Multiplication des crues glaciaires // More and more glacial outburst floods

Avec l’accélération actuelle du réchauffement climatique, les glaciers fondent de plus en plus vite, entraînant une multiplication des inondations ou coulées de boues glaciaires, parfois dévastatrices. Tout le monde se souvient de la lave torrentielle qui a détruit La Bérarde, dans les Alpes françaises, les 20 et 21 juin 2024.

https://claudegrandpeyvolcansetglaciers.com/2024/07/10/les-alpes-durement-touchees-par-les-consequences-du-rechauffement-climatique/

Dans un article publié le 9 août 2025, j’expliquais que les habitants et les autorités de Juneau, capitale de l’Alaska, se préparaient à l’éventualité d’une inondation glaciaire qui, ces dernières années, avait emporté des maisons, inondé plusieurs centaines de foyers et érodé la rivière alimentée par le célèbre glacier Mendenhall. De nombreux habitants de Juneau ont été invités à évacuer leur domicile, car l’inondation glaciaire estivale, provoquée par le réchauffement climatique, menaçait d’inonder la région.
L’alerte déclenchée par l’inondation glaciaire à Juneau a finalement été levée. Le 14 août 2025, les habitants ont été autorisés à regagner leurs domiciles. Les infrastructures construites le long de la rivière ont bien fonctionné et ont permis d’éviter une catastrophe naturelle.
Source : AVO.

L’Office météorologique islandais (IMO) a signalé une inondation glaciaire de l’Hafrafellslón, dans la partie ouest du glacier Langjökull, le 22 août 2025, avec une montée des eaux observée dans la rivière Hvítá en amont de Húsafell. Des images satellite prises le 20 août ont indiqué que l’Hafrafellslón avait commencé à se vider. Le 21 août, les habitants proches du glacier ont signalé un écoulement d’eau par-dessus la bordure frontale du glacier dans la rivière Svartá.
L’IMO indique que cette crue pourrait être plus importante que celle d’août 2020, lorsqu’un pont sur Hálsasveitarvegur a été inondé et que les prairies de Brúarás ont été inondées. Les autorités ont conseillé aux riverains de la rivière Hvítá d’envisager des conséquences possibles sur les biens et le bétail près des berges.
Source : Icelandic Met Office.

Le 22 août 2025, une crue due au débordement d’un lac glaciaire a détruit plus de 330 maisons et touché au moins six villages au Pakistan, dans la vallée de Gupis, dans le district de Ghizer, au Gilgit-Baltistan. La rupture du glacier a provoqué une importante coulée de débris et un important blocage de la rivière, entraînant la formation rapide d’un lac artificiel de plus de 7 km de long. Les équipes d’urgence et l’armée pakistanaise ont évacué plus de 200 habitants des zones touchées. Une quarantaine de personnes bloquées dans des zones isolées ont été secourues par hélicoptère.
Les premières évaluations indiquent que plusieurs villages, avec des dizaines de commerces et de structures communautaires, ont été endommagés ou emportés par la crue glaciaire. Environ 80 % du village de Raushan aurait été détruit.
Si certains rapports sur les réseaux sociaux font état de 10 morts, les autorités ne font état d’aucun décès.

Crue du glacier Hubbard (Alaska) en août 2002 (Crédit photo : Wikipedia)

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With the current acceleration of global warming, glaciers are melting faster and faster with an increasing number of glacial outburst floods or mudslides that can be devastating. Everybody remembers the mudslide that destroyed La Bérarde in the French Alps on 20 and 21 June 2024.

https://claudegrandpeyvolcansetglaciers.com/2024/07/10/les-alpes-durement-touchees-par-les-consequences-du-rechauffement-climatique/

In a post released on 9 August 2025, I explained that residents and officials in Juneau, Alaska’s capital city, were preparing for the possibility of glacial flooding that in past years had swept away houses, swamped several hundred homes and eroded the river fed by the popular Mendenhall Glacier. Many Juneau residents were urged to evacuate as summer glacial flooding driven by global warming threatened to inundate the area.

The alert triggered by the glacial outburst flood in Juneau was later cancelled On August 14th, 2025, residents were allowed to return to their homes. The infrastructure built along the river worked well and allowed to avoid a natural disaster.

Source : AVO.

The Icelandic Meteorological Office reported a glacial outburst flood (GLOF) in Hafrafellslón, west of Langjökull glacier, on August 22, 2025, with rising water levels measured in Hvítá River above Húsafell. Satellite images taken on August 20 indicated that Hafrafellslón had begun to empty. On August 21, residents near the glacier reported visible water flow over the glacier margin into the Svartá River.

IMO indicates that this flood could exceed the outburst that occurred in August 2020, when a bridge on Hálsasveitarvegur was inundated and meadows at Brúarás were flooded. Authorities advised residents along Hvítá River to consider possible effects on property and livestock near the riverbanks.

Source : Icelandic Met Office.

A glacial lake outburst flood (GLOF) destroyed over 330 houses and impacted at least six villages in Pakistan’s Gupis Valley of Ghizer District in Gilgit-Baltistan on August 22 2025.The glacier burst triggered heavy debris flow and a major river blockage leading to the rapid formation of an artificial lake extending over 7 km in length. Emergency teams and the Pakistan Army evacuated over 200 residents from affected areas. Around 40 individuals stranded in isolated pockets were rescued by helicopter.

Initial assessments indicate that several villages including at least 330 houses, along with dozens of shops and community structures, were either damaged or swept away by the GLOF. Approximately 80 % of Raushan village was reported destroyed.

While some reports on social media mention a total of 10 fatalities, official statements report no confirmed deaths.

Source : Pakistani news media.

Populations sous la menace de crues glaciaires // Populations under the threat of glacial outburst floods

Selon une nouvelle étude publiée dans la revue Nature le 7 février 2023, 15 millions de personnes dans le monde vivent sous la menace d’une crue soudaine et meurtrière provoquée par la fonte des glaciers. Les principaux pays concernés par un tel événement sont l’Inde, le Pakistan, le Pérou et la Chine. Plus de 150 crues glaciaires ont déjà été répertoriés dans l’histoire récente. De plus, un million de personnes vivent à moins de 10 kilomètres de lacs potentiellement instables alimentés par la fonte des glaciers.
L’une des crues glaciaires les plus dévastatrices s’est produite au Pérou en 1941 ; elle a tué entre 1 800 et 6 000 personnes. Une crue semblable en 2020 en Colombie-Britannique (Canada) a déclenché un tsunami d’environ 100 mètres de haut, mais personne n’a été blessé. Une crue glaciaire en 2017 au Népal, provoquée par un glissement de terrain, a été filmée par des alpinistes allemands. En Alaska, le glacier Mendenhall, près de Juneau, connaît chaque année de petites inondations glaciaires depuis 2011. En 2013, de fortes pluies et le débordement d’un lac glaciaire se sont ajoutés en Inde pour tuer des milliers de personnes.
Les scientifiques expliquent que, jusqu’à présent, il ne semble pas que le réchauffement climatique ait rendu ces crues glaciaires plus fréquentes. Toutefois, à mesure que les glaciers rétrécissent avec des températures plus élevées, la quantité d’eau qui se déverse dans les lacs augmente, ce qui fragilise les barrages morainiques qui risquent davantage de s’éventrer.
Une grande partie de la menace dépend du nombre de personnes qui vivent dans une zone exposée aux crues glaciaires. La nouvelle étude est la première à examiner le climat, la géographie, la population, la vulnérabilité et tous les autres facteurs. Cela permet d’avoir un bon aperçu des endroits dans le monde qui sont sous la menace des 1 089 bassins glaciaires répertoriés.
En tête de liste des endroits dangereux se trouve le bassin glaciaire de Khyber Pakhtunkhwa au Pakistan, au nord d’Islamabad. De nombreuses personnes sont sous la menace d’une catastrophe car elles vivent dans une vallée juste en-dessous du lac glaciaire.
De nombreuses études scientifiques se focalisent sur le Pakistan, l’Inde, la Chine et l’Himalaya, et laissent de côté les Andes. En Amérique du Sud, les deuxième et troisième zones les plus à risque se trouvent dans le bassin glaciaire de Santa au Pérou et celui de Beni en Bolivie. Après la crue meurtrière dans les Andes dans les années 1940, cette région a fait de gros efforts pour faire face aux menaces de crues glaciaires. L’Inde est très exposée en raison du grand nombre de personnes qui vivent en aval des lacs glaciaires. Aux États-Unis et au Canada, trois bassins lacustres sont très menacés, entre le nord-ouest du Pacifique et l’Alaska, mais la menace est moins élevée qu’en Asie et dans les Andes car peu de personnes vivent dans la zone de danger. Ces secteurs sensibles se trouvent dans la péninsule de Kenai en Alaska, au nord-est de l’Etat de Washington, dans le centre-ouest de la Colombie-Britannique et, dans une moindre mesure, dans le bassin du glacier Mendenhall près de Juneau. .
Source : Anchorage Daily News.

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According to a new study published in the journal Nature on February 7th, 2023, 15 million people around the world live under the threat of a sudden and deadly outburst flood caused by the melting of glaciers. The main countries concerned by such an event are India, Pakistan, Peru and China. More than 150 glacial flood outbursts in history and recent times have already been cataloged. Moreover, one million people live within just 10 kilometers of potentially unstable glacial-fed lakes.

One of the most devastating floods occurred in Peru in 1941 ; it killed between 1,800 and 6,000 people. A 2020 glacial lake outburst flood in British Columbia (Canada) caused a tsunami of water about 100 meters high, but no one was hurt. A 2017 glacial outburst flood in Nepal, triggered by a landslide, was captured on video by German climbers. Alaska’s Mendenhall Glacier near Juneau has had annual small glacial outburst floods since 2011. In 2013, heavy rains and a glacial lake outburst flood combined in India to kill thousands of people.

Scientists say so far it does not seem global warming has made those floods more frequent, but as glaciers shrink with higher temperatures, the amount of water in the lakes grows, making them more dangerous with the moraine dams more likely to break open.

Much of the threat depends on how many people live in a glacial flood zone. The new study is the first to look at the climate, geography, population, vulnerability and all these factors, which allows to get a good overview of where in the world are the most dangerous places for all 1,089 glacial basins.

At the top of the list of dangerous places is Khyber Pakhtunkhwa basin in Pakistan, north of Islamabad, where lots of people are very vulnerable because they live in a valley below the glacial lake.

Scientists are focusing a lot of attention on Pakistan, India, China and the Himalayas, and somewhat ignoring the Andes. In South America, the second and third highest risk basins are in Peru’s Santa basin, and Bolivia’s Beni basin. After the deadly Andes flood in the 1940s that region was a leader in working on glacial flood outburst threats. India ranks high in the threat list because of a huge number of people live downstream of glacial lakes. Three lake basins in the United States and Canada rank high for threats, from the Pacific Northwest to Alaska, but the threat is less high than in Asia and the Andes because few people live in the danger zone. They are in Alaska’s Kenai Peninsula, northeast Washington, west central British Columbia and , to a lesser extent, Mendenhall Glacier near Juneau. .

Source : Anchorage Daily News.

Vue du glacier Mendenhall (Photo: C. Grandpey)

Crue glaciaire du Mendenhall en 2006 (Archives Visitor Center)

Mariage de glaciers au Pakistan // Glacier wedding in Pakistan

Avec  plus de 7 000 glaciers, la province pakistanaise du Gilgit Baltistan est appelée « le pays des glaciers. » Mais là où certains glaciers ne se sont pas formés naturellement, on utilise une ancienne technique de greffage. La pratique est à la fois une affaire de technique et de rituel. Un endroit approprié doit d’abord être localisé – une grotte ou une cavité profonde dans une montagne – situé à au moins 4 000 à 5 000 mètres d’altitude, là où les températures restent inférieures à zéro toute l’année. Les chutes de neige et les avalanches doivent être fréquentes, et le site ne doit pas être exposé directement au soleil.
Selon la tradition, les glaciers ont des identités masculines et féminines. Les glaciers mâles sont de couleur grise, avec beaucoup de débris, tandis que les glaciers femelles sont d’un blanc ou d’un bleu vif. Cette distinction entre glaciers mâles et femelles est courante dans les régions montagneuses, au Bhoutan par exemple.
Les habitants du Gligit Baltistan sont persuadés que les glaciers sont des entités vivantes. C’est pourquoi une combinaison de glace féminine et masculine est absolument nécessaire. Le glacier mâle – appelé localement « po gang » – dégage peu d’eau et avance lentement, tandis que le glacier femelle – ou « mo gang » – est un glacier plus rapide qui produit beaucoup d’eau.
La greffe d’un nouveau glacier nécessite un morceau de glacier «mâle» et un morceau «femelle» pesant environ 35 kilogrammes chacun. Les villageois emballent soigneusement ces blocs de glace dans du foin pour qu’ils ne fondent pas et ils les placent dans un chorong, panier conique fait de branches de saule. Ils le transportent à l’endroit désigné et recouvrent les blocs de glace d’un mélange de boue, de cendre et de charbon de bois. Ils referment ensuite le site avec de lourdes pierres.
A cette occasion, les villageois organisent également des prières et des sacrifices, généralement d’animaux, un rituel fréquent dans les célébrations musulmanes. Tout ce processus s’appelle un « mariage de glaciers ». Après dix ou 12 ans, ces efforts sont censés donner naissance à un nouveau glacier.
Un habitant de Kharmang au Baltistan qui a participé à une cérémonie de mariage explique qu’il a visité le site il y a cinq ans et a observé que le glacier s’étendait sur une grande surface. Les villageois reçoivent de l’eau en abondance et en continu après avoir greffé le glacier, alors que le débit de la rivière était auparavant irrégulier. Aujourd’hui, les paysans cultivent du blé, du mil, de l’orge et des légumes. Une organisation locale a greffé 19 glaciers à différents endroits avec un taux de réussite de 80 %.
Cependant, dans certaines régions, le mariage des glaciers repose sur un exemple venu d’un autre pays, plus que sur les traditions. En 1987, un ingénieur du Ladakh a créé le premier « glacier artificiel » en détournant un cours d’eau vers des zones ombragées et en ralentissant l’eau pour qu’elle gèle avec le temps. Cette expérience réussie a ensuite été étendue et reproduite, avec la création de stupas de glace (voir mon article du 22 juillet 2017).
Au Gilgit-Baltistan, cependant, le mariage des glaciers reste entouré de tradition. Les femmes ne participent pas à la cérémonie qui est considérée comme une activité masculine. Néanmoins, les glaciers ont un impact important sur la vie des femmes. En effet, de nombreuses femmes sont des agricultrices et la charge de la gestion de l’eau pour le ménage leur incombe de manière disproportionnée. Aujourd’hui, dans le cadre du projet de développement du Pakistan et des Nations Unies (PNUD) financé par le Fonds Vert pour le Climat (GCF), les femmes sont consultées à l’occasion de la greffe des glaciers et pour d’autres activités.
Le directeur des études et des relations à l’Université du Baltistan, donne une explication scientifique au mariage des glaciers : « Scientifiquement, lorsque l’on place une certaine masse de glace au niveau du pergélisol, elle est susceptible d’y rester toute l’année. Là où la masse de glace dure existe, elle commence à prendre du volume en solidifiant les précipitations, l’humidité dans les nuages et la neige en hiver. Lorsque le taux d’accumulation devient supérieur au taux d’ablation, la masse de glace commence à se développer.
Source : The Third Pole.

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With more than 7,000 glaciers, Pakistan’s province Gilgit Baltistan is called the land of glaciers. But where some glaciers have not formed naturally, an ancient grafting technique is used. The practice is shrouded in both technique and ritual. An appropriate place must first be located – a cave or deep pit in a mountain – situated at least 4,000 to 5,000 meters above sea level, where temperatures remain below zero throughout the year. Snowfall and avalanches must be common, with no direct exposure to sunlight.

According to folklore, glaciers are also given male and female identities. Male glaciers are grey in colour, having a lot of debris, meanwhile female glaciers are shiny white or blue. This male-female distinction is common in mountainous areas, like in Bhutan.

The people of Gligit Baltistan believe that glaciers are living entities. That’s why a combination of female and male ice is absolutely necessary. The male glacier – called ‘po gang’ locally – gives off little water and moves slowly, while a ‘female glacier’ – or ‘mo gang’ – is a growing glacier that gives off a lot of water.

Grafting a new glacier requires a piece each of a “male” and “female” glacier weighing approximately 35 kilogrammes. Villagers carefully pack these pieces in some hay to keep them safe from warmer temperature and put them into a chorong (a conical basket made of willow twigs). They then transport it to the designated place and cover them with the mixture of mud, ash and charcoal and close the site with heavy stones.

On this occasion, villagers also organise special prayers and sacrifices, usually animal slaughter which is customary in Muslim celebrations. This entire process is called a “wedding of glaciers”. After ten or 12 years, these efforts are supposed to birth a glacier.

A resident of Kharmang in Baltistan who participated in a wedding ceremony explained that he visited the site five years ago and observed that the glacier had spread over a large area. The villagers get plenty of water continuously after grafting the glacier, while the flow of the river was irregular previously. Now peasants are cultivating wheat, millet, barley and vegetables regularly. A local organisation has grafted 19 glaciers at different places with a success ratio of 80%.

However, in some places, the wedding of glaviers does not rely so much on folklore as from an example from across the border. In 1987, A retired engineer in Ladakh created the first “artificial glacier” by diverting streams into shady areas and slowing down the water to freeze over time. This successful experiment has then been expanded and replicated, including ice stupas (see my post of July 22nd, 2017).

In Gilgit-Baltistan, though, the work is still shrouded in tradition. One aspect of the traditional practice is that women do not take part in what is believed to be a “masculine activity”. Nevertheless it makes a great impact on their lives, especially since many women are farmers, and the burden of managing water for the household falls disproportionately on them. Today, as part of the Pakistan and United Nations development project (UNDP) funded by the Green Climate Fund (GCF), women are consulted in glacier grafting and other activities too.

The director of academic and linkages at Baltistan University, gives a scientific explanation to glacier wedding : “Scientifically, when we place certain critical mass of ice at permafrost level, it is likely to remain round the year. Where hard ice mass exists, it starts accumulation by solidifying rainfall, humidity in clouds and snow in winter. When the rate of accumulation becomes greater than the rate of ablation i.e. melting and sublimation, the ice mass starts growing in size.”

Source: The Third Pole.

Crues glaciaires et inondations catastrophiques au Pakistan // Glacial outbursts and Pakistan’s disastrous floods

Depuis le mois de juin 2022, les inondations au Pakistan causées par le réchauffement climatique, les pluies de mousson, la négligence des autorités locales et la fonte des glaciers ont tué plus de 1 100 personnes. Il s’agit des inondations les plus meurtrières au monde depuis celles de 2017 en Asie du Sud. Le 25 août 2022, le gouvernement pakistanais a déclaré l’état d’urgence.
Les glaciers des chaînes de montagnes du nord du Pakistan (Hindu Kush, Himalaya et lKarakorum) fondent rapidement en raison de la hausse des températures, et quelque 3 044 lacs glaciaires se sont formés dans ces zones de montagnes. Parmi ces lacs, 33 sont exposés à des crues glaciaires dangereuses. Il s’agit d’événements soudains qui peuvent provoquer le déferlement de millions de mètres cubes d’eau et de matériaux, avec à la clé la perte de vies, de biens et de moyens de subsistance dans les villages de montagne isolés et souvent très pauvres. Plus de 7,1 millions de personnes sont vulnérables dans une région où 25% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté.
Les lacs glaciaires sont des étendues d’eau naturelles qui sont retenues par de la glace ou des moraines. Un débordement de ces lacs peut être causé par une foule de facteurs : des avalanches de glace ou de roche, l’effondrement du barrage morainique dû à la fonte de la glace à l’intérieur, des séismes ou des arrivées soudaines d’eau dans le lac, à cause de fortes pluies ou la vidange soudaine de lacs. en amont sur le glacier.
Une étude récente a donné plus de détails sur les effets du réchauffement climatique sur les crues glaciaires. Selon des analyses détaillées s’appuyant sur 40 ans de mesures satellitaires, les glaciers ont perdu l’équivalent de près de 45 centimètres de glace par an depuis l’an 2000. Il s’agit de l’analyse récente la plus fiable sur l’influence du réchauffement climatique sur les glaciers de l’Himalaya. . On peut lire que « si une population réside à moins de 20 kilomètres en aval d’un lac glaciaire, le danger est bien réel. Ces endroits nécessitent une bonne surveillance et un important travail de prévention pour éviter des drames. »
Les inondations causées par des débordements de lacs glaciaires ne sont pas un phénomène nouveau au Pakistan. De tels phénomènes se sont souvent produits dans la partie nord du pays au cours des vingt dernières années. Une jeune fille a été tuée et 11 autres personnes ont été blessées à Chitral en 2020 lorsqu’une crue glaciaire a emporté six maisons et endommagé 16 autres. L’inondation ainsi provoquée a également dévasté les champs de blé et de haricots, ce qui a entraîné des pertes financières importantes pour la population locale.
La vidange brutale d’un lac glaciaire affecte les régions en aval avec des crues soudaines et des coulées de boue et de matériaux. Le Pakistan compte environ 7 000 glaciers, dont 3 044 ont donné naissance à des lacs glaciaires. Beaucoup d’autres sont considérés comme dangereux en raison de la hausse des températures. Au moins 7 millions de personnes dans le Gilgit Baltistan et le Khyber Pakhtunkhwa sont menacées par les futurs lacs glaciaires.La principale mesure à prendre pour éviter une crue glaciaire consiste à réduire le volume d’eau dans le lac afin de limiter le débit maximum en cas de crue. Des mesures devraient également être prises en aval, dans la zone exposée aux crues glaciaires, afin de protéger les infrastructures.
Source: Environmental News and Articles from Pakistan (ENVPK).

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Since June 2022, floods in Pakistan caused by global warming, monsoon rains, negligence of local authorities, and melting glaciers have killed more than 1,100 people. It is the world’s deadliest flood since the 2017 South Asian floods. On August 25th, 2022, Pakistan declared a state of emergency.

Glaciers in Pakistan’s northern mountain ranges (Hindu Kush, Himalayas, and Karakorum) are melting quickly due to rising temperatures, and a total of 3,044 glacial lakes have formed in these mountains. Of them, 33 glacial lakes have been identified as being vulnerable to dangerous glacial lake outburst floods (GLOF). GLOFs are abrupt events that can cause the release of millions of cubic meters of water and debris, resulting in the loss of lives, property, and livelihoods in isolated and impoverished mountain villages. Over 7.1 million people are vulnerable in this region where 25 percent of the population is living below the poverty line.

Glacial lakes are natural water reservoirs that have been dammed by ice or moraines. A lake outburst can be caused by a variety of factors: ice or rock avalanches, the collapse of the moraine dam due to the melting of buried ice, earthquakes, or sudden inputs of water into the lake, such as heavy rains or drainage from lakes further up the glacier.

A recent study has given more details about the effects of climate change on glacial outbursts. According to detailed research based on 40 years of satellite measurements, glaciers have lost the equivalent of almost 45 centimeters of the ice per year since 2000. The research represents the most recent trustworthy analytical result on the influence of climate change on the glaciers of the Himalayas. One can read that « if a population resides fewer than 20 kilometers downstream of a glacier lake, the hazard is greater. These places require careful monitoring and preparation to avoid casualties. »

Flooding caused by glacial lake outbursts is not a new phenomenon in Pakistan. Such glacier outbreaks have occurred often in the northern sections of the nation over the previous two decades. A young girl was killed and 11 others were injured in Chitral in 2020 when a glacier flood washed away six houses and damaged 16 others. The glacier flood also devastated wheat and bean fields, resulting in significant financial losses for local households.

A glacier lake’s unexpected eruption affects downstream regions with flash floods and debris flow. Pakistan has around 7,000 glaciers, 3,044 of which have generated glacial lakes. Many others have been identified as a possible concern as a result of rising temperatures. At least 7 million people in Gilgit Baltistan and Khyber Pakhtunkhwa are at risk from future glacial lakes. The most essential mitigating method for minimising GLOF risk is to minimize lake capacity in order to limit peak surge discharge. Measures should be done downstream in the GLOF prone area to safeguard infrastructure from the devastating powers of the GLOF surge.

Source: Environmental News and Articles from Pakistan (ENVPK).

 

Ces deux images prises par le satellite Landsat 8 de la NASA montrent l’apparition d’un lac glaciaire devant le front du glacier Shishpar dans le nord du Pakistan. La photo de gauche a été réalisée en avril 2018, celle de droite un an plus tard…