Virus glaciaires // Glacial viruses

Avec le réchauffement climatique et la fonte des calottes glaciaires et des glaciers, on craint que de nouveaux virus n’apparaissent et ne contaminent le monde. Plusieurs alertes ont déjà été émises. J’ai écrit sur ce blog plusieurs notes à ce sujet. L’une d’elles rappelle qu’en août 1997, des scientifiques ont découvert que le virus de la grippe espagnole était toujours actif sur des échantillons de tissus prélevés sur des corps enterrés au Svalbard lors de l’épidémie de 1918.
En 2024, des scientifiques ont exhumé plus de 1 700 virus dans les profondeurs d’un glacier de l’ouest de la Chine. La plupart de ces virus sont inconnus de la science. Avec cette découverte, publiée dans la revue Nature Geoscience, le nombre de virus anciens récupérés dans les glaciers a été multiplié par cinquante. Les virus, recueillis dans une carotte de glace de 300 mètres prélevée sur le glacier Guliya sur le Plateau Tibétain, datent de 41 000 ans et couvrent trois grandes périodes de transition climatique du froid au chaud.
Les scientifiques expliquent que les virus diffèrent considérablement entre les époques froides et chaudes. Ils ont aussi remarqué qu’une communauté distincte de virus s’est formée pendant le plus significatif de ces changements climatiques, à la fin de la dernière période glaciaire il y a environ 11 500 ans. Les chercheurs affirment que leurs observations confirment qu’il existe un lien potentiel entre les virus et le changement climatique.
Les scientifiques expliquent que le réchauffement de l’atmosphère a éliminé certains virus existants et que les changements de vents ont apporté de nouveaux virus d’aussi loin que l’Arctique et le Moyen-Orient. Les virus glaciaires ont probablement infecté d’autres microbes, avec des répercussions le long de la chaîne alimentaire. Selon les chercheurs, les virus prélevés à l’intérieur des glaciers peuvent donner des indications sur la façon dont la vie a évolué au cours des changements climatiques passés. Ils pourraient aussi permettre de clarifier, par exemple, si les forêts anciennes ou les zones humides étaient des puits ou des sources de carbone.
Bien que les chercheurs aient averti que certains virus actuellement libérés par la fonte des glaciers pourraient potentiellement infecter les humains, les auteurs de l’étude indiquent que les virus découverts dans le glacier de Guliya ne présentent aucun risque. Ils soulignent toutefois la nécessité de prélever davantage de virus de ce type avant que les glaciers ne fondent complètement pour avoir une meilleure approche de la situation.
Source  : Yale Environment 360 via Yahoo Actualités.

Sites de prélèvement de carottes de glace sur le Plateau Tibétain (Source : Nature Geoscience)

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With global warming and the melting of ice caps and glaciers, there is the fear that new viruses might appear and contaminate the world. Several alerts have already been emitted. I have written several posts on this topic. One of them reminds the public that in August 1997 scientists discovered that the Spanish Flu’ virus was still active on the tissur samples of men that had been buried in Svalbard during the 1918 epidemic.

In 2024, scientists unearthed the remnants of more than 1,700 viruses from deep inside a glacier in western China. Most of these viruses are new to science. With this discovery, published in Nature Geoscience, the number of ancient viruses recovered from glaciers has grown fiftyfold.The viruses, gathered from a 300-meter ice core taken from the Guliya Glacier on the Tibetan Plateau, date back 41,000 years and span three major shifts from cold to warm.

Scientists say the viruses differed markedly between colder and warmer eras, noting that a distinct community of viruses formed during the most dramatic of these climatic shifts, at the end of the last ice age some 11,500 years ago. The researchers say that this is indicates the potential connection between viruses and climate change.

Scientists explain that warming eliminated some resident viruses and that changing winds brought in new viruses from as far away as the Arctic and the Middle East. Glacial viruses likely infected other microbes, sending ripples up the food chain. Researchers say that viruses recovered from glaciers could shed light on how life evolved through past changes in climate and help clarify, for instance, whether ancient forests or wetlands were carbon sinks or sources.

While researchers have warned that some dormant viruses now being liberated from melting glaciers could potentially infect humans, the authors of the study say that the viruses unearthed from the Guliya glacier pose no risk. They emphasize the need to gather more such viruses before glaciers melt away.

Source : Yale Environment 360 via Yahoo News.

Réchauffement climatique : le dégel du permafrost et la menace des virus // Global warming : Permafrost thawing and the threat of viruses

Une équipe de chercheurs de Marseille a montré qu’un virus pris dans le permafrost sibérien depuis 48 500 ans pouvait encore contaminer. C’est donc une potentielle menace pour la santé publique, conséquence du réchauffement climatique. Cette découverte peu rassurante a été publiée dans la revue Viruses avant d’être relayée par CNN.

Pour arriver à cette conclusion, l’équipe de chercheurs marseillais a testé des échantillons de terre prélevés dans le pergélisol de l’Arctique sibérien, plus précisément dans la péninsule de Yamal. .

L’équipe scientifique a pu isoler 13 souches représentant 5 nouvelles familles de virus, à partir de plusieurs échantillons de terre prélevée à sept endroits différents en Sibérie. Les chercheurs les ont ensuite injectés dans des amibes et ont ainsi montré que ces souches avaient conservé leur capacité à contaminer.

Ce n’est pas la première expérience de ce type réalisée par l’équipe de chercheurs. En 2014 et 2015, ils avaient déjà « ressuscité » des virus issus du permafrost en les insérant dans des cellules. Par sécurité, les virus choisis ne pouvaient contaminer que des amibes unicellulaires et non des animaux et des humains.

Le fait que des virus en sommeil depuis la préhistoire restent infectieux des milliers d’années plus tard est un phénomène inquiétant qui pourrait constituer une menace pour la santé publique. Dans leur étude, les chercheurs indiquent que d’autres agents pathogènes totalement inconnus pourraient ressurgir du permafrost.

Comme je l’ai indiqué dans des notes précédentes, au cours de l’été 2016, une épidémie d’anthrax, ou maladie du charbon, a touché des dizaines de nomades et plus de 2.000 rennes dans la péninsule de Yamal en Russie. Un enfant a péri. L’épidémie était liée au dégel profond du permafrost après des étés exceptionnellement chauds, déclenchant la réactivation d’une bactérie contenue dans des carcasses d’animaux.

L’article paru sur le site de France 3 Alpes-Côte d’Azur.n’en fait pas état, mais l’anecdote que j’ai rapportée dans ce blog le 26 octobre 2022 fait froid dans le dos. En septembre 1918, sept jeunes pêcheurs et fermiers norvégiens embarquent à destination du Spitzberg où ils ont l’intention de se faire un peu d’argent dans les mines de charbon. A bord du bateau qui les conduit à leur destination,  ils contractent le virus de la Grippe Espagnole qui a tué plus de 20 millions de personnes au cours de cette même année. Ils décèdent au bout de quelques jours et sont enterrés en catastrophe dans le permafrost du petit cimetière de Longyearbyen.

En août 1997, en prenant moult précautions, une équipe scientifique exhume les corps et effectue des prélèvements de tissus provenant des poumons, du cerveau, des reins. Les organes sont relativement bien conservés par le froid, ce qui suppose que le terrible virus l’est lui aussi ! Les échantillons de tissus prélevés sont envoyés dans quatre laboratoires aux Etats-Unis, au Canada, en Angleterre et en Norvège. Certains virologues critiquent cette opération qui pourrait s’avérer dangereuse. Il ne faudrait pas que le virus s’échappe dans les couloirs d’un laboratoire !

Les travaux en laboratoire ont révélé que le virus responsable de la Grippe Espagnole était né de la combinaison d’une souche humaine (H1), provenant de la grippe saisonnière H1N8, en circulation entre 1900 et 1917, avec des gènes aviaires de type N1. Ainsi naquit, en 1917 ou 1918, une souche H1N1, lointain ancêtre de la variante qui fit trembler le monde en 2009, et 10.000 fois plus virulente. La première vague de Grippe Espagnole, au printemps 1918, fut assez peu meurtrière. La seconde, à l’automne suivant, à la suite d’une probable mutation, s’avéra bien plus agressive, notamment contre les jeunes adultes âgés de 25 à 29 ans.

Pour l’équipe scientifique marseillaise, il est encore impossible d’estimer combien de temps les virus découverts dans le permafrost sibérien pourraient rester infectieux une fois exposés aux conditions extérieures (lumière UV, oxygène, chaleur), et quelle est la probabilité qu’ils infectent un hôte dans cet intervalle. Toutefois, le risque est voué à augmenter dans le contexte du réchauffement climatique. Ce dernier est particulièrement perceptible dans l’Arctique où les températures moyennes augmentent plus de deux fois plus vite que dans les régions tempérées.

La hausse des températures rend ces régions du monde jusqu’ici désertiques plus accessibles à l’activité humaine et industrielle. Le pire scénario pourrait être généré par le rassemblement d’un grand nombre de travailleurs autour d’une exploitation minière à ciel ouvert. Le permafrost creusé à des centaines de mètres de profondeur pourrait alors libérer des virus très anciens, totalement inconnus, et susceptibles de contaminer les hommes.

Source : France 3 Alpes-Côte d’Azur.

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A team of researchers from Marseille has shown that a virus caught in the Siberian permafrost for 48,500 years could still contaminate. It is therefore a potential threat to public health, a consequence of global warming. This not very reassuring discovery was published in the journal Viruses before being relayed by CNN.
To reach this conclusion, the research team from Marseille tested soil samples taken from the permafrost in the Siberian Arctic, more precisely from the Yamal Peninsula. .
The scientific team was able to isolate 13 strains representing 5 new families of viruses, from several soil samples taken from seven different places in Siberia. The researchers then injected them into amoebae and thus showed that these strains had retained their ability to contaminate.
This is not the first experiment of this type carried out by the team of researchers. In 2014 and 2015, they had already « resurrected » viruses from permafrost by inserting them into cells. For safety, the chosen viruses could only contaminate unicellular amoebae and not animals and humans.
The fact that viruses dormant since prehistoric times remain infectious thousands of years later is a worrying phenomenon that could pose a threat to public health. In their study, the researchers indicate that other completely unknown pathogens could reappear from permafrost.
As I have indicated in previous posts, during the summer of 2016, an epidemic of anthrax affected dozens of nomads and more than 2,000 reindeer in the Yamal Peninsula in Russia. A child died. The outbreak was linked to the deep thawing of permafrost after unusually hot summers, triggering the reactivation of bacteria contained in animal carcasses.
The article published on the France 3 Alpes-Côte d’Azur website does not mention an anecdote that I reported in this blog on October 26th, 2022. In September 1918, seven young Norwegian fishermen and farmers set sail for Spitsbergen where they intended to make some money in the coal mines. On board the boat taking them to their destination, they contracted the Spanish Flu virus which killed more than 20 million people during that same year. They died after a few days and were buried in a disaster in the permafrost of the small cemetery of Longyearbyen.
In August 1997, taking many precautions, a scientific team exhumed the bodies and took tissue samples from the lungs, brain and kidneys. The organs were relatively well preserved by the cold, which means that the terrible virus was too! The tissue samples were sent to four laboratories in the United States, Canada, England and Norway. Some virologists criticized this operation which could prove to be dangerous. The virus should not escape into the corridors of a laboratory!
Laboratory work revealed that the virus responsible for the Spanish Flu was born from the combination of a human strain (H1), from the seasonal flu H1N8, in circulation between 1900 and 1917, with avian genes of type N1. Thus was born, in 1917 or 1918, an H1N1 strain, the distant ancestor of the variant that shook the world in 2009, and 10,000 times more virulent. The first wave of the Spanish Flu, in the spring of 1918, was not very lethal. The second, the following autumn, following a probable mutation, proved to be much more aggressive, especially against young adults aged 25 to 29.
For the Marseille scientific team, it is still impossible to estimate how long the viruses discovered in the Siberian permafrost could remain infectious once exposed to external conditions (UV light, oxygen, heat), and what is the probability that they will infect a host within this range. However, the risk is bound to increase in the context of global warming. The latter is particularly noticeable in the Arctic where average temperatures are increasing more than twice as fast as in temperate regions.
Rising temperatures are making these hitherto desert regions of the world more accessible to human and industrial activity. The worst case scenario could be generated by the gathering of a large number of workers around an open pit mining operation. The permafrost dug hundreds of meters deep could then release very old viruses, totally unknown, and likely to infect humans.
Source: France 3 Alpes-Cote d’Azur.

 

Le pergélisol dans l’Arctique

Glaciers et virus // Glaciers and viruses

Ces dernières semaines, on a pu lire dans la presse française plusieurs articles alertant sur l’apparition de nouveaux virus avec la fonte des glaciers, avec le risque de nouvelles pandémies. Il serait temps que nos journalistes se réveillent car il y a longtemps que la presse internationale alerte sur le sujet. J’ai d’ailleurs consacré plusieurs notes sur ce blog aux conséquences sanitaires de la fonte des glaciers et du dégel du permafrost dans les zones arctiques.

On peut lire sur le site web de la chaîne BFMTV que « pour l’heure, les travaux n’ont pas encore révélé combien de virus avaient été identifiés, ni combien d’entre eux sont inconnus de la science. » Il reste certes des zones d’ombre, mais la présence de virus potentiellement dangereux pour l’Homme est une quasi certitude.

Dans une note rédigée le 23 février 2021, je mettais particulièrement l’accent sur le dégel du permafrost arctique car on s’est rendu compte que des virus et autres microbes jusqu’alors congelés pourraient refaire surface.

Ainsi, le virus de la Grippe Espagnole est resté présent dans des cadavres enterrés au Svalbard en 1918. L’histoire fait froid dans le dos :

En septembre 1918, sept jeunes pêcheurs et fermiers norvégiens embarquent à destination du Spitzberg où ils ont l’intention de se faire un peu d’argent dans les mines de charbon. A bord du bateau qui les conduit à leur destination,  ils contractent le virus de la Grippe Espagnole qui a tué plus de 20 millions de personnes au cours de cette même année. Ils décèdent au bout de quelques jours et sont enterrés en catastrophe dans le petit cimetière de Longyearbyen.

En août 1997, en prenant moult précautions, une équipe scientifique exhume les corps et effectue des prélèvements de tissus provenant des poumons, du cerveau, des reins. Les organes sont relativement bien conservés, ce qui suppose que le terrible virus l’est lui aussi ! Les échantillons de tissus prélevés sont envoyés dans quatre laboratoires aux Etats-Unis, au Canada, en Angleterre et en Norvège. Certains virologues critiquent cette opération qui pourrait s’avérer dangereuse. Il ne faudrait pas que le virus s’échappe dans les couloirs d’un laboratoire !

Les travaux en laboratoire ont révélé que le virus responsable de la Grippe Espagnole était né de la combinaison d’une souche humaine (H1), provenant de la grippe saisonnière H1N8, en circulation entre 1900 et 1917, avec des gènes aviaires de type N1. Ainsi naquit, en 1917 ou 1918, une souche H1N1, lointain ancêtre de la variante qui fit trembler le monde en 2009, et 10.000 fois plus virulente. La première vague de Grippe Espagnole, au printemps 1918, fut assez peu meurtrière. La seconde, à l’automne suivant, à la suite d’une probable mutation, s’avéra bien plus agressive, notamment, contre les jeunes adultes âgés de 25 à 29 ans.

Une équipe de chercheurs américains et chinois a publié le 7 janvier 2020 une étude mettant en garde sur les conséquences du réchauffement climatique. Partis en 2015 pour forer des glaciers de l’Himalaya, ces scientifiques ont extrait deux carottes de glace qui leur ont permis de mettre au jour pas moins de 33 virus dont 5 seulement étaient connus du monde scientifique. D’après les relevés, «les microbes différaient considérablement à travers les deux carottes de glaces, représentant vraisemblablement des conditions climatiques très différentes au moment du dépôt». Car même si elles proviennent toutes les deux du plus vieux glacier de la terre, le Guliya au Tibet, les carottes ont été prélevées à deux époques différentes, en 1992 et 2005. Il a donc fallu gratter près 1,5 cm afin d’atteindre la couche de glace non contaminée par les bactéries d’aujourd’hui.

Les chercheurs expliquent que «dans le meilleur des cas, la fonte des glaces nous fera perdre des données microbiennes et virales précieuses qui pourraient nous renseigner sur les régimes climatiques passés de notre planète. […] Dans le pire des cas, le réchauffement climatique pourrait être à l’origine d’une libération de nouveaux agents pathogènes dans notre environnement».

Une telle remarque doit être prise très au sérieux. En 2016 en Sibérie, un enfant de 12 ans est mort après avoir contracté l’anthrax, également connu sous le nom de maladie du charbon. Cette maladie n’avait plus été signalée depuis 1941. Le jeune garçon aurait été contaminé après avoir mangé de la viande de renne, infectée par l’absorption de végétaux contaminés suite à la fonte du permafrost.

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In recent weeks, several articles were published in the French press alerting to the appearance of new viruses with the melting of the glaciers, with the risk of new pandemics. It is time for our journalists to wake up because the international press has been warning about this for a long time. I have also devoted several post on this blog to the health consequences of the melting of glaciers and the thawing of permafrost in the Arctic.
One can read on the BFMTV website that « for the time being, research has not yet revealed how many viruses have been identified, nor how many of them are unknown to science. » There are certainly gray areas, but the presence of virus that could be potentially dangerous to humans is almost certain.

In a note written on February 23rd, 2021, I insisted on the thawing of the Arctic permafrost because it has been shown that viruses and other microbes previously frozen could resurface.
Thus, the Spanish Flu virus remained present in corpses buried in Svalbard in 1918. The story is rather chilling :

In September 1918, seven young Norwegian fishermen and farmers embarked for Spitsbergen where they planned to make some money in the coal mines. On board the boat that took them to their destination, they contracted the Spanish fFu virus which killed more than 20 million people during the same year. They died after a few days and were hastily buried in the small cemetery of Longyearbyen.
In August 1997, taking a lot of precautions, a scientific team exhumed the bodies and took samples of tissues from the lungs, the brain and the kidneys. The organs were relatively well preserved, which means that the terrible virus was too! The tissue samples collected were sent to four laboratories in the United States, Canada, England and Norway. Some virologists criticized this operation, which could prove to be dangerous. The virus should not escape into the corridors of a laboratory!
Lab work has revealed that the virus responsible for the Spanish Flu was born from the combination of a human strain (H1), originating from the seasonal flu H1N8, circulating between 1900 and 1917, with avian genes of the N1 type. Thus was born, in 1917 or 1918, a strain H1N1, a distant ancestor of the variant which made the world tremble in 2009, and
10,000 times more virulent. The first wave of Spanish Flu, in the spring of 1918, was not very deadly. The second wave, the following autumnl, due to a probable transfer, proved to be much more aggressive, in particular, among young adults aged 25 to 29.

A team of American and Chinese researchers published on January 7th, 2020 a study warning about the consequences of global warming. While drilling the Himalayan glaciers over the past 5 years, these scientists extracted two ice cores which allowed them to uncover no less than 33 viruses of which only 5 were known to the scientific world.
According to the scientists’ reports, « the microbes differed considerably across the two ice cores, presumably representing very different climatic conditions at the time of deposition. » Indeed, even though the ice cores both come from the oldest glacier on earth, Guliya in Tibet, they were collected at two different times, in 1992 and 2005. It was therefore necessary to scrape nearly 1.5 cm in order to reach the layer of ice not contaminated by today’s bacteria.
The researchers explain that “in the best of cases, the melting of the ice will make us lose precious microbial and viral data that could tell us about the past climates of our planet. […] In the worst case, global warming could release of new pathogens into our environment. ”

Such a remark must be taken very seriously. As I mention in my conference, in 2016 in Siberia, a 12 year old boy died after contracting anthrax. This disease had not been reported since 1941. The young boy was infected after eating reindeer meat, infected by the absorption of contaminated plants following the melting of permafrost.

Glacier du Rhône dans le Valais (Photo: C. Grandpey)

1918, une année noire en Islande // 1918 : a dark year in Iceland

Le 23 janvier 2022, le petit village côtier de Bakkagerði, dans le nord-est de l’Islande, a connu des températures dignes des mois d’été. Le thermomètre a indiqué 17,6°C juste après minuit. Seize heures auparavant, vers 8 heures du matin le 22 janvier, la température le long du fjord oscillait juste en dessous de 0°C. Les températures ont également atteint des sommets tout à fait inhabituels ailleurs dans les Fjords de l’Est. Seyðisfjörður a enregistré la deuxième température la plus élevée du pays. Ce coup de chaud a été bref. Pendant environ six heures, des températures avoisinant les 15°C ont été relevées dans la région avant de chuter en dessous de 10°C dans l’après-midi. Les météorologues expliquent que ces fluctuations soudaines des températures sont typiques du changement climatique.

104 ans avant le 23 janvier 2022, on avait enregistré les températures les plus froides de l’histoire de l’Islande. L’hiver 1917-18 est connu dans le pays sous le nom de Frostaveturinn mikla, le grand hiver glacial. Au cours de ce terrible hiver, les températures ont chuté et la glace s’est formée sur la mer autour de l’Islande, paralysant des voies maritimes vitales et accentuant les pénuries de biens essentiels. Le mois de janvier 1918 fut particulièrement catastrophique. Le 21 janvier, les températures ont chuté à des niveaux jamais vus auparavant, ni depuis. Un minimum de -24,5°C a été enregistré à Reykjavík et, dans le nord-est de l’Islande, le thermomètre indiquait -36°C à Grímsstaðir et -38°C à Möðrudalur.

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L’année 1918 a également été marquée par l’arrivée de la grippe espagnole en Islande. L’épidémie a débarqué le 19 octobre 1918, avant de se propager dans le pays. Elle a coûté la vie à 540 personnes, dont plus de la moitié à Reykjavík. Les deux tiers des habitants de la ville ont été infectés; la plupart sont restés au lit pendant des jours. La pandémie a transformé Reykjavík en une ville fantôme car les entreprises ont fermé, les navires n’ont pas été chargés, les journaux n’ont pas été publiés et le bureau des télégrammes a fermé.
L’infection est arrivée en Islande par le biais de navires en provenance des Etats Unis et de Copenhague le 19 octobre. Un chalutier en provenance du Royaume-Uni a, lui aussi, apporté la maladie à Hafnarfjörður, qui était à l’époque un petit village de pêcheurs.
Un ensemble de facteurs a contribué à la propagation extrêmement rapide de l’infection à Reykjavík. La plupart des gens vivaient dans des logements exigus et mal entretenus. Reykjavík faisait face à une grave pénurie de logements à l’époque, un problème qui a persisté au cours des décennies suivantes. 1918 était aussi avant que les Islandais n’exploitent l’énergie géothermique pour le chauffage et les chutes d’eau pour produire de l’électricité. Les habitants de Reykjavík, en particulier la classe ouvrière, vivaient dans des bâtiments en bois mal construits et mal isolés. Des familles entières s’entassaient dans une ou deux petites pièces, ce qui a favorisé la propagation de la grippe.
L’infection s’est propagée rapidement, submergeant les deux hôpitaux de la ville. Les autorités ont transformé en hôpital une école maternelle du centre-ville. Les premiers décès sont survenus le 1er novembre. Les habitants ont parlé de l' »ange de la mort » qui planait au-dessus de la ville. Début décembre, près de 300 personnes étaient mortes à Reykjavík, qui ne comptait à l’époque que 15 000 habitants. Au moins 10 000 personnes auraient été infectées dans la ville.
La pandémie s’est propagée aux villages de pêcheurs de l’ouest et du sud de l’Islande. Les plus touchés ont été ceux en plein essor qui avaient connu l’expansion rapide du chalutage au cours de la première décennie du siècle. Akranes, Keflavík et Vestmannaeyjar ont été particulièrement touchés. De grandes parties du pays ont cependant été épargnées grâce à une quarantaine sévère.
Le 20 novembre, la maladie a atteint son apogée dans la capitale. La ville était à court de cercueils pour les morts qui étaient enterrés dans des fosses communes. Les célébrations de la signature du traité faisant de l’Islande une nation souveraine, ont été annulées.

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En effet, le jour même où la pandémie a atteint Reykjavík, le peuple islandais a approuvé lors d’un référendum la ratification du traité d’union avec le Danemark, un accord qui faisait de l’Islande une nation souveraine. Le roi danois restait à la tête de l’État, mais Reykjavík était désormais la capitale d’une nation nouvellement indépendante.

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Le 12 octobre 1918, le Katla est entré en éruption sous le glacier Myrdaljökull dans le sud de l’Islande. Le dimanche 13 octobre a été baptisé Dimanche Sombre à Reykjavík : le ciel était noir à cause des cendres produites par le volcan. L’éruption de 1918 se caractérise par une activité explosive avec de volumineux nuages de cendres et des glissements de terrain. Elle a provoqué une très importante crue glaciaire et produit d’énormes quantités de cendres qui se sont répandues sur 60 000 km2 autour de l’Islande. La côte sud a avancé de 5 km avec les dépôts laissés par les lahars.
Sur les 32 volcans actifs d’Islande, Katla est considéré comme l’un des plus dangereux. C’est le quatrième système volcanique le plus actif d’Islande. Il s’est manifesté au moins 21 fois depuis la colonisation de l’Islande par les Vikings au 9ème siècle.
L’éruption de 934 est considérée comme la plus grande éruption volcanique en Islande au cours des derniers millénaires. Elle a produit un champ de lave qui couvre environ 800 kilomètres carrés, 18 à 20 kilomètres cubes de lave et 5 à 7 kilomètres cubes de tephra et de cendres. L’impact de l’éruption sur le climat de la planète a été catastrophique, avec de mauvaises récoltes et la famine en Europe. Les températures dans tout l’hémisphère nord ont chuté, provoquant le gel des rivières jusqu’à l’Iran actuel.
Source : médias d’information islandais et internationaux.

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On January 23rd, 2022, the remote seaside village of Bakkagerði in Northeast Iceland experienced temperatures that would be notable in the summer months. A high of 17.6°C was recorded in the village just after midnight. Only sixteen hours before, around 8:00 am on January 22nd, temperatures along the fjord had hovered just below 0°C. Temperatures also reached unusual highs elsewhere in the East Fjords. Seyðisfjörður had the second highest temperature in the country. The heatwave only lasted briefly. For about six hours, temperatures of around 15°C were measured in the region before falling to under 10°C in the afternoon. Meteorologists say that these sudden fluctuations in temperatures are typical of climate change.

January 23rd 2022 also marked 104 years since the coldest temperatures ever recorded in Iceland. The winter of 1917-18 is known in Iceland as Frostaveturinn mikla, the Great Frost Winter. During this terrible winter, temperatures plummeted and sea ice formed around Iceland, closing off vital shipping routes and exacerbating existing shortages of vital goods. The month of January 1918 was particularly devastating, and on January 21st, temperatures plummeted lower than they ever had or have done since. A low of -24.5°C was recorded in Reykjavík, and, in Northeast Iceland, -36°C at Grímsstaðir and -38°C at Möðrudalur.

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On October 19th, 1918 the Spanish Flu spread to Iceland. The pandemic claimed the lives of as many as 540 people, more than half in Reykjavík. Two thirds of the townsfolk caught the infection, most becoming bedridden for days. The pandemic turned Reykjavík into a ghost town as businesses shut down, ships were not loaded, newspapers were not published and the telegram office closed.

The infection arrived in Iceland on three separate vessels all of which arrived in harbour on October 19th. The ships were coming from the U.S. and from Copenhagen. A trawler arriving from the UK brought the disease to Hafnarfjörður, which was a small fishing village at the time.

A combination of factors contributed to the extremely rapid spread of the infection in Reykjavík. Most people lived in extremely cramped and poor conditions. Reykjavík was facing an intense housing shortage at the time, a problem which persisted throughout the coming decades. This was also before Icelanders had harnessed geothermal energy for central heating or the waterfalls to produce electricity. The inhabitants of Reykjavík, especially the working class, lived in poorly constructed and poorly insulated wooden buildings, entire families packed into one or two small rooms.

The infection spread rapidly, overwhelming the two private hospitals in town. The authorities converted the downtown children’s school into a hospital. The first deaths came on November 1st. Locals talked about the Angel of Death having swept over the town. By early December nearly 300 people had died in Reykjavík, which had a population of just 15,000 people at the time.

At least 10,000 are believed to have been infected in Reykjavík, paralyzing the town.
The pandemic spread to fishing towns and villages in West and South Iceland. Worst hit were the boomtowns which had seen the rapid expansion of trawling in the first decade of the century. Akranes, Keflavík and Vestmannaeyjar were particularly hard hit. Large parts of the country were spared, however, thanks to an aggressive quarantine.
By November 20th the disease had peaked in the capital. The town had run out of coffins for the dead who were being buried in mass graves. Celebrations which had been planned on December 1st, when the newly signed Union Treaty went into effect, making Iceland a sovereign nation, were canceled or scaled down.

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On the very same day as the pandemic reached Reykjavík the Icelandic people approved in a referendum to ratify the Union Treaty with Denmark, an agreement which made Iceland a sovereign nation. The Danish King would still be the head of state, but Reykjavík now became the capital of a newly independent nation.

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On October 12th, 1918 the volcano Katla erupted beneath Myrdaljökull in South Iceland. Sunday October 13th was called Dark Sunday in Reykjavík: The sky was dark from ash produced by the volcano. The 1918 eruption was characterized by explosive activity that produced voluminous ash clouds and landslides.It caused a massive glacial outburst flood and produced huge amounts of ash that spread over 60.000 km2 around Iceland. The Southern coast was extended by 5 km by the laharic flood deposits.

Out of the 32 active volcanoes in Iceland, Katla is considered to be one of the most dangerous. It is the fourth most active volcanic system in Iceland, having erupted at least 21 times since the Viking settlement of Iceland in the 9th century.

The 934 eruption is believed to be the largest volcanic eruption to take place in Iceland in the past millennia. It produced a lava field which covers approximately 800 square kilometers, 18-20 cubic kilometers of lava and 5-7 cubic kilometers of tephra and ash. The impact of the eruption on global weather systems was catastrophic, causing crop failures and hunger in Europe. Temperatures all over the Northern Hemisphere dropped, causing rivers as far as present day Iran to have frozen over.

Source: Icelandic and international news media.

Eruption du Katla en 1918 (Photo: Katjarn Gudmundsson)

Vue du Katla aujourd’hui (Photo: C. Grandpey)