Des scientifiques de l’Université du Massachusetts et d’autres institutions ont publié dans le numéro de janvier de la revue Science Advances les résultats de recherches où ils font remarquer que l’éruption du Tambora (Indonésie) en 1815, qui a entraîné une période de refroidissement climatique, a fait augmenter la consommation de maquereaux en Nouvelle Angleterre car ces poissons on été moins affectés par le cataclysme que les récoltes et le bétail. Les chercheurs se sont demandés si l’on ne pourrait pas établir une relation entre l’éruption du Tambora, le refroidissement climatique qui a suivi et l’augmentation de la consommation de maquereaux d’une part, et la période actuelle de réchauffement climatique d’autre part.
Après l’éruption du Tambora en 1815, une période froide – souvent décrite comme «l’année sans été» – a provoqué la mort du bétail et a modifié le comportement des poissons en Nouvelle-Angleterre, de sorte que beaucoup de gens se sont rabattus sur le maquereau qui a été moins affecté que de nombreux animaux par les conséquences de l’éruption.
Les chercheurs ont examiné les effets de l’éruption du Tambora sur le Golfe du Maine et les systèmes d’alimentation humaine à proximité. Ils ont constaté que le gaspareau, un poisson qui ressemble au hareng et qui était utilisé aussi bien comme engrais que comme nourriture par les habitants de la Nouvelle Angleterre au 19ème siècle, avait quasiment disparu. En revanche, le maquereau avait mieux résisté et était devenu une source essentielle de protéines et d’emplois. Alors que les récoltes étaient anéanties et que la famine avait fait son apparition, ce poisson était devenu un aliment de subsistance. Il s’agit d’un scénario semblable à celui que vivent actuellement certains pays en voie développement, au moment où le changement climatique affecte la sécurité alimentaire.
L’étude indique que l’on peut établir un parallèle entre la nécessité d’une adaptation immédiate après l’éruption du Tambora et les défis à relever actuellement pour faire face aux ravages provoqués par les tempêtes, les inondations et les sécheresses. L’étude note par ailleurs que la perte d’aliments de base causée par le changement climatique suite à l’éruption du Tambora a entraîné des déplacements de populations dans les États du Nord-Est, ce que l’on observe aujourd’hui dans des endroits comme le Pakistan et la Syrie.
La façon dont la pêche s’adaptera au changement climatique dans les pays en voie de développement est une question de sécurité alimentaire car le poisson est une ressource protéique d’une importance vitale dans le monde entier. Des études ont montré que plus d’un milliard de personnes démunies dans le monde obtiennent la plupart de leurs protéines animales à partir de poissons, et 800 millions d’autres personnes dépendent de la pêche et de l’aquaculture pour leurs moyens de subsistance.
Le rapport montre que des changements climatiques soudains peuvent avoir des conséquences inattendues. Il conclut en faisant remarquer qu’une bonne gestion de nos ressources naturelles permettra d’atténuer certains impacts climatiques. Contrairement à la population en 1815, nous savons ce qui nous guette, et nous devons donc nous y préparer.
Sources: ScienceDaily; ABC News.
————————————-
Scientists with the University of Massachusetts, and other institutions, published research findings in the January issue of the journal Science Advances where they concluded the 1815 volcanic eruption of Mount Tambora in Indonesia that led to a short period of climate cooling also increased the consumption of mackerel, which were less affected than crops and other animals in New England. The researchers also wondered what the Tambora eruption, the climate cooling that followed and a surge in the consumption of mackerel could tell us about today’s era of global warming.
After the eruption of Mount Tambora in 1815, a cooled climate – often described as the « Year Without a Summer » – led to deaths of livestock and changed fish patterns in New England, leaving many people dependent on the mackerel that was less affected than many animals.
The researchers looked at what the Tambora eruption meant for the Gulf of Maine and nearby human food systems. They found that alewives, a fish used for everything from fertilizer to food by 19th-century New Englanders, did not fare well. But mackerel had better survival rates and became a critical source of protein and jobs. As crops failed and famine began to spread, the little fish emerged as a staff of life. It is a scenario similar to what parts of the developing world are experiencing today as climate change affects food security.
The study states there is a parallel between the need for immediate adaptation after Tambora and the challenges in coping with the climate-driven devastation caused by storms, floods and droughts today. It notes that the loss of food staples due to climate change caused people in the northeastern states to move, something seen today in places such as Pakistan and Syria.
How fisheries in the developing world will adapt to future climate change is an important contemporary food security issue, because fish are a vitally important protein resource worldwide. Studies have explained that more than a billion of the world’s poor obtain most of their animal protein from fish, and 800 million depend on fisheries and aquaculture for livelihoods.
The report illustrates how abrupt changes in climate can have unexpected consequences. It concludes by saying that good stewardship of our natural resources can help buffer against some climate impacts. Unlike the people in 1815, we have an idea of what is coming, and we need to make sure we are prepared.
Sources: ScienceDaily; ABC News.
Timbre émis en 2015 à l’occasion du bicentenaire de l’éruption du Tambora.