Je ne suis pas certain que ce soit une information aussi importante que le sous-entend le titre « Bonne nouvelle » de l’article diffusé par La Chaîne Info (LCI), mais il est tout de même intéressant d’apprendre que « les rivières glaciaires sont capables d’absorber plus de CO2 que la forêt amazonienne. » C’est la conclusion d’une récente étude canadienne parue dans les Proceedings of the National Academy of Sciences.
Une autre étude parue dans le Nature Climate Change Journal nous apprend que la fonte du permafrost, sol gelé des régions arctiques, pourrait entraîner une augmentation des émissions de dioxyde de carbone de 41% d’ici 2100 si rien n’est fait pour enrayer le réchauffement climatique. Cette surface, qui constitue 24% des terres émergées de l’hémisphère nord, est susceptible d’émettre quelque 1.700 milliards de tonnes de CO2, soit deux fois plus que la quantité présente dans l’atmosphère. L’émission à grande échelle de ce gaz – qui cohabite avec le méthane, encore plus dangereux, dans la toundra – annonce une catastrophe écologique de grande ampleur car elle contribue à augmenter encore d’avantage l’effet de serre et donc le réchauffement climatique.
La nouvelle étude parue dans les Proceedings of the National Academy of Sciences se veut davantage optimiste. D’après des chercheurs canadiens qui l’ont réalisée, les rivières glaciaires seraient capables d’absorber du dioxyde de carbone (CO2) plus rapidement que les forêts tropicales. Les chercheurs auteurs ont réalisé des prélèvements d’eau de fonte de glaciers sur l’île d’Ellesmere, dans le territoire canadien du Nunavut. Si les rivières se trouvant dans les zones tempérées sont de fortes émettrices de CO2 en raison de la décomposition de nombreuses matières organiques en leur sein, les rivières glaciaires, qui, en raison de leur température, n’hébergent que peu de vie, donnent bien moins lieu à la décomposition organique et donc à l’émission de CO2. Dans le même temps, des sédiments en provenance des glaciers, comme le silicate et le carbonate, amorcent un processus chimique d' »altération » lorsqu’ils se retrouvent dans l’eau, au contact du CO2. Les scientifiques expliquent que « les paysages glaciaires possèdent d’immenses quantités de sédiments finement broyés créés par les glaciers eux-mêmes, lorsqu’ils avancent et se retirent. Lorsque ces sédiments se mélangent à des eaux de fonte, qui se mélangent à leur tour à l’atmosphère, ils peuvent subir un certain nombre de réactions d’altération chimiques, dont certaines consomment du dioxyde de carbone. »
C’est ainsi que les chercheurs estiment que jusqu’à 40 fois plus de CO2 serait absorbé par les rivières glaciaires que par la forêt amazonienne. Cet effet serait perceptible jusqu’à 42 kilomètres de la source de la rivière. En conséquence, les rivières glaciaires seraient des inhibitrices de CO2 bien plus puissantes que la forêt amazonienne lors des périodes de forte fonte des glaces. Un chercheur écrit que « lors de la période de fonte des glaces en 2015, alors que les glaciers ont fondu trois fois plus qu’en 2016, la consommation de CO2 par les rivières glaciaires était, en moyenne, deux fois plus élevée que celle de la forêt amazonienne. »
Cette étude est certes intéressante, mais au vu des émissions globales de la planète, en particulier à partir des activités humaines, le rôle joué par les rivières glaciaires pour absorber le CO2 semble bien dérisoire. La courbe de Keeling qui illustrait l’une de mes dernières notes est là pour le démontrer.
Source : LCI.
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I’m not sure this is as important an information as suggested by the title « Good news » of the article released by La Chaîne Info (LCI), but it is interesting to learn that « glacial rivers are able to absorb more CO2 than the Amazon rainforest. This is the conclusion of a recent Canadian study published in the Proceedings of the National Academy of Sciences.
Another study in the Nature Climate Change Journal informs us that melting permafrost, the frozen ground in Arctic regions, could increase carbon dioxide emissions by 41% by 2100 if nothing is done to halt global warming. This surface, which constitutes 24% of the land surface of the northern hemisphere, is likely to emit some 1,700 billion tonnes of CO2, which is twice as much as the amount in the atmosphere. The large-scale emission of this gas – together with methane, even more dangerous, in the tundra – announces a major environmental disaster because it contributes to further increase the greenhouse effect and therefore global warming .
The new study published in the Proceedings of the National Academy of Sciences is more optimistic. According to the Canadian researchers who carried it out, glacial rivers would be able to absorb carbon dioxide (CO2) faster than tropical forests. The author researchers conducted glacial meltwater sampling on Ellesmere Island in the Canadian territory of Nunavut. If the rivers in the temperate zones are strong emitters of CO2 because of the decomposition of many organic matters within them, the glacial rivers, which, because of their temperature, do not harbour any life, produce far less organic decomposition and therefore fewer emissions of CO2. At the same time, sediments from glaciers, such as silicate and carbonate, start a chemical process of « weathering » when they are found in water, in contact with CO2. Scientists explain that « glacial landscapes have huge quantities of finely crushed sediments created by the glaciers themselves, as they move forward and retreat, when these sediments mix with meltwater, which in turn mixes in the atmosphere, they can undergo a number of chemical weathering reactions, some of which consume carbon dioxide. »
Thus, the researchers estimate that up to 40 times more CO2 could be absorbed by glacial rivers than by the Amazon rainforest. This effect is said to be perceptible up to 42 kilometres from the source of the river. As a result, glacial rivers are much more powerful CO2 inhibitors than the Amazonian forest during periods of heavy ice melting. A researcher writes that « during the ice melting season in 2015, when glaciers melted three times more than in 2016, the CO2 consumption by glacial rivers was, on average, twice as high as that of the Amazon forest. »
This study is certainly interesting, but given the global emissions of the planet, especially from human activities, the role played by glacial rivers to absorb CO2 seems very derisory. The Keeling curve that illustrated one of my last postss is there to demonstrate it.
Source: LCI.

Exemple de bédière, rivière de fonte au Groenland (Photo: Wikipedia)