Un nouveau téléphérique sur le glacier de la Girose (Hautes-Alpes)?

La semaine dernière, au moment où je me trouvais à La Grave (Hautes-Alpes), petit village au pied de la Meije, sur le route du col du Lautaret, toutes les conversations tournaient autour du projet d’extension du téléphérique. L’idée divise les habitants; pour certains, l’aménagement est nécessaire, mais pour d’autres, ce serait une perte d’identité du village avec la crainte de voir la mise en place d’une jonction avec les stations de l’Alpe d’Huez et des Deux Alpes.

Depuis 40 ans, le téléphérique de La Grave ouvre à tous l’expérience de la montagne à 3 200 mètres d’altitude. L’exploitant de la station veut remplacer le vieux téléski par un troisième tronçon de téléphérique accessible aux piétons et qui offrirait au public une vue imprenable sur le glacier de la Girose. Au village, certains habitants craignent que ce projet en cache un autre qui fait régulièrement surface : le projet « Grand Oisans » qui prévoit une liaison entre les stations de La Grave, l’Alpe d’Huez et les Deux Alpes, en Isère.

A La Grave, le collectif d’habitants, opposé à la construction d’un troisième tronçon du téléphérique, vient de financer une étude qui met en doute la viabilité économique de l’extension. Face à ce super-projet de liaison, les membres du collectif craignent de voir leur station dissoute dans un vaste ensemble touristique qui effacerait son identité.

Les partisans du 3ème tronçon de téléphérique font valoir son côté positif pour l’environnement. Le remplacement du téléski actuel – propulsé par une motrice fonctionnant au fioul – par un téléporté qui sera alimenté en électricité, permettra de diviser par cinq l’énergie finale consommée. Avec cette opération, dans 15 ans, on émettra moins de gaz à effet de serre, construction comprise, que si on continue à exploiter le téléski en l’état. A La Grave, tout le monde reconnaît que l’ancien téléski doit être retiré du site, mais c’est l’avenir de cet aménagement qui alimente le débat.

Comme je l’ai fait remarquer aux habitants de La Grave avec lesquels j’ai abordé le sujet du téléphérique, personne ne parle de la fonte du glacier de la Girose et, plus globalement, de ceux du massif des Ecrins. L’expression « réchauffement climatique  » est tabou en montagne. Au train où vont les choses, il n’est pourtant pas certain que le spectacle proposé par le glacier de la Girose dans 10 ans sera aussi beau qu’aujourd’hui. Le glacier existera-t-il encore? Et puis, comment sera l’enneigement? Au cours de l’hiver 2021-2022, il y a eu une bonne chute de neige en novembre qui a été balayée par la pluie dans les semaines suivantes. Une nouvelle chute de neige a eu lieu en mars, mais très insuffisante pour sauver la saison de ski. Apparemment, personne n’a évoqué – et ne veut évoquer! – l’impact du réchauffement climatique sur le projet…. Ça s’appelle la politique de l’autruche…

Glacier de la Girose et site du projet de téléphérique (Photo: C. Grandpey)

Mer de Glace : la transformation du Montenvers

Aujourd’hui pour atteindre la Mer de Glace, il faut prendre le Train du Montenvers qui permet d’accéder à une plate-forme dominant le glacier. Ceux qui, comme moi, ont découvert la Mer de Glace en 1956 se rendent tout de suite compte du recul et de l’abaissement phénoménal du glacier depuis cette époque. En 1956, on entrait directement dans le vif du sujet car la surface du glacier était pratiquement au niveau du quai d’arrivée du train.
Aujourd’hui, pour aller visiter la grotte qui est toujours creusée dans la Mer de Glace, il faut tout d’abord emprunter une télécabine, puis descendre les quelque 580 marches d’un escalier métallique. Il est intéressant de regarder la paroi rocheuse le long de l’escalier où des panneaux indiquent le niveau du glacier au cours des ans. La dégringolade se passe de commentaires. Le réchauffement climatique est devant nos yeux!

En 2025, télécabine et escalier auront disparu. La nouvelle société gestionnaire du site prévoit quatre années de travaux de grande ampleur, débutés au printemps 2022, d’un coût de 53 million d’euros, qui suscitent une polémique car tout le monde n’est pas d’accord avec le bétonnage de la montagne.

L’érosion de la fréquentation de la Mer de Glace a suivi celle du glacier au cours des dernières années. Elle est passée en une décennie de 450 0000 visiteurs par an à 350 000. La Mer de Glace a reculé de plus de 2,5 kilomètres depuis 1850 et a perdu plus de 100 mètres d’épaisseur ces trente dernières années, dont 3,50 mètres au cours du seul mois de juin 2022 !
Si la glace fond, les gestionnaires expliquent qu’à 1913 mètres d’altitude, « le Montenvers reste un site naturel et patrimonial unique, permettant à un public non-averti de s’approcher au plus près de la haute montagne, grâce à sa desserte ferroviaire. » Pour le maire de Chamonix, « le futur Montenvers est le symbole du tourisme que la vallée veut promouvoir à l’avenir : respectueux de l’environnement, sobre sur le plan énergétique et foncier, offrant une grande qualité architecturale. ».

Concrètement, dès 2023, le nouveau Montenvers proposera une nouvelle télécabine qui empruntera un tracé différent de l’actuelle et remontera la Mer de Glace sur 580 mètres. Sa gare de départ, volontairement minimaliste pour une meilleure intégration architecturale, sera située sous la nouvelle terrasse panoramique, aménagée à la place du restaurant. La gare d’arrivée prendra place au niveau de l’éperon des Échelets, où une grotte très épurée sera taillée dans la glace.

Le PDG de la Compagnie du Mont Blanc précise que « quand il n’y aura plus de glace – ce qui se produira forcément avec le réchauffement climatique – la télécabine permettra de rapprocher les randonneurs des grands itinéraires du massif.»

L’autre attraction du Montenvers en 2025 sera le centre d’interprétation du climat et des glaciers, le Glaciorium. Il proposera sur 800 m² une expérience immersive autour des glaciers, de leur histoire et des mutations climatiques. Cet espace pédagogique sera avant tout ludique; il contribuera à la prise de conscience de la fragilité des espaces naturels et de la nécessité de les préserver. Accompagnée d’une musique pompeuse, la présentation de ce Glaciorium m’a vraiment laissé sur ma faim.

Il faudra débourser 50 euros (!) pour profiter de l’ensemble de l’offre en haute saison (16,50 € pour la seule entrée au Glaciorium, 34€ l’aller-retour en train). Selon les gestionnaires du site, cela permettra d’éviter la surfréquentation du site et sa banalisation.

Une chose est certaine : on ne m’y verra pas!

Le nouveau Montenvers n’est donc plus vraiment une approche de la Mer de Glace en tant que glacier. Comme écrit plus haut, il s’agit davantage d’une approche globale et pédagogique de la haute montagne. On a vraiment l’impression que les concepteurs du site ont essayé de sauver les meubles suite à la disparition annoncée du glacier. Comme l’Aiguille du Midi, la Mer de Glace a été jusqu’à présent une manne financière pour Chamonix et sa région. La poule aux oeufs d’or n’est plus aussi gaillarde!

 

Vue d’artiste du nouveau site du Montenvers (Source: Compagnie du Mont Blanc)

 

La Mer de Glace aujourd’hui. On aperçoit à droite le chantier de restructuration du Montenvers (Image webcam)

Voyage au centre de la Terre // Journey to the centre of the Earth

Comme je l’ai souvent écrit sur ce blog, nous connaissons plein de détails sur la surface d’autres planètes comme Mars, Jupiter ou Vénus, mais nous ne savons que très peu de choses sur le fond de nos océans, et encore moins sur la structure interne de notre propre planète. En particulier, nous n’avons jamais observé le magma sous la surface de la Terre. Un projet sur le point de débuter en Islande pourrait contribuer à améliorer nos connaissances dans ce domaine.
Le site choisi pour ce projet est Víti, un petit cratère avec un lac à l’intérieur, dans la caldeira de 10 kilomètres du volcan Krafla, dans le nord-est de l’Islande.
En 2009, un forage dont le but était de faire remonter de l’eau chaude pour l’énergie géothermique dans cette région de l’Islande a accidentellement percé une chambre magmatique dont personne ne soupçonnait l’existence. L’incident a provoqué l’émission d’un puissant panache de vapeur et d’éclats de verre volcanique. Le forage a créé le puits géothermique le plus chaud de tous les temps, jusqu’au jour où le tubage s’est brisé. Les échantillons de verre volcanique collectés ont laissé supposer que le magma était non seulement liquide, mais aussi qu’il circulait. Mais peu de choses ont été révélées sur la taille de la chambre magmatique ou sur sa durée d’existence.
Avec le nouveau projet, les chercheurs vont utiliser un équipement plus robuste et créer le seul pôle d’observation du magma dans le monde. Les résultats obtenus pourraient expliquer comment le magma se déplace à travers la croûte, mais aussi améliorer la prévision éruptive. Ils pourraient également apporter une lumière sur la formation et la croissance des continents.
Le projet baptisé Krafla Magma Testbed (KMT) est financé par l’International Continental Scientific Drilling Program. Avec ce soutien, ainsi que plusieurs millions de dollars de financement d’organismes islandais et d’autres agences scientifiques européennes, le projet vient d’entrer dans sa phase de préparation.. Le premier forage, d’un coût de 25 millions de dollars, pourrait commencer dès 2023.
Comme ils n’ont pas la possibilité d’étudier directement le magma dans les profondeurs de la Terre, les volcanologues s’appuient sur les mesures de surface des sismomètres, des capteurs GPS et des satellites radar pour essayer de deviner ses mouvements. Ils peuvent examiner d’anciennes chambres magmatiques solidifiées, mais ces restes géologiques ne fournissent pas suffisamment d’éléments. Ils peuvent étudier la lave à la surface, mais les échantillons qu’ils collectent ont perdu la plupart des gaz qui provoquent les éruptions et dont dépendent la température, la pression et la composition d’origine du magma. Les cristaux, les inclusions et les bulles dans la lave durcie contiennent toutefois des indices sur son état d’origine. Un échantillon de la chambre magmatique du Krafla indiquera aux chercheurs si ces estimations sont vraiment fiables. Obtenir un tel échantillon révélera également la vraie nature de la chambre magmatique.
Le projet KMT pourrait permettre de répondre aux questions de base sur la matière première de la croûte continentale. Les fonds marins dans le monde et une grande partie de l’Islande prennent forme à partir de magma basaltique, c’est à dire à peu près la même substance qui existe dans le manteau. Mais les roches granitiques des continents se forment à partir d’un magma rhyolitique riche en silice qui se trouve probablement sous le site du projet KMT. Personne n’est sûr de l’origine du magma qui forme les continents ; on pense que le magma basaltique altéré par l’eau de mer est soumis à une nouvelle fusion et finit par être émis par les volcans sous forme de rhyolite. Des échantillons de rhyolite provenant d’Islande – où le basalte est majoritaire – pourraient fournir une fenêtre sur le fonctionnement de ce processus dans le monde.
Un but du projet KMT est de collecter plusieurs échantillons au fil du temps et d’intégrer des capteurs dans et à proximité du magma pour mesurer la chaleur, la pression et même la chimie malgré des températures supérieures à 1000°C. Les partenaires de forage de KMT testent des techniques qui pourraient permettre au revêtement en acier du puits de se dilater et de se contracter en cas de chaleur extrême. D’autres partenaires développent une électronique innovante pour résister à la chaleur et à la pression. Une telle technologie pourrait un jour être utilisée sur Vénus.
Ces innovations technologiques pourraient également profiter aux nombreuses entreprises islandaises qui s’investissent dans l’énergie géothermique. Se rapprocher d’une poche magmatique pourrait augmenter considérablement le potentiel énergétique des puits individuels, comme on a pu le voir avec le puits foré 2009 qui, à lui seul, aurait pu alimenter une petite ville.
Il est probable que les grandes quantités d’eau injectées dans le puits pour refroidir et lubrifier la foreuse perturberont un peu le système volcanique, et les géophysiciens surveilleront de près l’évolution du forage. Il ne faudrait pas que l’entreprise déclenche une éruption!

Les changements dans la vitesse des ondes sismiques après le forage pourraient donner des indications sur l’étendue du magma. L’observation de ces changements subtils pourrait également aider à prévoir les futures éruptions rhyolitiques. Bien que les scientifiques aient progressé dans la détection des signes avant-coureurs d’une éruption volcanique, il reste beaucoup à faire car les fausses alertes sont nombreuses.
Source : Adapté d’un article publié sur le site Science.org.

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As I often wrote on this blog, we know details about the surface of other planets like Mars, Jupiter or Venus, but we know very little about the bottom of our oceans or about the inner structure of our own planet. In particular, we have never observed magma below the Earth’s surface.A project about to start in Iceland might help to improve our knowledge in that field.

The site of the research is the Víti crater, a small craterfilled with a lake within Krafla volcano’s 10-kilometre caldera.

In 2009, drillers trying to tap hot water for geothermal energy in this region of Iceland accidentally pierced a hidden magma chamber. Following a powerful emission of steam and glass shards from quenched magma, the borehole created the hottest geothermal well ever measured, until the casing failed. However, the glassy bits from the 2009 drilling campaign hinted that the magma was not only liquid, but also circulating, interacting with melt lower down. But little was revealed about the magma chamber’s size or how long it had persisted.

This time, researchers are going to use hardier equipment to create the world’s only long-term magma observatory. Results could help explain how magma moves through the crust, while improving eruption forecasts. They could also shed light on how the continents formed and grew.

The project called Krafla Magma Testbed (KMT) is financed by the International Continental Scientific Drilling Program. With that support, along with several million dollars in funding from Iceland and other European science agencies, the project has just entered its preparation phase. The first borehole, costing as much as $25 million, could begin as soon as 2023.

As they are unable to study magma directly, volcanologists rely on surface measurements from seismometers, GPS sensors, and radar satellites to guess its movements. They can examine ancient solidified magma chambers, but those remnants are incomplete,They can study lava at the surface, but the samples they collect have lost most of the trapped gases that drive eruptions and influence the magma’s original temperature, pressure, and composition. Crystals, inclusions, and bubbles in the hardened lava hold clues to its original state. But a sample from the Krafla chamber will tell researchers whether those estimates really reliable. Getting a sample will also reveal the true nature of the magma chamber.

KMT will also help answer basic questions about the raw material of continental crust. The world’s sea floors, and much of Iceland, take shape from basaltic magma, much the same stuff that exists in the mantle. But the granite rocks of the continents form from a silica-rich “rhyolitic” magma that is thought to lie below the KMT site. No one is sure how the continent-forming magma originates; one idea is that basaltic magma gets altered by seawater, remelts, and eventually erupts from volcanoes as rhyolite. Samples of rhyolite from basalt-dominated Iceland could provide a window on how this process works worldwide.

KMT intends to collect multiple samples over time and embed sensors in and near the magma to measure heat, pressure, and even chemistry despite temperatures of more than 1000°C. KMT’s drilling partners are testing flexible couplings that can allow the steel liner of the well to expand and contract with extreme heat. And others are developing innovative electronics to withstand the heat and pressure, which could someday be used on Venus.

The technologies could also benefit Iceland’s many geothermal energy companies. Getting closer to magma could dramatically increase the power potential of individual wells, as was clearly seen with the accidental 2009 well, which on its own could have powered a small city.

The large amounts of water injected to cool and lubricate the drill will likely perturb the volcanic system a bit, and geophysicists will be watching closely. Changes in the speed of seismic waves after drilling could reveal the magma’s extent, Watching these subtle changes could also help with predicting future rhyolite eruptions. Although scientists have made progress at detecting a volcano’s warning signs, false alarms abound.

Source: Adapted from an article published on the website Science.org.

 

Le lac Viti

Géothermie dans la région du Krafla

Dans la caldeira du Krafla

Photos: C. Grandpey

Ice Memory, la mémoire des glaces

La plupart des glaciers à travers le monde perdent du volume en raison du réchauffement climatique. Au rythme actuel, on projette leur disparition totale à la fin du 21ème siècle pour ceux situés en dessous de 3 500 mètres d’altitude dans les Alpes, et 5 400 mètres dans les Andes. Ce phénomène altère irrémédiablement la composition chimique des strates de neige, détruisant ainsi pour toujours le potentiel de ces archives à reconstruire l’histoire de signaux géochimiques en lien avec le climat, les activités humaines, ou encore l’évolution biologique de notre environnement.

Les glaciers sont de véritables sentinelles qui enregistrent de nombreuses données permettant de comprendre et de retracer des phénomènes climatiques et environnementaux sur plusieurs siècles, voire millénaires. Avec leur disparition, ce sont des pages uniques de l’histoire de notre environnement qui disparaîtront à tout jamais. Il y a donc urgence à sauvegarder ces archives particulières de l’Histoire de l’Homme.

C’est le but du projet Ice Memory, une initiative indépendante menée par des glaciologues et paléoclimatologues internationaux qui, en marge de leurs missions professionnelles, ont entrepris de constituer une archive mondiale des glaciers afin de conserver les informations qu’ils renferment pour les futures générations de chercheurs. Ce projet est cependant mis en péril en raison de la fonte accélérée des glaciers.

Le projet Ice Memory prévoit de recueillir sur une vingtaine de glaciers dans le monde deux carottes de glace, dont l’une sera analysée chimiquement et la deuxième stockée à terme dans une archive protégée, creusée dans la glace sur le site de la station italo-française Concordia, en Antarctique. Ce site est un endroit idéal pour la conservation des carottes de glace ; en effet, il y fera encore froid même lorsqu’une grande partie de la couverture glaciaire aura fondu. D’autre part, il s’agit d’une zone pacifiée, consacrée à la recherche, et qui n’appartient à aucun État. Ces échantillons seront la propriété de l’humanité, et une gouvernance pérenne veillera à leur utilisation exceptionnelle et appropriée.
Les coordinateurs du projet espèrent pouvoir y apporter les premiers prélèvements en 2023. Ils seront destinés aux générations futures de chercheurs, afin qu’ils puissent continuer de les étudier malgré le réchauffement climatique, et obtenir de nouveaux résultats grâce aux nouvelles méthodes qui auront cours.

Les analyses réalisées sur les carottes de glace permettent de reconstruire les variations passées du climat, de l’environnement et tout particulièrement de la composition atmosphérique : variations de la température, des concentrations atmosphériques des gaz à effet de serre, des émissions d’aérosols naturels ou de polluants d’origine humaine.

Sur les 20 forages initialement prévus, quatre ont déjà été réalisés avec succès. En 2016, des carottes de 128 mètres ont pu être recueillies sur le Col du Dôme, dans le massif du Mont-Blanc. En 2017, deux carottes de plus de 130 mètres ont été récoltées à plus de 6.000 mètres d’altitude sur le glacier de l’Illimani, en Bolivie. En 2018, deux carottes ont été extraites en Russie sur l’Elbrouz dans le Caucase, puis sur le Belukha dans les montagnes de l’Altaï, en Sibérie, où les chercheurs ont réussi à prélever deux carottes, dont l’une de 160 mètres.

Le cinquième site sélectionné aurait dû être le glacier de Corbassière, sur le massif du Grand Combin, situé à 4.100 mètres d’altitude dans les Alpes occidentales du Valais, mais l’expédition a tourné court. L’équipe de scientifiques qui s’est installée en septembre 2020 sur le glacier n’a pu que constater la rapidité des effets du changement climatique sur la glace.

Source : Ice Memory.

S’agissant des glaciers et de leur fonte, j’aimerais souligner la qualité  de l’émission « Le monde de Jamy » diffusée sur France 3 le 10 mars 2021. Elle a parfaitement mis en évidence la fonte des glaciers, le dégel du permafrost de roche et leurs conséquences sur l’environnement. L’émission peut être revue jusqu’au 9 avril 2021 sur le site de France 3.

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Most glaciers around the world are melting due to global warming. At the current rate, their total disappearance will probably occur at the end of the 21st century for those located below 3,500 metres above sea level in the Alps, and 5,400 metres in the Andes. This phenomenon irreparably alters the chemical composition of the snow layers, thus forever destroying the potential of these archives to reconstruct the history of geochemical signals linked to the climate, human activities, or the biological evolution of our environment.

Glaciers are true sentinels that record numerous data making it possible to understand and trace climatic and environmental phenomena over several centuries, even millennia. With their demise, unique pages in the history of our environment will disappear forever. There is therefore an urgent need to safeguard these particular archives of the History of Man.

This is the goal of the Ice Memory project, an independent initiative led by international glaciologists and paleoclimatologists who, in addition to their professional missions, have undertaken to constitute a world archive of glaciers in order to preserve the information they contain for future generations of researchers. This project is however endangered due to the accelerated melting of the glaciers.

The Ice Memory project plans to collect two ice cores from around twenty glaciers around the world, one of which will be chemically analyzed and the second eventually stored in a protected archive, dug in the ice on the site of the French-Italian station Concordia, in Antarctica. This site is an ideal place for the conservation of ice cores; it will still be cold there even after much of the ice cover has melted. On the other hand, it is a peaceful area, devoted to research, and which does not belong to any state. These samples will be the property of mankind, and sustainable governance will ensure their exceptional and appropriate use.

The project coordinators hope to be able to bring the first samples in 2023. They will be intended for future generations of researchers, so that they can continue to study them despite global warming, and obtain new results thanks to the new techniques.

The analyzes carried out on the ice cores make it possible to reconstruct past variations in climate, the environment and, in particular, the atmospheric composition: variations in temperature, atmospheric concentrations of greenhouse gases, emissions of natural aerosols. or pollutants of human origin.

Out f the 20 holes initially planned, four have already been successfully completed. In 2016, 128-metre cores were collected on the Col du Dôme, in the Mont-Blanc massif. In 2017, two cores over 130 metres were collected at an altitude of over 6,000 metres on the Illimani glacier in Bolivia. In 2018, two more cores were collected in Russia on the Elbrus in the Caucasus, then on the Belukha in the Altai Mountains, in Siberia, where researchers managed to take two cores, one of which was 160 metres long. The fifth site selected should have been the Corbassière Glacier, on the Grand Combin massif, located at an altitude of 4,100 metres in the western Alps of Valais, but the expedition was cut short. The team of scientists who settled on the glacier in September 2020 could only see the rapid effects of climate change on the ice.

Source: Ice Memory.

Regarding glaciers and their melting, I would like to underline the quality of the program « Le monde de Jamy » broadcast on France 3 on March 10th, 2021. It perfectly highlighted the melting of glaciers, the thawing of rock permafrost and their consequences on the environment. The program can be replayed until April 9th, 2021 on the France 3 website.

Photos : C. Grandpey