Les Britanniques boudent la COP 27 // The British are shying away from COP 27

Rishi Sunak, le nouveau Premier ministre britannique, ne participera pas à la COP27 sur le climat à Charm el-Cheikh (Egypte) du 6 au 18 novembre 2022. Il a été sévèrement critiqué par les partis d’opposition et les groupes environnementaux qui ont déclaré que cette décision confirmait que le gouvernement ne prenait pas la crise climatique au sérieux. Le mois dernier, alors que Lizz Truss était à la tête du gouvernement britannique, ce dernier a annoncé un réexamen de l’objectif du Royaume-Uni d’atteindre zéro émission carbone d’ici 2050. Pour justifier l’absence de M. Sunak, Downing Street a déclaré que le Premier ministre avait « d’autres engagements nationaux urgents, notamment les préparatifs du budget d’automne ». Le Royaume-Uni sera représenté par Alok Sharma qui présidait la COP26 de Glasgow, et d’autres ministres. Un représentant du gouvernement a déclaré: « Nous continuerons évidemment à travailler en étroite collaboration avec l’Égypte dans le cadre de la COP27 et à nous assurer que tous les pays progressent sur les engagements historiques pris lors des accords de Glasgow. » A noter toutefois que la plupart des observateurs s’accordent à dire que la COP26 de Glasgow a été un échec cuisant. On pourrait ajouter que toutes les COP seront des échecs tant que les engagements pris lors de ces conférences ne seront pas contraignants.
La nouvelle de l’absence de M. Sunak survient alors qu’un rapport de l’ONU avertit qu’il n’y a « aucune voie crédible » pour maintenir la hausse des températures sur Terre en dessous du seuil clé de 1,5°C établi lors de la COP 21 de Paris. Le rapport de l’ONU ajoute que les plans des gouvernements de réduction des émissions de carbone depuis le sommet sur le climat de l’année dernière (à Glasgow) ont été « terriblement inadaptés ».
La COP27 en Égypte devrait se concentrer sur trois domaines principaux : réduire les émissions, aider les pays à se préparer et à faire face au changement climatique, et assurer un soutien technique aux pays en voie développement pour faire face au réchauffement climatique.
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a déclaré qu’il aimerait que le Premier ministre britannique et le roi Charles III soient présents. Il semble bien que ce restera un vœu pieux. Dans la mesure où le gouvernement britannique était l’organisateur de la COP26 à Glasgow, il est tout à fait anormal qu’il n’ait pas de personnalité politique de premier rang à la COP27. Si le président de la COP de Glasgow sera présent en Égypte, il n’a pas le même rang qu’un premier ministre ou un monarque. Les organisateurs égyptiens seront probablement furieux de cette tournure des événements. Il est tout à fait regrettable que les dirigeants de l’un des leaders mondiaux de l’action sur le climat ne soient pas en mesure de donner la priorité à cet événement.
Plus de 200 gouvernements ont été invités à la COP27. Cependant, certains dirigeants de grandes économies ne devraient pas être présents, notamment le président russe Vladimir Poutine.
Le président américain Joe Biden prévoit d’y aller, mais la Chine n’a pas encore confirmé si ses dirigeants participeront. Début octobre, Buckingham Palace a confirmé que le roi Charles III ne participerait pas à la conférence. Le monarque s’intéresse depuis longtemps aux questions environnementales, mais le palais a déclaré qu’il avait demandé conseil au Premier ministre de l’époque, Lizz Truss, et qu' »il était convenu que le roi ne participerait pas ». En fait, c’est Mme Truss qui a ouvertement demandé au roi de ne pas assister à la COP27 ! Avec le changement de Premier Ministre, peut-être reviendra-t-il sur sa décision…?
Source : La BBC.

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Rishi Sunak, the new Britis Prime Minister, will not attend the COP27 climate summit in Sharm el-Sheikh (Egypt) from 6 to 18 November 2022. He has been severely critised by opposition parties and environmental groups who said the decision confirmed the government was not taking the climate crisis seriously enough. Last month, under the Truss premiership, the British government announced a review of the UK’s target to achieve net zero carbon emissions by 2050. To justify Mr Sunak’s absence, Downing Street said the PM had « other pressing domestic commitments including preparations for the autumn Budget ». The UK will be represented by outgoing COP president Alok Sharma, and other ministers. A government representative said: « We will obviously continue to work closely with Egypt as the hosts of COP27 and to make sure that all countries are making progress on the historic commitments they made at the Glasgow climate pact. » However, most observers agree to say the at COP26 in Glasgow was a failure and that all COPs will be failures as long as the commitments made during these conferences are not binding.

The news that Mr Sunak will not be attending comes as a UN report warns there is « no credible pathway » to keep the rise in global temperatures below a key threshold of 1.5C. The UN report adds that governments’ carbon-cutting plans since last year’s climate summit had been « woefully inadequate ».

The summit in Egypt is expected to focus on three main areas – reducing emissions, helping countries prepare for and deal with climate change, and securing technical support for developing countries for these activities.

UN Secretary General Antonio Guterres said that he would like to see both the PM and King Charles in attendance. Now it looks like neither will be there.

Given that the UK government was not just the host of COP26 but the main driving force behind its limited successes, it is unusual that it will not have a major political figure in attendance. While the outgoing COP president will be present in Egypt, he is not of the same rank as a prime minister or monarch. The Egyptian organisers will likely be furious at this turn of events; it will not augur well for the conference if the leaders of one of the world’s leading lights in taking action on climate can’t prioritise travelling to the gathering.

More than 200 governments have been invited to COP27. However, some leaders of major economies are not expected to attend, including Russian President Vladimir Putin.

US President Joe Biden is planning to go, but China has not yet confirmed if its leaders will participate. Earlier this month, Buckingham Palace confirmed King Charles would not be attending the conference. The monarch has a long-standing interest in environmental issues, but the Palace said it had sought advice from then-PM Lizz Truss and that « there was agreement that the King would not attend ». Actually, it was Mrs Truss who asked the king not to attend the conference! Let’s see if he will change his decision with the new PM….

Source: The BBC.

Les glaciers et la banquise remercient le gouvernement britannique   (Photo: C. Grandpey)

Le manchot empereur sur la liste des espèces menacées // The emperor penguin listed as a « threatened species »

Le manchot empereur, l’une des espèces les plus emblématiques de l’Antarctique, vient de se voir attribuer le statut d' »espèce menacée » en vertu de l’Endangered Species Act (ESA) par le U.S. Fish and Wildlife Service. Le réchauffement climatique est la cause principale de cette décision.
Les manchots empereurs occupent une grande partie de l’Antarctique, avec 61 colonies répertoriées sur le continent. Même si leur population est restée relativement stable, avec 625 000 à 650 000 oiseaux aujourd’hui, les responsables de la faune affirment qu’une partie importante de la population « est en danger d’extinction dans un avenir prévisible ». Le manchot empereur est menacé parce que son habitat et son aire de répartition risquent d’être détruits, aussi bien par des facteurs naturels qu’artificiels.
Aux Etats-Unis, le Fish and Wildlife Service estime que d’ici 2050, la population de manchots empereurs pourrait diminuer de 26 à 47 %, en fonction des émissions de gaz à effet de serre et de l’accélération du réchauffement climatique. La Woods Hole Oceanographic Institution qui a étudié l’espèce estime que 99% de la population pourrait avoir disparu d’ici 2100.
La disparition de la glace de mer causée par le réchauffement climatique est le principal danger pour les populations de manchots. Chaque hiver, l’eau de mer gelée flotte à la surface de l’océan avant de se retirer en été. Pendant ces mois d’hiver, alors que la glace de mer est bien formée, les manchots empereurs se rassemblent en colonies de reproduction, partent à la recherche de la nourriture et utilisent la glace comme refuge pour éviter de devenir la proie des orques et des léopards de mer. Cependant, l’augmentation des émissions de dioxyde de carbone entraîne une hausse des températures qui pourrait aboutir à une réduction de la glace de mer. La glace joue également un rôle crucial pour les poussins des manchots. Ils naissent généralement à la fin de l’été, mais avec une diminution de la glace de mer, ils risquent de mourir dans les eaux glacées de l’océan sans avoir eu le temps de développer un plumage adulte.
Selon le Fish and Wildlife Service, cette classification du manchot empereur comme « espèce menacée » reflète l’extinction croissante des espèces. Cela montre aussi l’importance de l’Endangered Species Act et des efforts pour conserver les espèces avant que le déclin de leur population ne devienne irréversible. Le réchauffement climatique a un impact profond sur les espèces dans le monde entier et y faire face est une priorité pour l’Administration. L’inscription du manchot empereur sur la liste des espèces menacées sert de sonnette d’alarme mais aussi d’appel à l’action.
La décision intervient alors que plusieurs organisations demandent depuis longtemps que l’espèce soit protégée. En 2011, le Centre pour la diversité biologique a demandé au Wildlife Service que les manchots soient placés sous l’ESA. L’agence a alors reconnu la menace potentielle pour la population en 2014, mais n’a rien fait pour proposer des protections. En 2019, le Center for Biological Diversity a poursuivi l’Administration Trump pour ne pas avoir agi en conséquence.
Les manchots empereurs étant protégés en vertu de l’ESA, les agences fédérales sont désormais tenues de réduire les menaces pesant sur la population, telles que la réduction de la pêche au krill et au calmar qui constituent la nourriture principale des manchots. En bref, l’inscription des manchots empereurs sur la liste des espèces menacées est une étape importante pour sensibiliser les populations à l’impact du réchauffement climatique. ,
La décision d’inscrire les manchots sur la liste a été publiée le 26 octobre 2022 et entrera en vigueur dans 30 jours.
Source : médias d’information américains, USA Today.

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The emperor penguin, one of the most famous Antarctic species, has just been given the « threatened species » status under the Endangered Species Act (ESA) by the U.S. Fish and Wildlife Service, with climate change listed as a primary cause.

The largest penguin species in the world inhabits much of Antarctica, with 61 known breeding colonies in the continent. Even though the emperor penguin population has remained relatively stable, with an estimated 625,000-650,000 birds today, wildlife officials say a significant portion of the population « is in danger of extinction in the foreseeable future. » They say the emperor penguin is threatened because its habitat and range are facing possible destruction, as well as natural and manmade factors affecting its existence.

U.S. Fish and Wildlife Service estimates that by 2050, the global population of emperor penguins could decrease by 26%-47%, depending on greenhouse gas emissions and global warming progress. The Woods Hole Oceanographic Institution that has studied the species estimates that 99% of the population could be gone by 2100.

The loss of sea ice caused by global warming is the main danger to the penguin populations. Each winter, frozen seawater floats on the ocean’s surface before retreating in the summer. During those winter months, with sea ice at a premium, emperor penguins form breeding colonies, search for food and use it to avoid becoming prey to killer whales and leopard seals. However, the rise of carbon dioxide emissions means Earth’s temperature is rising, meaning there could be reduction of sea ice. The ice also plays a crucial role for penguin chicks. Newborns are typically born in the late summer, but with less sea ice, they could be susceptible to death in the freezing waters without having the time to grow adult feathers.

According to the Fish ansd Wildlife Service, this listing of the emperor penguin as a « threatened species » reflects the growing extinction crisis and highlights the importance of the ESA and efforts to conserve species before population declines become irreversible. Climate change is having a profound impact on species around the world and addressing it is a priority for the Administration. The listing of the emperor penguin serves as an alarm bell but also a call to action.

The ruling comes as several organizations have long asked for the species to have protections. In 2011, the Center for Biological Diversity petitioned to the wildlife service for them to be put under the ESA. The agency agreed about the potential danger to the population in 2014, but did not make any efforts to propose protections. In 2019, the Center for Biological Diversity sued the Trump Administration for failing to act on it.

With emperor penguins protected under the ESA, federal agencies are now required to reduce threats to the population, such as reducing the fishing of primary penguin food like krill and squid. In short, listing emperor penguins as a threatened species is an important step for raising awareness about the impact of global warming. ,

The final ruling was published on October 26th, 2022 and will go into effect in 30 days.

Source: US news media, USA Today.

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Sans oublier le très beau film de Luc Jacquet…

Effets du réchauffement climatique sur la faune des Rocheuses (Etats Unis) // Consequences of global warming on animals in the Rockies (United States)

J’ai expliqué dans des notes précédentes que le réchauffement climatique et la fonte des glaciers ont un impact sur la flore en montagne. Une étude récente réalisée dans les Montagnes Rocheuses montre qu’ils ont également modifié le comportement des animaux.
Dans des sites s’étalant sur une distance de 2 400 kilomètres, les scientifiques ont observé des situations conflictuelles entre les chèvres des Rocheuses et les mouflons d’Amérique pour s’approprier des zones de minéraux jusqu’à 4 200 m d’altitude.
Ces rivalités, jamais décrites en détail auparavant, montrent que deux des mammifères de montagne aux États-Unis sont impliqués dans une lutte qui est probablement accentuée par la crise climatique, avec la disparition de le neige et de la glace sur les montagnes. Selon les auteurs de l’étude, les conflits entre ces deux espèces « peuvent être le reflet de la dégradation du climat associée à la nature changeante des ressources convoitées ». Les querelles se multiplient entre les deux espèces d’ongulés, mais les chèvres des Rocheuses semblent avoir le dessus. Dans les batailles observées, les chèvres ont triomphé 98% du temps. Les chèvres et les mouflons évitent généralement les combats lorsqu’ils cohabitent sur les pentes des montagnes, mais lorsqu’un conflit survient autour d’une zone de minéraux, les chèvres chassent généralement les mouflons afin de profiter des nutriments.
Les mouflons d’Amérique ont à peu près la même taille que les chèvres des Rocheuses et arborent de longues cornes incurvées. Les chèvres sont toutefois de redoutables combattantes en raison de leur assurance et de leurs cornes acérées comme des rasoirs. Une chèvre de montagne a encorné un grizzli à mort au Canada en 2021 et, chose extrêmement rare, un randonneur a été tué par une chèvre dans l’Olympic National Park en 2010.
En raison de la hausse des températures, environ 300 glaciers ont disparu des Rocheuses au cours du siècle dernier. Les scientifiques expliquent qu’il est désormais inévitable que certains sites tels que le populaire Glacier National Park perdent toutes leurs principales formations de glace au cours des prochaines décennies.
La fonte des glaciers perturbe les écosystèmes et inquiète les populations de l’ouest des États-Unis qui dépendent des cours d’eau alimentés par les glaciers. La fonte découvre également des gisements de sel et de potassium. Ils sont recherchés par les chèvres et les mouflons qui lèchent ces minéraux riches en nutriments essentiels. Ces animaux, capables de se déplacer habilement sur des pentes rocheuses, peuvent maintenant s’aventurer plus haut dans les montagnes à mesure que la glace se retire. Une telle situation est susceptible de provoquer davantage de conflits entre les espèces, même si une telle augmentation reste à confirmer car aucune étude détaillée n’a encore été effectuée sur le sujet. Le conflit direct n’est certainement pas voulu par ces espèces ; c’est leur nouvel environnement qui le provoque.
Le réchauffement climatique augmente également le risque de conflit dans d’autres parties du monde, parmi des espèces telles que les rhinocéros et les éléphants qui tentent d’accéder à des réserves d’eau en diminution. Ces changements peuvent aussi être source de conflits chez les humains. Les États-Unis et la Russie considèrent la fonte de l’Arctique comme une menace militaire. Le réchauffement climatique change la donne dans de nombreux domaines.
Adapté d’un article publié dans The Guardian.

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I explained in previous posts that global warming and the mrlting of glaciers have an impact on the flora in the mountains. A recent study performed in the Rocky Mountains shows that they also have modified the behaviour of the animals.

In study sites across a 2,400-kilometer span of the Rockies, scientists have documented mountain goats and bighorn sheep competing over mineral deposits among the rocks, at elevations of up to 4,200 m.

These contests, never previously outlined in detail, show that two of the US’s heftiest native mammals are involved in a struggle that is probably influenced by the climate crisis, as the mountains’ snow and ice rapidly dwindles. According to tha authors of the study, conflict between such species “may be reflective of climate degradation coupled with the changing nature of coveted resources”. There are more and more skirmishes between the two ungulate species, with the mountain goats appearing to have the upper hand. Of the observed battles, the goats triumphed 98% of the time, clearly making them the superior mountain species. The goats and the sheep usually avoid battle when near each other but when conflict does arise around clumps of minerals, the goats typically chase off the sheep in order to enjoy the nutrients in peace.

Bighorn sheep are roughly the same size as the mountain goats and sport long, curved horns. But the goats are the more feared combatant due to their assertiveness and razor-sharp horns. A mountain goat gored a grizzly bear to death in Canada last year, while in an extremely rare incident a hiker was killed by a goat in Olympic national park in 2010.

Because of rising temperatures, about 300 glaciers have disappeared from the Rocky Mountains over the past century. Scientists explain that it is now inevitable that places such as the popular Glacier National Park will lose all of their major ice formations within the coming decades.

Glacier melting is disrupting ecosystems and raising concerns for communities in the US west that rely upon water that comes from rivers and streams fed by glaciers. The melt is also uncovering deposits of salt and potassium that are valued by the goats and sheep, who need to lick these mineral deposits in order to gain crucial nutrients. These animals, able to move deftly up rocky inclines, are now able to venture higher into the mountains for these resources as the ice retreats. This may be leading to more conflicts between species although it is not clear whether the conflicts are increasing in number as no previous work has been done on the topic. Direct conflict is not something any of these species want, but this is what happening.

Global warming is increasing the risk of conflict in various parts of the world, among creatures such as rhinoceroses and elephants as they try to access diminishing water supplies. Some humans, too, are reacting to these changes with adversity in mind, with the US and Russia viewing the melting away of the Arctic as a military threat. It is clear that climate change is reshaping all of our futures.

Adapted from an article published in The Guardian.

Vue du Glacier National Park

Chèvre des Rocheuses sur un névé dans le Parc

Des cornes bien acérées pour se défendre contre…

… les mouflons …

… et les moutons de Daal qui fréquentent, eux aussi, ces montagnes (Photos: C. Grandpey)