Réchauffement climatique : la fin des hôtels « pieds dans l’eau » ?

En passant à une centaine de kilomètres au nord de l’île, le cyclone tropical Intense Freddy a épargné La Réunion où seules quelques grosses déferlantes ont frappé le littoral du nord. L’île Maurice voisine a été davantage impactée avec une forte houle et des vagues qui ont atterri dans les parasols des hôtels « pieds dans l’eau ». Aujourd’hui, avec le réchauffement climatique et la hausse du niveau des océans – qui n’en est qu’à ses débuts – cette dernière expression pose problème. De nombreuses zones littorales en métropole et à l’outre-mer vont devoir prendre rapidement des mesures si elles ne veulent pas être inondées. Les conséquences du cyclone Freddy à l’île Maurice illustrent la fragilité du littoral et la nécessité de réfléchir à l’avenir de ces établissements « pieds dans l’eau » si on veut préserver l’économie touristique.

La montée des eaux devient un sujet de préoccupation pour l’île Maurice où la côte est moins accidentée qu’à La Réunion. Les plages y sont plus étendues et de nombreuses infrastructures hôtelières ont les pieds dans l’eau. Ces atouts indéniables deviennent aujourd’hui le talon d’Achille de l’île.

L’Association des hôteliers et restaurateurs de l’île Maurice n’a pas encore dressé le bilan des dégâts causés par le cyclone, mais plusieurs établissements ont décrit leur propre situation. En certains endroits, une partie de la plage a été endommagée par les fortes marées. Certes, la partie de plage endommagée sera remise sur pied, mais pour combien de temps ?

L’île Maurice dont l’économie dépend en grande partie du tourisme va devoir s’adapter. Les structures hôtelières seront obligées de renoncer à s’installer avec les pieds dans l’eau. Le réchauffement climatique va générer des cyclones et des dépressions potentiellement plus puissants. Les houles cycloniques passées ont déjà abîmé le littoral. Les futures déferlantes risquent d’emporter carrément les plages.

Des spécialistes des questions environnementales et géologiques de l’île Maurice ont été invités à débattre de cette question. Selon eux, « l’aménagement des zones côtières est à revoir et l’évacuation des zones actuellement habitables sur la côte deviendra un sujet important à l’avenir ».

Source : Réunion la 1ère.

Comme je l’ai écrit précédemment, ce n’est pas à la belle saison quand le soleil brille, que la mer est étale et que les coefficients de marée sont faibles que le problème est apparent. Le danger se fait jour au moment des tempêtes de grandes marées, accompagnées d’une forte houle. Ce ne sont plus seulement les pieds qui sont dans l’eau. Les enrochements disposés ici et là le long des côtes ne pèsent pas lourd face à la force des vagues. Il suffit de regarder où sont arrivés certains blockhaus datant de la Seconde Guerre Mondiale…

Photo: C. Grandpey

Bella et l’érosion de la côte atlantique

La tempête Bella a soufflé sur les départements de la Gironde et des Landes le 28 décembre 2020. Le département des Landes avait été placé en vigilance orange pour vagues et submersion. Quand la mer se déchaîne, le spectacle est impressionnant et attire de nombreux curieux. Si la plupart se tiennent en sécurité sans des lieux élevés, des imbéciles n’hésitent pas à s’approcher des déferlantes, parfois au péril de leur vie, avec mise en danger des sauveteurs qui viendront leur porter secours en aide en cas de problème.

La tempête Bella fait partie de ces tempêtes hivernales qui font reculer le trait de côte. Heureusement, les coefficients de marée étaient relativement faibles (65 – 69) au plus fort de l’événement météo. Ils seront plus élevés, autour de 80 pour le Jour de l’An.

Les autorités et les habitants de la côte redoutent ces tempêtes car les assauts des vagues causent de graves dégâts au littoral et menacent de plus en plus souvent certaines zones habitées.

On connaît l’histoire de l’immeuble « Le Signal » qui a dû être évacué et va être détruit à Soulac-sur-Mar en Gironde. A Lacanau (Gironde), des enrochements sont censés freiner l’ardeur des vagues, mais quand on voit leur violence avec un faible coefficient de marée, on se dit que ces gros blocs ne pèseront pas lourd en cas de tempêtes avec un fort coefficient. L’océan gagne environ deux mètres sur la terre chaque année. La ville balnéaire réfléchit à déplacer 1 200 logements et 120 commerces du front de mer à l’intérieur des terres après 2050.

La situation ne vaut guère mieux à Biscarosse (Landes) où la maire a pris trois arrêtés municipaux « portant injonction d’évacuation en raison d’un péril grave présenté par un risque naturel » le 28 décembre 2020. Ces trois arrêtés concernaient le Grand Hôtel de la Plage et les célèbres « maisons jumelles », des emblèmes de Biscarrosse-Plage, situés en front de mer. La première magistrate de Biscarrosse a expliqué qu’il s’agissait de l’application du principe de précaution avec des »arrêtés municipaux préventifs » pour éviter de faire courir des risques aux occupants des bâtiments concernés. La décision a été prise en raison de l’amplification du phénomène d’érosion engendré par la tempête Bella. La police municipale s’est rendue dans les bâtiments concernés par ces arrêtés portant injonction d’évacuation pour informer les propriétaires ou/et occupants. A noter que Le Grand Hôtel de la Plage n’accueille pas de clients en ce moment en raison de la crise sanitaire.

Voici une petite vidéo montrant la tempête Bella à Lacanau :

https://youtu.be/WRCvJP7uXuY

Enrochements à Lacanau (Photo : C. Grandpey)

Lacanau (Gironde) sous la menace de l’Océan Atlantique

Il y a quelques jours, je me trouvais à Lacanau, superbe station balnéaire du littoral aquitain, bien connue des surfeurs. Le problème, c’est que la ville est sous la menace des vagues qui, au cours des tempêtes et des grandes marées viennent saper le littoral et le font reculer dangereusement. Lacanau est l’exemple parfait de la conséquence de la hausse des océans sous l’effet du réchauffement climatique. Beaucoup de scientifiques affirment que la ville est en sursis et recommandent sa relocalisation, au moins partielle, vers l’intérieur des terres.

Quand on se promène sur la magnifique plage de la station et que l’on regarde vers l’intérieur des terres, on comprend vite l’ampleur du problème (voir photos ci-dessous). Les enrochements installés le long de la promenade de bord de mer ne sont qu’une solution provisoire et il est fort à parier que les structures construites juste au-dessus ne tiendront pas le coup pendant des décennies.

En réalité, Lacanau n’est qu’un exemple car c’est tout le littoral aquitain qui est menacé par la montée des eaux. Les dunes érigées artificiellement s’érodent petit à petit, inexorablement grignotées par les vagues et ravinée par les tempêtes. Les médias montrent régulièrement l’immeuble Le Signal, à Soulac-sur-Mer qui est un symbole de cette lutte perdue d’avance de la terre contre la mer. Edifié  en 1967 à 200 mètres du trait de côte, autrement dit la limite que les eaux pouvaient atteindre, l’immeuble a été évacué en 2014. Aujourd’hui, il n’est plus qu’à 9 mètres de la mer. Malheureusement, ce n’est pas le seul endroit. A une dizaine de kilomètres de Soulac, il existe des falaises où les racines des arbres ont lâché prise et les arbres sont tombés dans la mer.

Pour faire face à l’érosion à Lacanau, les pouvoirs publics ont engagé une réflexion sur la relocalisation de 1200  logements et commerces vers l’intérieur des terres. Certaines études ont déjà apporté un commencement de réponse peu optimiste aux questions que se posent les autorités locales et les propriétaires des habitations menacées. Selon un rapport de l’Observatoire de la Côte aquitaine (OCA) réalisé en décembre 2016, l’océan avancerait sur le continent de 2,5 mètres par an en Gironde, et de 1,70 mètre dans les Landes […] En cas de grosse tempête, le recul serait de l’ordre de 20 mètres d’un seul coup ».

Un peu plus au sud, dans le secteur d’Hossegor (Landes), le propriétaire d’un hôtel s’inquiète de voir la mer envahir la terrasse devant son hôtel pendant les tempêtes et les marées de fort coefficient. Il m’a montré un blockhaus qui est arrivé dans la mer alors qu’il y a quelques années il se trouvait encore sur la terre ferme. Ce blockhaus appartient à une longue série ayant subi le même sort sur la côte atlantique.

Selon le rapport de l’OCA, « à l’horizon 2025, la superficie du littoral exposé à l’aléa d’érosion sur la côte sableuse s’élève à 10,9 km², soit près de 991 terrains de football. En 2050, 20,6 km² de littoral sableux seraient concernés, soit l’équivalent de 1873 terrains de football. »

Combien de temps tiendra la digue longue d’un kilomètre qui protège encore Lacanau? C’est la question que se posent les habitants de la ville et d’autres communes du littoral français.

Source : France 3, BFMTV et presse locale.

Photos: C. Grandpey

 

Ambae (Vanuatu): Le transfert vers Maewo approche // The relocation to Maewo is coming nearer

Le Conseil des Ministres (CdM) du Vanuatu a décidé que Maewo sera le nouveau lieu de vie pour les habitants d’Ambae. La relocalisation débutera le 1er juin et se terminera le 30 juillet 2018.
L’évacuation ne sera pas obligatoire, mais le gouvernement facilitera le déménagement des personnes d’Ambae qui accepteront de déménager pendant la période de deux mois.
La CdM a décidé qu’il ne serait pas fait obstacle aux personnes d’Ambae qui ont décidé d’aller vivre ailleurs qu’à Maewo mais ce sera à leurs frais.
Une aide alimentaire sera apportée pendant six mois maximum à la population d’Ambae une fois arrivée à Maewo. Ce soutien prendra ensuite fin car les cultures vivrières qui ont été plantées le premier jour de l’évacuation seront prêtes à être récoltées.
Le CdM a également décidé que le siège provincial de Penama sera transféré sur l’île de Pentecôte ou à Maewo. La construction de nouvelles installations gouvernementales et l’extension des services gouvernementaux à Maewo (y compris les écoles et les centres de santé) permettront d’accueillir les personnes déplacées d’Ambae.
Sur Maewo, entre 19 et 23 villages – 13 dans le nord et 10 dans le sud – sont prêts à prendre en charge 3 000 personnes de manière temporaire avant leur transfert vers des sites définitifs. Les gens seront temporairement hébergés par les habitants des villages pendant que le gouvernement préparera les quatre sites identifiés pour des installations permanentes. Immédiatement après l’installation des habitants d’Ambae dans leurs villages d’accueil, les habitants de ces villages les aideront à cultiver dans les jardins pour leur permettre de vivre en attendant la préparation des sites d’installation définitifs.
La superficie totale des quatre sites proposés pour l’installation permanente des habitants d’Ambae est estimée à plus de 1000 hectares.
Source: Vanuatu Daily Post.

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The Vanuatu Council of Ministers (CoM) has decided that Maewo will be the second home for the people of Ambae. The relocation will start on June 1st and will end by July 30th 2018.

There will be no compulsory evacuation out of Ambae but Government will facilitate movement of people of Ambae who are willing to relocate within the two months period.

The CoM decided too that there will be no restriction on people of Ambae who are making their own arrangements to live elsewhere other than Maewo but it will be at their own costs.

Food support will be provided to the displaced population of Ambae on Maewo for a maximum of six months before withdrawing its support in terms of food support as food crops which have been planted on day one of evacuation are now ready for harvest.

The CoM decided too that Penama Provincial Headquarter is to be relocated to either Pentecost or Maewo. Construction of new Government facilities and expansion of Government services on Maewo including Schools and Health Centres will be done to accommodate the displaced population from Ambae.

On Maewo, 19 to 23 villages – 13 in the North and 10 in the South areas – are ready to take over 3,000 people from Ambae on temporary relocation before transfer to permanent locations. The people will be temporarily hosted by the people in the villages while government prepares the four sites identified for permanent locations. Immediately after the people from Ambae settle into their host villages, communities of the villages will help them plant gardens of crops for them to live on while awaiting preparation of the permanent settlement sites.

The total land area from the four sites offered for permanent settlement of the people of Ambae is believed to be over 1,000 hectares.

Source: Vanuatu Daily Post.

Source: Google Maps