Hawaii : l’éruption du Kilauea en 2018 comparée à d’autres // Hawaii : the 2018 Kilauea eruption compared to others

L’éruption du Kīlauea en 2018 a eu des effets dévastateurs sur le district de Puna; elle a détruit des centaines de maisons et affecté de manière permanente la vie de milliers d’habitants. La volumineuse coulée de lave émise par le volcan a eu un impact majeur sur l’île d’Hawaii. Il est intéressant de comparer cette éruptions à d’autres qui, elles aussi, ont émis de volumineuses coulées de lave.
Des mesures effectuées par l’US Geological Survey (USGS) révèlent que le volume de lave émise lors de l’éruption de 2018 était d’environ 1,4 kilomètres cubes. L’estimation a une marge d’erreur car il est difficile de mesurer le volume de lave qui s’est déversée dans l’océan. .
S’agissant de la comparaison avec d’autres éruptions, il faut remarquer qu’il y en a relativement peu dans le monde à avoir émis plus d’un kilomètre cube de lave au cours des cent dernières années.
La plus importante à Hawaï au cours des derniers siècles a été l’éruption Pu’uO’o de 1983 qui a produit 4,4 kilomètres cubes de lave. Cependant, cette éruption a duré 35 ans contre 4 mois pour l’éruption de 2018 dans la Lower East Rift Zone. L’éruption du Pu’uO’o a détruit 215 structures, contre plus de 700 lors de l’éruption de 2018.

Photo: C. Grandpey

D’autres coulées de lave de grande ampleur se sont produites en Russie et en Islande. L’éruption du Tolbachik (Kamchatka) en 1975-1976 a duré un an et demi et a produit environ 2 kilomètres cubes de lave.

Source : KVERT

En 2014-2015, l’éruption de six mois du Bárðarbunga (Islande) a produit la coulée de lave Holuhraun, d’un volume d’environ 1,4 kilomètre cube.

Crédit photo: Iceland Review

Lors des éruptions du Tolbachik et du Bárðarbunga, les coulées de lave sont sorties des flancs du volcan et ont entraîné un affaissement au sommet lorsque la chambre magmatique s’est vidangée. C’est aussi ce qui s’est passé en 2018 sur le Kilauea. Les éruptions du Tolbachik et du Bárðarbunga se sont produites dans des zones reculées, sans destruction de zones habitées.
Une éruption sur l’île de Lanzarote (îles Canaries) de 1730 à 1736 figure également sur la liste des grands événements effusifs. Elle a produit 2 kilomètres cubes de lave et détruit de nombreux villages sur le flanc du volcan.

Photo: C. Grandpey

La récente éruption du Cumbre Vieja, à La Palma (îles Canaries) en 2021 a été impressionnante mais aucune estimation du volume de lave émise n’a été publiée jusqu’à présent. Quel que soit ce volume, la destruction a été immense, avec environ 3 000 bâtiments recouverts par la lave.

Une autre grande éruption a débuté sur le Paricutin (Mexique) en 1943, lorsqu’une fissure s’est ouverte dans un champ de maïs. Elle a continué pendant 9 ans, avec une coulée de lave d’un volume de 1,6 kilomètres cubes.

Source: Wikipedia

Cependant, aucune de ces éruptions ne saurait rivaliser avec l’éruption du Laki (Islande) en 1783. En huit mois, environ 14,7 kilomètres cubes de lave ont recouvert la région et détruit plusieurs dizaines de villages. Les gaz volcaniques ont empoisonné le bétail et détruit les récoltes, entraînant une famine majeure en Islande, avec des milliers de victimes. L’éruption a également eu un impact sur les conditions météorologiques en Europe.

Photo: C. Grandpey

Il manque peut-être d’autres coulées de lave de plus d’un kilomètre cube dans cette compilation rapide, mais il n’en reste pas moins que ce sont des événements très rares.

Source : HVO.

Un visiteur de mon blog me fait remarquer à juste raison que le volcan sous-marin au large de Mayotte a émis un volume de lave estimé par le BRGM à environ 5 kilomètres cubes!

Rappelons que la dernière très longue éruption de l’Etna (1991-1993) dans la Valle del Bove a émis, selon les estimations, entre 200 et 700 millions de m3 de lave. Toutefois, 235 millions de mètres cubes (0,23 km3) semble être le plus proche de la réalité. Ce serait la plus importante éruption en volume émis après celle de 1669 qui a atteint la ville de Catane.

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The 2018 eruption of Kīlauea volcano had devastating effects on the lower Puna District, destroying hundreds of homes and permanently affecting the lives of thousands of residents. The voluminous lava flow had a major impact on the Island of Hawaii. It is interesting to see how it compares to other lava flow eruptions on Earth in recent history.

Recent measurements by U.S. Geological Survey have come to the conclusion that the volume of lava emeitted during the earuption was about 1.4 cubic kilometers.. The estimate has a margin of error because it is difficult to measure the volume of the lava that poured into the ocean.

As far as the comparison is concerned, one should first notice that there are only a handful of lava flow eruptions worldwide in the past few hundred years that have produced more than a cubic kilometer of lava.

The largest in Hawaii in recent centuries was the 1983 Pu’uO’o eruption, which produced 4.4 cubic kilometers of lava. However, that eruption lasted 35 years compared to the 4 months of the 2018 eruption in the Lower East Rift Zone. The Pu’uO’o eruption destroyed 215 structures, compared to over 700 destroyed in the 2018 eruption.

Other large volume lava flows occurred in Russia and Iceland. The Tolbachik eruption of 1975–76, in Kamchatka lasted a year and a half and produced about 2 cubic kilometers of lava.

In 2014–15, the six-month-long eruption of Bárðarbunga in Iceland produced the Holuhraun lava flow, about 1.4 cubic kilometers in volume.

In both the Tolbachik and Bárðarbunga eruptions, the lava flows issued from the flanks of the volcano and triggered subsidence at the summit as the magma chamber drained, similar to what happened in 2018 at Kilauea. The Tolbachik and Bárðarbunga eruptions occurred in remote areas, with no significant destruction of populated areas.

An eruption in the Canary Islands, Spain, made the list as well. The Lanzarote eruption of 1730–1736 produced 2 cubic kilometers of lava and destroyed numerous villages on the flank of the volcano.

The recent eruption of Cumbre Vieja, on La Palma in the Canary Islands, in 2021 was impressive but no volume estimates for the lava flow have been released so far. Regardless of the flow volume, the destruction was immense, with about 3,000 buildings destroyed.

Another large eruption happened at Paricutin volcano, in Mexico, in 1943, when a fissure opened in a cornfield and continued erupting for 9 years, producing a lava flow with a volume of 1.6 cubic kilometers.

None of these eruptions, however, come close to the size and impact of the Laki eruption in Iceland in 1783. Over eight months about 14.7 cubic kilometers of lava covered the landscape, destroying several dozen villages. The volcanic gases poisoned livestock and destroyed crops, leading to a major famine in Iceland that killed thousands. It also affected weather in Europe.

There may be other lava flows greater than one cubic kilometer that are missed in this quick compilation , but the fact remains these are very rare events The 2018 Kīlauea lava flow was among the top lava flow eruptions on Earth in recent centuries.

Source: HVO.

A visitor to my blog reminds us tha the submarine volcano off Mayotte emitted a volume of 5 cubic kilometers of lava, according to BRGM.

Let’s bear in mind that the last very long eruption of Mt Etna (1991-1993) in Valle del Bove emitted, according to estimates, between 200 and 700 million m3 of lava. However, 235 million cubic meters (0.23 km3) seems to be the closest number to reality. It was probably the largest eruption by volume emitted after the 1669 eruption that reached the city of Catania.

Vue de l’éruption du Kilauea en 2018 (Sourc: HVO)

Nouveau minéral découvert sur le Tolbachik (Kamchatka) // Discovery of a new mineral on Tolbachik Volcano (Kamchatka)

Ce n’est pas une nouvelle fracassante pour le monde de la volcanologie, mais elle mérite d’être signalée. Des chercheurs russes ont découvert un minéral qui n’a encore jamais été mentionné dans les documents scientifiques. Baptisé pétrovite, il a été prélevé sur le volcan Tolbachik dans la péninsule du Kamtchatka.

L’histoire éruptive du Tolbachik a été marquée par deux éruptions récentes: la «Grande éruption fissurale de 1975–1976, et un deuxième événement, moins spectaculaire, en 2012–2013.

La première éruption a donné naissance à de nombreux cônes de scories où les chercheurs ont découvert des minéraux jamais vus ailleurs dans le monde. Parmi eux, la pétrovite est un sulfate minéral qui apparaît – selon le Mineralogical Magazine – sous forme d’« agrégats globulaires bleus de cristaux tabulaires, dont beaucoup contiennent des inclusions gazeuses. »

Le spécimen a été découvert en 2000 près du deuxième cône de scories édifié par l’éruption de 1975. Il a été mis de côté pour une analyse ultérieure. Cette dernière révèle aujourd’hui que le minéral bleu présente des caractéristiques moléculaires très particulières, rarement vues auparavant.

Un chercheur russe explique que l’atome de cuivre à l’intérieur de la structure cristalline de la pétrovite présente «une coordination inhabituelle et très rare de sept atomes d’oxygène. Une telle coordination n’est caractéristique que de quelques composés, ainsi que de la saranchinaite. » La saranchinaite a été identifiée il y a quelques années et a également été découverte sur le Tolbachik.

La pétrovite s’est probablement cristallisée par précipitation directe des gaz volcaniques. C’est peut-être la raison pour laquelle elle se présente sous forme de croûtes cryptocristallines bleues enveloppant une fine matière pyroclastique.

D’un point de vue chimique, la pétrovite représente un nouveau type de structure cristalline. Elle offre des similitudes avec la saranchinaite à partir de laquelle elle est peut-être produite, mais cela doit être confirmé

La structure moléculaire de la pétrovite, qui se compose d’atomes d’oxygène, de soufre de sodium et de cuivre, est de nature poreuse et montre des passages interconnectés qui permettent peut-être aux ions sodium de migrer à travers la structure. Si cette hypothèse se confirme, les chercheurs pensent que cela pourrait conduire à des applications importantes en science des matériaux. Cela pourrait en particulier permettre de nouvelles méthodes de fabrication des cathodes utilisées dans les batteries et les appareils électriques. Cependant, pour le moment, la quantité de cuivre – métal de transition – dans la structure cristalline du minéral est beaucoup trop réduite pour envisager de telles applications. Ce problème pourrait toutefois être résolu en synthétisant en laboratoire un composé ayant la même structure que la pétrovite.

Source:  Mineralogical Magazine.

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It is not a piece of news that will deeply transform the world of volcanology but it is worth mentioning. Russian researchers have reported the discovery of a mineral that had never before ben documented by scientists. Called petrovite, the new mineral was found on Tolbachik volcano in the Kamchatka Peninsula.

Tolbachik’s eruptive history was marked by two recent eruptions: the ‘Great Tolbachik Fissure Eruption’ of 1975–1976, and a second, less dramatic event, in 2012–2013.

The first eruption gave birth to numerous cinder cones in the volcanic complex where researchers discovered minerals never seen elsewhere in the world. Among them, petrovite is a sulfate mineral that appears as blue globular aggregates of tabular crystals, many holding gaseous inclusions.

The specimen was discovered in 2000 near the second cinder cone associated with the 1975 eruption, and was kept aside for later analysis which now reveals that the blue mineral exhibits peculiar molecular hallmarks only rarely seen before.

A Russian researcher explains that the copper atom in the crystal structure of petrovite has “an unusual and very rare coordination of seven oxygen atoms. Such coordination is characteristic of only a couple of compounds, as well as of saranchinaite. » Saranchinaite was identified a couple of years ago, and was also uncovered at Tolbachik.

Petrovite probably crystallised via direct precipitation from volcanic gases. This may be the reason why it takes form as blue cryptocrystalline crusts enveloping a fine pyroclastic material.

From a chemical standpoint, petrovite represents a new type of crystal structure, although one that bears similarities to saranchinaite, from which it may be produced, but this needs to be confirmed

Petrovite‘s molecular framework, which consists of oxygen atoms, sodium sulphur and copper, is effectively porous in nature, demonstrating interconnected pathways that could enable sodium ions to migrate through the structure. Due to this behaviour, the researchers think this could lead to important applications in material science, potentially enabling new ways of developing cathodes for use in batteries and electrical devices. However, for the moment, the quantity of copper – a transition metal – within the crystal structure of the mineral is far too reduced for such applications. This problem might be solved by synthesizing a compound with the same structure as petrovite in the laboratory.

Source : Mineralogical Magazine.

Echantillons de pétrovite (Source : The Minealogical Magazine)

Les diamants du Tolbachik (Kamchatka / Russie) // The diamonds of Tolbachik volcano (Kamchatka)

drapeau francaisSelon un communiqué du Ministère russe de la Science, « la lave solidifiée de l’éruption du Tolbachik [en 2012-2013] a généré un nouveau type de diamants… Selon les géologues russes, ces diamants uniques ne se sont pas formés pendant le processus de fusion magmatique, mais par la pression exercée sur les gaz volcaniques et à la suite de la cristallisation sous l’effet des décharges électriques de la foudre.  »
Les nouveaux minéraux, baptisés tout simplement « diamants du Tolbachik », ont une apparence presque identique aux diamants synthétiques, avec des tailles allant de 250 à 700 microns.
Plusieurs centaines de diamants auraient été découverts dans un petit échantillon de lave solidifiée du Tolbachik. Ils ont ensuite été analysés et identifiés par microscopie électronique et diffraction de rayons X.
Source: http://www.jewellermagazine.com/

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drapeau anglaisAccording to a statement released by the Russian Ministry of Science, “the solidified lava of the Tolbachik eruption [which occurred in 2012–13] carries within it a new and never-before-seen type of diamond … According to Russian geologists, these unique diamonds are not formed in the magmatic melt, but are created by volcanic gases under pressure and as a result of crystallisation under the influence of electrical discharges of lightning.”

The new stones, dubbed « Tolbachik diamonds », are said to be almost identical to synthetic diamonds, ranging from 250–700 microns in size.

Several hundred diamonds were reportedly discovered from a small sample of solidified lava from the Tolbachik volcano, and were subsequently analysed and identified using electron microscopy and x-ray diffraction.

Source : http://www.jewellermagazine.co

https://i0.wp.com/img.over-blog-kiwi.com/1/77/33/93/20150811/ob_1f1609_tolbachik.jpg

L’éruption du Tolbachik vue depuis l’espace le 22 décembre 2012 (Crédit photo : NASA)

L’année volcanique 2013 !

Au vu des notes publiées quotidiennement sur mon blog depuis le début de l’année 2013, plusieurs volcans méritent des félicitations pour leur bon comportement ou pour leurs efforts méritoires afin d’attirer l’attention du public même si, globalement, l’activité volcanique n’a pas atteint des sommets au cours de l’année écoulée.

Début et fin 2013, El Hierro (Iles Canaries) a rappelé par des essaims sismiques que du magma s’agitait à quelques kilomètres de profondeurs et que le risque éruptif ne saurait être écarté.

Le Stromboli (Sicile) a montré en début d’année une belle activité strombolienne qui s’est accompagnée de coulées le long de la Sciara del Fuoco. Il s’est calmé par la suite.

En Equateur, le Reventador et surtout le Tungurahua ont rappelé qu’ils pouvaient représenter une sérieuse menace pour les zones habitées sur leurs pentes ou à proximité. Le danger de coulées pyroclastiques et de lahars est présent quasiment en permanence

L’Alaska Volcano Observatory nous a appris à plusieurs reprises que le Cleveland, le Pavlof et le Veniaminof vomissaient des panaches de cendre au-dessus des Iles Aléoutiennes, avec un risque de perturbation du trafic aérien.

Au Guatemala, le Pacaya a montré une petite activité strombolienne tandis que le Fuego et le Santiaguito étaient régulièrement secoués par des explosions. La lave s’écoulait parfois sur leurs flancs, sous forme effusive pour l’un et d’avalanches pyroclastiques pour l’autre.

Toujours en Amérique Centrale, le Popocatepetl reste en alerte Jaune Phase 2 avec des émissions périodiques de cendre et quelques explosions au niveau du dôme dans le cratère.

Enfin, le San Miguel (Salvador) a connu ces derniers jours une phase explosive et rappelé qu’il faisait partie des volcans actifs de la région.

Le Sakura-jima (Japon) nous a maintenant habitués à ses violentes séquences éruptives accompagnées de volumineux panaches de cendre.

Toujours au Japon, ces dernières semaines ont vu la naissance de l’île Niijima et sa jonction avec Nishino-jima. Reste à savoir si elle saura résister aux assauts des vagues et contribuera à l’extension des eaux territoriales japonaises !

En Nouvelle Zélande, White Island a connu quelques soubresauts, mais rien de très inquiétant…jusqu’au jour où un groupe de touristes se fera surprendre par une violente explosion de boue et de cendre !

Au Kamchatka, alors que l’éruption du Tolbachik n’est plus qu’un souvenir (elle a pris fin en août), le Shiveluch et le Klyuchevskoy ont pris le relais avec de violents épisodes explosifs susceptibles de perturber le trafic aérien. La région est peu peuplée et le risque humain est donc relativement faible.

L’une des éruptions les plus significatives a commencé sur le Sinabung (Ile de Sumatra / Indonésie) au mois de septembre et a entraîné l’évacuation de près de 18 000 personnes. D’un point de vue humain, c’est l’éruption la plus sérieuse de 2013. De plus, la cendre cause de sérieux problèmes à l’économie de la région.

Même s’il a pris des vacances entre juin et Octobre, l’Etna a connu une très belle activité au Cratère Sud-Est, avec des paroxysmes à répétition. Je suis assez d’accord avec ceux qui prétendent que ce fut le volcan le plus actif – et surtout le plus spectaculaire – de l’année 2013, sans menace pour les zones habitées.

J’aurais tendance à classer le Kilauea « hors catégorie » car son éruption dure depuis janvier 1983. La lave n’entre plus dans le Pacifique depuis plusieurs semaines et les coulées qui parcourent le versant nord du Pu’u O’o ne sont pas très actives, même si elles mettent le feu à la forêt. Le lac de lave est toujours présent dans le cratère de l’Halema’uma’u.

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L’éruption du Tolbachik fin février 2013  (Crédit photo: Yuri Demyanchuk)

Sinabung-blog

L’éruption du Sinabung  (Crédit photo:  Ulet Ifansasti)

Le lien ci-dessous permet d’admirer les fontaines de lave de l’Etna le 2 décembre 2013.

http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=QMpAfrGRsL0