La centrale de Svartsengi bientôt sous la menace de la lave ? // The Svartsengi power plant soon under the threat of lava ?

Alors que l’éruption se poursuit sur la péninsule de Reykjanes, une nouvelle digue de terre est en cours d’édification et des tentatives de refroidissement de la lave sont également en cours pour contrôler trois coulées qui menacent de déborder d’une digue près de la centrale de Svartsengi. La lave avance lentement et ne présente pas de danger immédiat, mais les efforts se poursuivent pour l’empêcher d’atteindre les infrastructures critiques.

Les travaux ont commencé pour construire une nouvelle digue de protection (en jaune sur la carte ci-dessous) à l’intérieur d’un autre rempart au nord de la centrale de Svartsengi (en rose sur la carte) qui a été vaincu par la lave dans la soirée du 20 juin. Trois coulées de lave ont commencé à déborder de la digue de terre. Les pompiers ont alors tenté à nouveau de refroidir la lave en projetant de l’eau, comme ils l’avaient fait il y a quelques jours. Des moyens supplémentaires ont été acheminés pour une plus grande efficacité. En 1973, lorsque les Islandais ont décidé d’envoyer de l’eau sur le front de lave sur l’île d’Heimaey, avant l’arrivée des puissantes pompes fournies par l’armée américaine, Haroun Tazieff avait déclaré que c’était comme faire pipi sur un incendie de forêt et que l’opération était vouée à l’échec, une remarque qui n’avait pas été appréciée par les autorités islandaises. La situation actuelle sur la péninsule de Reykjanes montre qu’il n’avait pas complètement tort. En effet, les équipements utilisés jusqu’à présent à proximité de la centrale de Svartsengi se sont révélés largement insuffisants. De nombreux ouvriers, pompiers, policiers et autres secouristes se sont relayés toute la nuit pour tenter de contrôler la lave. Vers 2 heures du matin le 21 juin, une coulée avait été stoppée, mais de la lave épaisse et incandescente avançait toujours en trois endroits le long des digues de terre. La lave n’est qu’à environ un kilomètre des infrastructures de Svartsengi, mais elle se déplace très lentement ; il n’y a donc pas de danger immédiat, d’autant plus que, selon les dernières informations fournies par le Met Office le 22 juin 2024, l’éruption a beaucoup faibli au cours des dernières heures et pourrait bien être en phase terminale. Le soulèvement du sol à Svartsengi a ralenti lui aussi.

Source  : médias d’information islandais.

Sur le schéma fourni par la Protection Cicile, la croix montre l’emplacement du débordement de lave, le trait jaune le nouveau chanier de mise en place de didues de protection, et en rose les digues de protection existantes près de la centrale de Svartsengi.

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With the eruption continuing on the Reykjanes Peninsula, a new barrier is bung built and cooling measures are being applied to control three lava streams flowing over an existing barrier near the Svartsengi Power Plant. The lava is moving slowly, posing no immediate danger, and efforts continue to prevent it from reaching critical infrastructure.

Work has begun on the construction of a new protective barrier (marked in yellow on the map below) within another barrier north of the Svartsengi Power Plant (marked in pink) that was breached by lava on June 20th in the evening. Three lava streams began flowing over the barrier, prompting the resumption of lava cooling measures that firefighters had experimented with earlier this week; heavy machinery was used to limit the spread of the lava. In 1973, when Icelanders decided to spray water on the lava front in Heimaey, Before using the powerful pumps provided by the U.S. Army, Haroun Tazieff had said it was like peeing on a wildfire, a remark that was not appreciated by Icelandic authorities. The current situation on the Reykjanes Peninsula shows he was not completely wrong. As the equipment used close to the Svartsengi power plant has proved lragely insufficient up to now. Numerous workers, firefighters, police, and other emergency responders have been taking shifts throughout the night, attempting to control the lava. By 2:00 am on June 21st, one lava stream had been stanched, but thick, glowing lava was still flowing in three streams down the barriers. The lava flow is only about a kilometer away from structures in Svartsengi. The lava is moving very slowly, however, so there is no immediate danger, especially since, according to the latest information provided by the Met Office on June 22nd, 2024, the eruption has decreased significantly over the last few hours and could well be in the terminal phase. Ground UPLIFT AT Svartsengi has also slowed down.

Source : Icelandic news media.

Péninsule de Reykjanes (Islande) : dernières nouvelles de l’éruption // Reykjanes Peninsula (Iceland) : latest news of the eruption

Voici quelques informations supplémentaires sur l’éruption en cours sur la péninsule de Reykjanes.
Un survol effectué le 20 mars a permis de récolter des données sur l’événement. On estime que le débit moyen au niveau des bouches actives le long de la fissure éruptive du 17 au 20 mars était d’environ 14,5 mètres cubes par seconde, dont semblable à celui mesuré lors des éruptions du Fagradalsfjall entre 2021 et 2023. Le débit était toutefois beaucoup plus élevé au cours des premières 24 heures de l’éruption, dans la soirée du 16 mars.

Image webcam de l’éruption le 22 mars 2024 à 18 heures. De toute évidence, il y a un petit lac de lave dans la bouche la plus active sur la fracture éruptive.

La surface couverte par la lave est estimée à 5,58 km2 et son volume est d’environ 20,9 millions de mètres cubes. La lave a une épaisseur de plus de 16 mètres à proximité des bouches actives.
De petites déformations sont encore enregistrées dans la région de Svartsengi mais les mouvements du sol sont si faibles qu’aucun changement significatif n’est vraiment observé d’un jour à l’autre. Il faudra quelques jours de mesures pour évaluer si le soulèvement est toujours présent à Svartsengi. Cependant, il est clair que le magma qui s’était accumulé jusqu’à présent sous Svartsengi s’écoule désormais directement vers la surface et alimente l’éruption.

  Vue aérienne du champ de lave (Source : Iceland Monitor)

Carte montrant les contours du champ de lave le 17 mars 2024 (Source : Met Office)

Comme l’éruption dure plus longtemps que les précédentes (personne ne sait combien de temps elle durera), la lave commence à exercer une pression sur les digues de terre autour de Grindavík et elle a commencé à se répandre dans le secteur de Melhólsnáma, au nord de la ville, où se trouve une carrière d’où sont extraits des matériaux de construction. Des efforts sont faits pour renforcer et surélever ces remparts de terre. Comme le débit de lave est plutôt faible à la source, le long de la fissure éruptive, il est possible de contrôler la lave grâce à ces barrières.

L’éruption sur la péninsule de Reykjanes a attiré l’attention du service Copernicus (CAMS) en raison des volumes importants de dioxyde de soufre (SO2) rejetés dans l’atmosphère. Les panaches ont traversé l’Atlantique Nord jusqu’en Irlande et au Royaume-Uni, pour atteindre ensuite la Scandinavie le 20 mars, puis les États baltes, la Pologne et le nord-ouest de la Russie le 22 mars. Cependant, les gaz émis jusqu’à présent ne sont pas encore suffisamment denses pour avoir un impact sur la qualité de l’air ou sur le climat.

Le 20 mars 2024, le panache de SO2 se dirigeait vers la Scandinavie (Source : Copernicus)

Source : Met Office, RUV.is, médias d’information locaux.

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Here is some more information about the current eruption on the Reykjanes Peninsula.

An overflight performed on March 20th allowed to collect data about the event. It is estimated that the average lava output from the active vents along the eruptive fissure from March 17th to 20th was around 14.5 cubic meters per second, similar to the lava flow that was measured in the volcanic eruptions at Fagradalsfjall 2021 – 2023. However, the lava output was much higher during the first 24 hours of the eruption, which began on the evening of March 16th.

The area covered by the lava is now 5.58 km2 and its volume is about 20.9 million cubic meters. The lava is over 16 meters thick close to the eruptive vents.

Small deformation is still measured in the Svartsengi area but movements are so small that no significant changes can be seen between days. It will therefore take a few days of measurements to assess whether uplift is still present at Svartsengi. However, it is clear that the magma that previously accumulated under Svartsengi is now mostly flowing directly to the surface and feeding the eruption.

This event has caught the attention of the Copernicus Atmosphere Monitoring Service (CAMS) due to the large volumes of sulfur dioxide (SO2) released into the atmosphere. The plumes are moving across the North Atlantic to Ireland and the UK, reaching Scandinavia on March 20th, and then traveling across the Baltic and reaching the Baltic States, Poland, and northwestern Russia on March 22nd. However, the gases emitted so far by the current eruption have not yet been severe enough to have an impact on surface air quality or climate.

With the eruption lasting longer than the previous ones (nobody knows how long it will last), lava has begun pressing against the Grindavík protective barrierss and has begun to flow into Melhólsnáma, north of Grindavík, which includes a « mine » used to produce material for construction projects. Efforts are being made to reinforce and raise these earthen dikes. As the lava output is rather low along the eruptive fissure, it is possible to control the eruption with these barriers.

Source : Met Office, RUV.is, local news media.

Quelques nouvelles d’Islande // Some news from Iceland

En regardant la page web du Met Office dédiée à la sismicité, on constate que l’activité sismique a été réduite le 21 novembre 2023. Cela peut être dû à un réel déclin sur le terrain, mais le Met Office explique que les conditions météorologiques actuelles en Islande mettent à l’épreuve les instruments de surveillance. Les vents violents et les précipitations sont susceptibles de réduire la sensibilité des systèmes de surveillance sismique et les GPS en temps réel. De plus, la houle affecte les mesures basse fréquence et les vagues deviennent des éléments perturbateurs. Il faudra donc attendre un peu pour s’assurer qu’il s’agit bien d’un déclin de l’activité au niveau de l’intrusion magmatique.

Les travaux d’édification des remparts de protection contre la lave autour de Svartsengi ont dû être interrompus en raison des mauvaises conditions météorologiques et aussi parce que le Met Office a indiqué il ne pouvait pas surveiller convenablement la qualité de l’air de la zone.
L’édification des digues s’effectue de jour comme de nuit, avec des équipes qui se relaient toutes les 12 heures. Plus de 50 personnes font leur maximum pour terminer le travail rapidement et efficacement. Il convient de rappeler que les digues de terre n’ont pas pour but d’arrêter la lave, mais de la détourner si elle venait à menacer les infrastructures.

Si de la lave perçait la surface, une autre idée, outre les digues de terre, serait d’utiliser de puissantes pompes qui pourraient éventuellement refroidir la lave afin de la ralentir et de la détourner des zones habitées et des infrastructures. Une stratégie similaire a été utilisée lors de l’éruption de 1973 à Heimaey (îles Vestmann) et s’est avérée efficace pour protéger le port. Un groupe d’experts devrait arriver en Islande pour voir si l’équipement de pompage disponible sur l’île est adapté à une telle situation. .

Sources : Met Office, Iceland Monitor.

NDLR : S’agissant de l’intrusion magmatique, il est très utile d’avoir les données sismiques et de déformation du sol. En revanche rien, ou très peu, n’est dit, sur la température et sur la chimie des émissions de surface. On a appris que du SO2 avait été détecté dans un puits de forage, donc en profondeur à proximité d’une langue de l’intrusion magmatique, peut-être en cours de refroidissement, ce qui n’est pas très significatif, et cela reste une mesure isolée. Apparemment aucune anomalie thermique n’a été détectée par les satellites. Je suppose que le Met Office en aurait fait état.

La sismicité et le tremor ont nettement faibli ces derniers jours. Attendons la suite…

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Looking at the Met Office’s web page dedicated to seismicity, one can see that earthquake activity was reduced on November 21st, 2023. This may be due to a real decline on the ground, but the Met Office warns that the current weather conditions in Iceland are presenting challenges to the monitoring efforts. Heavy winds and precipitation are expected to reduce the sensitivity of seismic and real-time GPS monitoring systems. Additionally, sea swells are affecting low-frequency measurements where waves appear as disturbances. We’ll need to wait some time to make sure that activity has really declined at the magma intrusion.

Work on the defense walls around Svartsengi had to be stopped because of the poor weather conditions and also because the Met Office issued a statement that it couldn’t monitor the area safely with air quality meters.

The construction is carried out day and night, with continious 12-hour shifts. The group, which numbers over 50 people, is working hard to finish the project quickly and efficiently. It should be remermerred that the earthern barriers are not meant to stop the lava, but divert it if it happened to threaten infrastructure.

Should lava pierce the surface, aother idea beside the earthern barriers would be to use powerful pumps that could possibly cool the lava inorder to slow it down and divert it from the settlements and infrastructure. A similar strategy was used during the 1973 eruption in Heimaey (Vestmann Islands) and proved successful to protect the harbour. A group of experts is expected to arrive in Iceland to evaluate whether the pump equipment is useful.

Sources : Met Office, Iceland Monitor.

Editor’s note : Regarding the magma intrusion, it is very useful to have seismic and ground deformation data. On the other hand, nothing, or very little, is said about the temperature and chemistry of surface emissions. We were told that SO2 had been detected in a borehole, therefore at depth, probably near a tongue of the intrusion in the process of cooling, which is not very significant, and it remains an isolated measurement. Apparently no thermal anomaly was detected by the satellites. I suppose the Met Office would have reported this.

Le graben de Grindavik et la construction des digues // The graben in Grindavik and the building of barriers

Ces jours-ci, les bulletins du Met Office islandais à propos de la situation à Grindavik font état d’une « formation en graben. » Ce mot d’origine allemande, qui se traduit par fossé, est utilisé en géologie. Il est à relier aux contraintes tectoniques qui affectent la surface terrestre et conduisent au développement de nombreuses failles. Un graben est un fossé tectonique d’effondrement entre des failles normales. Le compartiment surélevé par rapport au graben est appelé  horst.

 

Source: Wikipedia

A Grindavik, on se trouve dans un contexte de failles autorisant la remontée du magma des profondeurs. Cela crée une tension au niveau de la surface de la lithosphère. Cette tension se traduit par un bombement de la croûte qui induit un effondrement du relief, d’où l’apparition du graben mentionné par le Met office. Ce fossé d’effondrement, identifié le 12 novembre grâce aux images satellitaires, présente jusqu’à 1 mètre de déplacement vertical du sol dans la partie ouest de Grindavík. Il est toujours actif, comme le montre la sismicité dans la région.

Les autorités islandaises ont annoncé que le Blue Lagoon resterait fermé au moins jusqu’au 30 novembre 2023, date à laquelle la situation sera réévaluée. Dans le même temps, les travaux sur les digues de protection de Svartsengi ont commencé et se poursuivent jour et nuit. Un ingénieur a expliqué que les travaux devraient prendre plusieurs semaines.

 

Carte montrant les trois zones où des travaux sont en cours pour l’édification des protections à l’est du mont Þorbjörn (Source: Iceland Monitor).

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Voici quelques informations supplémentaires fournies par le Met Office islandais le 15 novembre 2023 aux alentours de midi.
La sismicité reste élevée sur la péninsule de Reykjanes, mais elle est moins intense que ces derniers temps et elle a tendance à se stabiliser depuis le 11 novembre. Quelque 800 séismes ont été enregistrés depuis le 15 novembre 2023 à minuit, la plupart au milieu de l’intrusion magmatique à Sundhnúk, à une profondeur d’environ 3 à 5 km.
Les instruments montrent une déformation continue du sol. Cela s’explique par l’écoulement du magma dans le dyke. Une partie du dyke semble se solidifier, en particulier sur les bords, mais pas au niveau de sa zone d’alimentation ,qui se situe probablement près de Sundhnúk.
Les émissions de SO2 semblent montrer des fluctuations, mais des mesures supplémentaires sont nécessaires pour le confirmer.

Le câble à fibre optique de HS Orka, qui relie Svartsengi (à l’ouest du Þorbjörn) à Arfadalsvík, est utilisé comme ligne de mesure sismique continue à haute sensibilité. Il s’agit d’une nouvelle technologie développée ces dernières années et qui est désormais utilisée comme mesure supplémentaire de la sismicité.
Selon le Met Office, la probabilité d’une éruption reste bien présente. Si une éruption devait se produire, ce serait probablement au niveau du dyke magmatique.

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These days, theIcelandic Met Office’s updates about the situation in Grindavik report a “graben formation. » This word of German origin, which translates as ditch, is used in geology. It is linked to tectonic constraints which affect the earth’s surface and lead to the development of numerous faults. A graben is a tectonic collapse gap between normal faults. The compartment raised above the graben is called a  horst (see image above).

In the Grindavik area, there are faults allowing the rise of magma from the depths. This creates tension on the surface of the lithosphere. This tension results in a bulging of the crust which induces a collapse of the relief, hence the appearance of the graben mentioned by the Met office. It was identified on November 12th using satellite imagety, and shows up to 1 meter of vertical ground displacement in the western part of Grindavík. It is still active, as confirmed by seismicity in the area.

Icelandic authorities announced that the Bue Lagoon will remained closed at least until November 30th, 2023 when the situation will be reassessed.. In the meantime, work on the barriers at Svartsengi has begun and is being done day and night (see map above). An engineer in the area has explained it can take several weeks.

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Here is some more information provided by the Icelandic Met Office on November 15th, 2023 around midday.

Seismicity is still elevated on the Reykjanes Peninsula, but it is less intense than during the past days and it has become stable since November 11th. Since midnight on November 15th, 2023, about 800 earthquakes have been measured, most of them in the middle of the magma dyke at Sundhnúk at a depth of about 3-5 km.
Instruments show continued deformation in the area. This is consistent with magma still flowing into the dyke. Part of the magma dyke seems to be solidifying, especially at the edges, but not at the magma inflow area, which is believed to be near Sundhnúk.
SO2 emissions seem to show fluctuations, but further measurements are needed for confirmation.

The fiber optic cable of HS Orka, that runs from Svartsengi west of Þorbjörn to Arfadalsvík is being used as a continuous seismic measuring line with high sensitivity. This is a new technology that has been developed in recent years and is now used as additional measurements.

According to the Met Office, the probability of an eruption is still considered high. In the event of an eruption, the most likely location would be at the magma dyke.