L’éternel débat sur la cause de la disparition des dinosaures vient de ressurgir avec les résultats d’une étude présentée le 5 décembre 2012 au congrès annuel de l’American Geophysical Union.
D’après des chercheurs de plusieurs universités, dont celle de Princeton (USA), il ne fait aucun doute que ce sont les coulées de lave des Trapps du Deccan (région volcanique pas très loin de Mumbai – anciennement Bombay) qui, en rejetant des quantités importantes de SO2 et de CO2 dans l’atmosphère, ont provoqué un réchauffement de la planète et une acidification des océans, entraînant une extinction de masse à la surface de notre planète il y a quelque 65 millions d’années.
Cette hypothèse va à l’encontre de celle de la météorite qui aurait frappé la Terre à Chicxulub (Mexique) en projetant de formidables quantités de gaz et de poussière dans l’atmosphère. Les rayons du soleil étant bloqués, le cataclysme aurait entraîné un refroidissement de l’atmosphère auquel n’aurait pas survécu la vie à la surface de notre planète. L’impact de cette météorite aurait également pu contribuer à déclencher des éruptions volcaniques, provoquer des séismes et des tsunamis.
La nouvelle étude s’appuie essentiellement sur l’analyse de sédiments récupérés lors d’un forage pétrolier effectué en 2009 au large de la côte orientale de l’Inde. Les trépans ont fait remonter des sédiments enfouis à plus de 3 km de profondeur auxquels les chercheurs ont eu l’autorisation d’avoir accès. Ces sédiments contenaient des quantités importantes de fossiles datant d’une période intermédiaire entre le Crétacé et le Tertiaire, époque où les dinosaures sont censés avoir disparu. Les sédiments portaient la trace de couches de lava qui avaient parcouru 1600 km depuis les Trapps du Deccan. Les chercheurs rappellent que les volcans cette région étaient actifs au Crétacé sur une zone de la taille de l’Europe. En étudiant les fossiles, les scientifiques se sont rendus compte que certaines espèces de plancton – Guembilitria – avaient réussi à survivre, alors que leur entourage avait péri. Ces observations confirment celles faites ailleurs dans le monde, en Egypte, Israël, Italie ou Texas, par exemple. Ils donnent l’explication suivante : quand de grosses quantités de soufre (sous forme de pluies acides) sont tombées dans l’océan pendant l’éruption des Trapps du Deccan, ce soufre s’est mêlé au calcium, rendant ce dernier inutilisable pour les créatures qui en avaient besoin pour construire leurs coquilles ou leurs squelettes. A la même époque, les traces de fossiles d’animaux et de plantes terrestres ont disparu en Inde, ce qui laisse supposer que les volcans des Trapps ont provoqué une extinction de masse à la fois sur terre et dans l’océan.
Dans une étude précédente, la même équipe scientifique avait émis des doutes sur l’hypothèse de la destruction des dinosaures par la météorite mexicaine. En effet, les sédiments contenant de l’iridium – signature chimique d’un astéroïde – apparaissent APRES l’extinction de masse, ce qui va à l’encontre de la théorie d’une extinction massive soudaine. De plus, l’impact d’une météorite n’aurait pas généré suffisamment de SO2 et de CO2 pour correspondre aux quantités trouvées dans les roches. La météorite aurait donc contribué à accentuer la disparition des espèces mais ne l’aurait pas provoqué.
L’histoire n’est bien sûr pas terminée car chaque groupe de chercheurs continuera à défendre sa propre théorie, mais c’est aussi cette rivalité qui fait avancer la science !
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(Os de dinosaures – Dinosaur National Monument (Utah / Etats Unis)
(Photo: C. Grandpey)