Dernières nouvelles du Bardarbunga (Islande) // Latest news of Bardarbunga (Iceland)

drapeau francaisUne expédition scientifique islandaise a visité le glacier Vatnajökull et plus spécifiquement le Bárðarbunga. Les observations et mesures n’ont pas révélé de changements significatifs dans la topographie du substratum rocheux depuis l’année dernière. Il n’y a pas non plus d’indications d’une accumulation d’eau de fonte dans la caldera. La dépression de 65 mètres de profondeur qui s’est formée dans le glacier lors des événements de 2014-2015 s’est affaissée de 8 mètres depuis l’année dernière.
Il y a peu d’évolution dans les emisions de gaz au niveau des chaudrons de glace sur la lèvre de la caldeira. La profondeur et la largeur des chaudrons n’a pas été mesurée depuis un certain temps car cette opération ne peut être réalisée que par des moyens aériens. En conséquence, aucune observation ne peut être formulée concernant l’activité hydrothermale depuis l’année dernière.
Une nouvelle station sismique a été installée le 5 juin à une altitude de 1600 mètres au nord-ouest de la caldeira du Bárðarbunga. D’une manière générale, la sismicité a augmenté depuis la mi septembre 2015. 51 séismes d’une magnitude supérieure à M 3 ont été enregistrés sur le Bárðarbunga depuis la fin de l’éruption en 2015.
Les stations GPS autour du Bárðarbunga montrent une extension vers l’extérieur de la caldeira. Le phénomène est probablement dû à une montée de magma à une profondeur d’environ 10 à 15 km sous le Bárðarbunga, là où est apparu le magma qui a provoqué l’éruption dans l’Holuhraun entre 2014 et 2015. Il n’y a aucune indication d’accumulation de magma à faible profondeur.
Selon les scientifiques qui ont effectué la mission, il est probable que, suite à l’affaissement de la caldeira et à l’augmentation de l’activité hydrothermale, l’eau de fonte de la glace va commencer à s’accumuler sous les chaudrons le long de la lèvre de la caldeira ou dans la caldeira elle-même. En conséquence, il est impératif de suivre l’évolution de ces chaudrons ainsi que l’activité sismique, la déformation du sol, l’activité hydrothermale et les émissions de gaz du Bárðarbunga.
Source: Iceland Review.

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drapeau anglaisAn Icelandic scientific expedition has visited Vatnajökull and more specifically Bardarbunga volcano. The measurements have not revealed any changes in the bedrock topography since last year. There are no indications either that melt water is accumulating within the caldera. The 65-metre-deep depression in the glacier formed during the events of 2014-2015 has subsided by 8 metres since last year.
There have been little changes in the gas emisions at ice cauldrons along the caldera rim. The depth and width of the cauldrons has not been measured for quite some time and can only be carried out with airborne surveillance. Therefore, no statement can be made regarding changes in geothermal activity since last year.
A new seismographic station was installed at an elevation of 1600 meters, northwest of the Bárðarbunga caldera on June 5th. The monitoring shows that seismicity has been increasing from since the middle of September 2015. All in all, 51 earthquakes stronger than magnitude 3 have been registered in Bárðarbunga since the end of the eruption in 2015.
GPS stations around Bárðarbunga show slow movement away from the caldera. The most probable explanation is the inflow of magma at a depth of about 10 to 15 km below Bárðarbunga into the place of origin of the magma which erupted at Holuhraun 2014 to 2015. There are no indications of magma collecting at shallower depths.
According to the scientists who performed the mission, it is likely that in the aftermath of the caldera subsidence and following increased geothermal activity, meltwater will start collecting under the cauldrons along the caldera rim or within the caldera itself. Therefore, it is imperative to monitor the evolution of the cauldrons, in addition to seismic activity, ground deformation, geothermal activity and gas emissions in Bárðarbunga.
Source: Iceland Review.

Hawaii (Etats Unis): Lö’ihi, un volcan sous-marin // Lö’ihi, a seamount

drapeau-francaisAprès la Chaîne des Cascades il y a quelques semaines, voici une petite série consacrée aux volcans d’Hawaii. Nous voyagerons du sud-est, où se trouvent les plus jeunes, vers le nord-ouest où ils ont depuis longtemps cessé d’être actifs.

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La croûte terrestre est composée d’une série de plaques tectoniques qui se déplacent à la surface de la planète. Les volcans naissent souvent dans les zones où les plaques se rencontrent. Les volcans peuvent également se former au milieu d’une plaque. Tel la flamme d’un chalumeau, le magma remonte vers la surface et perce le fond de l’océan, formant un «point chaud».
Les îles hawaïennes ont été façonnées par un tel point chaud au beau milieu de la plaque Pacifique. Alors que le point chaud reste fixe, la plaque se déplace. Au fur et à mesure que la plaque avançait au-dessus du point chaud, le chapelet d’îles qui composent l’archipel hawaiien a percé la surface de l’Océan Pacifique et le processus continue aujourd’hui.
L’archipel hawaiien se compose de 132 îles, atolls, récifs et volcans sous-marins et s’étire sur plus de 2400 km entre l’île d’Hawaii au sud-est et l’atoll de Kure au nord-ouest.

Blog H 02

Si la théorie du point chaud se vérifie, le prochain volcan de la chaîne hawaïenne devrait se former à l’est ou au sud de l’île d’Hawaii. Des preuves indiquent que ce nouveau volcan s’appelle Lo’ihi, à environ 35 km au large de la côte sud. Lo’ihi dresse ses 3 030 mètres au-dessus du fond de l’océan et son sommet se trouve à 930 mètres sous la surface de l’eau.

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Une cartographie récente montre que Lo’ihi présente une forme semblable au Kilauea et au Mauna Loa. Son sommet relativement plat renferme une caldeira d’environ 5 km de diamètre; deux dorsales bien distinctes partent du sommet et semblent correspondre à des zones de rift.

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Les photographies montrent que la zone sommitale du Lo’ihi est couverte de laves en coussins dont la surface vitreuse confirme leur formation récente il y a quelques centaines d’années.

Blog H 05

Une preuve de l’activité du Lo’ihi est donnée par les sismographes. Depuis 1959, le réseau sismique du HVO a enregistré plusieurs essaims importants sur le volcan sous-marin en 1971-1972, 1975, 1984-1985, 1990-1991 et en 1996, le signe probable d’éruptions sous-marines ou d’intrusions magmatiques. L’essaim sismique de juillet-août 1996 a été le plus intense jamais enregistré sur le Lo’ihi, avec plus de 4 200 événements avec une magnitude de M 4.0 ou plus pour certains d’entre eux. L’intense activité sismique de 1996 a été provoquée par un effondrement du sommet et la formation d’un nouveau pit crater (baptisé Pele’s Pit) d’environ 500 mètres de diamètre et 270 mètres de profondeur. A l’intérieur de ce nouveau cratère, plusieurs nouvelles sources hydrothermales ont été observées avec des eaux dont la température atteignait près de 200°C.
Lo’ihi est susceptible de devenir le prochain volcan hawaiien émergé. Cela prendra sûrement plusieurs dizaines de milliers d’années, si la vitesse de croissance du Lo’ihi correspond à celle des autres volcans hawaïens (environ 3 centimètres par an, en moyenne, au cours du temps géologique). Il est également possible que Lo’ihi ne montre jamais le bout de son nez et que le maillon suivant de la chaîne hawaiienne n’ait pas encore commencé à se former.
Sources : NOAA & USGS.

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drapeau-anglaisAfter the Cascade Range a few weeks ago, here is a series devoted to the volcanoes of Hawaii. We will travel from the southeast with the younger ones, to the north-west where they have long ceased to be active.

The Earth’s outer crust is made up of a series of tectonic plates that move over the surface of the planet. In areas where the plates come together, sometimes volcanoes will form. Volcanoes can also form in the middle of a plate, where magma rises upward until it erupts on the sea floor, at what is called a “hot spot.”
The Hawaiian Islands were formed by such a hot spot in the middle of the Pacific Plate. While the hot spot itself is fixed, the plate is moving. So, as the plate moved over the hot spot, the string of islands that make up the Hawaiian Island chain were formed.
The Hawaiian archipelago is made up of 132 islands, atolls, reefs and seamounts stretching over 2,400 km from the island of Hawaii in the southeast to Kure Atoll in the northwest.
If the hot-spot theory is correct, the next volcano in the Hawaiian chain should form east or south of the Island of Hawaii. Abundant evidence indicates that such a new volcano exists at Lö’ihi, a seamount located about 35 km off the south coast. Lö’ihi rises 3,030 metres above the ocean floor to 930 metres of the water surface.
Recent detailed mapping shows Lö’ihi to be similar in form to Kïlauea and Mauna Loa. Its relatively flat summit apparently contains a caldera about 5 km across; two distinct ridges radiating from the summit are probably rift zones.
Photographs show that Lö’ihi’s summit area has pillow-lava flows with fresh glassy crusts, indicative of their recent formation, probably not more than a few hundred years old.
A sure indication of Lö’ihi’s activity is given by the seismographs. Since 1959, the HVO seismic network has recorded large earthquake swarms at Lö’ihi during 1971-1972, 1975, 1984-1985, 1990-1991, and 1996, suggesting major submarine eruptions or magma intrusions. The July-August 1996 swarm was by far the most energetic seismic activity at Lö’ihi, with more than 4,200 events whose magnitudes reached M 4.0 or larger for some of them. The intense 1996 earthquake activity at Lö’ihi was caused by a summit collapse and the formation of a new pit crater (called Pele’s Pit), about 500 metres in diameter and 270 metres deep. Within this new crater, several new hydrothermal vents were observed with waters whose temperature reached nearly 200°C.
Lö’ihi is likely to become Hawaii’s newest volcano island. It will almost certainly take several tens of thousands of years, if the growth rate for Lö’ihi is comparable to that of other Hawaiian volcanoes (about 3 centimetres per year averaged over geologic time). It is also possible that Lö’ihi will never emerge above sea level and that the next link in the island chain has not yet begun to form.
Sources : NOAA & USGS.

Cayambe (Equateur / Ecuador): Hausse de la sismicité // Increased seismicity

drapeau francaisL’Institut de Géophysique indique qu’il a enregistré au cours du mois de juin une forte hausse de la sismicité sur le Cayambe. Les événements sont liés à des fracturations d roches et se situent dans la parte NE du volcan. Les données GPS et les inclinomètres ne montrent toutefois pas de déformations de l’édifice volcanique.
La sismicité la plus forte a été enregistrée à la mi juin, avec une tendance à la baisse ces derniers jours. Il faut tout de même remarquer que cette sismicité est la plus forte enregistrée depuis1995. La dernière éruption du Cayambe remonte à 1786.
Le Cayambe est un imposant volcan à lave dacitique et andésitique situé à une soixnataine de kilomètress au NE de Quito et à une quinzaine de kilomètres à l’E de la ville de Cayambe avec une population de 20 000 habitants.

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drapeau anglaisThe Instituto Geofisico (IG) has reported a sharp increase in seismicity under the Cayambe volcano this month. The seismic events are related to fracturing of rocks and are located at the NE end of the volcano. GPS data from networks and inclinometers show no evidence of deformation of the volcano.
Seismicity became more evident in the middle of June, but it now tends to decrease. It should be noted that this is the strongest seismic anomaly recorded since 1995. The last known eruption of this volcano was in 1786.
Cayambe is a massive andesitic-dacitic stratovolcano, located 60 km NE of Quito and 15 km E of the town of Cayambe, with 20 000 inhabitants.

Cayambe

Vue du Cayambe (Crédit photo: Wikipedia)

Complexité du basalte des arcs volcaniques // Complexity of basalt in volcanic arcs

drapeau-francaisLes dernières recherches effectuées par des chercheurs de l’Université de Washington et publiées en juin 2016 dans les Proceedings of the National Academy of Sciences au sujet des volcans d’arc montrent qu’ils n’émettent pas à cent pour cent de la lave en provenance du manteau. En effet, cette dernière contient également des éléments qui laissent supposer que le processus de subduction fait entrer en jeu certains matériaux retirés à la plaque de la croûte terrestre pendant qu’elle s’enfonce dans les profondeurs.
Les géologues ont longtemps pensé que le basalte provenait du manteau. Toutefois, la nouvelle étude utilise une analyse chimique détaillée pour démontrer que, dans le cadre des volcans d’arc, le magnésium du basalte – qui représente environ 40% du manteau, mais est rare dans la croûte – ne ressemble pas à celui du manteau et montre une importante contribution de la croûte. Alors que les basaltes du plancher océanique sont uniformes dans le type de magnésium qu’ils contiennent, il n’en va pas de même pour les volcans d’arc.
L’étude a utilisé des échantillons de roches prélevés sur un volcan inactif de la Martinique, région où la plaque océanique s’enfonce lentement sous la plaque continentale. Les chercheurs ont choisi d’étudier un volcan des Caraïbes parce que le fleuve Amazone fait se déposer une énorme quantité de sédiments sur le plancher océanique. Les scientifiques voulaient savoir quelle quantité de sédiments de surface, riches en carbone, était entraînée dans les profondeurs de la Terre, et quelle quantité était extirpée de la plaque descendante avant de réapparaître dans l’atmosphère de la planète.
L’analyse des atomes de magnésium présents dans le basalte émis montre qu’ils ne proviennent pas du manteau, ni des sédiments organiques entraînés pendant la subduction, mais directement de la croûte océanique pendant cette même subduction. Malgré tout, ce basalte volcanique ne contient pas tous les composants de la croûte. La majeure partie montre la composition du manteau; la seule différence concerne le magnésium. Il se pourrait que dans les grandes profondeurs, l’eau riche en magnésium s’échappe par compression de la roche qui compose la croûte terrestre. Au moment du déplacement du fluide, la roche qui l’entoure joue le rôle de filtre Brita qui retient le magnésium, transférant ainsi les particules de magnésium de la croûte vers le manteau juste en dessous de la zone de subduction. La plupart des scientifiques pensent que les matériaux de la croûte ou du manteau interviennent sous forme solide. Dans le cas présent, il se peut que le magnésium ait été ajouté par un fluide.
Les fluides semblent intervenir dans l’activité sismique au niveau des zones de subduction, et si l’on connaît mieux la façon dont ces fluides se déplacent dans les profondeurs de la Terre on comprendra certainement mieux les processus tels que le volcanisme et la sismicité profonde. A cet effet, d’autres études seront effectuées sur des roches basaltiques de la Chaîne des Cascades et sur d’autres volcans d’arc pour analyser la composition de leur magnésium.
Source: Université de Washington.

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drapeau-anglaisNew University of Washington research published in June 2016 in the Proceedings of the National Academy of Sciences about arc volcanoes shows that they are not just emitting molten rock from the mantle. The emitted lava also contains elements that suggest something more complicated is drawing material out of the descending plate of Earth’s crust.

Geologists have long believed that basalt originates in the mantle. However, the new study uses detailed chemical analysis to find that the basalt’s magnesium, which makes up about 40 percent of the mantle but is rare in the crust, does not look like that of the mantle, and shows a surprisingly large contribution from the crust.  While the ocean-floor basalts are uniform in the type of magnesium they contain, the one found in arc volcanoes is not.

The study used rock samples from an inactive volcano on the Caribbean island of Martinique, a region where the ocean plate is slowly subducting, beneath the continental plate. Researchers chose to study a volcano in the Caribbean partly because the Amazon River carries so much sediment from the rainforest to the seabed. Scientists wanted to learn how much of the carbon-rich sediment from the surface gets carried deep in the Earth, and how much gets scraped off from the descending plate and reemerges into the planet’s atmosphere.

Analyzing the weight of magnesium atoms in the erupted basalt shows that they came not from the mantle, nor from the organic sediment scraped off during the slide, but directly from the descending oceanic crust. Yet the volcanic basalt lacks other components of the crust. The majority of the other ingredients are still like the mantle; the only difference is the magnesium. The reason might be that at great depths, magnesium-rich water is squeezed from the rock that makes up Earth’s crust. As the fluid travels, the surrounding rock acts like a Brita filter that picks up the magnesium, transferring magnesium particles from the crust to the mantle just below the subduction zone. Most people think you add either crustal or mantle materials as a solid. Here the magnesium may have been added by a fluid.

Fluids seem to play a role in seismic activity at subduction zones, and having more clues to how those fluids travel deep in the Earth could help better understand processes such as volcanism and deep earthquakes. For this purpose, more studies will be performed on basalt rocks from the Cascade Range and other arc volcanoes to analyze their magnesium composition.

Source: University of Washington.

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Illustration du processus de subduction dans le volcanisme d’arc (Source: USGS)