Piton de la Fournaise (Ile de la Réunion) : Une histoire de fou ! // A crazy story !

8h30 (heure métropole): C’est une histoire de fou ! Alors que le Piton de la Fournaise semblait parti pour une éruption qui allait durer, avec le risque d’ouverture de nouvelles fissures, patatras! l’OVPF indique ce matin que l’activité éruptive de surface s’est arrêtée aux alentours de 6h28 (heure locale). Le tremor montre effectivement un baroud d’honneur avant une chute brutale à une valeur basse. Suite à l’arrêt des émissions de lave en surface, la sismicité a fortement ralenti elle aussi. L’OVPF précise qu’un tremor résiduel est toujours enregistré. Connaissant le comportement fantasque du Piton, aucune hypothèse n’est écartée quant à l’évolution de la situation. Est-ce le signe d’un arrêt définitif ou juste une pause? Y aura-t-il une reprise de l’activité sur le même site ou ailleurs ? Bien malin serait celui qui pourrait apporter une réponse à ces questions !

Ce matin, mon épouse a qualifié le Piton de la Fournaise de «Rantanplan de la volcanologie» ! C’est vrai qu’à l’image du chien dessiné par Michel Janvier (lui aussi Creusois natif de La Souterraine et que je salue ici), le volcan réunionnais est un peu fou…

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20 heures (heure métropole) : Dans un bulletin émis ce soir à 19h30 (heure locale), l’OVPF indique qu’une sismicité est toujours enregistrée sous la zone sommitale du Piton de la Fournaise. 26 séismes sommitaux superficiels et 1 événement profond ont été enregistré depuis la fin de l’éruption. Comme indiqué précédemment, aucune hypothèse n’est écartée quant à l’évolution de la situation. L’OVPF rappelle que les arrêts brutaux d’éruptions ne sont pas inhabituels au Piton de la Fournaise et se produisent en général pour 50% des éruptions.

Beaucoup se hasardent à des pronostics et affirment que l’activité éruptive va reprendre. Connaissant l’inconstance de ce volcan, je pense qu’il est dangereux de formuler de telles affirmations. Il n’est pas impossible que le sursaut du tremor avant la fin de l’éruption corresponde à la libération brutale d’une poche de gaz annonçant la fin de l’événement. Il se peut aussi que la sismicité enregistrée au cours des dernières heures corresponde à des réajustements à l’intérieur de cette chambre superficielle. Quoi qu’il en soit, seule Madame Fournaise est capable d’apporte une réponse à toutes ces questions. Le volcan réunionnais nous confirme toute simplement la fragilité et la difficulté de la prévision éruptive.

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8:30 (Paris time): It’s a crazy story! While Piton de la Fournaise seemed to have gone for an eruption that would last some time, with the risk of the opening of new fissures, OVPF indicated this morning that surface eruptive activity had stopped at about 6:28 am (local time). The tremor actually showed a sharp rise before dropping to a low value. Following the stopping of surface activity, seismicity dropped as well. OVPF specifies that a residual tremor is still recorded. As everybody knows the whimsical behaviour of the Piton, no hypothesis is discarded as to the evolution of the situation. Is this the sign of a definitive stop or just a pause. Will there be a resumption of activity on the same site or elsewhere? I’m not sure somebody is able to answer these questions!

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20:00 (Paris time): In a bulletin released tonight at 19:30 (local time), OVPF indicates that some seismicity is still recorded under the summit area of ​​Piton de la Fournaise. 26 shallow earthquakes and 1 deep event have been recorded since the end of the eruption. As previously stated, no prediction can be made about the evolution of the situation. OVPF recalls that brutal eruption stops are not unusual at Piton de la Fournaise and generally occur for 50% of eruptions.
Many people give their own predictions and claim that eruptive activity will resume. Knowing the inconstancy of this volcano, I think it is dangerous to formulate such claims. It is not impossible that the burst of tremor before the end of the eruption corresponds to the sudden release of a pocket of gas that announced the end of the event. It is also possible that the seismicity recorded during the last hours corresponds to readjustments within this shallow chamber. Anyway, only Madame Fournaise is able to answer all these questions. The Reunion volcano simply confirms the difficulty of eruptive prediction.

Source: OVPF

La lave dans le Grand Brûlé, environ deux heures avant l’arrêt de l’éruption

(Photo: Christian Holveck)

Le glacier Thwaites (Antarctique) inquiète jusqu’en Corse // Corsica worries about the Thwaites Glacier (Antarctica)

Comme je l’ai indiqué à de nombreuses reprises, la fonte du glacier Thwaites dans l’Ouest Antarctique inquiète les scientifiques et cette inquiétude est également ressentie en Corse où l’on redoute une hausse rapide du niveau de la mer dans les prochaines décennies. La sonnette d’alarme vient d’être tirée par un hydrobiologiste à l’Université de Corse, par ailleurs président du conseil scientifique du Parc naturel régional de la Corse (PNRC).

Le chercheur rappelle que le glacier Thwaites, avec 120 kilomètres de large et 600 kilomètres de long et par endroits 3 kilomètres d’épaisseur, a une superficie comparable à celle de la Floride. Il recule de 500 mètres par an en moyenne depuis deux décennies. De plus, comme je l’ai expliqué précédemment, une cavité de 10 kilomètres sur quatre vient d’être découverte par la NASA à la base du glacier suite à l’intrusion des eaux plus chaudes en provenance de l’océan. Cela correspond à 14 milliards de tonnes de glace fondue déversées dans l’océan.

Le pire scénario, serait que le glacier Thwaites se détache de son substrat rocheux et se mette à flotter. Une telle situation entraînerait une réaction en chaîne qui affecterait la totalité de l’Antarctique de l’Ouest car les systèmes glaciaires sont interconnectés. Un tel scénario provoquerait une hausse du niveau de la mer de plus de trois mètres.

Dès lors, la carte de la Corse serait à revoir et l’aménagement actuel du territoire serait remis en cause. Selon l’hydrobiologiste, les infrastructures aéroportuaires Ajaccio-Campo dell’Oro et Bastia-Poretta seraient menacées de fermeture et les pistes de la base aérienne de Solenzara seraient en partie, sous les eaux. Les dépôts pétroliers et gaziers de l’Arinella, de Lucciana, du Ricanto disparaîtraient du paysage.

Si ces prévisions pessimistes se confirmaient, le bilan serait lourd pour le secteur de la recherche aussi car la plateforme Stella Mare ainsi qu’une partie des bâtiments de l’institut d’études scientifiques de Cargèse risqueraient fort d’être submergés. Le coût des préjudices causés à l’économie locale serait considérable. Il faudrait compter environ un milliard d’euros pour les deux aéroports, 0,8 milliard pour les deux ports d’Ajaccio et Bastia, 1,2 milliard d’euros pour les stations d’épuration des eaux usées.

Selon l’hydrobiologiste, la priorité est de « limiter les émissions de gaz à effet de serre, et donc le réchauffement de la planète et la fonte des glaces ». La solution préconisée a toutefois ses limites. La plupart des climatologues s’accordent à penser que la montée des eaux est inéluctable, même en réduisant fortement nos émissions. Il faudra donc anticiper et s’adapter à ces bouleversements. Dans cette optique, le projet de recherche « Padduc Change – Puits de carbone : atout du développement durable de la Corse face au défi du changement climatique », sous l’égide de l’Université de Corse, pourrait constituer un outil efficace. Ce programme est destiné à évaluer la contribution d’écosystèmes clés présents en Corse à l’atténuation des effets du changement climatique.

Source : Corse Matin.

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As I have written many times, the melting of the Thwaites Glacier in western Antarctica worries the scientists and this concern is also felt in Corsica where one fears a rapid rise in sea level in the coming decades. The alarm bell has just been pulled by a hydrobiologist at the University of Corsica, also chairman of the scientific council of the Regional Natural Park of Corsica (PNRC).
The researcher recalls that the Thwaites Glacier, 120 kilometres wide and 600 kilometres long, and in places 3 kilometres thick, has an area comparable to that of Florida. It has retreated by 500 metres per year on average for two decades. In addition, as I explained previously, a 10-kilometre-wide cavity has just been discovered by NASA at the base of the glacier due to the intrusion of warmer waters coming from the ocean. This corresponds to 14 billion tonnes of melted ice discharged into the ocean.
The worst situation would occur if the Thwaites Glacier came off its bedrock and started floating. This would lead to a chain reaction that would affect all of West Antarctica because glacial systems are interconnected. Such a scenario would cause sea level rise of more than three metres.
Therefore, the map of Corsica would have to be reviewed and the current development of the territory would be questioned. According to the hydrobiologist, the airport infrastructures Ajaccio-Campo dell’Oro and Bastia-Poretta would be threatened with closure and the runways of Solenzara airbase would be partly underwater. The oil and gas storage areas of Arinella, Lucciana, Ricanto would disappear from the landscape.
If the pessimistic predictions were confirmed, the balance sheet would be heavy for the research sector as well because the research and service platform Stella Mare as well as a part of the buildings of the institute of scientific studies of Cargèse might become submerged. The cost to the local economy would be considerable. It would take about one billion euros for the two airports, 0.8 billion for the two ports of Ajaccio and Bastia, 1.2 billion euros for wastewater treatment plants.
According to the hydrobiologist, the priority is to « limit greenhouse gas emissions, and therefore global warming and melting ice. » The solution which has been advocated, however, has its limits. Most climatologists agree that rising water levels are inevitable, even if we reduce our emissions significantly. It will therefore be necessary to anticipate and adapt to these deep changes. With this in mind, the research project entitled « Padduc Change – Carbon sinks: an asset for sustainable development of Corsica in the face of the challenge of climate change », under the guidance of the University of Corsica, could be an effective tool. This program is intended to assess the contribution of key ecosystems present in Corsica to mitigating the effects of climate change.
Source: Corse Matin.

Glaciers de l’Ouest Antarctique (Source: NASA)