Glissements de terrain et réchauffement climatique // Landslides and global warming

Au cours des dernières décennies, les phénomènes extrêmes (effondrements, glissements de terrain, laves torrentielles, etc) sont devenus de plus en plus fréquents, que ce soit en haute montagne ou à basse altitude. Les scientifiques se demandent dans quelle mesure ces événements peuvent être liés au réchauffement climatique.
En Californie du Sud, la ville côtière de Rancho Palos Verdes, à environ 50 kilomètres au sud de Los Angeles, attire depuis longtemps les gens aisés avec ses vues sur l’océan Pacifique et sa végétation luxuriante. Le problème, c’est qu’elle se trouve au sommet d’une zone sujette aux glissements de terrain lents qui sont apparus dans les années 1950. Jusqu’à ces derniers temps, le déplacement du sol atteignait en moyenne une dizaine de centimètres par an. Récemment, après d’intenses pluies hivernales, le phénomène s’est accéléré, avec des conséquences dramatiques pour la population. Les maisons sont aujourd’hui disposées de manière désordonnée sur un sol instable. Les routes se sont déformées et l’électricité a été coupée dans plus de 200 foyers. L’état d’urgence vient d’être déclaré dans la localité.
Les scientifiques préviennent que ces glissements de terrain vont devenir plus fréquents avec le réchauffement climatique qui engendre des précipitations plus intenses et des tempêtes plus puissantes, le tout remodelant les paysages. Ils expliquent que les glissements de terrain dépendent de trois facteurs : la pente, le type de roche et le climat.
En Californie, le réchauffement climatique a un impact sur le paysage. Les scientifiques ont découvert des liens évidents entre la crise climatique et des précipitations plus intenses. En effet, une atmosphère plus chaude peut retenir plus d’humidité, ce qui signifie des précipitations plus intenses et des océans plus chauds qui alimentent des tempêtes plus puissantes.
Le réchauffement climatique augmente également d’autres types de glissements de terrain. L’élévation du niveau de la mer et les déferlantes lors des tempêtes rongent les falaises. Les étés plus chauds et plus secs augmentent la fréquence et la gravité des incendies de forêt. Au final, le paysage devient plus vulnérable aux glissements de terrain.
Les glissements de terrain sont un phénomène mondial et les scientifiques ont identifié le lien entre glissements de terrain et réchauffement climatique dans le monde. Par exemple, le cyclone Gabriel en Nouvelle-Zélande a déclenché plus de 140 000 glissements de terrain cartographiés, mais peut-être plus de 800 000 en réalité.
Le réchauffement climatique n’est pas le seul facteur augmentant la probabilité de glissements de terrain ; le comportement humain a également un impact. Les travaux de nivellement dans les pentes pour aplanir les zones destinées aux habitations ou aux routes peuvent fragiliser les flancs des montagnes en les rendant instables. La déforestation est un autre facteur. Les racines des arbres et des plantes maintiennent le sol et leur arrachement est susceptible de le déstabiliser.

Fracture trahissant le mouvement du sol à Rancho Palos Verdes (Crédit photo : presse californienne)

En Europe, les climatologues rejoignent l’approche de leurs collègues américains avec toutefois un peu plus de réserve. Ils insistent sur le fait que si le lien entre glissements de terrain et réchauffement climatique est la plupart du temps évident en montagne, il est parfois moins net à plus basse altitude.
Plusieurs événements dans les Alpes et les Pyrénées ont montré le lien entre les fortes pluies déclenchées par le réchauffement climatique et les glissements de terrain qui en découlent. A cela s’ajoutent les glissements de terrain causés par le dégel du permafrost de roche en montagne. Parfois, c’est la cohabitation entre les fortes pluies et les roches fragilisées par le dégel du permafrost qui provoque des glissements de terrain majeurs et des laves torrentielles. Ce qui s’est passé dans le village de La Bérarde dans les Alpes françaises illustre probablement cette situation. En dégelant, le permafrost n’est plus le ciment qui maintient les roches, de sorte que les chutes de pierres et les effondrements sont de plus en plus fréquents. Les refuges d’altitude sont également menacés et plusieurs d’entre eux ont dû être fermés (voir ma note du 16 septembre 2024). Les alpinistes qui y font halte ont également dû modifier leurs courses en montagne.

Le village de La Bérarde envahi par des torrents de boue (Crédit photo : Alpine Mag)

Il arrive que des effondrements se produisent sans avoir été déclenchés par le réchauffement climatique et/ou le dégel du permafrost. Ils sont simplement causés par des mouvements de terrain. Un bon exemple est l’effondrement d’une paroi pendant l’été 2023 en Maurienne (France). Toute une partie de la montagne s’est effondrée sur une voie ferrée, paralysant le trafic entre la France et l’Italie. De tels effondrements peuvent également être déclenchés par des séismes, mais il n’y a pas eu de secousses dans la région au moment de l’incident.
Selon les scientifiques français, « nous ne pouvons pas affirmer aujourd’hui que le réchauffement climatique est responsable d’une augmentation du nombre de phénomènes gravitaires (autrement dit d’effondrements). L’hypothèse selon laquelle le changement des systèmes de précipitations peut déstabiliser les terrains reste mal démontrée ». En revanche, les nouveaux extrêmes climatiques sont impliqués au moins indirectement dans ces événements. Ce fut le cas lorsque la tempête Alex a dévasté les vallées de la Tinée et de la Vésubie dans le sud-est de la France en 2020.
Les phénomènes extrêmes sont relativement nouveaux et notre société est mal préparée à y faire face.

Source : CNN, France Info.

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In the past decades, extreme phenomena (collapses,landslides,cold lava flows, etc.) have become more and more frequent, whether in the mountains or at lower altitudes. Scientists wonder whether they should be linked to global warming.

In Southern California, the affluent coastal city of Rancho Palos Verdes, around 50 kilometers south of Los Angeles, has long enticed people with its Pacific Ocean views and lush greenery. But it sits atop a complex of slow-moving landslides that have been active since the 1950s, causing the land to shift by roughly a tens of centimeters a year. Recently, after intense winter rain, the pace and scale of movement has increased, with devastating consequences. Homes now lie sprawled unevenly across distorted ground, roads have buckled and power has been shut off to more than 200 households. A state of emergency has just been declared in the city.

Scientists warn that such landslides are set to become more frequent as the climate crisis fuels heavier rainfall and more powerful storms, reshaping landscapes. They explain that landslides depend on three factors: the slope, the rock type and the climate.

In California the changing climate is forcing the landscape to respond. Scientists have found clear links between the climate crisis and heavier rain. A warmer atmosphere can hold more moisture, meaning more intense rain or snow when it falls, and hotter oceans fuel more powerful storms.

The climate crisis raises other landslide risks too. Sea level rise and storm surge are eating away at cliffs. Hotter, drier summers are increasing the frequency and severity of wildfires, leaving the landscape vulnerable to mudslides.

Landslides are a global phenomenon, and scientists are identifying climate change-fueled landslide risks across the world. For instance, Cyclone Gabriel in New Zealand triggered more than 140,000 mapped landslides, and possibly more than 800,000 in total.

Global warming is not the only factor increasing the likelihood of landslides; human behavior has an impact too. Cutting into slopes to flatten areas for houses or roads can weaken them and mountain-sides, making both unstable. Deforestation is another factor. Tree and plant roots hold the soil together and ripping them out can destabilize the ground.

In Europe, climate scientists agree with their American colleagues and insist that if the link betweeen landslides and global warming is obvious most of the time in the mountains, it should be mitigated at lower altitudes.

Several events in the Alps and the Pyrenees have shown the link between the heavy rains triggered by global warming and the ensuing landslides. This should be added to the landslides caused by the thawing of rock permafrost in the mountains. Sometimes it is the mixture of heavy rains and fragile rocks because of the thawing permafrost that cause major landslides and cold lava flows. What happened in the village of La Bérarde in the French Alps probably illustrates this situation. When thawing, the permafrost is no longer the cement that holds the rocks together, so that rocfalls and collapses are getting more and more frequent. High altitude refuges are under threat as well and several of them had to be closed (see my post of 16 Sepyember 2024). The climbers who stop in them also had to change their routes in the mountains.

Sometimes, collapses may occur without having been triggered by global warming and /or the thawing of permafrost. They are just caused by ground movements. A good example is the collapse of a mountain wall during the summer 2023 in the French Maurienne where a whole part of the mountain collapsed on the railway track, paralysing the trafic between France and Italy. Such collapses may also be triggered by earthquakes, but there was no shaking of the erath in the region when the incident happened.

.ccording to French scientists, « we cannot say today that global warming is responsible for an increase in the number of gravitational phenomena (i.e. collapses). The hypothesis that changing precipitation systems can destabilize the terrain remains poorly demonstrated. » On the other hand, these new extremes are at least indirectly involved in these events. This was the case when Storm Alex devastated the Tinée and Vésubie valleys in southeastern France in 2020.

Extreme phenomena a relatively new and aour society is badly prepared to face them.

Source : CNN, France Info.

Le réchauffement climatique modifie les frontières // Global warming shifts borders

Voici une nouvelle conséquence du réchauffement climatique : une partie de la frontière entre l’Italie et la Suisse va être redessinée en raison de la fonte des glaciers qui, jusqu’à présent, marquaient cette limite. Les deux pays ont convenu de modifier la frontière sous l’emblématique Cervin, l’un des plus hauts sommets des Alpes.
Si les frontières nationales sont souvent considérées comme fixes, de vastes portions de la frontière italo-suisse sont définies par des glaciers et des champs de neige. Aujourd’hui, avec la fonte des glaciers, ces éléments naturels évoluent et redéfinissent la notion de frontière nationale.
Les modifications de la frontière entre les deux pays ont été convenus en 2023 et le gouvernement suisse les a officiellement approuvées le 27 septembre 2024. Le processus d’approbation est en cours en Italie. Dès que les deux parties l’auront signé, l’accord sera publié et les détails de la nouvelle frontière seront rendus publics.
L’impact du réchauffement climatique sur les glaciers européens a été flagrant au cours des dernières années. En Suisse, ils fondent à un rythme alarmant. Dans ce pays, les glaciers ont perdu 4 % de leur volume en 2023, après le record de 6 % enregistré en 2022, et cette tendance à la baisse ne montre aucun signe de fin. En 2024, les glaciers ont continué à perdre de la glace à grande vitesse malgré les abondantes chutes de neige en hiver qui étaient censées apporter un certain soulagement. Certains glaciers fondent à vue d’oeil et de petits glaciers disparaissent.
Même avec les mesures les plus ambitieuses pour faire face au réchauffement climatique, on sait d’ores et déjà que jusqu’à la moitié des glaciers du monde auront probablement disparu d’ici 2100, avec une cascade de conséquences inévitables. Les paysages deviennent plus instables, sujets à des glissements de terrain et à des effondrements spectaculaires. En 2022, 11 personnes ont perdu la vie lorsqu’un glacier s’est effondré sur la Marmolada dans les Alpes italiennes.
En reculant, les glaciers perdent également leur rôle vital de contribution à l’eau douce, ce qui pourrait aggraver les pénuries lors des vagues de chaleur.
Le déplacement des frontières nationales est un événement spectaculaire. Espérons qu’il permettra de sensibiliser la population aux conséquences à grande échelle du réchauffement climatique. Mais la partie est loin d’être gagnée.
Source : Médias italiens et suisses.

Le Cervin (Photo: C. Grandpey)

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Here is another consequence of global warming : part of the border between Italy and Switzerland is set to be redrawn because of the melting of the glaciers that mark this boundary. The two countries have agreed to change the border under the iconic Matterhorn, one of the highest summits in the Alps.

While national boundaries are often thought of as fixed, large sections of the Swiss-Italian border are defined by glaciers and snowfields. Today, with the melting of the glaciers, these natural elements evolve and redefine the notion of national border.

The border changes were agreed back in 2023 and the Swiss government officially approved the adjustment on Setember 27th, 2024. The process for approval is underway in Italy. As soon as both parties have signed, the agreement will be published and details of the new border will be made public.

The impact of global warming on European glaciers has been stark during the past years. In Switzerland, they are melting at an alarming rate. The country’s glaciers lost 4% of their volume in 2023, second only to the record-setting 6% lost in 2022, and this downward trend shows no sign of ending. In 2024, glaciers continued to lose ice at a high speed despite much snow in winter that was expected to bring some relief. Some glaciers are literally falling apart, and small glaciers are disappearing.

Even with the most ambitious climate action, up to half the world’s glaciers may be gone by 2100, with a cascade of inevitable impacts. The landscapes become more unstable, prone to dangerous landslides and collapses. In 2022, 11 people lost their lives when a glacier collapsed on the Marmolada mountain in the Italian Alps.

As they recede, glaciers are also losing their vital role in contributing freshwater, which could aggravate shortages during heat waves.

The shifting of national borders is a spectacular event. Let’s hope it will make people aware of the large-scale consequences of global warming. But the game is far from won.

Source : Italian and Swiss news media.

Les refuges de haute montagne en danger // High altitude refuges in danger

Dans une note publiée le 10 août 2021, j’expliquais que la fonte des glaciers et le dégel du permafrost de roche dans nos Alpes ont commencé à poser de gros problèmes, avec des effondrements spectaculaires de parois et une menace grandissante pour certaines infrastructures. J’ai expliqué comment, en Suisse, plusieurs supports de téléphériques ont dû être modifiés pour assurer une meilleure stabilité car le sol dégelé se dérobait sous les assises des pylônes. Je donnais l’exemple du refuge de la Pilatte, dans le massif des Ecrins (Alpes françaises) qui a été déstabilisé par la fonte d’un glacier. Il s’est fissuré au point de ne plus pouvoir recevoir randonneurs et alpinistes. Ce refuge n’est pas une exception et d’autres camps de base connaissent le même sort.

Vue du refuge de la Pilatte (Crédit photo: Oisans Tourisme)

Ce fut le cas du refuge des Cosmiques en 1998 quand une dalle de 600 mètres cubes a lâché prise, déstabilisant le bâtiment et nécessitant d’importants travaux de consolidation.

Vue du refuge des Cosmiques (Crédit photo : Wikipedia)

Même punition pour le bivouac des Périades dans le massif du Mont-Blanc. Il a bien failli basculer dans le vide, lui aussi, pour la même raison. Il s’est mis à pencher dangereusement quand quelques dizaines de mètres cubes de blocs ont bougé en aval en raison du réchauffement du permafrost. Pour ne pas le voir disparaître, un élan de solidarité a permis d’édifier un nouveau bivouac, identique mais mieux aménagé, à une quinzaine de mètres de là, sur une terrasse stable. Certains montagnards se demandent s’il faut accuser le réchauffement climatique. La réponse ne fait guère de doute lorsque l’on observe ce qui se passe ailleurs dans les Alpes dans des conditions identiques.

Aujourd’hui, c’est l’Autriche qui s’inquiète pour ses refuges de haute altitude. Le pays compte 272 refuges de ce type. Ils se retrouvent aujourd’hui en difficulté à cause du manque de personnel et, surtout, du réchauffement climatique. Les clubs alpins autrichiens, qui gèrent ces refuges, appellent les autorités à l’aide. Le refuge Seethaler est un bon exemple des difficultés des refuges face au réchauffement climatique. Il a en effet dû être entièrement reconstruit il y a cinq ans. Il y avait une gigantesque doline qui était gelée au moment de sa construction. Le réchauffement climatique a fait dégeler le pergélisol qui maintenait la structure en place. Le refuge s’est affaissé tout d’un coup de plusieurs mètres, il a donc fallu immédiatement y remédier.

Vue de la Seethalerhütte (Crédit photo : PREFA)

En Autriche comme ailleurs dans les Alpes, la hausse des températures va inciter les gens à grimper plus haut, dans l’espoir de trouver un peu de fraîcheur. Il faudra donc trouver des candidats pour les missions liées aux refuges. Ce sont des contraintes bien particulières et aujourd’hui, de moins en moins de jeunes veulent s’y confronter.

Ayant pu me rendre compte, au cours de mes pérégrinations, du drame qui se prépare, je lance régulièrement des alertes à mon petit niveau, bien conscient qu’elle tombent dans un océan de j’menfoutisme….

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In a post published on August 10th, 2021, I explained that the melting of glaciers and the thawing of rock permafrost in our Alps have started to pose major problems, with spectacular collapses of walls and a growing threat to certain infrastructures. I explained how, in Switzerland, several cable car supports had to be modified to ensure better stability because the thawed ground was giving way under the bases of the pylons. I gave the example of the Pilatte refuge, in the Ecrins massif (French Alps) which was destabilized by the melting of a glacier. It cracked to the point of no longer being able to accommodate hikers and mountaineers. This refuge is not an exception and other base camps are suffering the same fate. This was the case for the Cosmiques refuge in 1998 when a 600 cubic meter slab gave way, destabilizing the building and requiring major consolidation work. The same punishment was meted out to the Périades bivouac in the Mont Blanc massif. It almost fell into the void, too, for the same reason. It began to lean dangerously when a few dozen cubic meters of blocks moved downslope due to the warming of the permafrost. To prevent it from disappearing, a wave of solidarity made it possible to build a new bivouac, identical but better equipped, about fifteen meters away, on a stable terrace. Some mountaineers wonder whether global warming should be blamed. The answer is hardly in doubt when we look at what is happening elsewhere in the Alps under identical conditions.
Today, Austria is worrying about its high-altitude refuges. There are 272 such shelters in the country. They are now in difficulty due to a lack of staff and, above all, global warming. The Austrian Alpine Clubs, which manage these shelters, are calling on the authorities for help. The Seethaler shelter is a good example of the difficulties shelters are confronted with in the face of global warming. It had to be completely rebuilt five years ago. There was a gigantic sinkhole that was frozen when it was built. Global warming thawed the permafrost that held the structure in place. The shelter suddenly subsided by several meters ; this had to be remedied immediately.
In Austria, as elsewhere in the Alps, rising temperatures will encourage people to climb higher, in the hope of finding a bit of coolness. It will therefore be necessary to find candidates for the missions linked to the shelters. These are very specific constraints and today, fewer and fewer young people want to confront them.

Having been able to see, during my travels, the drama that is brewing, I regularly launch alerts at my own small level, well aware that they fall into an ocean of indifference…

Fonte des glaciers : 2023 a encore été une mauvaise année // Glacier melting : 2023 was another bad year

Le 22 avril 2024, l’agence européenne Copernicus a publié son rapport annuel sur le climat, avec un chapitre consacré aux glaciers. L’agence annonce la couleur dès le préambule de son rapport : les glaciers dans le monde ont connu en 2023 une perte de masse annuelle record de 1,1 m d’épaisseur de glace, avec, à l’échelon local, des pertes d’épaisseur de 0,5 à 3,0 m.
En 2023, les glaciers ont aussi perdu 600 Gt d’eau. Il s’agit de la perte de masse annuelle la plus importante depuis 1976, et supérieure d’environ 100 Gt à toute autre année enregistrée. Cela équivaut à près de cinq fois la quantité de glace contenue dans tous les glaciers d’Europe centrale.
Les estimations indiquent que cette perte de masse a contribué à hauteur de 1,7 mm à l’élévation du niveau moyen de la mer à l’échelle de la planète. Il s’agit de la plus grande contribution annuelle depuis le début des relevés satellitaires en 1976.
Les quatre années au cours desquelles la perte de masse des glaciers dans le monde a été la plus importante sont toutes depuis 2019. 2022 et 2023 ont été les premières années enregistrées au cours desquelles toutes les régions glaciaires ont signalé une perte de glace.Les glaciers de l’ouest de l’Amérique du Nord ont connu une perte record d’épaisseur de glace d’environ 3 m. Une perte de glace bien supérieure à la moyenne a également été signalée en Alaska, en Europe centrale, dans les Andes du Sud, sur la chaîne de l’Himalaya en Asie, et en Nouvelle-Zélande.

Sans surprise, on peut lire que le réchauffement climatique a eu d’importantes conséquences sur les glaciers alpins en 2023. En deux ans, ils ont perdu environ 10 % de leur volume.

Après une année 2022 record, l’état des glaciers les Alpes s’est de nouveau détérioré. Au cours de l’année hydrologique 2022/2023, les glaciers de toutes les régions européennes ont connu une perte de glace. On peut lire dans le rapport de Copernicus que « les Alpes sont l’une des régions du monde où les glaciers reculent le plus rapidement, aux côtés de l’Islande, du sud des Andes, de l’Alaska, de l’ouest du Canada et de l’ouest des États-Unis. Dans les Alpes, 2023 a été une nouvelle année exceptionnelle en termes de perte de glace à cause d’une accumulation de neige hivernale inférieure à la moyenne et à une forte fonte estivale. »

Cette fonte s’explique notamment par des mois d’août et de septembre « exceptionnellement chauds ». Le rapport ajoute : « En Suisse, les glaciers ont perdu 4 % de leur volume de glace en 2023, après une perte de 6 % en 2022. Cela signifie qu’au cours des deux dernières années, les glaciers des Alpes ont perdu environ 10 % de leur volume. » En 2022, les glaciers suisses n’avaient jamais perdu autant de leur volume : 3 kilomètres cubes ont fondu, soit 6 % de la glace restante. L’année 2022 redéfinit donc la donne car jusqu’alors une perte de 2 % était déjà considérée comme extrême.

Selon le rapport Copernicus, l’année 2023 a également été marquée par des chutes de neige de plus en plus rares en Europe, avec toutefois quelques exceptions, comme en Scandinavie. Le reste du continent européen a globalement connu sur la période 1991-2020 un nombre bien inférieur à la moyenne de jours de neige en hiver. Les climatologues ont déjà prévenu que les conséquences peuvent être lourdes pour l’environnement. Le manque de neige peut contribuer à des conditions de sécheresse. De plus, la fonte de la neige au printemps et en été constitue une source d’eau importante pour de nombreux fleuves européens.

 

Perte de masse des glaciers en gigatonnes au fil des ans… Terrible !

Sources: C3S/ECMWF/WGMS

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On April 22nd, 2024, the European agency Copernicus published its annual climate report, with a chapter dedicated to glaciers. The agency des not mince words from the start of its report : glaciers around the world have experienced a record annual mass loss of 1.1 m of ice thickness in 2023, with, at the local level, losses of thickness of 0.5 to 3.0 m.
In 2023, glaciers also lost 600 Gt of water. This is the largest annual mass loss since 1976, and approximately 100 Gt greater than any other year on record. This is equivalent to almost five times the amount of ice contained in all the glaciers of Central Europe.
Estimates indicate that this loss of mass contributed 1.7 mm to the rise in average sea level globally. This is the largest annual contribution since satellite records began in 1976.
The four years in which glacier mass loss worldwide has been the greatest are all since 2019. 2022 and 2023 were the first years on record in which all glacial regions reported ice loss. Glaciers of western North America experienced a record loss of ice thickness of approximately 3 meters. Well-above-average ice loss was also reported in Alaska, central Europe, the Southern Andes, the Himalayan range in Asia, and New Zealand.

Unsurprisingly, we can read that global warming had significant consequences on Alpine glaciers in 2023. In two years, they have lost around 10% of their volume.
After a record year in 2022, the state of the glaciers in the Alps has deteriorated again. In the water year 2022/2023, glaciers in all European regions experienced ice loss. One can read in the Copernicus report that « the Alps are one of the regions in the world where glaciers are retreating most rapidly, alongside Iceland, the southern Andes, Alaska, the west of Canada and the western United States In the Alps, 2023 was another exceptional year for ice loss due to below-average winter snow accumulation and heavy summer melt.
This melting can be explained in particular by the “exceptionally hot” months of August and September. The report adds: “In Switzerland, glaciers lost 4% of their ice volume in 2023, following a loss of 6% in 2022. This means that over the past two years, glaciers in the Alps have lost around 10 % of their volume. » In 2022, Swiss glaciers never lost so much of their volume: 3 cubic kilometers have melted, or 6% of the remaining ice. The year 2022 therefore redefines the situation because until then a loss of 2% was already considered extreme.
According to the Copernicus report, the year 2023 was also marked by increasingly rare snowfall in Europe, although with a few exceptions, such as Scandinavia. The rest of the European continent generally experienced a much lower than average number of days of swowin winter over the period 1991-2020. Climatologists have already warned that the consequences could be serious for the environment. Lack of snow can contribute to drought conditions. Additionally, melting snow in spring and summer provides an important source of water for many European rivers.

En Alaska, le Columbia est l’un des glaciers dont la fonte est la plus rapide dans le monde (Source: NASA)