts of South America, river flow was observed to increase in some cases following a volcanic eruption. The phenomenon seen in sub-tropical regions is believed to be linked to atmospheric circulation patterns which induce local weather conditions.
Changes to rivers located in sparsely populated regions such as the Amazon will likely have little impact, but changes to the Nile and other rivers in high-populated areas could have serious consequences for those populations.
Source : Nature Geoscience.

Krakatau
Eruption explosive du Krakatau (Photo: C. Grandpey)