Volcans du monde // Volcanoes of the world

Voici quelques informations sur l’activité volcanique dans le monde.

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L’Épisode 38 de l’éruption du Kilauea (Hawaï) le 6 décembre 2025 a été l’événement le plus spectaculaire de la semaine écoulée. Des fontaines de lave de près de 370 mètres de hauteur ont jailli de la bouche sud, détruisant au passage l’une des webcams du HVO. Avant que la bouche sud ne devienne la plus puissante, on observait trois fontaines de lave simultanées d’une hauteur d’environ 150 mètres : deux provenaient de la bouche nord et une de son homologue sud. Ce triple phénomène est extrêmement rare et c’est la première fois qu’il est observé au cours de cette éruption qui a duré une douzaine d’heures. L’inflation sommitale a repris dès l’arrêt des fontaines de lave. Le HVO s’attend à un 39ème épisode d’ici deux à trois semaines.

Source : HVO.

Image webcam de l’Épisode 38

L’Épisode 38 s’est terminé avec un débit moyen de 190 mètres cubes par seconde. On estime à 12,6 millions de mètres cubes le volume de lave émis. Cette lave a recouvert environ 50 à 60 % du plancher du cratère de l’Halemaʻumaʻu.
Plus globalement, après un an d’éruptions à répétition, le HVO explique que plus de 185,5 millions de mètres cubes de lave se sont déversés dans la caldeira sommitale du Kilauea depuis le début des éruptions épisodiques du volcan, le 23 décembre 2024.
Voici ci-dessous deux photos montrant une vue d’ensemble du cratère de l’Halemaʻumaʻu. La photo du haut date du 12 décembre 2024, juste avant le début des éruptions, et celle du bas a été prise le 11 décembre 2025.

On peut observer le monticule de téphra en formation sur la gauche, le long de la lèvre de la caldeira ; ce monticule était absent en 2024. On estime que le plancher du cratère s’est élevé de plus de 64 mètres, mais il reste encore beaucoup d’espace pour de nouvelles éruptions. La prochaine devrait avoir lieu entre le 20 et le 30 décembre 2025.
Source : HVO.

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Sur l’île de la Réunion, on s’attendait à une éruption du Piton de la Fournaise à brève échéance. Les instruments de l’OVPF avaient détecté une intrusion magmatique qui s’est arrêtée le 5 décembre 2025. Rien de significatif n’étant remarqué par l’Observatoire le 8 décembre, le préfet a levé les restrictions d’accès à l’Enclos dans les limites des zones balisées.

Toutefois, la sismicité ainsi que l’inflation lente de la zone sommitale se poursuivent, même si la sismicité a bien faibli. Il ne fait guère de doute que la mise en pression du réservoir magmatique superficiel se poursuit. Jusqu’à quand ? Personne ne le sait.

Selon l’OVPF, à ce stade, aucune hypothèse n’est écartée (arrêt définitif de l’intrusion, reprise de l’intrusion, nouvelle intrusion) quant à l’évolution de la situation à venir compte tenu de cette sismicité persistante. Cette situation illustre parfaitement l’état actuel de la prévision éruptive. Les paramètres scientifiques montrent qu’un événement est probable, mais nous sommes incapables de dire quand. Ce n’est pas très grave pour le Piton de la Fournaise dans la mesure où aucune population n’est vraiment menacée.

Par le passé de telles intrusions ont parfois précédé de quelques jours l’injection finale de magma conduisant à l’éruption, comme cela a été observé récemment en septembre 2022 et décembre 2020.

Photo: C. Grandpey

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Selon des chercheurs de l’Université d’État de l’Oregon (OSU), l’Axial Seamount, un volcan sous-marin situé au large des côtes de l’Oregon, le long de la dorsale Juan de Fuca dans l’océan Pacifique, dont l’éruption était initialement prévue pour 2025, ne se manifestera pas avant le milieu ou la fin de l’année 2026. Les chercheurs de l’OSU surveillent en continu et en temps réel l’activité de l’Axial Seamount grâce au Regional Cabled Array (RCAR), un dispositif qui utilise environ 1 050 kilomètres de câbles sous-marins et plus de 140 instruments pour surveiller en permanence son activité. Ces derniers ont révélé que le seuil de gonflement du volcan est proche de celui de l’éruption de 2015. Alors que l’année 2025 tire à sa fin, le gonflement de l’Axial Seamount est resté stable et la sismicité est relativement faible, ce qui signifie qu’« aucune éruption n’est imminente ». Au rythme actuel de l’inflation, aucune éruption ne devrait se produire avant le milieu ou la fin de l’année 2026.
Même si l’Axial Seamount entrait en éruption en 2026, il n’y aurait aucun danger pour la population. Les coulées de lave n’auraient aucun impact sur la surface de l’océan et ne feraient que remodeler le plancher océanique.
L’Axial Seamount a connu une cinquantaine d’éruptions au cours des 800 dernières années. Trois ont eu lieu ces 30 dernières années : en 1998, 2011 et 2015.

Source : Salem Statesman Journal.

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Dans une mise à jour publiée le 11 décembre 2025, le Met Office islandais indique que le processus d’accumulation magmatique sous Svartsengi se poursuit. Au cours des deux dernières semaines, le rythme d’accumulation est resté relativement stable.
Le Met Office ajoute que tant que le magma s’accumule, la probabilité d’une éruption demeure élevée. L’incertitude quant à la date de la prochaine éruption devient plus grande lorsque l’accumulation est lente. Compte tenu du rythme d’accumulation actuel, cette incertitude se chiffre en mois. Autrement dit, toute prénision éruptive à court terme est impossible.
Les modélisations montrent que depuis mars 2024, le volume de magma nécessaire pour déclencher une nouvelle éruption semble avoir augmenté par rapport aux éruptions précédentes. Selon les modèles, le volume de magma accumulé sous Svartsengi entre les éruptions depuis mars 2024 a varié entre 17 et 23 millions de mètres cubes. Les modélisations montrent actuellement qu’un peu plus de 17 millions de mètres cubes de magma se sont accumulés sous Svartsengi depuis la dernière éruption de juillet 2025. Ce volume est comparable à celui observé juste avant l’éruption de mai 2024.
L’activité sismique dans la région demeure faible.
Source : Met Office.

Volumes de magma accumulés pour chaque épisode d’inflation à Svartsengi depuis décembre 2023. Les barres orange représentent le volume accumulé avant le début de l’éruption. La barre rouge représente le volume accumulé depuis l’éruption de juillet jusqu’à aujourd’hui. (Source : Met Office)

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L’activité éruptive s’est poursuivie à Ambae (Vanuatu) durant la dernière semaine de novembre et la première semaine de décembre. Des panaches de vapeur, de gaz et de cendres étaient visibles sur les images satellites et les webcams. Une anomalie thermique a également été détectée sur les images satellites. Des retombées de cendres ont été signalées dans les localités situées sous le vent. Selon le VAAC de Wellington, les panaches de cendres ont atteint une hauteur de 3,7 km début décembre. Le niveau d’alerte reste à 2 (sur une échelle de 0 à 5) et la population est priée de rester en dehors de la zone de danger A, soit un rayon de 2 km autour des bouches actives du lac Voui.
Source : Département de météorologie et de géorisques du Vanuatu (VMGD).

Bouche active sur le Lac Voui (Source: Vanuatu GeoHazards)

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Une forte sismicité est toujours enregistrée sur le Bur ni Telong (Indonésie). Le réseau sismique a détecté une hausse du nombre d’événements volcaniques profonds. De plus, on a enregistré 19 séismes tectoniques locaux. Aucune émission n’a été observée. Le niveau d’alerte reste à 2 (niveau 2 sur une échelle de 1 à 4), mais la zone d’exclusion a été étendue à un rayon de 3 km autour du cratère le 4 décembre 2025. Le public est invité à éviter les zones de fumerolles et de solfatares, en particulier par temps nuageux ou pluvieux.

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Toujours en Indonésie, l’activité éruptive se poursuit sur le Semeru, avec des événements quotidiens enregistrés par le réseau sismique. Des panaches de vapeur et de cendres s’élèvent entre 400 et 1 100 m au-dessus du sommet. Une incandescence sommitale ainsi que sur la partie supérieure du flanc sud-est est visible de nuit sur les images des webcams. Le niveau d’alerte reste à 3 et le public est prié de se tenir à au moins 5 km du sommet dans toutes les directions, et à l’écart des ravines en raison des risques d’avalanches et de lahars.
Source : PVMBG.

Photo: C. Grandpey

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L’activité éruptive se poursuit sur le Puracé (Colombie). La sismicité inclut des épisodes de tremor et des signaux longue période indiquant des mouvements de fluides, et des séismes révélant des fracturations de roches à des profondeurs de 1 à 3 km. Les émissions de gaz et de cendres s’élèvent de 100 à 900 m au-dessus du sommet. Le 3 décembre 2025, une hausse de température à l’intérieur du cratère a été observée par satellite. De faibles retombées de cendres ont été signalées dans plusieurs localités. Le niveau d’alerte reste à l’Orange (niveau 2 sur une échelle de quatre couleurs) et le public est prié de rester à l’écart du cratère.
Source : Servicio Geologico Colombiano (SGC).

Source: Wikipedia

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L’éruption du Krasheninnikov (Kamchatka) se poursuit. Une importante anomalie thermique au-dessus du volcan a été identifiée sur les images satellites. Elle a révélé la présence de coulées de lave sur le flanc est-nord-est du 22 novembre au 6 décembre 2025. La couleur de l’alerte aérienne reste Orange (niveau 2 sur une échelle de quatre couleurs).
Source : KVERT.

Crédit photo: KVERT

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Au vu des images satellites, l’éruption du Nyamulagira (République Démocratique du Congo) s’est poursuivie en décembre. Une incandescence était visible sur le fond de la caldeira sommitale et au niveau des coulées de lave actives sur le flanc nord-ouest le 7 décembre. La longueur maximale de la coulée de lave a été estimée à environ 6,5 km par rapport au cratère.
Source : Copernicus.

Éruption du Nyiamuragira (Crédit photo: Observatoire de Goma)

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L’activité reste globalement stable sur les autres volcans mentionnés dans les bulletins précédents « Volcans du monde ».
Ces informations ne sont pas exhaustives. Vous pourrez en obtenir d’autres en lisant le rapport hebdomadaire de la Smithsonian Institution :
https://volcano.si.edu/reports_weekly.cfm

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Here is the latest news about volcanic activity around the world.

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Episode 38 of the Kilauea eruption (Hawaii) on December 6, 2025, was the most spectacular event of the past week. Lava fountains nearly 370 meters high erupted from the south vent, destroying one of the HVO’s webcams in the process. Before the south vent became the most powerful, three simultaneous lava fountains, each about 150 meters high, were observed: two from the north vent and one from its southern counterpart. This triple phenomenon is extremely rare and was the first time it had been observed during this eruption, which lasted about twelve hours. Summit inflation resumed as soon as the lava fountains stopped. The HVO expects a 39th episode within two to three weeks.

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Episode 38 ended with an average effusion rate of 190 cubic meters per second. An estimated 12.6 million cubic meters of lava erupted and covered about 50-60% of the floor of Halemaʻumaʻu crater.

More globally, after one year of repetitive eruptions, the HVO explains that more than 185.5 million cubic meters of lava have poured into Kilauea’s summit caldera since the volcano’s episodic eruptions began on 23 December 2024.

Here are two photos showing an overview of Halema’uma’u Crater. The top photo is from 12 December 2024, just before the eruptions began, and bottom photo is from today, 11 December 2025. One can see the growing mound of tephra just to their left along the caldera edge, that was not present last year. It is estimated that the crater floor has risen by more than 64 meters. There is still plenty of room left for more episodes. The next one is likely to occur between December 20 and 30, 2025.

Source : HVO.

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Everybody on Réunion Island was expecting an eruption of Piton de la Fournaise in the near future. Instruments from the Piton de la Fournaise Volcano Observatory (OVPF) detected a magma intrusion that ceased on December 5, 2025. As nothing significant was observed by the Observatory on December 8, the prédet lifted the restrictions on access to the Enclos within the limits of the marked areas.

However, seismicity and slow inflation of the summit area continue, even though the seismicity has significantly decreased. There is little doubt that the pressure buildup in the shallow magma reservoir is ongoing. Until when ? Nobody knows.
According to the OVPF, at this stage, no hypothesis is being ruled out (definitive cessation of the intrusion, resumption of the intrusion, or a new intrusion) regarding the future evolution of the situation, given this persistent seismicity. This situation perfectly illustrates the current state of eruptive prediction. The scientific parameters indicate that an event is probable, but we are unable to say when. This is not a major concern for Piton de la Fournaise, as no population is truly threatened. In the past, such intrusions have sometimes preceded the final injection of magma leading to the eruption by a few days, as was observed recently in September 2022 and December 2020.

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According to researchers at Oregon State University (OSU), Axial Seamount, the underwater volcano off the Oregon Coast and along the Juan de Fuca Ridge in the Pacific Ocean, that was predicted to erupt in 2025 is now expected to erupt mid-to-late 2026.

Researchers at OSU have been continuously monitoring the Axial Seamount’s activity in real time by using the Regional Cabled Array, an ocean observatory that uses approximately 1,050 kilometers of undersea cables to constantly monitor activity with more than 140 instruments. The latter have revealed that the inflation threshold is close to where the volcano erupted in 2015. As 2025 comes to a close, while the inflation of Axial Seamount has reportedly been steady, the rate of seismicity has been relatively low, meaning « nothing is imminent. » At the current rate of inflation, no eruption is likely to happen until mid-to-late 2026.

Even if the Axial Seamount volcano erupts in 2026, there is no danger to people. The lava flows that come from Axial Seamount will have no effect on the surface of the ocean and will only reshape the seafloor.

The volcano has experienced around 50 eruptions during the last 800 years. It has had three eruptions in the last 30 years, in 1998, 2011 and 2015.

Source : Salem Statesman Journal.

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In an update released on December 11, 2025, the Icelandic Met Office indicates that the magma accumulation process under Svartsengi is still ongoing.Over the past two weeks, the accumulation rate has remained fairly steady.

The Met Office adds that as long as magma is accumulating, the likelihood of an eruption remains elevated. The uncertainty regarding the timing of the next eruption is greater when accumulation is slow. Based on the current accumulation rate, the timing uncertainty spans months.In other words, short-term eruptive prediction amounts to zero.

Model calculations indicate that since March 2024, the volume of magma required to trigger a new eruption appears to have increased compared to earlier events. According to the models, the magma volume that has accumulated beneath Svartsengi between eruptions since March 2024 has varied between 17 and 23 million cubic meters. Model calculations now show that just over 17 million cubic meters of magma have been added to the accumulation area beneath Svartsengi since the last eruption in July. This is similar to the volume observed just before the May 2024 eruption.

Seismic activity in the area remains low.

Source : Met Office.

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Eruptive activity continued at Ambae (Vanuatu) during the last week of November and the first week of December. Steam, gas, and ash plumes were visible in satellite and webcam observations. A thermal anomaly was also detected in satellite images. Ashfall was reported in downwind communities. According to the Wellington VAAC low-level ash plumes rose as high as 3.7 km in early December. The Alert Level remains at 2 (on a scale of 0-5), and the public is asked to stay outside of Danger Zone A, defined as a 2-km radius around the active vents in Lake Voui.

Source : Vanuatu Meteorology and Geohazards Department (VMGD).

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Increased seismicity is still recordedat Bur ni Telong (Indonesia). The seismic network has detected an increase in the number of deep volcanic events. Additionally, the network recorded has 19 local tectonic earthquakes. No emissions were observed. The Alert Level remains at 2 (level 2 on a scale of 1-4), though on 4 December 2025 the exclusion zone was increased to a radius of 3 km from the crater area. The public should avoid the fumarole and solfatara regions, especially during cloudy or rainy weather.

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Still in Indonesia, eruptive activity continues at Semeru, with daily events recorded by the seismic network. Steam and ash plumes rise 400-1,100 m above the summit. Incandescence at the summit on the upper SE flank can be seen at night on webcam images. The Alert Level remains at 3 and the public is asked to stay at least 5 km away from the summit in all directions, and away from the drainages because of the risks of avalanches and lahars.

Source : PVMBG.

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Eruptive activity continues at Puracé (Colombia). Seismicity is characterized by tremor and long-period signals indicating fluid movement, and earthquakes indicating rock fracturing located at depths of 1-3 km. Daily gas-and-ash emissions rose 100-900 m above the summit. On 3 December 2025, a temperature increase within the crater was identified in satellite data. Minor ashfall has been reported in several communities. The Alert Level remains at Orange (level 2 on a four-color scale) and the public is asked to stay away from the crater.

Source : Servicio Geologico Colombiano (SGC).

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The eruption at Krasheninnikov (Kamchatka) continues. A large thermal anomaly over the volcano has been identified in satellite images. it showed the advancement of lava flows on the ENE flank during 22 November-6 December 2025. The Aviation Color Code remains at Orange (level 2 on a four-color scale).

Source : KVERT.

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The eruption at Nyamulagira (Democratic Republic of Congo) continued in December based on observations using satellite images. Incandescence on the floor of the summit caldera and from active lava flows on the NW flanks was visible in a 7 December satellite image. The distal end of the farthest lava flow was about 6.5 km from the crater rim.

Source: Copernicus.

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Activity remains globally stable on other volcanoes mentioned in the previous bulletins « Volcanoes of the world ».

This information is not exhaustive. You can find more by reading the Smithsonian Institution’s weekly report:

https://volcano.si.edu/reports_weekly.cfm

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Piton de la Fournaise (Ile de la Réunion) : éruption en vue ? // An eruption is getting closer

A partir de 22h30 le 5 décembre 2025 , l’OVPF a enregistré une crise sismique intense sur le Piton de la Fournaise, signe sans ambiguïté que le toit du réservoir magmatique est en train de céder. Le magma quitte la chambre magmatique et remonte vers la surface, un scénario qui annonce une éruption à court, voire très court, terme

Face à cette situation, le préfet a activé à 23h30 l’alerte de niveau 1 du plan ORSEC Volcan. Cela signifie que l’Enclos du Piton de la Fournaise est totalement fermé au public. Aucun accès n’est possible, ni par le Pas de Bellecombe, ni par un autre sentier. Les Grandes Pentes comme les parties haute et basse sont également interdites jusqu’à nouvel ordre. La RN2, en revanche, reste ouverte à la circulation.

A noter toutefois que cette crise sismique a fortement ralenti et peut être désormais considérée comme arrêtée depuis 3h du matin le 6 décembre. Néanmoins l’OVPF précise que la sismicité reste élevée.

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Starting at 10:30 p.m. on December 5th, 2025, the Piton de la Fournaise Volcano Observatory (OVPF) recorded an intense seismic crisis, a clear sign that the roof of the magma chamber is collapsing. Magma is leaving the magma chamber and rising towards the surface, a scenario that suggests an eruption in the short, or even very short, term. In response to this situation, the Préfet activated level 1 of the ORSEC Volcano emergency plan at 11:30 p.m. This means that the Enclos is completely closed to the public. No access is possible, neither via the Pas de Bellecombe nor any other trail. The Grandes Pentes, as well as the upper and lower sections, are also closed until further notice. The RN2 highway, however, remains open to traffic.
It should be noted, however, that this seismic crisis has slowed considerably and can now be considered over since 3:00 a.m. on December 6th. However, the OVPF specifies that seismicity remains high.

Une histoire de lacs de lave sur Io, la lune de Jupiter // A story of lava lakes on Io, Jupiter’s moon

J’ai rédigé plusieurs notes sur Io, la lune de Jupiter, sur ce blog. Dans l’une d’elles parue le 23 avril 2024, j’expliquais qu’une nouvelle animation réalisée à partir des données de la sonde Juno de la NASA révélait un immense lac de lave à la surface d’Io. Juno a survolé la surface d’Io à moins de 1 500 kilomètres de distance entre décembre 2023 et janvier 2024. Ces survols ont permis d’observer la lune de Jupiter qui héberge des centaines de volcans actifs.

Selon la NASA, les éruptions de ces volcans sont parfois si puissantes qu’elles sont visibles avec des télescopes depuis la Terre. Les images fournies par Juno montrent Loki Patera, un lac de lave de 200 km de diamètre à la surface d’Io. Les scientifiques observent ce lac de lave depuis des décennies. Il se situe au-dessus des réservoirs de magma situés sous la surface d’Io. La lave en cours de refroidissement au centre du lac est entourée d’un cercle de magma possiblement en fusion sur les bords. Les données de la sonde Juno ont permis de créer une animation du lac de lave Loki Patera :
https://youtu.be/GsbEpYNVTFc

 

Image du lac de lave extraite de l’animation

Un article paru récemment sur le site space.com nous apprend que grâce aux données fournies par la sonde Juno, des scientifiques ont découvert que Io, le corps le plus volcanique du système solaire, est encore plus chaud qu’on le pensait. En effet, la lune de Jupiter semble émettre depuis sa surface une quantité de chaleur des centaines de fois supérieure aux estimations précédentes.
Cette sous-estimation n’est pas due à un manque de données, mais à une erreur d’interprétation des données transmises par la sonde Juno. De plus, on apprend qu’environ la moitié de la chaleur rayonnée par Io provient de seulement 17 des 266 sources volcaniques connues sur la lune.

Au vu de cette concentration apparente de chaleur, les chercheurs pensent qu’il n’existerait pas un immense lac de lave sous la surface de Io, contrairement aux hypothèses émises antérieurement. Le chef de l’équipe scientifique à l’Institut national d’astrophysique (INAF) a déclaré : « Ces dernières années, plusieurs études ont suggéré que la distribution de la chaleur émise par Io, mesurée dans le spectre infrarouge, pourrait nous permettre de savoir si un océan de magma existe sous la surface de Io. Cependant, en comparant ces résultats avec d’autres données fournies par Juno et des modèles thermiques plus détaillés, nous avons constaté une anomalie : les valeurs de la chaleur émise semblent trop faibles par rapport aux caractéristiques physiques des lacs de lave connus. »

Le chef de l’équipe scientifique a également expliqué que, jusqu’à présent, les études d’Io s’étaient principalement concentrées sur une bande spécifique de lumière infrarouge la bande M. Les données de la bande M recueillies par le JIRAM (Jovian InfraRed Auroral Mapper) à bord de Juno ont permis d’identifier les régions les plus chaudes d’Io et, par conséquent, de comprendre son volcanisme. Cependant, les mesures effectuées dans cette bande spectrale ont pu avoir influencé les estimations de chaleur précédentes. « Le problème est que cette bande n’est sensible qu’aux températures les plus élevées et tend donc à privilégier les zones les plus incandescentes des volcans, tout en négligeant les zones plus froides mais beaucoup plus étendues. »
En repensant leur approche des données fournies par le JIRAM de Juno, l’équipe scientifique a modifié sa vision de la structure des lacs de lave d’Io. Il en ressort que la plupart des volcans d’Io ne sont pas uniformément chauds, mais possèdent plutôt un anneau extérieur chaud et brillant avec une croûte centrale plus froide et solide (voir image ci-dessus). Cette dernière région est moins brillante dans la bande M de la lumière infrarouge, mais couvre une plus grande surface, ce qui lui permet d’émettre une quantité de chaleur considérable.

Source : space.com

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I have written several posts about Io, Jupiter’s moon, on this blog. In an article published on April 23rd, 2024, I explained that a new animation performed with NASA Juno spacecraft data revealed an enormous lava lake on the surface of Io. Juno swept within 1,500 kilometers of the volcanic surface of Io in December 2023 and January 2024. These flybys provided the closest look ever at Jupiter’s moon. Io hosts hundreds of active volcanoes. According to NASA, their eruptions are sometimes so powerful that they can be seen with telescopes on Earth. The new images showes Loki Patera, a 200-km-wide lava lake on Io’s surface. Scientists have been observing this lava lake for decades. It sits over the magma reservoirs under Io’s surface. The cooling lava at the center of the lake is ringed by possibly molten magma around the edges.

Juno spacecraft data has been used to create an animation of the lava lake Loki Patera :

https://youtu.be/GsbEpYNVTFc

An article recently published on the website space.com informs us that using data from NASA’s Juno spacecraft, scientists have discovered that io, the solar system’s most volcanic body, is even hotter than we thought. In fact, Jupiter’s moon Io could be emitting hundreds of times as much heat from its surface as was previously estimated.

The reason for this underestimate wasn’t due to a lack of data, but was a result of how Juno’s data was interpreted. The results also demonstrate that about half of the heat radiating from Io comes from just 17 of 266 the moon’s known volcanic sources.

The team behind this research thinks that this clear concentration of heat, rather than a global emission, could suggest that an Io-wide lava lake may not exist beneath the surface of this moon of Jupiter as has previously been theorized. « In recent years, several studies have proposed that the distribution of heat emitted by Io, measured in the infrared spectrum, could help us understand whether a global magma ocean existed beneath its surface, » the team leader of the National Institute for Astrophysics (INAF) said in a statement. « However, comparing these results with other Juno data and more detailed thermal models, we realized that something wasn’t right: the thermal output values ​​appeared too low compared to the physical characteristics of known lava lakes. »

The team leader also explained that until now, studies of Io have focused heavily on a specific band of infrared light known as the M-band. M-band data collected by the Jovian InfraRed Auroral Mapper (JIRAM) aboard Juno have allowed to identify the hottest regions of Io and thus understand its volcanism. However, but the measurements collected in this spectral band could have influenced previous heat estimates. « The problem is that this band is sensitive only to the highest temperatures, and therefore tends to favor the most incandescent areas of volcanoes, neglecting the colder but much more extensive ones. »

Reconsidering their approach to Juno’s JIRAM data changed the team’s view of the structure of Io’s lava lakes. They found that most of Io’s volcanoes are not uniformly hot but instead possess a hot and bright outer ring with a cooler, solid central crust (seeimage above). This latter region is less bright in the M-band of infrared light but covers a larger surface area, allowing it to emit an enormous amount of heat.

Source : space.com.

Une meilleure prévision éruptive sur l’Etna (Sicile) ? // Better eruptive prediction on Mt Etna (Sicily) ?

Alors que l’Etna est vivement critiqué par l’UNESCO pour la mauvaise gestion de son Parc, une nouvelle méthode de surveillance des mouvements de magma sous le volcan pourrait permettre aux scientifiques de mieux prévoir une éventuelle éruption.
L’éruption la plus récente de l’Etna, le 2 juin 2025, a éjecté un énorme nuage de cendres de 6,5 kilomètres de haut et déclenché une avalanche de blocs de lave et autres matériaux.

https://www.youtube.com/shorts/T8FxmsaoqQc?feature=share

L’éruption était annoncée ; les autorités ont donc pu émettre des bulletins d’alerte le matin même, mais les prévisions sont rarement aussi fiables.
Selon une nouvelle étude publiée par des scientifiques de l’INGV le 8 octobre 2025 dans la revue Science Advances, la nouvelle méthode de surveillance pourrait faciliter la prévision des éruptions de l’Etna. Les chercheurs ont analysé un paramètre, la valeur b, qui décrit le rapport entre les séismes de faible et de forte magnitude dans une région de la croûte terrestre. Ce rapport peut changer à mesure que le magma remonte à travers la croûte jusqu’au sommet d’un volcan. Un géophysicien de l’Etna Osservatorio explique que « l’évolution de la valeur b au fil du temps reflète l’évolution des contraintes à l’intérieur du volcan. Puisque la remontée du magma induit des variations de contraintes au sein de la croûte, le suivi de la valeur b peut révéler les différentes étapes du transfert du magma des profondeurs vers la surface.»
La valeur b est un paramètre établi en volcanologie, mais les chercheurs l’ont étudiée d’une manière innovante, à l’aide d’un modèle statistique actualisé. En compilant 20 années de données sismiques sur l’Etna, ils ont constaté une forte corrélation entre la valeur b et l’activité volcanique de l’Etna.
L’Etna se situe dans la zone de collision entre les plaques tectoniques africaine et européenne. De ce fait, une fracture verticale dans la croûte terrestre sous le volcan facilite la remontée du magma à la surface. La croûte sous l’Etna atteint 30 km d’épaisseur. Le magma remonte à travers la croûte avant une éruption, mais au lieu de réalimenter une seule chambre magmatique, la roche en fusion alimente une série de zones de stockage interconnectées, logées dans la croûte à différentes profondeurs. La zone de stockage magmatique la plus profonde se situe à 11 km sous le niveau de la mer et alimente un système de stockage intermédiaire composé de différentes zones s’étendant probablement de 3 à 7 km de profondeur. À mesure que le magma remonte, il traverse un réseau complexe de fractures et atteint finalement la dernière zone de stockage, située au-dessus du niveau de la mer, à l’intérieur de l’édifice volcanique.

Modèle sismique-tectonique 3D mettant en évidence la corrélation entre les clusters sismiques et les principales structures géologiques. Source : INGV)

Les chercheurs ont analysé les schémas sismiques des 30 kilomètres de croûte sous le volcan de 2005 à 2024, en accordant une attention particulière à la variation de ces schémas selon les régions de la croûte. En général, les régions de la croûte terrestre comportant des zones de stockage magmatique actives présentent des valeurs b plus élevées que les régions plus stables, car les zones actives connaissent plutôt de petits séismes. À l’inverse, les régions plus stables de la croûte terrestre subissent généralement plus de séismes importants car la force nécessaire pour briser la roche est plus importante.
Ainsi, en suivant la valeur b au fil du temps, les chercheurs pourraient suivre le mouvement du magma à travers la croûte profonde jusqu’à la première zone de stockage, puis vers le système de stockage intermédiaire, et enfin vers la zone de stockage peu profonde. Cette méthode pourrait permettre aux scientifiques d’estimer la chronologie des éruptions de l’Etna.
Source : Live Science via Yahoo News.

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While Mount Etna is under sharp criticism from the UNESCO for the poor management of its Park, a newly discovered way to monitor magma movements beneath the volcano could help scientists forecast when it might erupt.

Etna’s most recent eruption, in June 2025, ejected a huge 6.5-kilometer-high cloud of ash and triggered an avalanche of hot lava blocks and other debris. The eruption was expected, so officials were able to issue warnings on the morning of the event, but predictions are rarely as reliable.

According to a new study published by INGV scientists on October 8 2025 in the journal Science Advances , the novel method could make it easier to predict Mount Etna’s eruptions. The researchers analyzed a parameter called the b value, which describes the ratio of low-magnitude to high-magnitude earthquakes in a region of Earth’s crust. This ratio can change as magma rises through the crust to the summit of a volcano.

A geophysicist at INGV’s Etna Observatory explains that « changes in the b value over time reflect how the stress inside the volcano is evolving. Since magma ascent induces stress changes within the crust, tracking the b value can help reveal different stages of magma transfer from depth to the surface. »

The b value is an established parameter in volcanology, but the researchers examined it in a novel way, with an updated statistical model. By compiling 20 years’ worth of earthquake data from Mount Etna, they found a very strong correlation between the b value and Etna’s volcanic activity.

Mount Etna sits in the collision zone between the African and European tectonic plates. As a result, a vertical fracture in Earth’s crust underlies the volcano, thus facilitating the rise of magma to the surface. The crust beneath Mount Etna is up 30 km thick. Magma rises through this volume before an eruption, but instead of replenishing a single magma chamber, the molten rock feeds a series of interconnected storage zones that are embedded in the crust at different depths. The deepest magma storage zone is 11 km below sea level, and it feeds an intermediate storage system with different zones likely extending 3 to 7 km deep. As magma rises, it travels through an intricate network of fractures and eventually reaches the last storage zone, which is located above sea level inside the volcano edifice.

The researchers analyzed seismic patterns in the 30 kilometers of crust beneath the volcano from 2005 to 2024, paying particular attention to how these patterns varied between crustal regions. Generally, regions of Earth’s crust with active magma storage zones show higher b values than more stable regions do, because the active zones experience more small earthquakes than bigger ones. Conversely, regions of Earth’s crust that are more stable typically experience more big earthquakes than smaller ones, because it takes more force to break the rock.

So, by tracking the b value over time, it may be possible for researchers to follow the movement of magma through the deep crust to the first storage zone, up from there to the intermediate storage system, and up again to the shallow storage zone. This method could help experts estimate the timings of eruptions at Mount Etna.

Source : Live Science via Yahoo News.