Piton de la Fournaise (Ile de la Réunion)

Le Piton de la Fournaise a cette capacité extraordinaire de prendre tout le monde – y compris l’Observatoire – à contre-pied. Alors que l’on s’attendait à une éruption qui allait se prolonger tranquillement et tomber dans l’anonymat à l’image de la précédente, le volcan en a décidé autrement. Le 6 mars, un touriste repérait une nouvelle fracture au cours d’un survol en hélicoptère, avec une ouverture estimée la veille par l’OVPF. Depuis cette date, le tremor montre une tendance à la hausse, ce qui révèle que l’alimentation de l’éruption est soutenue. Certains pensent que de nouvelles fractures sont susceptibles de s’ouvrir mais, avec  le Piton, mieux vaut éviter ce genre d’affirmation gratuite.

Au cours d’une visite du site éruptif effectuée le 8 mars, les scientifiques de l’OVPF ont eu la confirmation de l’ouverture de la fracture sur le flanc nord-ouest du piton Madoré, en amont de la bouche active depuis le 19 février. Un petit cône de projections haut d’une dizaine de mètre s’est édifié et deux coulées de faible débit restent actives côté ouest et côté Nord. La coulée principale est celle qui s’épanche côté nord et progresse vers l’est.

La fracture qui s’est ouverte le 7 mars en fin de matinée se situe à 300 mètres au sud de la bouche active du 19 février et est orientée ouest-est. Elle était très active le 8 mars au matin avec 2 fontaines de lave d’une cinquantaine de mètres de hauteur.

Les prélèvements de lave effectués montrent que les bouches éruptives du 5 mars et du 7 mars produisent des laves de compositions différentes.

Affaire à suivre. Le Piton nous réserve probablement d’autres surprises !

Source : OVPF.

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Piton de la Fournaise has the extraordinary ability to take everyone – including the Observatory – against the ground. While we expected an eruption that would continue quietly and fall into anonymity like the previous one, the volcano decided otherwise. On March 6th, a tourist spotted a new fissure during a helicopter flight, with an opening estimated the day before by OVPF. Since then, the tremor has been showing an upward trend, which indicates that the feeding of the eruption is sustained. Some think that new fissures are likely to open, but with the Piton, it is better to avoid this kind of gratuitous statement.
During a visit to the eruptive site carried out on March 8th, OVPF scientists got the confirmation of the opening of the fissure on the northwestern flank of Piton Madoré am of the active mouth since 19 February. A small cone of projections up to ten meters has been built and two low flow flows remain active west and north side. The main flow is the one that flows north side and progresses to the east.
The fracture that opened on March 7 in the late morning is 300 meters south of the active mouth of February 19 and is oriented west-east. She was very active on March 8 in the morning with two lava fountains about fifty meters high.
The lava samples taken show that the eruptive mouths of March 5 and March 7 produce lava of different compositions.
Case to follow. The Piton probably offers us other surprises!
Source: OVPF.

Ce soir, les images de la webcam du Piton Partage montrent que l’activité éruptive est très intense.

El Niño : le retour ! // El Niño is back !

D’après la NOAA, le phénomène El Niño vient de faire officiellement sa réapparition dans le Pacifique tropical. Les prévisionnistes s’attendent à ce qu’il persiste au printemps. Toutefois, en raison de la faiblesse attendue du phénomène, les impacts globaux devraient être limités.

Depuis septembre 2018, les températures de surface de la mer étaient au-dessus du seuil El Niño mais il fallait la preuve du couplage avec l’atmosphère pour que le phénomène soit officiellement reconnu.

Avec +0,6°C, le réchauffement de la surface dans la région Pacifique de Niño3.4 est actuellement juste au-dessus du seuil d’El Niño (+0,5°C). La plupart des modèles climatiques prévoient que l’anomalie de température de surface augmentera légèrement dans un proche avenir et restera au-dessus du seuil d’El Niño jusqu’au printemps.

Il est intéressant de rappeler comment se forme le phénomène El Niño. Les vents soufflant normalement d’est en ouest, cela entraîne une accumulation d’eau chaude dans le Pacifique occidental. Un affaiblissement de ces vents entraîne la couche superficielle vers l’est et potentiellement la propagation d’une onde océanique de Kelvin. Il s’agit d’une vague sous-marine qui afflue vers les côtes américaines. Les coups de vents dans la zone équatoriale exercent une pression sur la surface de la mer, agissant ainsi à la fois sur le niveau de la mer et sur la profondeur de la thermocline (La thermocline est la différence de température entre deux zones d’eau de mer contiguës, l’eau plus chaude se trouvant en surface, l’eau froide en profondeur). Ce déplacement entraîne une poussée de l’onde de Kelvin vers le bas (« downwelling Kelvin wave » en anglais) alors que l’onde se dirige vers l’est. Ainsi, il est plus difficile pour les eaux plus froides et plus profondes d’influencer la surface.

Depuis le début du mois de janvier 2019, une « downwelling Kelvin wave » a accru les anomalies sous la surface de l’océan vers le centre et l’est du Pacifique. Le phénomène sera donc intéressant à suivre au cours des prochaines semaines, car il pourrait fournir des eaux plus chaudes en surface.

Comme indiqué plus haut, les modèles de la NOAA annoncent un épisode El Niño faible. D’autres organismes comme le National Center for Environmental Prediction (NCEP) sont moins optimistes et prévoient une hausse supérieure à 1°C dans la région Niño 3.4.  .

Ce retour d’El Niño n’est pas vraiment une bonne nouvelle. Le phénomène est souvent le signe d’étés plus chauds et de faibles précipitations en Europe. Certains climatologues affirment déjà que 2019 sera l’année la plus chaude de l’histoire. Au vu des températures anormalement douces de ce mois de février en France, il se pourrait bien que de nouveaux records de chaleur soient battus. Sale temps pour les glaciers des Alpes !

Source : NOAA, global-climat.

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According to NOAA, the El Niño phenomenon has officially re-emerged in the tropical Pacific. Climatologists think it will persist in the spring. However, due to the expected weakness of the phenomenon, the overall impacts should be limited.
Since September 2018, sea surface temperatures have been above the El Niño threshold but it was necessary to prove the coupling with the atmosphere for the phenomenon to be officially recognized.
At + 0.6°C, surface warming in the Pacific region of Niño3.4 is currently just above the El Niño threshold (+ 0.5°C). Most climate models predict that the surface temperature anomaly will increase slightly in the near future and remain above the El Niño threshold until spring.
It is interesting to recall how the El Niño phenomenon is formed. Winds are normally blowing from east to west, resulting in hot water accumulation in the western Pacific. A weakening of these winds transfers the surface layer to the east and potentially causes the propagation of an ocean Kelvin wave. This is a submarine wave that is flowing to the American coast. Wind gusts in the equatorial zone exert pressure on the sea surface, thus acting on both the sea level and the depth of the thermocline (The thermocline is the temperature difference between two contiguous sea water zones, with warmer water on the surface and deep cold water). This displacement causes a downwelling Kelvin wave as the wave moves eastward. Thus, it is more difficult for colder and deeper waters to influence the surface.
Since the beginning of January 2019, a downwelling Kelvin wave has increased anomalies below the ocean surface towards the central and eastern Pacific. It will be interesting to observe the phenomenon in the coming weeks as it could provide warmer surface water.
As noted above, the NOAA models predict a weak El Niño episode. Other organizations such as the National Center for Environmental Prediction (NCEP) are less optimistic and expect an increase of more than 1°C in the Niño 3.4 region. .
The return of El Niño is not really good news. The phenomenon is often a sign of warmer summers and low rainfall in Europe. Some climate scientists are already saying that 2019 will be the hottest year ever. In view of abnormally mild temperatures this February in France, new heat records may be beaten. This is not good news for the glaciers in the Alps!
Source: NOAA, global-climat.

Localisation des différentes régions El Niño dans le Pacifique (Source : NOAA)

Prévisions des modèles pour les températures de surface de la mer dans la région Nino3.4. (Source : NCEP, NOAA)