Réchauffement climatique : le Perito Moreno (Argentine) fond lui aussi // Global warming : Perito Moreno (Argentina) is melting too

Partout dans le monde, les glaciers fondent à cause du réchauffement climatique. Cependant, certains d’entre eux semblaient faire de la résistance et être insensibles à la hausse des températures. Le Perito Moreno, situé dans le champ de glace sud de la Patagonie argentine, en faisait partie. On pensait que ce glacier était l’un des rares sur Terre à être relativement stable. Ce n’est plus le cas et le Perito Moreno connaît actuellement son « recul le plus important depuis le siècle dernier », selon une nouvelle étude publiée dans la revue Communications Earth & Environment.
Le Perito Moreno a commencé à perdre contact avec le substrat rocheux, ce qui entraîne une augmentation de la perte de glace à mesure qu’il recule. Un phénomène, par ailleurs observé au Groenland, se produit sur le glacier : de petits lacs d’eau de fonte sont apparus à sa surface. Avec le temps, cette eau s’est infiltrée à l’intérieur du glacier et a atteint le substrat rocheux où elle se comporte comme un lubrifiant, accélérant la vitesse du glacier qui, dans le même temps, perd de son épaisseur. .Ce changement, illustré par des vidéos en accéléré spectaculaires depuis 2020, met en évidence l’équilibre fragile de l’un des glaciers les plus connus au monde.

Lacs de fonte au Groenland 

Les auteurs de l’étude prévoient que le Perito Moreno reculera encore de plusieurs kilomètres au cours des prochaines années. Ils ont mené des travaux de terrain afin d’obtenir les données nécessaires à leurs calculs. Pour mesurer l’épaisseur de la glace, ils ont survolé le glacier en hélicoptère avec un radar suspendu sous l’appareil. Ils ont également utilisé un sonar sur le lac Argentino et des données satellitaires.
Chaque année, des centaines de milliers de personnes visitent le glacier Perito Moreno, inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO en 1981. Ce site est connu pour le vêlage d’énormes blocs de glace qui s’écroulent dans le lac Argentino de manière très spectaculaire.
Les négationnistes du réchauffement climatique pointent souvent du doigt des anomalies comme la résistance du Perito Moreno, qui, pendant longtemps, n’a pas reculé contrairement à la plupart des autres glaciers de la planète. Même sans réchauffement climatique, les glaciers fluctuent légèrement. Si le climat est stable, l’accumulation de neige et de glace en amont compense la fonte en aval. Malheureusement, l’accumulation de neige dans la partie supérieure du glacier est devenue insuffisante pour favoriser sa progression.
Au final, le Perito Moreno ne diffère plus des autres glaciers : il fond et recule.
Source : Associated Press via Yahoo News.

Source: Wikipedia

————————————————–

Glaciers are melting all over the world because of global warming. However, it seemed a few of them were resilient and unaffected by the rising temperatures. Perito Moreno in Argentina’s Southern Patagonian Ice Field was one of them. The glacier was thought to be one of the few on Earth to be relatively stable. This is no longer true and Perito Moreno is now undergoing its “most substantial retreat in the past century,” according to new research releaszed in the journal Communications Earth & Environment.

Perito Moreno has started losing contact with the bedrock below, causing it to shed more ice as it inches backward. A phenomenon, already observed in Greenland has occurred at Perito Moreno. Small meltwater lakes have appeared on the glacier’s surface. With time, this water percolates into the glacier and reaches the beadrock where it acts as a lubricant, accelerating the speed of the glacier which loses thickness in the meantime. It’s a change, illustrated in dramatic timelapse photos since 2020, that highlights the fragile balance of one of the most well-known glaciers worldwide.

The authors of the study expect Perito Moreno to retreat several more kilometers in the next few years. They did extensive field work to get the data for their calculations. To measure ice thickness, they flew over the glacier in a helicopter with a radar device suspended beneath. They also used sonar on Lake Argentino and satellite information from above.

Every year, hundreds of thousands of people visit Glaciar Perito Moreno, which was declared a UNESCO World Heritage Site in 1981. It’s a site known to “calve” ice chunks that fall into Lake Argentino.

People who deny global warming frequently point to anomalies like Perito Moreno, which for a long time was not retreating when most other glaciers were. Even without global warming, glaciers fluctuate a bit. If the climate is stable, ordinary accumulation of snow and ice offsets the melting. Unfortunately, snow accumulation in the upper part of the glacier is insufficient to help the glacier move forward.

Another phenomenon has been observed at Perito Moreno. Small meltwater lakes have appeared on the glacier’s surface. With time, this water percolates into the glacier and reaches the beadrock where it acts as a libricant, accelerating the speed of the glacier which loses thickness in the meantime.

In the end, Perito Moreno is no longer different fromthe other glaciers : it is melting and retreating.

Source : Associated Press via Yahoo News.

Les glaciers du Mont Rainier (suite) // Mount Rainier glaciers (continued)

Dans plusieurs notes publiés en janvier 2011, juin et septembre 2023 sur ce blog, j’ai alerté sur la fonte des glaciers du mont Rainier, un volcan culminant à 4 392 m dans l’État de Washington. Les scientifiques nous rappellent régulièrement que ces glaciers jouent un rôle important : ils permettent à des écosystèmes de s’installer, alimentent les rivières et sont source de vie pour les localités environnantes. Depuis les années 1970, ils fondent plus vite qu’on ne l’imaginait.
Au début des années 1900, le mont Rainier comptait 30 glaciers. Aujourd’hui, on estime qu’il n’en reste que 26. Le glacier Ohanapecosh a commencé à se fragmenter et pourrait disparaître d’ici une décennie. Plus globalement, les glaciers du mont Rainier perdent plus de glace en été qu’ils n’en gagnent en hiver. Les glaciologues estiment que trois nouveaux glaciers pourraient disparaître au cours des vingt prochaines années. Après n’avoir perdu qu’un seul glacier au cours du 20ème siècle, le mont Rainier pourrait en perdre six au cours de la première moitié du 21ème siècle.

Le glacier Nisqually en 2002 (Photo: C. Grandpey)

Le glacier Nisqually en 2015, lors de ma dernière visite

Le Nisqually en 2020 (Source : NPS)

Il y a encore quelques années, les touristes visitaient Paradise Ice Caves, des les grottes de glace creusées dans le glacier éponyme. Célèbres pour leurs formations d’un bleu éclatant, elles furent le site touristique le plus visité pendant des décennies avant que la fonte du glacier ne provoque la chute d’énormes blocs de glace, mettant en danger les visiteurs et poussant les autorités à en fermer l’accès en 1980. La disparition des grottes préfigurait la disparition des glaciers à laquelle la montagne est aujourd’hui confrontée, et qui modifie rapidement son paysage.
Un rapport de 2023 du National Park Service (NPS) à propos du volume glaciaire du mont Rainier de 1896 à 2021, faisait état de la disparition du glacier Stevens. Une étude de 2023 déclarait que les glaciers Pyramid et Van Trump n’avançaient plus. Un rapport du NPS avait précédemment décrit les deux glaciers comme « en danger critique d’extinction ».

Les glaciologues ont constaté une accélération de la fonte des glaciers ces dernières années, un indicateur confirmé par les scientifiques lors des relevés de surveillance. La vaste étude effectuée par le NPS, qui a mesuré la perte de glaciers au mont Rainier de 1896 à 2021, a révélé une réduction de 41,6 % de la superficie glaciaire durant cette période. Entre 2015 et 2021, l’étude a révélé que le rythme de perte de superficie des glaciers sur le mont Rainier était plus de deux fois supérieur à celui estimé pour la période 2009-2015.

 

Photo: C. Grandpey

Il convient de noter que, face à la politique climatique de l’Administration Trump, les scientifiques sont réticents aujourd’hui à accorder des interviews par crainte de représailles. Ils ont simplement affirmé que le mont Rainier était un lieu idéal pour étudier le réchauffement climatique en raison de sa grande diversité d’altitude et de ses glaciers qui réagissent aux variations de température et de précipitations avec des résultats mesurables. Ils estiment que les projections concernant le réchauffement climatique au cours du siècle prochain pourraient révéler des modifications significatives à propos de la couverture glaciaire du mont Rainier. Par exemple, ces modèles indiquent que les glaciers de basse altitude pourraient disparaître complètement au cours du siècle prochain, tandis que ceux qui se trouvent au sommet persisteront, avec des fronts situés plus haut sur la montagne.
Les chercheurs analysent l’évolution du réchauffement climatique sur le mont Rainier, notamment grâce à des stations météorologiques, des sondes et des mesures régulières sur les 28 glaciers identifiés. Les scientifiques du Parc contrôlent également les différentes espèces végétales présentes sur la montagne, notamment les fleurs et les forêts de basse altitude.

Marmotte à Paradise (Photo: C. Grandpey)

Le mont Rainier accueille environ deux millions de visiteurs chaque année.
Source : National Park Service.

———————————————-

In several posts written in January 201, June and September 2023, I have alerted to the melting of glaciers on Mounrt Rainier, a volcano rising 4392 m in Washington State. Scientists regularly remind us that these glaciers play an important rôle as they anchor ecosystems, feed rivers, and support nearby communities. Since the 1970s, they have been melting away faster than many imagined.

In the early 1900s, Mount Rainier had 30 glaciers. Today, it is estimated that only 26 remain. The Ohanapecosh Glacier has begun to fragment and may vanish within a decade. More globally, glaciers at Mount Rainier are losing more to melt in the summer than they are gaining in the winter. Glaciologists estimate three more glaciers could be lost in the next twenty years. After losing just one glacier in the 20th century, Mount Rainier may lose six in just the first half of the 21st century.
Years ago, tourists visited the Paradise Ice Caves, tucked inside the Paradise Glacier. Famous for their glowing blue formations, they were the most-visited tourist spot for decades before glacial melting caused large chunks of ice to begin to fall from the ceiling, endangering visitors and pushing officials to close their access in 1980. The disappearing caves foreshadowed the lasting glacier loss that the mountain faces today, which is rapidly changing its landscape.
A 2023 National Park Service (NPS) report surveying Mount Rainier’s glacial volume from 1896 to 2021 declared that Stevens Glacier had disappeared. A 2023 survey declared the Pyramid and Van Trump glaciers were inactive. An NPS report had previously described both glaciers as “critically endangered.”
Glaciologists have noticed the speed of glacier melt has been faster in recent years, which is another measurement scientists track during glacier monitoring surveys.The large NPS study that measured glacier loss at Mount Rainier from 1896 to 2021 found glacial area had been reduced by 41.6% during that time. Between 2015 and 2021, the study found the rate at which Mount Rainier glaciers were losing area was more than two times faster than the rate estimated for the period of 2009 to 2015.
One should notice that, dur to the Trump Administration’s climate policy, scientist today decline interviews for fear of reprisals. They just said Mount Rainier is an ideal location to study global warming because of its large range of elevation and glaciers that respond to changes in temperature and precipitation with measurable results. They believe that a range of forecasts of climate change in the next century may lead to significant changes in the glacier cover at Mount Rainier. These models indicate that lower elevation glaciers may disappear completely in the next century, while those glaciers that start at the summit will persist, though, with terminus positions that are higher up on the mountain.

Ongoing studies track global warming on Mount Rainier, including weather stations, steam gauges and regular measurements of the 28 named glaciers. Park scientists also monitor various species of wildlife on the mountain, including wildflowers and low-elevation forests,
Mount Rainier routinely gets around two million visitors a year.

Source : National Park Service.

Un avenir sombre pour les glaciers // A dark future for the glaciers

Une nouvelle étude conduite par des chercheurs de l’Université de Bristol (Royaume-Uni) et l’Université d’Innsbruck (Autriche), en collaboration avec des collègues de l’Institut international d’analyse des systèmes appliqués (IIASA), confirme ce que j’ai écrit précédemment sur ce blog : les glaciers ne se régénéreront pas avant des siècles, même si nous parvenons d’ici là à ramener la température de la planète à la limite de 1,5 °C stipulée par la COP 21 de Paris en 2015.

Glacier d’Aletsch (Suisse)

L’étude présente les premières simulations jamais effectuées sur l’évolution des glaciers jusqu’en 2500, en s’appuyant sur des scénarios pessimistes selon lesquels le réchauffement de la planète dépasserait temporairement la limite de 1,5 °C et atteindrait 3 °C avant de se refroidir à nouveau, sauf si les politiques climatiques adoptées par les gouvernements restent inchangées.
Les résultats de l’étude, publiés dans la revue Nature Climate Change, montrent qu’un tel scénario pourrait entraîner une perte de masse des glaciers allant jusqu’à 16 % de plus par rapport à un monde qui ne franchirait jamais le seuil de 1,5 °C.

Mer de Glace (France)

Dans cette étude, les chercheurs ont cherché à déterminer si les glaciers pourraient se rétablir si la planète se refroidissait à nouveau. Malheureusement, la réponse de l’étude est négative. En effet, la hausse globale des températures indique un risque important de dépassement des limites de l’Accord de Paris. Par exemple, 2024 a été l’année la plus chaude jamais enregistrée sur Terre et la première à dépasser la barre des 1,5 °C.
Les scientifiques ont évalué l’évolution future des glaciers selon un scénario pessimiste dans lequel les températures continueraient d’augmenter jusqu’à 3 °C vers 2150, avant de retomber à 1,5 °C en 2300 et de se stabiliser. Ce scénario suppose un avenir avec zéro émissions de gaz à effet de serre, dans lequel les technologies comme le captage du carbone seraient mises en œuvre pour éviter le dépassement des seuils critiques de réchauffement.
Même dans un tel contexte, les résultats montrent que les glaciers subiraient une perte supplémentaire de 16 % de leur masse d’ici 2200, et de 11 % de plus d’ici 2500, en plus des 35 % déjà promis à la fonte à 1,5 °C. Cette eau de fonte supplémentaire finira par atteindre l’océan, contribuant à une élévation encore plus importante du niveau des océans.

Glacier Athabasca (Canada)

Les auteurs de l’étude ont utilisé un nouveau modèle développé par l’Université de Bristol et des institutions partenaires, qui simule l’évolution passée et future de tous les glaciers du monde, à l’exception des deux calottes polaires. Ce modèle a été combiné à de nouvelles projections climatiques proposées par l’Université de Berne (Suisse).
Le modèle montre qu’il faudrait plusieurs siècles, voire des millénaires, aux grands glaciers pour se rétablir suite à une hausse de température de 3 °C. Pour les glaciers plus petits, comme ceux des Alpes, la régénération ne se fera pas avant les prochaines générations, mais elle est possible d’ici 2500. L’eau de fonte des glaciers dans ces régions montagneuses est vitale pour les populations situées en aval, en particulier pendant les saisons sèches.
L’étude a été menée dans le cadre du projet PROVIDE, financé par l’Union Européenne, qui étudie les impacts des dépassements climatiques sur des secteurs clés à travers le monde. On peut y lire dans l’étude que « le comportement des glaciers du futur dépendra de nos actions ou inactions climatiques actuelles. L’heure n’est pas à la complaisance. Nous devons réduire drastiquement nos émissions [de gaz à effet de serre] dès maintenant et atteindre la neutralité carbone afin d’éviter les pires conséquences du réchauffement climatique.»
Source : Institut international d’analyse des systèmes appliqués (IIASA).

Référence :
Schuster, L., Maussion, F., Rounce, D.R., Ultee, L., Schmitt, P., Lacroix, F., Frölicher, T.L., & Schleussner, C-F (2025). Irreversible glacier change and trough water for centuries after overshooting 1.5 °C. Nature Climate Change DOI: 10.1038/s41558-025-02318-w

Glacier Fox (Nouvelle Zélande)

Photos: C. Grandpey

———————————————

New research by the University of Bristol in the UK and the University of Innsbruck in Austria in collaboration with colleagues from the I nternational Institute for Appliied Systems Analysis (IIASA) and Switzerland highlights that mountain glaciers across the globe will not recover for centuries, even if human intervention cools the planet back to the 1.5°C limit.

The research presents the first global simulations of glacier change up to 2500 under so-called pessimistic scenarios when the planet temporarily exceeds the 1.5°C limit up to 3°C before cooling back down, which may never happen if the current government climate policies remain unchanged.

The results, which have been published in Nature Climate Change, show that such a scenario could result in glaciers losing up to 16% more of their mass compared to a world that never crosses the 1.5°C threshold.

In the study, the researchers aimed to discover whether glaciers can recover if the planet cools again. Unfortunately, the study’s answer is negative. Indeed, rising global temperatures now indicate a significant chance of overshooting the Paris Agreement limits adopted in 2015. For example, 2024 was the hottest year ever recorded on Earth and the first calendar year to exceed the 1.5°C mark.

The scientists assessed future glacier evolution under a pessimistic scenario in which global temperatures continue rising to 3.0°C by around 2150, before falling back to 1.5°C by 2300 and stabilizing. This scenario reflects a delayed net-zero future, in which negative emission technologies like carbon capture are only deployed after critical warming thresholds have been exceeded.

The results show glaciers would undergo an additional 16% of glacier mass being lost by 2200, and 11% more by 2500, on top of the 35% already committed to melting even at 1.5°C. This extra meltwater eventually reaches the ocean, contributing to even greater sea-level rise.

The research used a new model developed at the University of Bristol and partner institutions, which simulates past and future changes in all of the world’s glaciers, excluding the two polar ice sheets. It was combined with novel global climate projections produced by the University of Bern (Switzerland).

The model shows it would take many centuries, if not millennia, for the large polar glaciers to recover from a 3°C remperature increase. For smaller glaciers such as those in the Alps, the recovery won’t be seen by the next generations but is possible by 2500. Glacier meltwater in these mountain regions is vital to downstream communities – especially during dry seasons.

This research was conducted as part of the EU-funded PROVIDE project, which investigates the impacts of climate overshoots on key sectors around the world. One can read that“the glaciers of the future will bear witness to the consequences of our climate actions or inactions today. This is not a time of complacency. We need to slash emissions now and decisively on the race to net zero to avoid the worst consequences of climate change. »

Source : International Institute for Appliied Systems Analysis (IIASA)

Reference :
Schuster, L., Maussion, F., Rounce, D.R., Ultee, L., Schmitt, P., Lacroix, F., Frölicher, T.L., & Schleussner, C-F (2025). Irreversible glacier change and trough water for centuries after overshooting 1.5 °C. Nature Climate Change DOI: 10.1038/s41558-025-02318-w

Vague de chaleur en Islande // Heatwave in Iceland

Les scientifiques rappellent constamment que l’Arctique se réchauffe trois à quatre fois plus vite que le reste du monde. Le mois de mai 2025 en Islande illustre parfaitement cette situation. Dans un bulletin spécial publié le 26 mai 2025, le Met Office islandais indique que du 13 au 22 mai 2025, une vague de chaleur inhabituelle a été observée dans le pays. Cela est dû à un système de haute pression bien établi près des îles Féroé, qui s’est progressivement déplacé vers l’Islande. Cet anticyclone a dirigé de l’air chaud du sud et du sud-est vers le pays pendant plusieurs jours. Bien que des conditions météorologiques similaires se soient déjà produites, cette vague de chaleur est exceptionnelle en raison de sa précocité dans l’année, de sa durée et de son ampleur.
L’ensemble de l’Islande a connu un temps très chaud pendant ces journées, avec des températures bien supérieures à la moyenne saisonnière. Les anomalies de température les plus élevées ont été relevées dans les hautes terres du nord-est et de l’est, où l’anomalie de température moyenne a dépassé 10 °C. Les températures ont atteint un pic le week-end du 17 au 18 mai, avec 20 °C ou plus dans environ la moitié des stations météorologiques d’Islande.
Les trois premières semaines de mai 2025 ont été exceptionnellement chaudes. Si l’on compare la température quotidienne moyenne nationale à la moyenne décennale des températures quotidiennes, seuls deux jours de mai ont enregistré des températures légèrement inférieures à la moyenne, tandis que tous les autres jours ont été supérieurs à la moyenne. Dans de nombreuses stations météorologiques du pays, la température moyenne des 22 premiers jours de mai n’a jamais été aussi élevée. De nouveaux records de température ont été établis en mai dans 94 % des stations automatiques en service depuis au moins 20 ans. La température la plus élevée a été de 26,6 °C à l’aéroport d’Egilsstaðir le 15 mai. C’est un nouveau record national de température pour un mois de mai. Le précédent record, établi en 1992, était de 25,6 °C à Vopnafjörður. Il a été de nouveau battu les trois jours suivants dans différentes régions du pays.
Le Met Office explique que des vagues de chaleur surviennent occasionnellement en Islande. Ce sont des périodes de courte durée pendant lesquelles les températures sont nettement supérieures à la normale pendant plusieurs jours consécutifs. Cependant, la vague de chaleur actuelle (du 13 au 22 mai 2025) est la plus intense jamais enregistrée en Islande en mai. La vague de chaleur la plus proche pour un mois de mai s’est produite en 1987, dans des conditions météorologiques à peu près identiques. Les vagues de chaleur les plus importantes de ces dernières années, en termes de durée et d’étendue, se sont produites vers la fin juillet et le début août 2008, ainsi qu’en août 2004.
Source : Met Office.

 

Source : Met Office islandais

 On peut noter que toutes ces températures élevées ont été enregistrées après les années 1970, période pendant laquelle le réchauffement climatique actuel a officiellement commencé. Dans un article publié le 23 mai 2025, j’ai expliqué que cette vague de chaleur touche toute l’Europe du Nord, y compris le nord de la France. Les champs de pommes de terre ont été labourés jusqu’à trois semaines plus tôt dans certaines régions du nord de l’Islande. Dans certains endroits, comme Húsavík, les semis ont déjà commencé, marquant un changement significatif par rapport au calendrier agricole habituel. De plus, les médias islandais indiquent que de nombreuses espèces d’insectes ont fait une apparition plus précoce que d’habitude cet été en Islande. Le temps chaud et favorable est probablement à l’origine de cette émergence précoce. Les touristes doivent donc s’attendre à subir les attaques et les piqûres de nuées d’insectes !

°°°°°°°°°°

Selon les dernières prévisions de l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM), avec une certitude de 70%, le réchauffement moyen de la planète devrait dépasser de plus de 1,5°C les niveaux préindustriels sur la période 2025-2029. La Terre devrait donc rester à des niveaux historiques de réchauffement après les deux années les plus chaudes jamais mesurées, 2023 et 2024, et demeurera aussi la décennie la plus chaude. Le seuil de 1,5°C défini par la COP21 de Paris en 2015 a déjà été dépassé, mais pas sur une durée suffisamment longue pour pouvoir être validé. Il est bien évident que cela s’appelle reculer pour mieux sauter. Non seulement les émissions de CO2 n’ont pas commencé à baisser mondialement, mais elles augmentent même encore. Il y a quelques jours, j’indiquais qu’elles atteignaient plus de 430 ppm au sommet du Mauna Loa (Hawaï) où la NOAA procède à des mesures en continu.

——————————————–

Scientists are constantly warning that the Arctic is warming 3 or 4 times faster than the rest of the world. May 2025 in Iceland is a perfect illustration of this situation. In a special report released on May 26th, 2025, the Icelandic Met Office indicated that from May 13 to 22, 2025, an unusual heatwave occurred in the country. This was due to a persistent high-pressure system near the Faroe Islands, which gradually moved over Iceland. This high-pressure system directed warm air from the south and southeast toward the country for several days. Although similar weather conditions have occurred before, this heatwave was exceptional due to how early in the year it happened, how long it lasted, and how widespread it was.

The entire country experienced very warmweather during these days, with temperatures far above the seasonal average. The temperature anomalies were highest in the northeastern and eastern highlands of Iceland, where  the average temperature anomaly exceeded 10°C. Temperatures peaked over the weekend of May 17–18 when they reached 20°C or more at about half of all weather stations in Iceland.

The first three weeks of May 2025 were exceptionally warm. When comparing the national daily average temperature to the 10-year average expected daily temperatures, only two days in May had slightly below-average temperatures, while all other days were above average. At many weather stations across the country, the average temperature for the first 22 days of May has never been this high. New May temperature records were set at 94% of all automatic stations that have been operated for at least 20 years.  The highest temperature was 26.6°C at Egilsstaðir Airport on May 15, setting a new national May temperature record. The previous record was 25.6°C in Vopnafjörður and occurred on May 26, 1992. The old record from 1992 was surpassed three more times in the following days in different parts of the country.

The Met Office explains that heatwaves occasionally occur in Iceland, periods when temperatures are significantly above normal for several consecutive days. However, the current heatwave (May 13–22, 2025) is the most intense ever recorded in Iceland during May. The closest comparable May heatwave occurred in 1987, under very similar weather conditions. The most significant heatwaves in recent years, in terms of duration and extent, occurred around the end of July and beginning of August 2008, and in August 2004.

Source : Met Office.

One can notice that all these high temperatures were measured after the 1970s which is the moment when the current global warming officially started. In a post released on 23 May 2025, Iexplained that the heawave affects all of northern Europe, including northern France. Potato fields have been plowed up to three weeks early in some parts of northern Iceland. In some locations, such as Húsavík, sowing has already begun, marking a significant change from the usual agricultural calendar. Moreover, Icelandic news media indicate that numerous insect species have made an earlier-than-usual appearance this summer in Iceland, with the warm and favorable weather likely driving the early emergence. Tourists should expect biting flies soon !

°°°°°°°°°°

According to the latest predictions from the World Meteorological Organization (WMO), with 70% certainty, average global warming is expected to exceed pre-industrial levels by more than 1.5°C over the period 2025-2029. The Earth is therefore expected to remain at historic levels of warming after the two hottest years ever recorded, 2023 and 2024, and will also remain the hottest decade. The 1.5°C threshold set by the COP21 in Paris in 2015 has already been exceeded, but not for a long enough period to be validated. This is clearly stepping back to leap forward. Not only have CO2 emissions not begun to decline globally, but they are even still increasing. A few days ago, I reported that they reached more than 430 ppm at the summit of Mauna Loa (Hawaii), where NOAA is taking continuous measurements.