Mariage de glaciers au Pakistan // Glacier wedding in Pakistan

Avec  plus de 7 000 glaciers, la province pakistanaise du Gilgit Baltistan est appelée « le pays des glaciers. » Mais là où certains glaciers ne se sont pas formés naturellement, on utilise une ancienne technique de greffage. La pratique est à la fois une affaire de technique et de rituel. Un endroit approprié doit d’abord être localisé – une grotte ou une cavité profonde dans une montagne – situé à au moins 4 000 à 5 000 mètres d’altitude, là où les températures restent inférieures à zéro toute l’année. Les chutes de neige et les avalanches doivent être fréquentes, et le site ne doit pas être exposé directement au soleil.
Selon la tradition, les glaciers ont des identités masculines et féminines. Les glaciers mâles sont de couleur grise, avec beaucoup de débris, tandis que les glaciers femelles sont d’un blanc ou d’un bleu vif. Cette distinction entre glaciers mâles et femelles est courante dans les régions montagneuses, au Bhoutan par exemple.
Les habitants du Gligit Baltistan sont persuadés que les glaciers sont des entités vivantes. C’est pourquoi une combinaison de glace féminine et masculine est absolument nécessaire. Le glacier mâle – appelé localement « po gang » – dégage peu d’eau et avance lentement, tandis que le glacier femelle – ou « mo gang » – est un glacier plus rapide qui produit beaucoup d’eau.
La greffe d’un nouveau glacier nécessite un morceau de glacier «mâle» et un morceau «femelle» pesant environ 35 kilogrammes chacun. Les villageois emballent soigneusement ces blocs de glace dans du foin pour qu’ils ne fondent pas et ils les placent dans un chorong, panier conique fait de branches de saule. Ils le transportent à l’endroit désigné et recouvrent les blocs de glace d’un mélange de boue, de cendre et de charbon de bois. Ils referment ensuite le site avec de lourdes pierres.
A cette occasion, les villageois organisent également des prières et des sacrifices, généralement d’animaux, un rituel fréquent dans les célébrations musulmanes. Tout ce processus s’appelle un « mariage de glaciers ». Après dix ou 12 ans, ces efforts sont censés donner naissance à un nouveau glacier.
Un habitant de Kharmang au Baltistan qui a participé à une cérémonie de mariage explique qu’il a visité le site il y a cinq ans et a observé que le glacier s’étendait sur une grande surface. Les villageois reçoivent de l’eau en abondance et en continu après avoir greffé le glacier, alors que le débit de la rivière était auparavant irrégulier. Aujourd’hui, les paysans cultivent du blé, du mil, de l’orge et des légumes. Une organisation locale a greffé 19 glaciers à différents endroits avec un taux de réussite de 80 %.
Cependant, dans certaines régions, le mariage des glaciers repose sur un exemple venu d’un autre pays, plus que sur les traditions. En 1987, un ingénieur du Ladakh a créé le premier « glacier artificiel » en détournant un cours d’eau vers des zones ombragées et en ralentissant l’eau pour qu’elle gèle avec le temps. Cette expérience réussie a ensuite été étendue et reproduite, avec la création de stupas de glace (voir mon article du 22 juillet 2017).
Au Gilgit-Baltistan, cependant, le mariage des glaciers reste entouré de tradition. Les femmes ne participent pas à la cérémonie qui est considérée comme une activité masculine. Néanmoins, les glaciers ont un impact important sur la vie des femmes. En effet, de nombreuses femmes sont des agricultrices et la charge de la gestion de l’eau pour le ménage leur incombe de manière disproportionnée. Aujourd’hui, dans le cadre du projet de développement du Pakistan et des Nations Unies (PNUD) financé par le Fonds Vert pour le Climat (GCF), les femmes sont consultées à l’occasion de la greffe des glaciers et pour d’autres activités.
Le directeur des études et des relations à l’Université du Baltistan, donne une explication scientifique au mariage des glaciers : « Scientifiquement, lorsque l’on place une certaine masse de glace au niveau du pergélisol, elle est susceptible d’y rester toute l’année. Là où la masse de glace dure existe, elle commence à prendre du volume en solidifiant les précipitations, l’humidité dans les nuages et la neige en hiver. Lorsque le taux d’accumulation devient supérieur au taux d’ablation, la masse de glace commence à se développer.
Source : The Third Pole.

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With more than 7,000 glaciers, Pakistan’s province Gilgit Baltistan is called the land of glaciers. But where some glaciers have not formed naturally, an ancient grafting technique is used. The practice is shrouded in both technique and ritual. An appropriate place must first be located – a cave or deep pit in a mountain – situated at least 4,000 to 5,000 meters above sea level, where temperatures remain below zero throughout the year. Snowfall and avalanches must be common, with no direct exposure to sunlight.

According to folklore, glaciers are also given male and female identities. Male glaciers are grey in colour, having a lot of debris, meanwhile female glaciers are shiny white or blue. This male-female distinction is common in mountainous areas, like in Bhutan.

The people of Gligit Baltistan believe that glaciers are living entities. That’s why a combination of female and male ice is absolutely necessary. The male glacier – called ‘po gang’ locally – gives off little water and moves slowly, while a ‘female glacier’ – or ‘mo gang’ – is a growing glacier that gives off a lot of water.

Grafting a new glacier requires a piece each of a “male” and “female” glacier weighing approximately 35 kilogrammes. Villagers carefully pack these pieces in some hay to keep them safe from warmer temperature and put them into a chorong (a conical basket made of willow twigs). They then transport it to the designated place and cover them with the mixture of mud, ash and charcoal and close the site with heavy stones.

On this occasion, villagers also organise special prayers and sacrifices, usually animal slaughter which is customary in Muslim celebrations. This entire process is called a “wedding of glaciers”. After ten or 12 years, these efforts are supposed to birth a glacier.

A resident of Kharmang in Baltistan who participated in a wedding ceremony explained that he visited the site five years ago and observed that the glacier had spread over a large area. The villagers get plenty of water continuously after grafting the glacier, while the flow of the river was irregular previously. Now peasants are cultivating wheat, millet, barley and vegetables regularly. A local organisation has grafted 19 glaciers at different places with a success ratio of 80%.

However, in some places, the wedding of glaviers does not rely so much on folklore as from an example from across the border. In 1987, A retired engineer in Ladakh created the first “artificial glacier” by diverting streams into shady areas and slowing down the water to freeze over time. This successful experiment has then been expanded and replicated, including ice stupas (see my post of July 22nd, 2017).

In Gilgit-Baltistan, though, the work is still shrouded in tradition. One aspect of the traditional practice is that women do not take part in what is believed to be a “masculine activity”. Nevertheless it makes a great impact on their lives, especially since many women are farmers, and the burden of managing water for the household falls disproportionately on them. Today, as part of the Pakistan and United Nations development project (UNDP) funded by the Green Climate Fund (GCF), women are consulted in glacier grafting and other activities too.

The director of academic and linkages at Baltistan University, gives a scientific explanation to glacier wedding : “Scientifically, when we place certain critical mass of ice at permafrost level, it is likely to remain round the year. Where hard ice mass exists, it starts accumulation by solidifying rainfall, humidity in clouds and snow in winter. When the rate of accumulation becomes greater than the rate of ablation i.e. melting and sublimation, the ice mass starts growing in size.”

Source: The Third Pole.

Nouvelles de La Palma (Iles Canaries) // News from La Palma (Canary Islands)

8 heures : Le delta formé par l’arrivée de la lave dans la mer est inactif en ce moment. La vidéo fournie par le Centre supérieur de recherche scientifique (CSIC) montre la formation de plages dans la bande formée par la lave au contact de la mer. On voit sur les images au moins une zone sablonneuse formée par l’érosion de vagues au bord de la coulée de lave d’où s’échappent de petites fumerolles. La lave de la première coulée – celle qui a traversé le quartier de Todoque – a atteint la mer le 29 septembre, 10 jours après le début de l’éruption. C’est la seule coulée à avoir atteint la mer, même si d’autres se trouvent à proximité, mais leur front est immobile depuis des semaines.

Le gouvernement des îles Canaries a acquis les 30 premières maisons préfabriquées sur un total de 200 qu’il envisage d’acheter pour offrir une solution de logement temporaire aux familles qui ont perdu leur demeure sous la lave du Cumbre Vieja. Ces 30 premières maisons modulaires en bois seront aménagées sur un terrain cédé par la mairie d’El Paso. La plupart de ces maisons ont trois chambres et ont une superficie de 74 mètres carrés.
De plus, ces jours-ci « une phase de transition » est en cours à La Palma, pour permettre aux personnes logées dans les hôtels, chez des amis et dans leur famille d’accéder aux maisons et appartements préfabriqués. Pour cette phase de transition, le ministère a acquis un premier lot de 18 appartements, dont l’achat a été officialisé cette semaine. Ce lot de 18 maisons en briques est situé dans les communes de Tazacorte et Fuencaliente. Puis il y aura une troisième phase, celle de l’accès des victimes à leur domicile permanent, mais qui ne sera pas avant quatre ans.

A noter que l’éruption, par la tension qu’elle a occasionnée, a aggravé la situation de violence au sein des couples à La Palma. L’Institut canarien pour l’égalité des sexes fait état d’une augmentation de 57 % des appels pour violence faites aux femmes entre le 19 septembre et le 18 octobre.

Source: presse espagnole.

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19 heures : Le tremor volcanique poursuit sa décrue, mais les scientifiques espagnols préviennent qu’il est encore trop tôt pour dire que l’on approche de la fin de l’éruption. Le trémor et le dioxyde de soufre montrent des valeurs qui étaient celles de la mi-octobre. Il faut rester prudent car des rechutes restent possibles. Selon l’IGN, le tremor a connu une nouvelle baisse le 5 novembre, au sein d’un comportement oscillatoire. »
Le niveau d’activité visible dans le cône continue d’être très variable. On observe des hausses subites qui s’accompagnent d’une augmentation de l’émission de lave.

Le 5 novembre, le panache de cendre atteignait 3500 mètres. Son orientation est actuellement favorable à l’activité de l’aéroport. En effet, les vents dominants emportent la cendre et le dioxyde de soufre vers le sud-sud-ouest du centre éruptif. La qualité de l’air est également meilleure à La Palma.

Evolution du tremor volcanique et de la sismicité (Source: IGN)

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8:00 am : The delta formed by the arrival of lava in the sea is inactive at this time. The video provided by the Higher Scientific Research Center (CSIC) shows the formation of beaches in the band formed by the lava in contact with the sea. One can see on the images at least one sandy area formed by the erosion of the waves at the edge. of the lava flow with small fumaroles. The lava from the first flow – the one that passed through the Todoque district – reached the sea on September 29th, 10 days after the start of the eruption. It is the only lava to have reached the sea, although other flows are nearby, but their front hasnot moved for weeks.

The government of the Canary Islands has acquired the first 30 prefabricated houses out of a total of 200 it plans to purchase to provide a temporary housing solution for families who have lost their homes under the lava. These first 30 modular wooden houses will be built on land ceded by the town hall of El Paso. Most of these houses have three bedrooms and are 74 square meters in size.
In addition, these days « a phase of transition » is underway in La Palma, to allow people staying in hotels, with friends and families to access prefabricated houses and apartments. For this transitional phase, the ministry acquired a first batch of 18 apartments, the purchase of which was formalized this week. This lot of 18 brick houses is located in the municipalities of Tazacorte and Fuencaliente. Then there will be a third phase, during which the victims will get into their permanent homes, but this will not be before four years.

The eruption, because of the tension it caused, worsened the situation of violence among couples in La Palma. The Canarian Institute for Gender Equality reports a 57% increase in calls for violence against women between September 19 and October 18.
Source: Spanish press.

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7:00 p.m : The volcanic tremor continues to decline, but Spanish scientists warn that it is still too early to say that the end of the eruption is approaching. The tremor and sulfur dioxide show values which were those of mid-October. One must remain cautious because relapses are still possible. According to IGN, the tremor experienced a further decline on November 5th, within an oscillatory behaviour.  »
The level of activity visible in the cone continues to be highly variable. Sudden increases are observed, accompanied by an increase in lava emission.
On November 5th, the ash plume reached 3,500 meters. Its orientation is currently favorable to the activity of the airport. Indeed, the prevailing winds carry the ash and sulfur dioxide towards the south-southwest of the eruptive center. Air quality is also better in La Palma.

Exemple de maison préfabriquée destinée aux personnes victimes de l’éruption.