Des été plus longs ? Pas forcément une bonne nouvelle ! // Longer summers? Not necessarily good news!

La plupart des gens apprécient l’été pour ses journées chaudes et ensoleillées. Ils seront ravis de lire une étude publiée par une équipe internationale de chercheurs en novembre 2025 dans la revue Nature Communications. Ses auteurs nous informent que le réchauffement climatique, principalement dû aux activités humaines telles que la combustion des énergies fossiles, pourrait allonger les étés en Europe de 42 jours d’ici 2100. La raison ? Le gradient de température latitudinal (GTL), ou différence de température entre le pôle Nord et l’équateur, est actuellement en baisse. Un GTL élevé influence les régimes de vents à travers l’océan Atlantique, ce qui entraîne des variations de température saisonnières en Europe. Avec un GTL plus faible, les conditions météorologiques estivales et les vagues de chaleur dureront plus longtemps sur le vieux continent. Les chercheurs expliquent que ce phénomène n’est pas nouveau ; il fait partie du système climatique terrestre. Cependant, ce qui change aujourd’hui, c’est la vitesse et l’intensité de ce changement.
Pour étudier l’histoire climatique de la Terre en Europe, les chercheurs ont analysé les couches de sédiments au fond des lacs. Déposés de façon saisonnière, ces sédiments dressent un tableau précis des hivers et des étés jusqu’à il y a 10 000 ans. Il y a environ 6 000 ans, les étés en Europe duraient environ huit mois en raison des fluctuations naturelles du gradient thermique intertropical (GTI). Mais aujourd’hui, l’Arctique se réchauffe jusqu’à quatre fois plus vite que la moyenne mondiale, notamment à cause des émissions de gaz à effet de serre. L’étude montre, en prenant en compte des simulations climatiques du passé, qu’une baisse de 1 °C du gradient thermique entre l’équateur et le pôle Nord pourrait allonger l’été d’environ six jours. En extrapolant avec les projections climatiques actuelles, on s’aperçoit que l’Europe bénéficiera de 42 jours d’été supplémentaires d’ici 2100.
Un tel contexte climatique pourrait remodeler le rythme saisonnier en Europe, ce qui pourrait avoir de profondes conséquences sur les écosystèmes, les ressources en eau, l’agriculture et la santé publique. Un tel bouleversement pourrait transformer une grande partie de l’environnement et de l’économie européens. L’allongement des saisons pourrait profiter à certaines cultures et aux régions septentrionales, mais les vagues de chaleur extrêmes et les pénuries d’eau pourraient rapidement annuler ces avantages. Les écosystèmes adaptés à des conditions plus fraîches et plus humides pourraient être fragilisés, et les risques d’incendies de forêt, de sécheresses et de crises sanitaires liées à la chaleur augmenteraient inévitablement.
Pour les scientifiques à l’origine de cette étude, les archives lacustres anciennes représentent bien plus qu’une simple fenêtre sur le passé. Elles montrent que le climat terrestre a toujours réagi aux variations atmosphériques, mais qu’aujourd’hui, nous repoussons ces limites vers des extrêmes et nous nous dirigeons vers un avenir imprévisible et incertain.
Les conclusions de cette nouvelle étude soulignent à quel point le climat européen est étroitement lié à la dynamique climatique mondiale et comment la compréhension du passé peut nous aider à relever les défis d’une planète en pleine mutation.
Source : Université de Turku (Finlande).

Le réchauffement rapide de l’Arctique, avec le dégel du permafrost, aura de profondes répercussions sur le climat de la Terre (Photo : C. Grandpey)

———————————————

Most people summer with its hot and sunny days. They swill be all the happier if they read a study published by an international team of researchers in November 2025 in the journal Nature Communications. Its authors inform us that global warming, primarily driven by human activities like the burning of fossil fuels, could lengthen summers in Europe by 42 days by the year 2100.

The reason is that the « latitudinal temperature gradient » (LTG), or the temperature difference between the North Pole and the equator, is currently decreasing. A higher LTG drives wind patterns across the Atlantic Ocean, bringing about seasonal temperature changes in Europe. With a lower LTG, summer weather patterns and heat waves will last longer across the continent. The researchers explain that the phenomenon is not new; it is a recurring feature of Earth’s climate system. However, what is different today is the speed, cause and intensity of the change.

To study Earth’s climate history in Europe, researchers analyzed layers of mud at the bottom of lakes. Deposited seasonally, these sediments paint a clear timeline of winters and summers as far back as 10,000 years ago. Around 6,000 years ago, European summers were about eight months long due to natural fluctuations in the LTG. But now, the Arctic is warming up to four times faster than the global average, in part due to greenhouse gas emissions. The study shows, through comparison with climate simulations of the past, that a 1°C decrease in the temperature gradient between the equator and the North Pole could lengthen summer by about six days. Thus, according to current climate projections, Europe will have 42 extra days of summer by 2100.

On top of that, changes in industrial aerosol emissions and internal feedback loops of the Earth’s climate system could also contribute to reshaping Europe’s seasonal rhythm in ways that scientists say could have profound consequences for ecosystems, water resources, agriculture, and public health.

Such a shift could transform much of Europe’s environment and economy. Longer growing seasons might initially benefit some crops and northern regions, but extreme heat and water shortages could quickly outweigh those gains. Ecosystems adapted to cooler, wetter conditions may struggle, and the risks of wildfires, droughts, and heat-related health crises are expected to rise.

For the scientists behind the study, the ancient lake record is more than just a window into the past. It shows that Earth’s climate has always responded to shifts in the atmosphere, but today, we are pushing those boundaries faster toward a more unpredictable future.

The findings of the news research underscore how deeply connected Europe’s weather is to global climate dynamics and how understanding the past can help us navigate the challenges of a rapidly changing planet.

Source :  University of Turku (Finland).

La Niña : le retour, avec quel impact ? // La Niña is back, with what impact?

Toutes les quelques années, des variations dans l’océan Pacifique tropical affectent la météo à travers le globe. Ces variations font partie du cycle El Niño–Oscillation Australe (ENSO), qui alterne entre deux phases principales : El Niño, lorsque les eaux océaniques sont plus chaudes que la normale dans la partie orientale de l’équateur, et La Niña, lorsqu’elles sont plus froides.

Cette année, les prévisionnistes confirment le retour des conditions de La Niña. Alors que El Niño apporte souvent des hivers doux et humides dans certaines régions, La Niña a généralement l’effet inverse ; elle entraîne des températures plus froides dans les zones nordiques et des conditions plus sèches plus au sud.

La Niña, « La Petite Fille » en espagnol, se développe lorsque des alizés exceptionnellement forts poussent les eaux chaudes de surface vers l’ouest à travers le Pacifique. Cela permet aux eaux plus froides de remonter le long de la côte de l’Amérique du Sud, refroidissant une large étendue de l’océan Pacifique tropical. Ce processus modifie la pression atmosphérique et les schémas de circulation dans les tropiques, influençant à leur tour les systèmes de vent et les jet streams dans le monde. Bien que ce phénomène commence dans le Pacifique, La Niña a une portée mondiale ; elle affecte les précipitations, la température et les schémas orageux dans de nombreuses régions.

En Amérique du Nord, elle amène souvent des hivers plus froids et plus enneigés au Canada et dans le nord des États-Unis, tandis que les états du sud connaissent des conditions plus chaudes et plus sèches.

En Europe, la connexion est moins directe mais toujours significative. Selon la position du jet stream de l’Atlantique Nord, La Niña peut apporter des masses d’air plus froides en hiver dans le nord et le centre de l’Europe, tandis que le sud de l’Europe connaît généralement un temps plus doux et stable. En Asie et en Océanie, La Niña augmente les précipitations, avec le risque d’inondations dans le nord de l’Australie et en Indonésie, comme on l’a vu ces dernières semaines. Pendant ce temps, l’Amérique du Sud connaît souvent des conditions plus humides au nord et plus sèches au sud. Ces contrastes régionaux montrent comment un événement océanique unique peut influencer les climats de plusieurs continents.

Selon les dernières prévisions, La Niña devrait persister tout au long de l’hiver et s’affaiblir graduellement au printemps 2026. Pour l’Europe, cela pourrait signifier une saison contrastée – alternant entre des épisodes froids et orageux et des phases plus calmes et douces, selon l’évolution du jet stream. Les zones du nord et du centre devraient plus probablement connaître des vagues de froid, tandis que le sud restera relativement sec et doux. Il faut toutefois être très prudent. Lors du dernier épisode La Niña, les températures globales de la planète n’ont pas cessé d’augmenter. Cela montre que le réchauffement climatique actuel a un impact sur El Niño et La Niña.

Selon les scientifiques, mais il faut parler au conditionnel, certaines preuves laissent supposer qu’à mesure que les températures globales augmentent, les événements La Niña pourraient devenir plus intenses ou plus fréquents, pouvant entraîner des extrêmes plus marqués tels que des inondations, des sécheresses et des vagues de froid. Toutefois, notre capacité à anticiper des événements comme La Niña est limitée car de nombreux processus sous-jacents dans le système océan-atmosphère restent très complexes.

Source : Meteoblue.

Dernière minute : D’après les dernières prévisions de la NOAA, un épisode El Niño devrait aooaraître en 2026, marquant la transition avec l’épisode actuel La Niña de faible intensité. Cette transition devrait influencer le comportement du jet stream et les anomalies de température aux États-Unis, au Canada et en Europe, et potentiellement modifier la répartition des précipitations et l’activité des tempêtes hivernales dans l’hémisphère Nord.

————————————————

Every few years, variations in the tropical Pacific Ocean affect weather across the globe. These variations are part of the El Niño–Southern Oscillation (ENSO) cycle, which alternates between two main phases: El Niño, when ocean waters are warmer than normal in the eastern part of the equator, and La Niña, when they are cooler.
This year, forecasters are confirming the return of La Niña conditions. While El Niño often brings mild, wet winters to some regions, La Niña generally has the opposite effect; it brings colder temperatures to northern areas and drier conditions further south. La Niña, meaning « Little Girl » in Spanish, develops when unusually strong trade winds push warm surface waters westward across the Pacific. This allows cooler waters to move up the coast of South America, cooling a large area of ​​the tropical Pacific Ocean. This process alters atmospheric pressure and circulation patterns in the tropics, in turn influencing wind systems and jet streams worldwide. Although it originates in the Pacific, La Niña has a global reach; it affects rainfall, temperature, and storm patterns in many regions.
In North America, La Niña often brings colder, snowier winters to Canada and the northern United States, while the southern states experience warmer, drier conditions.

In Europe, the connection is less direct but still significant. Depending on the position of the North Atlantic jet stream, La Niña can bring colder air masses to northern and central Europe in winter, while southern Europe typically experiences milder, more stable weather. In Asia and Oceania, La Niña increases rainfall, with the risk of flooding in northern Australia and Indonesia, as seen in recent weeks. Meanwhile, South America often experiences wetter conditions in the north and drier conditions in the south. These regional contrasts demonstrate how a single oceanic event can influence the climates of multiple continents.
According to the latest forecasts, La Niña is expected to persist throughout the winter and gradually weaken in the spring of 2026. For Europe, this could mean a season of contrasts—alternating between cold, stormy spells and calmer, milder phases, depending on the evolution of the jet stream. Northern and central areas are more likely to experience cold snaps, while the south will remain relatively dry and mild. However, caution is advised. During the last La Niña event, global temperatures continued to rise. This shows that the current global warming is impacting both El Niño and La Niña.

According to scientists, though this is still tentative, some evidence suggests that as global temperatures rise, La Niña events could become more intense or more frequent, potentially leading to more pronounced extremes such as floods, droughts, and cold waves. However, our ability to predict events like La Niña is limited because many underlying processes in the ocean-atmosphere system remain highly complex.
Source: Meteoblue.

Last minute : According to NOAA’s latest forecast models, El Niño conditions are likely to develop during 2026, marking a shift from the ongoing weak La Niña. The transition is expected to influence jet stream patterns and temperature anomalies across the United States, Canada, and Europe, potentially reshaping rainfall distribution and winter storm activity in the Northern Hemisphere.

Puracé (Colombie) : Volcan et Traditions // Puracé (Colombia) : Volcano and Traditions

Dans ma dernière note (12 décembre 2025) concernant l’activité volcanique dans le monde, j’explique que l’activité éruptive se poursuit sur le Puracé (Colombie). La sismicité est marquée par des épisodes de tremor et des signaux longue période indiquant des mouvements de fluides. On enregistre aussi des séismes témoignant de la fracturation de la roche à des profondeurs de 1 à 3 km. Chaque jour, les émissions de gaz et de cendres s’élèvent de 100 à 900 m au-dessus du sommet. Le 3 décembre 2025, une hausse de la température à l’intérieur du cratère a été observée grâce aux données satellitaires. De faibles retombées de cendres sont signalées dans plusieurs localités. Le niveau d’alerte reste Orange (niveau 2 sur une échelle de quatre couleurs) et le public est prié de rester à l’écart du cratère. Le Puracé (4 640 mètres) est l’un des volcans actifs de Colombie, avec au moins 51 éruptions recensées depuis l’année 1400. Sa dernière éruption significative remonte à 1977.
La situation à Puracé illustre le lien qui unit le volcan aux communautés locales – le peuple Coconuco – et à leurs traditions. Malgré une alerte récente signalant une éruption probable dans les jours ou les semaines à venir en raison d’une hausse de l’activité sismique et de l’émission de colonnes de cendres atteignant jusqu’à 900 mètres de hauteur, les villageois ne sont pas inquiets. Ils affirment avoir toujours vécu sur le volcan, avoir grandi sur ses flancs, et n’avoir donc aucune raison de le craindre. Ils continueront à le fréquenter, alerte ou non. Ils expliquent qu’ils doivent s’occuper de leurs animaux. C’est une raison fréquemment invoquée par les villageois vivant sur les pentes d’un volcan, comme on a pu le constater lors de l’éruption du Merapi (Indonésie) en 2010. Depuis l’alerte émise pour le Puracé le 29 novembre 2025, les autorités montrent des signes d’inquiétude. Elles se préparent à une évacuation préventive d’au moins 800 personnes vivant autour du volcan, dans des maisons dispersées à flanc de montagne.
Pour le peuple Coconuco, le volcan est sacré et protège leur territoire. Le gouverneur de la réserve indigène de Purace a déclaré : « Le volcan est notre maître ; nous n’avons aucune raison de le craindre. C’est pourquoi nous le respectons et accomplissons des rituels en son nom.» Ces rituels consistent notamment à offrir au cratère du maïs, des plantes aromatiques et une boisson alcoolisée traditionnelle à base de fruits, le guarapo. Pour la communauté indigène, les émissions de cendres du volcan sont un message : elles appellent à une plus grande protection de la nature.
Selon les villageois, une éruption signifie que le volcan leur reproche d’avoir été surexploité. Pendant près de 60 ans, ils ont puisé leur richesse dans ses profondeurs en extrayant du soufre. Aujourd’hui, ils la récoltent abusivement avec le tourisme. Les anciens, témoins des éruptions du passé, s’efforcent de rassurer les plus jeunes, qui découvrent l’activité volcanique pour la première fois. Ceux dont les maisons se situent en zone à risque affirment qu’ils ne partiront que si le volcan émettait des gaz toxiques.
Le Puracé manque d’infrastructures et de moyens logistiques pour une évacuation complète. Les autorités s’emploient donc à mettre en place des abris temporaires, mais elles ont également besoin de réservoirs d’eau, de nourriture et d’une solution pour protéger le bétail, essentiel à l’agriculture et à l’élevage de la communauté.
Un villageois Coconuco a déclaré : « S’il faut mourir ici, nous mourrons ici. Mais nous n’irons pas mourir de faim ailleurs.»
Source : ABC News via Yahoo News.

 Cratère du Puracé (Source : Wikipedia)

——————————————————–

In my latest update (December 12, 2025) about volcanic activity in the world, I explained that eruptive activity continued at Puracé (Colombia). Seismicity is characterized by tremor and long-period signals indicating fluid movement, and earthquakes indicating rock fracturing located at depths of 1-3 km. Daily gas-and-ash emissions rose 100-900 m above the summit. On 3 December 2025, a temperature increase within the crater was identified in satellite data. Minor ashfall has been reported in several communities. The Alert Level remains at Orange (level 2 on a four-color scale) and the public is asked to stay away from the crater. The Purace volcano (4,640 meters), is one of Colombia’s active volcanoes, with at least 51 eruptive events since the year 1400. Its most recent significant eruption was recorded in 1977.

The situation at Puracé shows the link that connects the volcano with local communities – the Coconuco people – and their traditions. Despite a recent alert indicating that an eruption was likely in the coming days or weeks due to increased seismic activity at the volcano and the emission of ash columns reaching up to 900 meters, the villagers are not afraid. They say that they have lived on the volcano, grown up on its slopes, so they have no reason to fear it. They will keep going there, alert or not. They explain that they have to look after their animals. This is a reason very often cited by the villagers living on the slopes of the volcano, as could be heard during Mount Merapi’s 2010 eruption.

Still, since the alert issued on November 29, 2025, the surrounding community has been on edge. Authorities have sought to prepare for a preventive evacuation of at least 800 people who live on the volcano’s periphery, in scattered homes among the mountains.

For the Coconuco people, the volcano is sacred and a protective spirit of their territory. Said the governor of the Purace Indigenous Reserve : “The volcano is our master; we have no reason to fear it. That’s why we respect it and perform rituals in its name.” Rituals include offering the crater corn, sweet plants and a traditional alcoholic drink made from fruit known as guarapo. For the Indigenous community, the volcano sends them a message when it emits ash, asking for greater care of nature.

In their opinion, when there is an eruption, it means that the volcano is saying that they have exploited it too much for about 60 years and that they took money from beneath it by extracting sulfur, and now with tourism they are taking money from above it.

Elders who have witnessed eruptions of the volcano have sought to reassure the younger members of the community who are seeing the volcano active for the first time. The elders whose homes are located in a risk zone say they would only evacuate if the volcano were to emit poisonous gases.

Purace lacks the infrastructure and logistics needed for a full evacuation, so authorities are working to set up temporary shelters, but they also need water storage tanks, food and a solution to protect their livestock and domestic animals, which are vital to the agricultural and ranching community.

Said one villager of the Coconuco community : ‘If we have to die here, we’ll die here. But we’re not going somewhere else just to die of hunger.”

Source : ABC News via Yahoo News.

La société des records et des extrêmes // The society of records and extremes

Au 21ème siècle, notre société est friande de records et d’extrêmes. Un psychologue pourrait sans doute nous expliquer pourquoi. Peut-être certaines personnes ont-elles besoin de se rassurer en démontrant qu’elles ont accompli un exploit. Quoi qu’il en soit, le Livre Guinness des Records montre qu’ils existent dans des domaines très variés, certains paraissant un peu ridicules. Il convient de préciser que pour être homologué, un record doit être officiellement validé et, si nécessaire, mesuré à l’aide d’instruments fiables.
En ce qui concerne la Nature, on peut citer quelques exemples de records liés aux sons, aux fontaines de lave, aux vagues océaniques ou encore à la vitesse du vent. Nous allons les examiner.

Dans un article précédent, j’expliquais que le son le plus fort jamais entendu a probablement été produit lors de l’éruption du Hunga Tonga-Hunga Ha’apai en 2022. Le bruit a dépassé celui de l’explosion du Krakatau en 1883. J’ai écrit « probablement » car aucun instrument fiable n’a mesuré le bruit à la source même de l’éruption.

Crédit photo: NASA

**********

On dit souvent que la plus haute fontaine de lave au monde a été observée lors de l’éruption du Kīlauea Iki en novembre-décembre 1959. Elle atteignait 580 m au-dessus de la bouche éruptive.

Crédit photo : Service des parcs nationaux

Cependant, d’autres volcans ont été plus performants. Des fontaines bien plus hautes ont été observées lors de l’éruption de l’Etna (Sicile) le 12 janvier 2011 (600 à 800 mètres de hauteur) et surtout lors de l’éruption du 23 novembre 2013, où elles ont atteint 2,8 km de hauteur. Ces estimations ont été réalisées par l’INGV à partir des images fournies par les webcams.

Bien que cela ne soit pas officiel, on estime que les fontaines de lave lors de l’éruption du Vésuve en 1779 ont atteint des hauteurs de 3 000 mètres.

Selon le Livre Guinness des Records, « la plus haute fontaine de lave volcanique jamais enregistrée mesurait 1 600 mètres (5 250 pieds) de hauteur. Elle a jailli lors de l’éruption du volcan Izu-Ōshima, au Japon, en novembre 1986. » Il semblerait donc que l’Etna ait fait mieux depuis, sans que cela apparaisse dans le Livre Guinness.

Éruption de l’Izu-Ōshima en 1986 (Source: JMA)

La variabilité de ces chiffres montre qu’il existe une grande incertitude quant au record mondial des fontaines de lave.

À titre de comparaison, les fontaines de lave lors de l’Épisode 38 de l’éruption du Kilauea ont été mesurées à 370 mètres, soit plus haut que la tour Eiffel à Paris.

Image webcam

**********

Lors des tempêtes en mer, les marins signalent d’énormes vagues capables de menacer, voire de faire chavirer les navires. Parfois appelées « vagues scélérates », elles peuvent être destructrices. Bien qu’elles aient été observées, personne n’est parvenu à les mesurer de façon précise depuis les navires.
Les vagues scélérates sont des vagues exceptionnellement hautes et imprévisibles qui peuvent surgir soudainement en haute mer. Également appelées murs d’eau, elles sont disproportionnées par rapport aux conditions marines environnantes. Contrairement aux tsunamis, qui sont générés par des perturbations sous-marines telles que les séismes, les vagues scélérates semblent résulter de la combinaison de plusieurs vagues plus petites qui, sous l’effet de diverses conditions océaniques, associent leurs énergies en une seule vague d’une puissance exceptionnelle.
La plus haute vague scélérate jamais enregistrée (Vague Draupner) mesurait 25,60 mètres de haut et a été détectée par une plateforme pétrolière norvégienne en mer du Nord en 1995. Les chercheurs qui ont étudié cette vague ont constaté qu’elle s’était produite dans des conditions de mer relativement difficiles, caractérisées par des vents forts et des vagues de grande hauteur, ce qui a probablement contribué à sa formation extrême.

Il convient de noter que d’autres vagues scélérates ont pu se produire sans être détectées dans les océans du monde.

Crédit photo: Wikipedia

S’agissant des vagues océaniques, on les associe souvent au surf. Teahupo’o, à Tahiti, est célèbre pour ses vagues puissantes qui peuvent atteindre 6 mètres de haut. Des vagues similaires sont observées à Banzai Pipeline, à Hawaï. La plus grande vague jamais surfée a été enregistrée à Nazaré, au Portugal, avec une hauteur de 26,21 mètres.

En 1959, dans la baie de Lituya, en Alaska, un glissement de terrain a déclenché la plus grande vague jamais enregistrée, mesurant 524 mètres de hauteur. De la même manière, le tsunami de 2004 dans l’océan Indien a engendré des vagues de plus de 30 mètres de haut, causant des morts et d’importants dégâts. Cependant, ces deux événements n’étaient pas dus à la mer ou à l’océan proprement dits. Ils ont été provoqués par des facteurs extérieurs.

Glissement de terrain et vague de Lituya (Source : Fritz et al. 2001)

**********

Lors des tempêtes et des ouragans, les vents peuvent atteindre des vitesses très élevées.

En 1934, un vent violent a balayé l’observatoire du Mont Washington, dans le New Hampshire, avec des rafales de 372 km/h.

En 2017, l’ouragan Irma a semé la destruction sur son passage, arrachant des toits et déracinant des arbres avec des vents dépassant les 298 km/h. Les records varient selon le lieu, la cause et les instruments de mesure.

D’après l’OMM, le vent de surface le plus fort jamais enregistré a atteint 407 km/h (253 mph). Cette vitesse a été mesurée à Barrow Island (Australie) par une station météorologique automatique lors du passage du cyclone tropical Olivia, le 10 avril 1996. L’OMM utilise uniquement les vitesses enregistrées par les instruments, et non des estimations ou des calculs.

**********

À noter que les vents les plus violents du système solaire soufflent sur Neptune à une vitesse de 1770 km/h (1 100 mph) selon la NASA, 2100 km/h selon d’autres sources.

—————————————————

In the 21st century, our society is fond of records and extremes. A psychologist would probably explain why. Maybe some people need to reassure themselves by showing they have performed a feat of strength. Anyway, the Guinness Book of World Records shows that they exist in a variety of domains, some of them looking a bit ridiculous. It should be added that to be registered, a record should be officially ratified, and if necessarry measured by reliable instruments.

As far as Nature is concerned, we can mention a few of them about sounds, lava fountains, ocean waves or wind speed.

In a previous post, I explained that the loudest sound was probably produced during the 2022 eruption of the Hunga Tonga-Hunga Ha’apai eruption, surpassing the noise emitted by the 1883 explosion f Krakatau. I wrote probably because there was no reliable instrument to measure the noise at the source.

**********

It is often said that the tallest lava fountain in the world was observed during the November-December 1959 Kīlauea Iki eruption. They reached 580 m above the vent.

However, much taller fountains were observed during Mount Etna‘s 12 January 2011 eruption (600-800 meters high) and above all during the eruption of 23 November 2013 when they reached 2.8 km high. The estimates were made by the INGV from the images provided by the webcams.

While not official, it is believed that lava fountains during Mt. Vesuvius‘ 1779 eruption reached heights of 3,000 meters. I

According to the Guinness Book of World Records, « the tallest volcanic fire fountain ever recorded measured 1,600 m (5,250 ft) in height. It occurred during the eruption of the Izu-Ōshima volcano, Japan in November 1986. »

These different figures show that there is a lot of uncertainty about the world record of lava fountains.

As a comparison, the lava fountains during Episode 38 of the Kilauea eruption were measured at 370 meters, higher than the Eiffel Tower in Paris.

**********

During the storms at sea, sailors report huge waves able to threaten or even capsize the ships. Sometimes called « rogue waves », they can be destructive. Although they have been seen, nobody was really able to measure them.

In 1959 in Lituya Bay, Alaska, a landslide triggered the largest wave ever recorded with 524 meters. In the same way, the tsunami in the Indian Ocean in 2004 triggered waves more than 30 meters high that caused deaths and damage. However, both events were not caused by the sea or the ocean itself.

Rogue waves are an unusually large and unexpected wave that can appear suddenly in the open ocean, posing significant dangers to ships. Also referred to as walls of water, they are disproportionately tall and steep, compared to the surrounding sea conditions. Unlike tsunamis, which are generated by underwater disturbances like earthquakes, rogue waves seem to arise due to the merging of several smaller waves, which, due to various oceanic conditions, combine their energies into a single, exceptionally powerful wave.

The highest rogue wave ever recorded measured 25.60 meters in height and was detected by a Norwegian oil platform in the North Sea in 1995. Researchers studying this wave noted that it occurred in a relatively harsh sea state, characterized by strong winds and significant wave heights, which likely contributed to its extreme formation.

It should be noted that other rogue waves may have occured unnoticed in the world’s oceans.

As far as ocean waves are concerned, they are often mentioned about surf. Teahupo’o, Tahiti, is famous for its powerful waves that may be 6 meters high and draw experienced surfurs. Similar waves are observed at Banzai Pipeline, Hawaii. The biggest wave ever surfed was recorded in Nazaré, Portugal, with a height of 26.21 meters.

**********

During storms and hurricanes the winds can reach very high speeds.

In 1934, a « Big Wind » whipped the Mount Washington Observatory in New Hampshire at 231 mph (372 km/h).

In 2017, Hurricane Irma left a path of destruction, blowing off roofs and uprooting trees with winds over 185 mph (298 km/h).

There are different records depending on where the wind occurred, what created it, and which instrument measured it. According to WMO, the strongest recorded surface wind is 253 mph (407 km/h). That wind was measured at Barrow Island (Australia), by an automated weather station during Tropical Cyclone Olivia on April 10, 1996. WMO uses only speeds recorded by instruments, not estimates or calculations.

**********

It can be added that the strongest winds in the solar system are on Neptune, where they blow at 1,100 mph (1,770 km/h), according to NASA, and even 2,100 km/h, according to other sources.