Kilauea (Hawaï) : c’est reparti ! // Kilauea (Hawaii) : new eruptive episode !

L’épisode 9 de l’éruption du Kilauea dans le cratère de l’Halema’uma’u a commencé le 11 février 2025 à 10h16 (heure locale) avec des fontaines de lave donnant naissance à une coulée qui s’épanche sur le plancher du cratère. L’événement a été précédé d’une petite activité de spattering qui a augmenté en intensité. Les fontaines de lave de la bouche nord sont spectaculaires et d’une centaine de mètres de hauteur. Les coulées couvrent environ un quart du fond du cratère. Une émission lente de lave au niveau de la bouche sud a commencé vers 10h50.
Source : HVO.

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Episode 9 of the Kilauea eruption in Halemaʻumaʻu Crater began on February 11th, 2025 at 10:16 a.m. (local time) with lava fountains producing a lava flow on the crater floor. The event was preceded by small spatter fountains that increased in intensity. The lava fountains from the north vent are quite dramatic, about 100 meters high while the flows are covering about a quarter of the crater floor. Slow effusion of lava at the south vent began at approximately 10:50 a.m.

Source : HVO.

La sismicité reste élevée en mer Égée // Seismicity is still elevated in the Aegean Sea

Le 10 février 2025 au soir, Santorin a été secouée par un séisme de magnitude M5,3, à faible profondeur. Il s’agit de l’événement le plus significatif enregistré au cours de la récente activité sismique dans la région. Les secousses ont été ressenties à Athènes. L’hypocentre a été localisé à une profondeur de 17 km.
Les habitants de l’île voisine d’Amorgos restent en état d’alerte après ce dernier séisme, qui a fait suite à un événement modéré de magnitude M5,0 entre les îles le 9 février au soir.
Plus de 12 800 séismes ont été enregistrés depuis janvier par le Laboratoire sismologique de l’université d’Athènes.
Comme je l’ai expliqué précédemment, des glissements de terrain se sont produits dans de nombreuses parties de Santorin en raison de la fréquence et de l’intensité des secousses et les scientifiques n’excluent pas un séisme majeur. L’état d’urgence restera en vigueur à Santorin jusqu’au 3 mars 2025 au moins.
Les scientifiques sont perplexes devant les essaims sismiques actuels qui ne sont pas liés à une secousse majeure. Ils ne sont pas en mesure de faire des prévisions pour les jours, les semaines ou les mois à venir. Certains scientifiques établissent une comparaison avec le séisme de magnitude M6,0 d’Arkalochori en Crète, précédé de quatre mois d’intensification sismique.

Selon certains scientifiques, au vu de l’emplacement de l’essaim sismique, il ne faudrait pas exclure le volcan sous-marin Kolumbo, situé à seulement 6,5 km au nord-est de Santorin. Il fait partie du plus grand complexe volcanique de Santorin et a connu une puissante éruption en 1650. Cependant, cette hypothèse n’a pas été confirmée.

Vue de la sismicité en mer Égée entre le 27 janvier et le 11 février 2025 (Source: CSEM / EMSC)

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Santorini was rocked by a powerful, shallow M5.3 earthquake on February 10th, 2025 in the evening. This was the strongest event to strike the Greek island during recent seismic activity in the area. The tremors were felt in Athens. The hypocenter was located at a depth of 17 km.

Residents of the neighbouring island Amorgos remain on high alert after the latest quake, which followed a moderate M5.0 event between the islands on February 9th in the evening.

More than 12,800 quakes have been detected since January by the University of Athens’ Seismological Laboratory.

As I explained before, landslides have occurred in many parts of Santorini due to the frequency and intensity of the tremors and experts have not ruled out a major earthquake. A state of emergency will remain in place on Santorini until at least 3 March 2025.

Scientists are puzzled by the current « clusters » of quakes which have not been linked to a major shock. They are not able to make any predictions for the next days, weeks or months. Some scientists are drawing comparisons to the M6.0 Arkalochori earthquake in Crete which was preceded by four months of seismic buildup.

According to some scientists, the swarm’s location suggests the potential involvement of the Kolumbo submarine volcano, located just 6.5 km northeast of Santorini, which is part of the larger Santorini volcanic complex and is known for its major eruption in 1650. However, this hypothesis has not been confirmed.

L’Islande et la prévision éruptive // Iceland and eruptive prediction

Aucune nouvelle éruption n’a eu lieu pour le moment sur la péninsule de Reykjanes. Le Met Office islandais avait prévu la 8ème éruption de la série pour fin janvier 2025. L’événement semble donc en retard…. En ce qui me concerne, j’ai pensé que cette prévision du Met Office était trop optimiste. Au départ, j’avais prévu la prochaine éruption pour le mois de mars 2025 – mais sûrement pas la fin janvier – avant de corriger ma prévision et d’écrire qu’elle était plutôt susceptible de se produire vers le 15 février, jour de la St Claude ! Les prochains jours diront si j’avais raison, comme ce fut le cas lorsque j’ai écrit que l’éruption précédente commencerait le 20 novembre 2024.
Il semble que les scientifiques du Met Office islandais fassent leurs prévisions éruptives en partant du principe que l’ascension du magma suit un mouvement linéaire régulier, ce qui est inexact. Un jour, à l’Observatoire Volcanologique d’Hawaï (HVO), le regretté Jim Kauahikaua m’a expliqué que la remontée de magma à Hawaï sous la croûte terrestre suivait un processus irrégulier avec des pauses, ce qui rendait la prévision éruptive difficile. Il semble que ce soit la même chose en Islande.
Dans sa dernière mise à jour (4 février 2025), le Met Office explique que « les mesures de déformation continuent de montrer un soulèvement continu du sol et une accumulation de magma sous Svartsengi. La quantité de magma en train de s’accumuler se rapproche maintenant du seuil inférieur considéré comme nécessaire pour que se déclenche la prochaine intrusion magmatique. Si l’on regarde les récentes éruptions le long de la chaîne de cratères de Sundhnúkur, elles se sont produites entre trois jours et quatre semaines après avoir atteint ce seuil inférieur. Cependant, cela ne signifie pas que le prochain événement se produira dans un mois, mais l’expérience montre que c’est le scénario le plus probable. » Il ne nous reste plus qu’à attendre et voir si ma prévision est à nouveau exacte cette fois-ci !

Il ressort de ce que je viens d’écrire que la prévision éruptive en Islande n’a pas une importance majeure. On pourrait presque organiser des concours de pronostics autour du jour possible d’une éruption. Il y a peut-être une fenêtre pour les bookmakers anglais ! En Islande, nous sommes face à un volcanisme d’accrétion avec un dynamisme effusif. Une éruption ne cause pas de pertes humaines ; au pire, elle provoque des pertes matérielles comme ce fut le cas à Grindavik.

On a une situation bien différente des volcans situés en zone de subduction, le long de la Ceinture de Feu du Pacifique. En Indonésie ou aux Philippines, on a affaire à un dynamisme explosif, avec des phénomènes éruptifs (explosions, coulées pyroclastiques) qui peuvent causer des pertes matérielles, et surtout humaines, considérables.

Le problème, c’est que nous ne savons pas prévoir ces éruptions. À cause de cette incapacité à prévoir, on a recours au principe de précaution : il vaut mieux évacuer les populations plutôt que de risquer les envoyer à une mort certaine. Certes, la vie dans les centres d’hébergement provisoires pose des problèmes sanitaires et de promiscuité, mais c’est mieux qu’une fin tragique. Parfois, on évacue à tort car aucune éruption majeure ne se produit. C’est ce qui s’est passé sur le Mont Agung à Bali, il y a quelques années, quand le volcan s’est contenté d’émettre de volumineux panaches de cendres, mais il vaut mieux protéger des dizaines de milliers de gens plutôt que de les envoyer au casse-pipe.

Évolution de la déformation en Islande. Situation le 10 février 2025 (Source: Met Office)

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No new eruption has occurred yet on the Reykjanes Peninsula. The Icelandic Met Office had predicted the 8th eruption of the series for the end of January 2025. It looks as if it is overdue.As fas as I’m concerned, I thought this was much too soon. Initially, I predicted the next eruption for March 2025 – but not the end of January – then corrected my prediction and wrote it was rather likely to happen around February 15th. The next days will tell us if I was right, like when I said the previous eruption would start on November 20th, 2024.

It seems the scientists at the Icelandic Met Office make their eruptive predictions with the notion that the ascent of magma follows a regular linear movement, which is not true. One day at the Hawaiian Volcano Observatory (HVO), the late Jim Kauahikaua explained me that the ascent of magma in Hawaii beneath Earth’s crust was irregular, with pauses, which made eruptive prediction difficult. It seems to be the same in Iceland.

In its latest update (February 4th, 2025) , the Met Office explains that « deformation measurements continue to show ongoing land uplift and magma accumulation beneath Svartsengi. The amount of magma accumulating beneath Svartsengi is now approaching the lower threshold, believed to be necessary to trigger the next magma intrusion. If we look at the recent eruptions on the Sundhnúkur crater row, they have occurred anywhere between three days and four weeks after reaching this lower threshold. However, this does not mean that the next event will occur within a month, but rather that experience suggests this as the most likely scenario. » We just need to wait and see whhether my prediction is again right this time !

It is clear from what I have just written that eruptive prediction in Iceland is not of major importance. One could almost organize prediction contests around the possible day of an eruption. There may be a window for English bookmakers! In Iceland, we are faced with accretionary volcanism with effusive dynamism. An eruption does not cause human losses; at worst, it causes material losses as was the case in Grindavik.
We have a very different situation from the volcanoes located in the subduction zones, along the Pacific Ring of Fire. In Indonesia or the Philippines, we are dealing with an explosive dynamism, with eruptive phenomena (explosions, pyroclastic flows) that can cause considerable material damage and human losses.
The problem is that we do not know how to predict these eruptions. Because of this inability, one resorts to the precautionary principle : it is better to evacuate people than to risk sending them to certain death. Of course, life in temporary shelters poses health and overcrowding problems, but it is better than a tragic end. Sometimes, evacuations are wrong because no major eruption occurs. This is what happened on Mount Agung in Bali a few years ago, when the volcano simply emitted voluminous ash plumes, but it is better to protect tens of thousands of people than to send them to a certain death.

Le déchiffrage des papyrus d’Herculanum (suite) // Deciphering the Herculaneum papyri (continued)

J’ai écrit dans plusieurs notes sur ce blog que les scientifiques espèrent pouvoir utiliser à la fois l’intelligence artificielle et l’expertise humaine pour essayer de déchiffrer d’anciens rouleaux de papyrus carbonisés par l’éruption du Vésuve en 79 après J.-C. Des centaines de rouleaux ont été découverts dans les années 1750 dans les vestiges de la Villa des Papyrus, une somptueuse villa à Herculanum. La bibliothèque de la Villa pourrait considérablement enrichir nos connaissances de la pensée antique si les rouleaux pouvaient être déchiffrés.

Photo: C. Grandpey

Depuis plus de 250 ans, les chercheurs et les scientifiques travaillent sur les moyens de déchiffrer les rouleaux, dont la grande majorité est conservée à la Bibliothèque nationale de Naples.
Depuis 2023, un concours, le « Vesuvius Challenge », offre des récompenses en espèces aux chercheurs qui parviendraient à déchiffrer les rouleaux grâce aux nouvelles technologies.
Le 5 février 2025, une « avancée historique » a été annoncée : les chercheurs avaient réussi à générer la première image de l’intérieur de l’un des trois rouleaux conservés à la Bodleian Library de l’Université d’Oxford. Le cofondateur du Vesuvius Challenge a déclaré que les organisateurs étaient « enthousiastes devant l’imagerie réussie de ce rouleau. […] Il contient plus de texte récupérable que nous n’en avons jamais vu dans un rouleau d’Herculanum. »
Le rouleau a été numérisé par Diamond Light Source, un laboratoire de Harwell, près d’Oxford, qui utilise un accélérateur de particules, le synchrotron, pour créer un rayon X extrêmement puissant. Les scientifiques ont ensuite utilisé l’IA pour reconstituer les images, rechercher l’encre qui révèle où il y a de l’écriture, et améliorer la clarté du texte. Le processus a permis d’obtenir une image 3D du parchemin. Elle a permis aux scientifiques de le dérouler virtuellement, en utilisant un processus baptisé ‘segmentation’ .
Cependant, l’IA a ses limites. Seules quelques parties du texte ont été déchiffrées jusqu’à présent. L’un des rares mots à avoir été déchiffré est le mot grec ancien pour « dégoût ». L’un des chercheurs a déclaré : « Nous sommes encore au début d’un long processus. Nous avons besoin de meilleures images, et nous sommes très positifs et très confiants quant au fait que nous pouvons encore améliorer la qualité de l’image et la lisibilité du texte. »

Source :presse internationale.

Cette image montre une radiographie d’une partie du papyrus PHerc.172, montrant le mot « dégoût ». C’est l’un des parchemins, trouvés avec des centaines d’autres, parmi les vestiges d’une somptueuse villa à Herculanum; elle a probablement appartenu à Pison, beau-père de Jules César. (Source : Vesuvius Challenge)

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I have written in several posts that scientists hope to use a mix of artificial intelligence and human expertise to decipher ancient papyrus scrolls carbonized by the eruption of Mount Vesuvius in 79 A.D. Hundreds of scrolls were found in the 1750s in the remains of the Villa of the Papyri, a lavish villa at Herculaneum. The library the Villa has the potential to add immeasurably to knowledge of ancient thought if the scrolls could be read.

Scholars and scientists have worked for more than 250 years on ways to decipher the scrolls, the vast majority of which are held in the National Library of Naples.

In 2023, a scientific competition, the “Vesuvius Challenge”, offered cash rewards for efforts to decipher the scrolls with the new technologies.

On February 5th, 2025,, the challenge announced a “historic breakthrough,” saying researchers had managed to generate the first image of the inside of one of the three scrolls held at Oxford University’s Bodleian Library. The co-founder of the Vesuvius Challenge said the organizers were “thrilled with the successful imaging of this scroll. […] It contains more recoverable text than we have ever seen in a scanned Herculaneum scroll.”

The scroll was scanned by Diamond Light Source, a lab at Harwell, near Oxford, that uses a particle accelerator known as a synchrotron to create an intensely powerful X-ray. Scientists then used AI to piece together the images, search for ink that reveals where there is writing, and enhance the clarity of the text. The process led to a 3D image of the scroll that allowed experts to unroll it virtually, using a process called segmentation.

However, AI has its limits. Little of the text has been deciphered so far. One of the few words that has been made out is the ancient Greek for “disgust.” One of the researchers said : “We are still at the beginning of a long process. We need better images, and we are very positive and very confident that we can still improve the image quality and the legibility of the text.”

Source : international news media.