Nouvelle éruption du Bogoslof (Alaska) // New eruption of Bogoslof Volcano (Alaska)

drapeau-francaisÇa devient de la routine! Le Bogoslof a connu un nouvel épisode éruptif le 30 décembre sur le coup de 22h30 (heure locale). L’événement qui a duré moins d’une demi-heure a été détecté grâce aux sismomètres situés sur d’autres îles à proximité du volcan et aux éclairs émis lors de l’éruption et détectés par le World Wide Lightning Location Network. Le plafond nuageux étant trop épais (plus de 9000 mètres d’altitude), le panache éruptif n’a pas pu être détecté par les satellites.

Du fait de l’imprévisibilité de la situation, la couleur de l’alerte aérienne est maintenue à Rouge.

Source: AVO.

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drapeau-anglaisIt’s becoming routine! Bogoslof went through another eruptive episode on December 30th at about 10:30 pm (local time). The event, which lasted less than half an hour, was detected by seismometers located on other islands near the volcano and by lightning emitted during the eruption and detected by the World Wide Lightning Location Network. The cloud cover being too thick (over 9,000 meters a.s.l.), the eruptive plume could not be detected by the satellites.
Because of the unpredictability of the situation, the aviation colour code is kept at Red.

Source: AVO.

Kilauea (Hawaii): 34 ans d’éruption ! // Kilauea (Hawaii): A 34-year eruption !

drapeau-francaisLe 3 janvier 2017 marquera le 34ème anniversaire du début de l’éruption de l’East Rift Zone du Kilauea, avec sa source sur le Pu’uO’o. Au cours de ces 34 années, l’East Rift Zone a connu un grand nombre de changements, avec des fontaines de lave impressionnantes alternant avec coulées pahoehoe. De nouvelles bouches se sont ouvertes, alimentant des coulées qui se sont dirigées vers l’océan avant de cesser d’avancer. Des zones habitées ont subi les assauts de la lave avant d’être reconstruites et, de nouveau, en partie détruites. 2016 n’a pas fait exception à la règle. Une nouvelle bouche s’est ouverte et a donné naissance à une coulée de lave qui est encore active aujourd’hui.
Lorsque l’année 2016 a commencé, la lave sortait de la bouche « du 27 juin » sur le flanc nord du Pu’u O’o. C’est cette même bouche qui alimentait les coulées qui ont menacé Pahoa en 2014 et au début de 2015.
En 2016, la lave a commencé à apparaître dans le petit cratère qui se trouve au sommet du Pu’u O’o, ce qui indiquait une nouvelle arrivée de magma. Cela a donné naissance à deux nouvelles émissions de lave sur les flancs nord et est du Pu’u O’o le 24 mai. La coulée «du 27 juin» au nord-est du Pu’u O’o a progressivement ralenti sa course avant de s’arrêter définitivement au cours de la semaine suivante.
La coulée née le 24 mai, baptisée « Episode 61f », avait cessé de vivre le 4 juin. Mais son homologue plus à l’Est, appelée « Episode 61g », a continué sa progression. La lave a avancé vers le sud-est, tout d’abord à une vitesse de plusieurs centaines de mètres par jour, et a atteint le sommet du Pulama pali, sur le flanc sud de Kilauea, à la fin du mois de Juin.
Une fois arrivée au pied du pali, la lave a stagné quelques jours avant de reprendre sa course vers l’océan début juillet.
La lave a progressé à travers la plaine côtière au cours des semaines suivantes et a traversé la route en terre battue (construite en 2014 lorsque les coulées menaçaient Pahoa) le 25 juillet. La « coulée 61g » a atteint l’océan en début de journée le 26 juillet et a commencé à construire deux deltas de lave, sur le site de Kamokuna.
L’entrée de lave Ouest, moins alimentée, a construit une plateforme d’environ 3 hectares avant de se tarir à la fin du mois de septembre. L’entrée Est reste active aujourd’hui et a construit un delta de plus de 10 hectares en cette fin d’année 2016.
À la veille du Nouvel An, le HVO ne voit aucun signe indiquant que l’éruption de l’East Rift Zone du Kilauea est sur le point d’évoluer de manière significative ou de s’arrêter.
Source: HVO.

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drapeau-anglaisJanuary 3rd 2017 will mark the 34th anniversary of the start of Kilauea Volcano’s East Rift Zone (Pu’u O’o) eruption.

During the past 34 years, Kilauea’s East Rift Zone has seen a dizzying array of changes. High lava fountains gave way to pahoehoe flows. Vents opened, fed flows to the ocean, and were abandoned. Neighbourhoods were buried by lava, rebuilt, and partly buried again.

This past year was no exception. A new vent opened and formed a new lava flow that is still active today.

Let’s review what happened over the past 12 months.

When 2016 began, lava was erupting from the June 27th vent on the north flank of the Pu’u O’o cone. This was the same vent that fed flows toward Pahoa in 2014 and early 2015.

As 2016 progressed, lava also began to erupt within the small crater atop Pu’u O’o, suggesting a new magma ascent. This culminated in two new breakouts on the north and east flanks of the Pu’u O’o cone on May 24th. The June 27th flow northeast of Pu’u O’o gradually stagnated and ceased over the following week.

The northern May 24 breakout, called episode 61f, was dead by June 4th. But the eastern breakout, called episode 61g, kept going. Lava advanced downslope to the southeast, initially at rates of up to several hundred yards per day, and reached the top of the Pulama pali on Kilauea’s south flank in late June.

Lava streamed down the pali and puddled at its base. By early July, the 61g flow was back on the move and headed toward the ocean.

Lava crept across the coastal plain over the following weeks and crossed the gravel emergency access road (constructed in 2014 when flows were threatening Pahoa) on July 25th. The 61g lava flow reached the ocean early the next day and began to build two lava deltas, known as the eastern and western Kamokuna ocean entries.

The western, and weaker, of the two lava deltas grew to about 6 acres before it was abandoned in late September. The eastern Kamokuna lava delta persisted, however, and by the end of 2016 was about 26 acres.

On the New Year’s Eve, HVO sees no indication that Kilauea’s East Rift Zone eruption is about to change significantly or stop.

Source: HVO.

Entree 07

Photo: C. Grandpey

Les fureurs de l’Alaska // Alaska’s fury

drapeau-francaisJ’aime l’Alaska, peut-être parce c’est le plus grand État de l’Union. J’adore les immenses espaces, la taïga et la toundra, les montagnes et leurs glaciers, les volcans qui peuvent être destructeurs. J’aime aussi la faune, avec les ours qui chassent le saumon ou les élans que l’on peut rencontrer sur des routes où les voitures se font rares. Je me sens bien quand je randonne au milieu de la Nature de l’Alaska. J’ai l’impression de me ressourcer. Mes pensées sont occupées par les histoires d’aventuriers et de chercheurs d’or que j’aimais lire quand j’étais adolescent. Comme dans tous les pays très étendus, les événements météorologiques prennent parfois des proportions incroyables, au-delà de l’entendement humain. La Nature nous rappelle que nous ne sommes pas grand-chose, de simples êtres vivants qui ont reçu la permission de passer 80 ou 90 ans sur une planète qu’ils sont en train de détruire.
Il y a quelques semaines, l’Alaska Dispatch News, le quotidien local, a fait un inventaire des événements météorologiques les plus impressionnants qui ont frappé l’Alaska au cours des dernières décennies. Voici quelques spécimens:
Il y a les mers monstrueuses. Décembre 2015 a vu l’une des tempêtes les plus effroyables jamais observées dans la mer de Béring, avec des vagues de 12 à 15 mètres de hauteur. L’un des endroits les plus durement touchés fut Adak, dans les Iles Aléoutiennes, qui a connu des vents de 195 km/h pendant toute la soirée du 12 décembre. La pression atmosphérique a chuté à 929,8 millibars au niveau d’une balise entre Adak et Shemya.
La cendre volcanique représente une autre menace. Poussé par le vent, le panache de cendre émis lors d’une éruption du Mont Redoubt a traversé Cook Inlet en décembre 1989, en plein sur la trajectoire du vol 867 de la KLM, un Boeing 747 qui se dirigeait vers l’aéroport d’Anchorage. Les quatre moteurs de l’avion se sont arrêtés et l’avion a fait une chute de plus de 3 km, jusqu’à 3900 mètres d’altitude, avant que les pilotes réussissent à redémarrer les moteurs et atterrir. Le coût des dégâts causés à l’avion s’est élevé à environ 80 millions de dollars.
Les courses de chiens de traîneaux font partie de la culture de l’Alaska et du Canada. Les deux grands événements sont la Yukon Quest et l’Iditarod. Ils vous plongent inévitablement dans l’univers si bien raconté par Jack London. La météo peut influencer les résultats de ces courses. Le classement d’au moins trois éditions de l’Iditarod a été modifié par le vent. En 2014, le leader de l’Iditarod se trouvait à 120 km de l’arrivée de cette course de 1600 km, avec plus d’une heure d’avance sur ses poursuivants. C’est alors qu’il a essuyé une tempête de vent  qui l’a fait sortir de la course. La même tempête a obligé le deuxième de la compétition à chercher un abri, ce qui a permis au troisième concurrent de mettre tout le monde d’accord et de remporter la victoire.
Il existe aussi d’innombrables récits d’alpinistes alaskiens ayant dû affronter des vents violents. L’un des plus mémorables est décrit dans un ouvrage d’Art Davidson « Minus 148 » où l’auteur raconte l’ascension du Denali – autrefois appelé McKinley – au cours de l’hiver 1967. Une violente tempête a bloqué Davidson et deux autres grimpeurs, Dave Johnston et Ray Genet, dans un col à 5.460 mètres d’altitude. Voici un extrait du livre:
…. « Le bruit infernal remplissait nos têtes. Le vent est sans pitié, me suis-je dit. Il est diabolique. Tandis que je le maudissais en silence, il devenait en fait un passe-temps. J’essayais de trouver tous les mots qui pourraient décrire sa mauvaise nature -. abominable, méchant, pervers. Je l’ai qualifié de vampire suçant notre vie jusqu’à la mort… Mais le vent ne m’entendait pas, et je savais que mes paroles ne servaient à rien, de toute façon. Le vent n’était pas malveillant. Il n’avait rien contre nous. Il n’avait pas de mauvaises intentions. C’était juste un morceau de ciel qui se déplaçait, un épisode météorologique, une zone de pression qui pénétrait dans une autre. Pourtant, il était plus satisfaisant, en quelque sorte plus réconfortant, de personnifier le vent, d’en faire quelque chose que je pouvais haïr ou respecter, une chose après laquelle je pouvais crier. J’aurais aimé être un vieux shaman eskimo, capable de voir les diables et les démons dans la tempête et de comprendre les mauvais esprits qui vivaient dans les montagnes. »

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drapeau-anglaisI love Alaska, maybe because it is the biggest state in the Union. I love the immense open spaces, the taiga and the tundra, the mountains and their glaciers, the volcanoes that may be destructive. I also love the fauna, with the bears chasing salmon or the moose you may encounter while driving along the roads where the cars are rare. I do feel well when I am walking amidst the Alaskan nature. My thoughts are then filled with the stories of adventurers and gold diggers I enjoyed reading when I was an adolescent. Besides, as in all the very large countries, the events spurred by the weather are large too, often beyond what we humans can imagine. Nature then proves us we are nothing, just beings that were given the opportunity to be alive 80 or 90 years on a planet they are destroying.

A few weeks ago, the Alaska Dispatch News, the local daily, made a list of the ten most impressive, awe-inspiring, weather events that struck Alaska in the last decades. Here are three of the most dramatic ones:

There are the monster seas. December 2015 saw one of the most intense storms ever recorded in the Bering Sea, creating monster waves of 12 – 15 metres. The hardest places hit were Adak, in the Aleutians, that had several instances of 195 km/h winds throughout the evening of December 12th.  The powerful low reached 929.8 millibars at a buoy between Adak and Shemya.

Then comes volcanic ash. Pushed by wind, the ash plume from a Mount Redoubt eruption moved across Cook Inlet in December 1989, intersecting with the flight path of KLM flight 867, a Boeing 747 headed for Anchorage’s airport. All four of the aircraft’s engines died, and the plane plunged more than 3 km to 3900 metres before pilots were able to restart the engines and land. The cost of damage to the plane was about 80 million dollars.

Sled dog races are part of the culture of Alaska and Canada. The two great events are the Yukon Quest and the Iditarod. They inevitably plunge you in the stories told by Jack London. The weather may influence the results of these races. At least three Iditarod Trail Sled Dog Races were decided by the wind. In 2014, the leader of the Iditarod was 120 km from the finish of the 1,600-kilometre race, more than an hour ahead of the other racers. Before long, he encountered a fierce windstorm that eventually knocked him from the race. The same storm forced the second-place musher to seek cover, allowing the third competitor to come from behind for victory.

There are innumerable accounts of Alaska mountaineers encountering fierce winds. One of the most memorable comes from Art Davidson’s classic book « Minus 148, » an account of the 1967 winter climb up Denali, which was then called Mount McKinley. A severe storm pinned Davidson and fellow climbers Dave Johnston and Ray Genet down in Denali Pass at 5,460 metres a.s.l. Here is an excerpt from the book:

« The infernal noise filled our heads. The wind’s vicious, I told myself. It’s diabolical. Silently cursing it became a pastime. I tried to think of all the words that described its evil nature — fiendish, wicked, malicious. I called it a vampire sucking the life out of us… But the wind didn’t hear me, and I knew my words were irrelevant anyway. The wind wasn’t malevolent; it wasn’t out to get us; it had no evil intentions at all. It was simply a chunk of sky moving about. It was a weather pattern, one pressure area moving into another. Still, it was more satisfying, somehow more comforting, to personify the wind, make it something I could hate or respect, something I could shout at. I wished I were an old Eskimo shaman, seeing devils and demons in the storm and understanding the evil spirits that lived in the mountains. »

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Le Mont Redoubt

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Le Denali

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Les chiens de traîneau

(Photos: C. Grandpey)

Bogoslof (Iles Aléoutiennes / Alaska): Nouvelle éruption et une surveillance difficile // New eruption and difficult monitoring

drapeau-francaisLa surveillance du Bogoslof est un problème pour le personnel de l’AVO car l’Observatoire ne dispose pas d’équipement de mesure sur le volcan. Les scientifiques doivent se contenter d’analyser les images satellitaires, les données provenant d’instruments sismiques et infrasoniques sur des sites proches du volcan, ainsi que les informations du réseau mondial de localisation de la foudre pour obtenir des indications fiables.
Dans un rapport publié le 28 décembre 2016, l’AVO indiquait que l’activité du Bogoslof restait élevée, avec une augmentation de la sismicité : « Ce type d’activité sismique a accompagné chacune des explosions précédentes depuis le début de l’éruption la semaine dernière. […] On ignore si cet événement a émis de la cendre. L’analyse continue des données du Réseau mondial de localisation de la foudre n’a montré aucun signe d’éclairs associés à un nuage de cendre et les capteurs d’infrasons des îles voisines n’ont pas détecté de signaux associés aux émissions de cendres. » Un problème fréquemment rencontré par l’AVO est la couverture nuageuse haute parfois de 10500 mètres qui empêche de lire les vues satellites de la zone du volcan et ne permet pas d’avoir la confirmation de la présence ou de l’absence d’un nuage de cendre.
Le 29 décembre, les données sismiques des îles voisines ont détecté une augmentation de la sismicité volcanique sur le Bogoslof à partir de 19h00 (heure locale). L’activité a progressé et évolué en un tremor continu indiquant une éventuelle éruption avec émission de cendre, comme on l’a vu avec l’événement du 21 décembre. Rien n’a encore été observé dans les données satellitaires et la foudre associée à un nuage de cendres n’a pas été détectée à l’heure actuelle.

 Dernière minute: Une éruption avec nuage de cendre a débuté à 23h45 le 29 décembre (heure locale) et continue actuellement, comme on peut le voir sur les sismomètres installés sur les île à proximité du volcan ainsi que sur les images satellites. Le nuage de cendre s’élève à une altitude de 6000 mètres. Le vent souffle du SO dans la région. La couleur de l’alerte aérienne est passée au Rouge et le niveau d’alerte du volcan a été élevé à Vigilance. 

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drapeau-anglaisMonitoring Bogoslof is quite a problem for AVO staff. The Observatory has no ground-based monitoring equipment on the volcano. They continue to monitor satellite images, data from distant seismic and infrasound instruments, and information from the Worldwide Lightning Location Network for indications of significant activity.

In a report released on 28 December 2016, AVO indicated that Bogoslof remained in a state of elevated unrest, with an increase in seismic activity. “This type of seismic activity has accompanied each of the previous explosions at Bogoslof volcano since the eruption began last week.[…] It is unknown if this event produced airborne ash. Continued analysis of data from the Worldwide Lightning Location Network showed no indication of lightning strikes associated with an ash cloud, and infrasound sensors from nearby islands did not detect signals associated with ash emissions.” A frequent problem is that regional high cloud cover up to 10,500 metres obscures satellite views of the surrounding area preventing confirmation of the presence or absence of an ash cloud.

On 29 December, seismic data from nearby islands detected an increase in volcanic seismicity from Bogoslof starting at 19:00  (local time). The activity progressed, merging into a continuous tremor sequence indicative of a possible ash-producing eruption, as was seen with the eruption on December 21st. Nothing has yet been observed in satellite data and no lightning strikes associated with an ash cloud have yet been detected.

Last minute: An ash-producing eruption started at 23:45 (local time) on December 29th and is continuing, as recorded by seismic data on nearby islands and as seen in recent satellite images. Cloud-top temperatures from satellite suggest a cloud height of around 6,000 m asl. Regional winds are from the southwest. The Aviation Colour Code has been to RED and the Alert Level to WARNING. 

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Carte publiée le 25 décembre 2016 et montrant les modifications subies par le Bogoslof suite à l’activité éruptive du mois de décembre (Source: AVO).