Dernières nouvelles d’Islande // Latest news from Iceland

Dans sa dernière mise à jour de ce soir, 2 avril 2025, le Met Office fournit des informations très intéressantes sur la situation sur la péninsule de Reykjanes. Il indique qu’aucune activité n’a été observée sur la fissure éruptive depuis le 1er avril dans l’après-midi, bien qu’une lueur soit encore visible dans la lave nouvellement émise. Les mesures montrent que le volume de lave émis le 1er avril était d’environ 0,4 million de mètres cubes. Ce champ de lave est le plus petit observé depuis le début de la série d’éruptions sur la chaîne de cratères de Sundhnúkur en décembre 2023.
Malgré la petite taille du champ de lave, le dyke formé le 1er avril mesure près de 20 km de long ; c’est le plus long depuis le début de l’activité sismique en novembre 2023. Cela montre que la plus grande partie du magma qui a quitté la chambre magmatique sous Svartsengi – soit environ 90 % du volume accumulé depuis la précédente éruption de décembre 2024 – a servi à la formation du dyke, et que seule une petite partie a atteint la surface au nord de Grindavík.
Depuis le 1er avril au matin, un affaissement du sol de plus de 25 cm a été enregistré à la station GPS de Svartsengi. Les dernières mesures GPS, effectuées à 8 h le 2 avril, confirment que l’affaissement se poursuit, bien qu’il ait considérablement ralenti. La majeure partie du magma accumulé depuis la dernière éruption s’est déplacée de Svartsengi vers le dyke nouvellement formé.
En lien avec la formation de failles à Grindavík, des déplacements ont été mesurés à plusieurs stations GPS de la ville, avec des mouvements verticaux de plus de 10 cm et des déplacements horizontaux de 5 à 8 cm. Le déplacement total du sol à Grindavík depuis le 1er avril au matin atteint environ 50 cm, répartis sur plusieurs failles de la zone.
L’activité sismique se maintient à un niveau modéré, mais l’intensité des séismes a globalement diminué.
Compte tenu de l’évolution actuelle de la partie sud du dyke, marquée par l’absence d’activité éruptive et une faible sismicité, il est de plus en plus improbable que l’éruption se déclenche à nouveau. Concernant la partie nord-est du dyke, la probabilité d’une nouvelle activité éruptive est également considérée comme peu probable avec le temps, bien qu’elle ne puisse être exclue en raison de la microsismicité persistante dans la zone. Les mesures de déformation au cours des prochains jours fourniront une image plus claire sur la façon dont le magma continue de s’écouler de Svartsengi vers le dyke et sur l’évolution de l’accumulation de magma sous Svartsengi.

Tout est calme en ce moment sur la chaîne de cratères de Sundhnúkur (image webcam)

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In tonight’s latest update, the Met Office gives very interesting information about the situation on the Reykjanes Peninsula. It indicates that no activity has been observed at the eruptive fissure since April 1st in the afternoon, though glowing is still visible in the newly formed lava. Measurements show that the lava volume erupted on April 1st was about 0.4 million cubic meters. The lava field is the smallest one observed since the eruption sequence at Sundhnúkur crater row began in December 2023.

Despite the small lava field, the dike that formed on April 1st is nearly 20 km long, the longest since the onset of seismic unrest in November 2023. This suggests that the vast majority of magma that left the magma chamber beneath Svartsengi, about 90% of the volume accumulated since the previous eruption in December 2024, was used in forming the dike, and only a small portion reached the surface north of Grindavík.

Since April 1st in the morning, ground subsidence of more than 25 cm has been recorded at the GPS station in Svartsengi. The latest GPS measurements, from 8 a.m. on April 2nd, confirm that subsidence is ongoing, though it has slowed significantly. Most of the magma that had accumulated since the last eruption has now moved from Svartsengi into the newly formed dike.

In connection with faulting within Grindavík, displacements were measured at several GPS stations in the townwith vertical movements of over 10 cm and horizontal displacement of 5–8 cm. The total displacement within Grindavík since April 1st in the morning is up to about 50 cm, distributed over several faults in the area.

Seismic activity continues at a moderate level, but earthquake magnitudes have generally decreased .

Given the current development in the southern part of the dike, marked by the absence of eruptive activity and low seismicity, it is increasingly unlikely that the eruption will reinitiate. Regarding the northeastern part of the dike, the likelihood of a new eruptive opening is also considered lower with time, although it cannot be ruled out due to persistent microseismicity in the area.

Deformation measurements over the coming days will provide a clearer picture of whether magma continues to flow from Svartsengi into the dike and how magma accumulation beneath Svartsengi evolves.

Nouveau système de surveillance volcanique // New volcano monitoring system

Un nouveau système de surveillance des volcans par radar mis au point par l’Université d’Alaska Fairbanks (UAF) et l’U.S. Geological Survey (USGS) va être adopté à travers les États-Unis et même au-delà. Ce nouveau système, financé par la NASA, pourrait permettre une détection plus précoce des signes d’activité volcanique. Reste à savoir si les coupes budgétaires décidées par l’Administration Trump permettront une utilisation efficace de ces nouveaux équipements.
L’Observatoire Volcanologique d’Alaska basé à l’UAF utilise un prototype de ce système, appelé VolcSARvatory, depuis début 2022. Son utilité est devenue immédiatement évidente lorsqu’un essaim sismique s’est produit sur le mont Edgecumbe, près de Sitka, en Alaska, le 11 avril 2022. Cela faisait longtemps que ce volcan ne se manifestait pas.

Vue du cratère du Mont Edgecumbe (Crédit photo : AVO)

Le VolcSARvatory utilise un radar à synthèse d’ouverture interférométrique, ou InSAR, pour détecter des variations de petits mouvements du sol de seulement un centimètre. Il fonctionne en combinant deux ou plusieurs images radar satellite de la même zone prises à des moments différents. Les variations de surface sur une longue durée peuvent être enregistrés en collectant des images répétées pour créer une série chronologique de données à partir d’un seul endroit. Selon des scientifiques américains, l’extension du système à tous les observatoires volcaniques de l’USGS permettra d’adopter une approche cohérente de surveillance des volcans actifs.
Le système VolcSARvatory permet de traiter et d’analyser de vastes volumes de données en quelques jours seulement là où un processus classique nécessiterait plusieurs semaines. Comme indiqué plus haut, le système s’est avéré utile pour étudier l’activité inattendue du mont Edgecumbe. En 2022, une équipe de l’Alaska Volcano Observatory et de l’Alaska Satellite Facility a commencé à analyser les données des 7 années et demie d’activité du mont Edgecumbe à l’aide du prototype VolcSARvatory. Les scientifiques ont découvert que la déformation de ce volcan avait commencé 3 ans et demi plus tôt, en août 2018. Une modélisation informatique ultérieure a révélé que c’était une nouvelle intrusion magmatique qui avait provoqué la déformation du sol.

Image InSAR montrant la déformation du sol sur l’île Kruzof dans le sud-est de l’Alaska. Elle permet de voir l’élévation du sol autour du mont Edgecumbe depuis août 2018. Les cases à droite de la carte indiquent, en centimètres, le soulèvement du sol sur les sites numérotés de l’île. (Source : AVO)

L’InSAR est utilisé depuis longtemps pour contrôler la déformation des volcans aux États-Unis, mais jusqu’à présent le travail a été effectué de manière fragmentaire. VolcSARvatory fournira désormais une connaissance situationnelle du comportement des volcans et identifiera peut-être des signes d’activité volcanique avant l’apparition d’autres paramètres, comme l’activité sismique.
L’utilisation de données satellite de type InSAR permettra d’améliorer la surveillance des volcans équipés de capteurs au sol et de surveiller les nombreux autres édifices qui ne disposent pas de stations au sol.
Le nouveau système de surveillance utilise de nombreuses autres observations par satellite, telles que la télédétection de gaz, thermique et visuelle pour surveiller ces volcans. La déformation de surface est un plus pour analyser l’activité volcanique. La déformation de surface peut révéler l’emplacement et le volume de nouveau magma et de gaz. Elle peut également indiquer si la pression augmente en raison de ce nouveau magma ou de ce gaz, ou si le système se dépressurise lorsque le magma et le gaz se déplacent en profondeur ou s’approchent de la surface et annoncent une prochaine éruption.
Le projet de l’UAF fait partie des sept projets sélectionnés par la NASA parmi les 60 autres dans le cadre du Disaster Program de l’agence spatiale. Les sept projets gagnants, annoncés le 20 décembre 2025, se partageront 6,3 millions de dollars sur deux ans.
Source : University of Alaska Faitbanks.

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A new radar-based volcano monitoring system developed by the University of Alaska Fairbanks (UAF) and U.S. Geological Survey (USGS) will expand across the U.S. and beyond. The expansion, funded by NASA, could lead to earlier detection of volcanic unrest. It remains to be seen whether the budget cuts decided by the Trump administration will allow for the effective use of this new equipment.

The Alaska Volcano Observatory at UAF has been using a prototype of this system, named VolcSARvatory, since early 2022. Its usefulness was immediately apparent when a swarm of earthquakes occurred at long-quiet Mount Edgecumbe volcano, near Sitka, Alaska, on April 11, 2022.

VolcSARvatory uses interferometric synthetic aperture radar, or InSAR, to detect ground movement changes as small as one centimeter. It works by combining two or more satellite radar images of the same area taken at different times. Long-duration surface changes can be chronicled by collecting repeated images to build a time series of data from a single location. According to US scientists, expanding the system to all USGS volcano observatories will provide a consistent approach to monitoring active volcanoes.

The VolcSARvatory system allows the processing and analysis of vast volumes of data in only a handful of days. The process would otherwise require several weeks. The system proved valuable in studying Mount Edgecumbe’s unexpected activity. In 2022, a team from the Alaska Volcano Observatory and Alaska Satellite Facility began analyzing the previous 7 1/2 years of Mount Edgecumbe data using the VolcSARvatory prototype and found deformation began 3 1/2 years earlier, in August 2018. Subsequent computer modeling indicated an intrusion of new magma caused the ground deformation.

InSAR has long been used to track deformation at volcanoes in the USA, but the work has been done in a piecemeal fashion to this point. VolcSARvatory will provide situational awareness of volcano behavior and possibly identify volcanoes that are becoming restless before other indications, like earthquake activity, show up. Using InSAR-type satellite data will enhance the monitoring of volcanoes that have been fitted with ground sensors and will allow for the monitoring of the many others that don’t have ground-based stations.

The new monitoring system uses a lot of other observations that are satellite-based, such as gas, thermal and visual remote sensing to monitor those volcanoes, and surface deformation adds an important indicator of volcanic activity. Surface deformation can reveal the location and volume of new magma and gases. It can also indicate whether pressure is building due to that new magma or gas, or whether the system is depressurizing as magma and gas either move to other underground locations or approach an eruption at the surface.

The UAF project is one of seven NASA selected from 60 submitted as part of the space agency’s Disasters Program. The seven winning proposals, announced December 20, will share 6.3 million dollars over two years.

Source : University of Alaska Faitbanks.

Santorin (Grèce) : éruption ou pas éruption ? // Santorini (Greece) : an eruption, or no eruption ?

Il y a sur les réseaux sociaux des internautes qui voient – ou voudraient voir – des éruptions partout. Comme je l’ai écrit précédemment, nous ne savons pas prévoir les éruptions, et la situation à Santorin est en train de le confirmer. Il faut donc être très prudent avant d’affirmer qu’une éruption va, ou est susceptible de, se produire. Les scientifiques émettent des hypothèses, sans savoir si elles trouveront confirmation. Plusieurs paramètres doivent être pris en compte. La crise sismique près de Santorin en fait partie mais ne suffit pas à elle seule à affirmer qu’une éruption va se déclencher.
Un autre paramètre pré-éruptif concerne la déformation ou le soulèvement du sol. Les dernières mesures radar par satellite de la surface de l’archipel en mer Égée semblent montrer qu’une certaine inflation affecte le complexe volcanique depuis le début de la crise sismique il y a une dizaine de jours. Cependant, les scientifiques expliquent que les résultats ne sont pas encore très concluants et la déformation observée est encore relativement faible. Cela pourrait signifier que du magma s’est introduit à des niveaux moins profonds, ce qui augmenterait le risque d’une éruption volcanique à Santorin ou à proximité. Le conditionnel est de rigueur et j’ai écrit en caractères gras les mots qui montrent l’incertitude de la situation. Il est bien trop tôt pour répandre la peur d’une éruption parmi la population.

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There are some people on the social networks who see eruptions everywhere. As I put it previously, we are not yet able to predict eruptions, as confirmed by the situation in Santorin, and we should be very careful bedore writing that an eruption will happene, or is likely to happen. Several parameters need to be taken into account. The seismic crisis close to Santorini is one of them but, alone, is not sufficient to say that an eruption will occur.

Another parameter concerns ground deformation opr ground uplift. The latest satellite radar measurements of the surface of the island group in the Aegean Sea seems to show that some inflation has affected the volcanic complex since the start of the seismic crisis about 10 days ago. However, the findings are not yet very conclusive and the observed deformation is still relatively weak. This might mean that magma has intruded at shallower levels, raising the chance of a volcanic eruption in or near Santorini. The conditional is required and I have written in bold the words which show the uncertainty of the situation. It is much to soon to spread the fear of an eruption among the population.

Ça s’agite sur le Mont Spurr (Alaska) // Unrest at Mount Spurr (Alaska)

L’USGS vient de m’envoyer un message indiquant que des signes d’activité volcanique sont observés sur le Mont Spurr, un volcan recouvert de glace et de neige situé dans la partie occidentale de Cook Inlet à environ 120 km à l’ouest d’Anchorage.

Source : Alaska Volcano Observatory (AVO)

Les volcanologues pensent que la cause la plus probable de cette activité est une nouvelle arrivée de magma sous le volcan. La durée (10 mois) et la nature de l’activité montrent qu’une éruption est possible. Une hausse de la sismicité à faible profondeur sous le mont Spurr a été observée pour la première fois en avril 2024 et se poursuit actuellement. Le séisme le plus significatif avait une magnitude de M2,9 le 2 janvier 2025. Le site le plus probable d’une éruption sera la bouche éruptive de Crater Peak, qui s’est manifestée en 1992 et 1953. Il est moins probable qu’une éruption se produise au sommet du Mont Spurr.

Vue du Mont Spurr (Crédit photo: AVO)

Les éruptions passées de Crater Peak étaient souvent explosives ; Des nuages ​​de cendres et des retombées de grande ampleur peuvent être observées en cas d’éruption. Il convient de noter (voir ma note précédente sur ce volcan) qu’au début de l’été 2024, un petit lac est apparu dans le cratère au sommet du Spurr, ce qui confirme la hausse de température observée sur le volcan. Le lac s’est formé lentement, accompagné de petits effondrements et de la fonte de la glace à l’intérieur du cratère. Le lac est partiellement recouvert de glace et reste de couleur bleu-vert. On observe des fumerolles dans la zone sommitale.

Source: AVO

Si une éruption doit se produire, l’USGS s’attend à voir une hausse de l’activité sismique, des émissions de gaz et de la température de surface, ainsi que des déformations de la surface. De tels événements peuvent se produire quelques jours à quelques semaines avant une éruption, mais l’USGS explique que ce n’est pas certain et qu’une éruption peut ne pas se produire. [NDLR : Cela montre, une fois encore, que nous ne savons pas vraiment prévoir les éruptions volcaniques. ]
Les seules éruptions historiques connues du mont Spurr se sont produites en 1953 et 1992 à partir de la bouche sur le flanc du Crater Peak, à 3,5 km au sud du sommet. Ces éruptions furent brèves, explosives et produisirent des colonnes de cendres qui s’élevèrent jusqu’à 20 km au-dessus du niveau de la mer ; elles entraînèrent de légères retombées de cendres dans le centre-sud de l’Alaska. La dernière éruption sommitale du mont Spurr remonte à plus de 5 000 ans.

Source: USGS.

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USGS has just sent me a message indicating that volcanic unrest continues at Mount Spurr (Alaska), an ice- and snow-covered volcano located on the west side of Cook Inlet approximately 120 km west of Anchorage.

Local volcanologists say that the most likely cause is new magma beneath the volcano. The duration (10 months) and nature of the unrest suggest that an eruption is possible. An increase in the number of shallow earthquakes underneath Mount Spurr was first observed in April 2024 and continues. The largest of these earthquakes had a magnitude M2.9 on January 2nd, 2025. The most likely site of an eruption will be the Crater Peak vent, which erupted in 1992 and 1953. It is less likely that an eruption will occur from Spurr summit, which last erupted several thousand years ago. Past Crater Peak eruptions were often explosive ; far-traveled ash clouds and ashfall can be expected if an eruption occurs. It should be noted (see my previous post about this volcano) that in early summer 2024, a small lake appeared in the crater at Spurr summit consistent with a modest increase in heat flow. The lake has grown slowly, accompanied by small collapses and melting of ice inside the crater. The lake is partially covered by ice and remains blue-green in color. Active steaming from summit area fumaroles continues.

USGS expects to see additional seismic activity, gas emissions, and surface heating, as well as changes to surface deformation prior to an eruption, if one were to occur. Such events may provide days to a few weeks of warning before an eruption, but USGS says that is not certain.

The only known historical eruptions from Mount Spurr occurred in 1953 and 1992 from the Crater Peak flank vent located 3.5 km south of the peak’s summit. These eruptions were brief, explosive, and produced columns of ash that rose up to 20 km above sea level and deposited minor ashfall in south-central Alaska. The last known eruption from the summit of Mount Spurr was more than 5,000 years ago.

Source: USGS.