Les biologistes marins sont inquiets. La population de baleines grises connaît actuellement un déclin significatif et un taux de mortalité particulièrement élevé.
En 2016, la population de baleines grises comprenait 27000 individus, mais à partir de 2018, un nombre inquiétant de baleines a commencé à mourir. Depuis 2019, les baleines grises sont décimées par un phénomène appelé ‘événement de mortalité inhabituel’, Unusual Mortality Event, ou UME en anglais. Un UME est un phénomène au cours duquel un nombre important de mammifères marins meurt. Jusqu’à présent, l’UME en cours a provoqué 378 décès confirmés de baleines grises, et beaucoup d’autres n’ont probablement pas été enregistrés.
Les scientifiques ne savent pas exactement pourquoi les baleines meurent, mais dans une étude récemment publiée dans la revue Marine Ecology, les chercheurs pensent que c’est probablement le résultat de la famine due au manque de proies, en relation avec le réchauffement des eaux arctiques où elles se nourrissent. Si cette hypothèse est confirmée, il faut s’attendre à des décès de plus en plus fréquents à l’avenir car les eaux continuent de se réchauffer en raison du changement climatique d’origine anthropique.
La baleine grise de l’est du Pacifique Nord parcourt plus de 6500 kilomètres par an le long de la côte ouest de l’Amérique du Nord, entre les aires d’alimentation de la Mer de Béring en été et les aires de reproduction le long de la Basse-Californie du Sud en hiver.
La pandémie de COVID-19 a entravé la surveillance et les comptages, mais d’après les observations effectuées jusqu’à présent, on a dénombré très peu de veaux et certaines baleines sont extrêmement maigres.
Il semble que l’accès à la nourriture dans la Mer de Béring soit la cause de cette situation difficile pour les cétacés. Le changement rapide des conditions climatiques dans l’Arctique perturbe les cycles normaux. Comme je l’ai déjà écrit, l’Arctique se réchauffe trois fois plus vite que la moyenne mondiale et la glace de mer a atteint un niveau d’absence record à la fin de l’été et à l’automne. Cela a un impact sur les conditions météorologiques, sur les remontées d’eau et la production primaire dans l’Océan Pacifique Nord. La productivité primaire est un terme scientifique faisant référence à une mesure de la vie biologique dans l’océan. De façon saisonnière, à mesure que le temps se réchauffe et que les nutriments sont transportés vers la surface depuis le fond de l’océan grâce aux remontées d’eau, certaines zones de l’océan connaissent des proliférations de plancton. Tous les ans à la même époque, ces proliférations attirent des prédateurs qui arrivent de près et de loin. Si cette abondance de plancton n’existe plus, cela devient une menace pour la vie qui en dépend.
Selon le rapport 2020 de la NOAA sur l’Arctique, la productivité primaire dans la Mer de Béring a montré en 2020 des valeurs inférieures à la moyenne. Sur le long terme, alors que la plupart des régions arctiques comme le Groenland ont vu une augmentation de la productivité primaire, elle n’a pas évolué en Mer de Béring.
Les chercheurs craignent qu’avec le réchauffement du climat, la situation empire pour les baleines grises et d’autres mammifères marins. Il y aura de moins en moins de proies pour les baleines grises, ce qui aura sans aucun doute des effets importants sur la taille des cétacés. Étant donné que les baleines grises se nourrissent de diverses proies dans différentes aires d’alimentation, certaines parties de leur population seront plus résistantes à de tels changements dans l’Arctique tant que la quantité de proies ne changera pas. Il est touefois probable que la population dans son ensemble diminuera avec la réduction de la capacité de charge environnementale.
Source: CBS News.
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Marine biologists are worried. The grey whale population is currently experiencing a significant decline and a particularly high mortality rate.
As of 2016 the population of grey whales consisted of 27,000 individuals, but starting in about 2018, unusual numbers of whales started dying off, alarming scientists. Since 2019, grey whales have been decimated through a phenomenon called unusual mortality event, or UME. A UME is an unexpected phenomenon during which a significant number of marine mammals die. So far, this UME has resulted in 378 confirmed grey whale deaths, and possibly many more that are unrecorded. .
Scientists are not exactly sure why the whales are dying, but in a newly released study, published in the journal Marine Ecology, researchers conclude it is likely a result of starvation due lack of prey, probably caused by warming Arctic waters where they feed. If this hypothesis is confirmed, the concern is that mass die-offs may become more frequent in the future as waters continue to heat up due to human-caused climate change.
The eastern North Pacific grey whale travels over 6,500 kilometres a year each way up and down the west coast of North America between feeding grounds in the Bering Sea in summer and breeding grounds along the Baja California Sur in winter.
The COVID-19 pandemic has hampered monitoring, but from the limited observations so far, there are very few calves and some whales are emaciated.
It appears access to food in the Bering Sea is to blame. The rapid change in the Arctic is disrupting normal cycles. As I put it before, the Arctic has been warming at three times the rate of the global average, and sea ice has reached near record lows during late summer and autumn. This impacts weather patterns, upwelling and primary production in the North Pacific Ocean. Primary productivity is a scientific term referring to a measure of biological life in the ocean. Seasonally, as the weather warms and nutrients are transported to the surface from down below due to upwelling, parts of the ocean come alive with blooms of plankton. Like clockwork, these plankton blooms draw predators from near and far. But if these blooms decrease, it threatens the life that depends on them.
According to NOAA’s 2020 Arctic Report Card, primary productivity in the Bering Sea did show lower-than-average values in 2020. Over the longer term, while most Arctic regions, like Greenland, have seen an increase in primary productivity, the Bering Sea has basically flatlined.
Researchers are concerned that as the climate continues to warm, the challenges will continue to mount for grey whales and other marine mammals. The prey availability for grey whales will be negatively affected, which no doubt will have strong effects on the population size of the species. Since grey whales feed on a variety of prey in different feeding grounds, some parts of their population will be more resilient to such changes in the Arctic, as long as their localized prey does not change. For the population as a whole though, it is likely that the population will decline to the new environmental carrying capacity.
Source: CBS News.
Aire de distribution des baleines grises (Source: Cetacea)