Quand la presse déforme la vérité… // When newspapers distort the truth…

Au cours des dernières semaines, on a pu lire dans la presse un certain nombre d’articles affirmant que le Katla était sur le point d’entrer en éruption en Islande. Selon ces articles, en particulier celui publié dans le Sunday Times, le Katla – «volcan extrêmement dangereux» – émettait une énorme quantité de dioxyde de carbone, signe évident que la chambre magmatique était en phase de remplissage, ce qui annonçait une éruption de grande ampleur. Tout cela était faux! Lorsque ce genre d’article a été publié, j’ai exprimé des doutes quant à son contenu et déclaré que personne ne savait quand le Katla entrerait en éruption.
Les articles de presse avaient été inspirés par une étude publiée dans la revue Geophysical Research Letters dans lequel une scientifique de l’Université de Leeds et ses collègues faisaient état de la quantité de CO2 émise par le Katla. Les mesures ont montré que les émissions étaient extrêmement élevées et que d’autres volcans comme le Katla devraient être pris en compte dans le cadre plus large des émissions de CO2 à l’échelle mondiale. L’étude scientifique n’a jamais mentionné le risque d’une éruption à court terme, mais l’article du Sunday Times ne s’est pas privé de l’annoncer haut et fort! Le journal a affirmé que les résultats de l’étude montraient que le volcan allait «entrer en éruption» et qu’une telle éruption éclipserait celle d’Eyjafjallajökull en 2010.
Ces affirmations à propos du Katla ont été reprises par des agences de presse dans le monde entier. La scientifique de l’Université de Leeds qui a piloté l’étude a envoyé une série de tweets dénonçant les articles «alarmistes» qui désinformaient les lecteurs. Elle a rappelé qu’elle avait explicitement déclaré que les chercheurs n’étaient pas en mesure de dire si le Katla allait entrer en éruption, et que la perturbation du trafic aérien en cas d’éruption ne risquait pas d’être aussi grave qu’en 2010. Elle a accusé le journal britannique de «mentir à ses lecteurs». Les scientifiques ont déclaré qu’ils ne savaient pas quand Katla entrerait en éruption car ils ne savent pas non plus prévoir quand les volcans entreront en éruption dans le monde.
Cette affaire met bien en lumière les difficultés rencontrées par les scientifiques qui souhaitent partager leurs recherches, mais qui se heurtent à des journaux qui cherchent avant tout à attirer les lecteurs.
Source: Newsweek.

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Over the past weeks, a stream of articles claiming that Katla Volcano was about to erupt in Iceland were published. According to articles in the press, especially in the Sunday Times, the “highly hazardous” Katla volcano was releasing a huge amount of carbon dioxide, a clear indication that the magma chamber was filling up, and this was evidence of an imminent, massive eruption. This was simply not true! When the articles were published, I expressed doubts about their contents and said that nobody knew when Katla would erupt.

The press articles were prompted by an article published in the journal Geophysical Research Letters, in which a scientist from the University of Leeds, and her colleagues assessed the amount of CO2 being released from Katla. Findings showed emissions were extremely high—so much so that it, and other volcanoes like it, should be considered in the wider picture of CO2 emissions globally. It never mentioned the risk of a short-term eruption, but the Sunday Times’article did! The newspaper claimed the findings suggested that the volcano was “about to erupt” and that such an eruption would dwarf the one at Eyjafjallajökull in 2010.

The Katla story was picked up by news agencies worldwide, and soon afterward the Leeds University scientist sent out a string of tweets criticizing the “scaremongering” articles that misinformed readers. She reminded that she said explicitly that the researchers were not in a position to say whether or not Katla was ready to erupt; and that air traffic disruption in case of an eruption is unlikely to be as serious as in 2010. She accused the British newspaper of “lying to the readers.” Scientists do not know when Katla will erupt next, as they cannot predict when volcanoes around the world will erupt.

The case highlights the problems faced by scientists wishing to share their research, and newspapers looking to attract readers.

Source: Newsweek.

Le Katla vu depuis l’espace (Crédit photo: NASA)

Effondrements dans les Alpes // Collapses in the Alps

Les Alpes s’effondrent. Cette affirmation peut paraître exagérée, mais elle ne l’est pas tant que ça. Depuis quelques années, on observe une augmentation inquiétante des éboulements dans nos montagnes, qu’elles soient françaises, suisses ou italiennes. Les glaciers fondent à vue d’œil, mais ce sont les chutes de blocs ou de parois rocheuses entières qui inquiètent le plus les alpinistes.

Le dernier événement de la sorte a eu lieu le 22 août 2018 avec l’effondrement d’un pan entier de l’Arête des Cosmiques, à proximité de l’Aiguille du Midi.

Il ne faudrait pas oublier non plus l’énorme masse de glace qui s’est détachée du glacier de Charpoua, sur la face Sud-Est de l’Aiguille Verte, le 9 septembre 2018.

Avec la fonte de la neige et du permafrost de roche, certains itinéraires glaciaires comme le couloir du Goûter, qui permet d’accéder au Mont-Blanc, sont de moins en moins enneigés en période estivale, ce qui favorise les chutes de pierres. Les statistiques montrent que les dérochements sont responsables de 29 % des accidents, souvent mortels. .

Au cours des dernières années, l’effondrement le plus spectaculaire des Alpes françaises fut celui du pilier Bonatti en 2005. Cette paroi verticale de 1 000 mètres de hauteur était un des symboles de l’alpinisme de haute difficulté. Elle s’est effondrée en quatre fois entre le 29 et le 30 juin 2005. 292 000 m3 de roche sont tombés, soit l’équivalent de cinq fois l’Arc de Triomphe !

Plus récemment, le 24 août 2017, l’effondrement du Piz Cengalo en Suisse a provoqué la mort de huit alpinistes et randonneurs (voir ma note du 29 août 2017). Plus de trois millions de mètres cubes se sont décrochés. Quand cette masse de roche est tombée sur le glacier juste en dessous, il s’est liquéfié. Cela a provoqué une avalanche rocheuse puis une coulée de boue – aussi appelée lave torrentielle – qui a parcouru six kilomètres et a envahi le village de Bondo. Heureusement, grâce à un système d’alerte mis en place par les autorités suisses, la population a pu être évacuée à temps. Selon le service sismologique suisse, les vibrations causées par cet effondrement équivalaient à un séisme de magnitude 3.

Selon les guides de haute montagne de Chamonix, l’alpinisme tel qu’on le pratiquait il y a trente ans n’existe plus. Les courses imaginées en 1973 par Gaston Rebuffat sont devenues plus difficiles ou beaucoup plus dangereuses. Certaines sont même devenues impraticables en été car les parois ne sont plus englacées et enneigées et il n’est plus possible d’escalader le rocher mis à nu.

La situation ne semble pas en voie d’amélioration. Les températures continuent d’augmenter ; la glace et la neige désertent les sommets. De nouveaux effondrements sont donc à craindre, en espérant qu’ils n’emporteront pas avec eux les alpinistes en train d’escalader les parois.

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The Alps are collapsing. This statement may seem exaggerated, but it is not. In recent years, there has been a worrying increase in landslides in our mountains, whether French, Swiss or Italian. The glaciers are melting, but it is the rockfalls and the collapse of entire rock faces that worry mountaineers most.
The last event of this kind took place on August 22nd, 2018 with the collapse of an entire section of the Arête des Cosmiques (Cosmic Ridge), near the Aiguille du Midi.
We should not forget either the huge mass of ice that broke away from the Charpoua glacier, on the south-east face of the Aiguille Verte, on September 9th, 2018.
With the melting of snow and rock permafrost, some glacier routes such as the Couloir du Goûter, which provides access to Mont-Blanc, are becoming less snow-covered during the summer months, which favours falling rocks. Statistics show that such rockfalls are responsible for 29% of accidents, often fatal. .
In recent years, the most spectacular collapse in the French Alps was that of the Bonatti pillar in 2005. This vertical wall , 1,000 metres high, was one of the symbols of high difficulty mountaineering. It collapsed four times between 29 and 30 June 2005. 292 000 cubic metres of rock fell, the equivalent of five times the Arc de Triomphe!
More recently, on August 24th, 2017, the collapse of Piz Cengalo in Switzerland caused the death of eight mountaineers and hikers (see my note of August 29th, 2017). More than three million cubic metres were broke loose. When this mass of rock fell on the glacier just below, it liquefied. This caused a rocky avalanche and then a mudslide – also called torrential lava – which travelled six kilometres and invaded the village of Bondo. Fortunately, thanks to an alert system set up by the Swiss authorities, the population was evacuated in time. According to the Swiss Seismological Service, the vibrations caused by this collapse amounted to an earthquake of magnitude 3.
According to the mountain guides of Chamonix, mountaineering as it was practiced thirty years ago can no longer be performed. The itineraries imagined in 1973 by Gaston Rebuffat have become more difficult or much more dangerous. Some have even become impassable in summer because the walls are no longer covered with ice and snow and it is no longer possible to climb the rock which is now exposed.
The situation does not seem to be improving. Temperatures continue to rise; ice and snow desert the peaks. New collapses are therefore to be feared, hoping that they will not take with them mountaineers climbing the walls.

Glacier Blanc dans les Hautes Alpes (Photo: C. Grandpey)

Hawaii : La rampe d’accès de Pohoiki sera-t-elle rouverte ? // Hawaii : Will the Pohoiki boat ramp be reopened ?

La grande question en ce moment sur la Grande Ile d’Hawaii est de savoir si la rampe de mise à l’eau de Pohoiki sera réutilisable. Cette rampe d’accès à l’océan pour les bateaux a été épargnée par la lave de la dernière éruption et est en parfait état. Toutefois, son entrée maritime est bloquée par un cordon de sable noir déposé par l’éruption et dont le volume est estimé à 14 000 mètres cubes. Une commission d’experts s’est rendue récemment à Pohoiki pour évaluer la situation. Les premières observations ont révélé que de la lave avait atteint les abords de Isaac Hale Beach Park tout proche et avait encerclé la rampe de Pohoiki sans l’endommager.

Avant la dernière éruption, quatre compagnies exploitaient commercialement la rampe et conduisaient les touristes en mer devant les entrées de lave dans l’océan. La petite baie jouxtant à la rampe d’accès était également un lieu de baignade populaire et un excellent spot de surf et autres activités aquatiques. Les experts pensent qu’il serait possible d’évacuer le cordon de sable noir et de rétablir ainsi l’accès à la rampe. Cependant, sa réouverture dépendra de plusieurs facteurs : le rétablissement de l’accès routier, l’aide de la communauté locale, l’obtention des permis nécessaires à son exploitation et, surtout, du financement. Il n’existe actuellement aucune estimation du coût des travaux, ni de date pour leur début.
La commission d’experts a également survolé l’ensemble du littoral du District de Puna afin de détecter d’autres sites possibles pour y établir une nouvelle rampe de mise à l’eau, au cas où celle de Pohoiki ne pourrait pas être réutilisée. Deux autres sites semblent possibles, mais comme à Pohoiki, une nouvelle rampe d’accès nécessitera le soutien de la communauté, des permis, un accès routier et des millions de dollars de financement.
À la MacKenzie State Recreation Area, les gens ont maintenant accès à deux nouvelles plages de sable noir. Avant l’éruption, la côte était ponctuée de falaises abruptes qui tombaient dans l’océan. La plus grande des deux plages est située directement sous le parking et demande la plus grande prudence. La beauté des plages de sable noir cache des dangers. Il y a de puissantes lames de fond et des courants, de sorte qu’un nageur pourrait facilement être entraîné vers le large. Le Kilauea a façonné sept plages de sable noir entre MacKenzie et Pohoiki.
Depuis la bordure nord de la MacKenzie State Recreation Area, il suffit de marcher quelques minutes pour atteindre la coulée de lave émise par la dernière éruption et dont l’accès reste déconseillé. Lors de la réouverture de MacKenzie, un ranger s’est rendu auprès de la coulée de lave et a expliqué aux nombreuses personnes présentes les risques et dangers liés au nouveau paysage. La lave est extrêmement coupante et instable sous les semelles. Des panneaux le long de la route conduisant à la zone mettent en garde sur le risque d’émissions de gaz volcaniques. Il est demandé aux gens de faire preuve d’un comportement responsable et de bon sens lorsqu’ils s’aventurent dans les zones affectées par l’éruption. Il leur est aussi demandé d’éviter – par le biais des réseaux sociaux – d’inciter les gens à venir y randonner. Cela pourrait attirer des personnes peu habituées à fréquenter un tel environnement.
Source: Hawaii 24/7.

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The big question right now on Hawaii Big island to know whether the Pohoiki Boat Ramp will be usable again in the future. The boat ramp shows no damage itself. However, an estimated 14,000 cubic metres of black sand, deposited during the recent East Rift Zone eruption, completely rings and blocks the entrance to the boat ramp.

A commission of experts flew to Pohoiki recently to assess the situation. The first observations revealed that lava crept to the edge of the neighbouring Isaac Hale Beach Park and surrounded the boat ramp without damaging it.

Prior to the latest eruption, four companies operated lava ocean tours from the ramp. The tiny bay leading up to the ramp was also a popular swimming spot and ocean-entrance for surfers and other water enthusiasts. Experts think it could be possible to remove the black sand and re-create the entrance to the boat ramp. However, the reopening of the Pohoiki Boat Ramp would be dependent on road access being restored, support from the local community, the securing of necessary permits, and most importantly the funding.  There are currently no estimates now of how much it would cost or a time frame for potential work to begin.

The commission also flew the entire Lower Puna coastline looking for other possible small boat ramp sites, in case Pohoiki can’t be resurrected. They believe there may be a couple of options, but like at Pohoiki, a new ramp would require support from the community, permits, road access, and millions of dollars in funding for design and construction.

At MacKenzie, people can now have access to two new black sand beaches. Prior to the eruption the parks coastline was punctuated by steep, rocky cliffs that dropped precipitously and directly into the ocean. The larger of the pair of beaches is directly below the parking lot and still requires careful navigation down the cliff face. The beauty of the black sand beaches is underlain with danger. There is a powerful undertow at these beaches and a swimmer or boarder could easily be swept out to sea. There are now seven black sand beaches, created by Kilauea, between MacKenzie and Pohoiki.

From the northern boundary of the MacKenzie State Recreation Area, it is just a few-minute walk to the edge of the newly formed lava flow which remains within a restricted access zone. On the first day of the reopening of MacKenzie, a National Guardsman walked out to the edge of the lava flow and spoke to numerous visitors about the risks and hazards associated with the newly-altered landscape. In addition to the extremely sharp lava which creates unstable footing, there are pockets where the ground may look stable, but is not. Road signs leading into MacKenzie SRA also warn people to be aware of the possibility of continuing volcanic gas emissions. People are requested to demonstrate responsible behaviour and use judgment and common sense when venturing into any areas impacted by the Lower East Rift Zone eruption and avoid promoting excursions on social media. This would only increase the appetite for others often less skilled to follow.

Source: Hawaii 24/7.

Vue de la rampe d’accès de Pohoiki et son cordon de sable voir (Crédit photo: USGS)