Puracé (Colombie) : Volcan et Traditions // Puracé (Colombia) : Volcano and Traditions

Dans ma dernière note (12 décembre 2025) concernant l’activité volcanique dans le monde, j’explique que l’activité éruptive se poursuit sur le Puracé (Colombie). La sismicité est marquée par des épisodes de tremor et des signaux longue période indiquant des mouvements de fluides. On enregistre aussi des séismes témoignant de la fracturation de la roche à des profondeurs de 1 à 3 km. Chaque jour, les émissions de gaz et de cendres s’élèvent de 100 à 900 m au-dessus du sommet. Le 3 décembre 2025, une hausse de la température à l’intérieur du cratère a été observée grâce aux données satellitaires. De faibles retombées de cendres sont signalées dans plusieurs localités. Le niveau d’alerte reste Orange (niveau 2 sur une échelle de quatre couleurs) et le public est prié de rester à l’écart du cratère. Le Puracé (4 640 mètres) est l’un des volcans actifs de Colombie, avec au moins 51 éruptions recensées depuis l’année 1400. Sa dernière éruption significative remonte à 1977.
La situation à Puracé illustre le lien qui unit le volcan aux communautés locales – le peuple Coconuco – et à leurs traditions. Malgré une alerte récente signalant une éruption probable dans les jours ou les semaines à venir en raison d’une hausse de l’activité sismique et de l’émission de colonnes de cendres atteignant jusqu’à 900 mètres de hauteur, les villageois ne sont pas inquiets. Ils affirment avoir toujours vécu sur le volcan, avoir grandi sur ses flancs, et n’avoir donc aucune raison de le craindre. Ils continueront à le fréquenter, alerte ou non. Ils expliquent qu’ils doivent s’occuper de leurs animaux. C’est une raison fréquemment invoquée par les villageois vivant sur les pentes d’un volcan, comme on a pu le constater lors de l’éruption du Merapi (Indonésie) en 2010. Depuis l’alerte émise pour le Puracé le 29 novembre 2025, les autorités montrent des signes d’inquiétude. Elles se préparent à une évacuation préventive d’au moins 800 personnes vivant autour du volcan, dans des maisons dispersées à flanc de montagne.
Pour le peuple Coconuco, le volcan est sacré et protège leur territoire. Le gouverneur de la réserve indigène de Purace a déclaré : « Le volcan est notre maître ; nous n’avons aucune raison de le craindre. C’est pourquoi nous le respectons et accomplissons des rituels en son nom.» Ces rituels consistent notamment à offrir au cratère du maïs, des plantes aromatiques et une boisson alcoolisée traditionnelle à base de fruits, le guarapo. Pour la communauté indigène, les émissions de cendres du volcan sont un message : elles appellent à une plus grande protection de la nature.
Selon les villageois, une éruption signifie que le volcan leur reproche d’avoir été surexploité. Pendant près de 60 ans, ils ont puisé leur richesse dans ses profondeurs en extrayant du soufre. Aujourd’hui, ils la récoltent abusivement avec le tourisme. Les anciens, témoins des éruptions du passé, s’efforcent de rassurer les plus jeunes, qui découvrent l’activité volcanique pour la première fois. Ceux dont les maisons se situent en zone à risque affirment qu’ils ne partiront que si le volcan émettait des gaz toxiques.
Le Puracé manque d’infrastructures et de moyens logistiques pour une évacuation complète. Les autorités s’emploient donc à mettre en place des abris temporaires, mais elles ont également besoin de réservoirs d’eau, de nourriture et d’une solution pour protéger le bétail, essentiel à l’agriculture et à l’élevage de la communauté.
Un villageois Coconuco a déclaré : « S’il faut mourir ici, nous mourrons ici. Mais nous n’irons pas mourir de faim ailleurs.»
Source : ABC News via Yahoo News.

 Cratère du Puracé (Source : Wikipedia)

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In my latest update (December 12, 2025) about volcanic activity in the world, I explained that eruptive activity continued at Puracé (Colombia). Seismicity is characterized by tremor and long-period signals indicating fluid movement, and earthquakes indicating rock fracturing located at depths of 1-3 km. Daily gas-and-ash emissions rose 100-900 m above the summit. On 3 December 2025, a temperature increase within the crater was identified in satellite data. Minor ashfall has been reported in several communities. The Alert Level remains at Orange (level 2 on a four-color scale) and the public is asked to stay away from the crater. The Purace volcano (4,640 meters), is one of Colombia’s active volcanoes, with at least 51 eruptive events since the year 1400. Its most recent significant eruption was recorded in 1977.

The situation at Puracé shows the link that connects the volcano with local communities – the Coconuco people – and their traditions. Despite a recent alert indicating that an eruption was likely in the coming days or weeks due to increased seismic activity at the volcano and the emission of ash columns reaching up to 900 meters, the villagers are not afraid. They say that they have lived on the volcano, grown up on its slopes, so they have no reason to fear it. They will keep going there, alert or not. They explain that they have to look after their animals. This is a reason very often cited by the villagers living on the slopes of the volcano, as could be heard during Mount Merapi’s 2010 eruption.

Still, since the alert issued on November 29, 2025, the surrounding community has been on edge. Authorities have sought to prepare for a preventive evacuation of at least 800 people who live on the volcano’s periphery, in scattered homes among the mountains.

For the Coconuco people, the volcano is sacred and a protective spirit of their territory. Said the governor of the Purace Indigenous Reserve : “The volcano is our master; we have no reason to fear it. That’s why we respect it and perform rituals in its name.” Rituals include offering the crater corn, sweet plants and a traditional alcoholic drink made from fruit known as guarapo. For the Indigenous community, the volcano sends them a message when it emits ash, asking for greater care of nature.

In their opinion, when there is an eruption, it means that the volcano is saying that they have exploited it too much for about 60 years and that they took money from beneath it by extracting sulfur, and now with tourism they are taking money from above it.

Elders who have witnessed eruptions of the volcano have sought to reassure the younger members of the community who are seeing the volcano active for the first time. The elders whose homes are located in a risk zone say they would only evacuate if the volcano were to emit poisonous gases.

Purace lacks the infrastructure and logistics needed for a full evacuation, so authorities are working to set up temporary shelters, but they also need water storage tanks, food and a solution to protect their livestock and domestic animals, which are vital to the agricultural and ranching community.

Said one villager of the Coconuco community : ‘If we have to die here, we’ll die here. But we’re not going somewhere else just to die of hunger.”

Source : ABC News via Yahoo News.

Nouveau projet géothermique dans l’Oregon // New geothermal project in Oregon

Le 12 octobre 2012, j’ai publié une note sur ce blog à propos d’un projet de développement de l’énergie géothermique dans la région du volcan Newberry (Oregon). Ce projet avait suscité de nombreuses protestations dans cette région potentiellement volcanique et sismiquement active, ce qui présentait des risques évidents.
Aujourd’hui, en 2025, nous apprenons que des ingénieurs construisent la centrale géothermique la plus chaude au monde. Elle exploitera l’énergie de ce qui est, selon l’USGS, « l’un des volcans actifs les plus dangereux des États-Unis ».

Vue du site exploité par Mazama Energy sur le Newberry

La société Mazama Energy a déjà atteint des températures de 331 °C, ce qui en fait l’un des sites géothermiques les plus chauds au monde. Elle commencera à vendre de l’électricité aux foyers et aux entreprises des environs dès 2026.
Mazama Energy souhaite maintenant atteindre une température de 389 °C et devenir la première à produire de l’électricité à partir de « roche surchauffée ». Certains affirment que l’on est à l’aube d’une nouvelle ère pour l’énergie géothermique. Aujourd’hui, la géothermie produit moins de 1 % de l’électricité dans le monde. Toutefois, l’exploitation de la chaleur extrême des roches, combinée à d’autres avancées technologiques, pourrait porter cette part à 8 % d’ici 2050 ; c’est ce que prétend l’Agence internationale de l’énergie (AIE). L’AIE explique qu’ en utilisant des températures extrêmement élevées la géothermie pourrait théoriquement produire 150 fois plus d’électricité que la consommation mondiale.

Le projet entrepris sur le volcan Newberry combine deux grandes tendances susceptibles de rendre l’énergie géothermique moins chère et plus accessible. Mazama Energy achemine sa propre eau jusqu’au volcan, grâce à une méthode baptisée « géothermie améliorée ». Au cours des dernières décennies, des projets pionniers ont commencé à produire de l’énergie à partir de roches chaudes et sèches en fracturant la pierre et en y injectant de l’eau pour produire de la vapeur, en s’inspirant des techniques de fracturation hydraulique développées par l’industrie pétrolière et gazière. Des projets pilotes ont été mis en place au Nevada et en Utah, et des chercheurs internationaux ont démontré l’efficacité de cette technologie en France, en Allemagne, en Suisse et au Japon. Injecter de l’eau dans des fractures rocheuses comporte des risques sismiques, tout comme l’injection d’eaux usées issues de la fracturation hydraulique. Une expérience de ‘géothermie améliorée’ en Suisse a été interrompue après avoir déclenché un séisme de magnitude 3,4 en 2006. Les capteurs du site de Newberry ont enregistré cinq secousses sismiques au cours des six derniers mois ; la plus importante a atteint une magnitude de 2,5 le 24 juillet 2025. Les scientifiques affirment que les séismes constitueront toujours un risque, mais qu’il peut être géré grâce à une surveillance et une ingénierie efficaces.

Le Département de l’Énergie indique que les risques de pollution de l’eau sont faibles car les centrales géothermiques recyclent l’eau dans des puits étanches, et cette eau passe par des réservoirs beaucoup plus profonds que la plupart des nappes phréatiques.
Le projet de Newberry exploite également une roche plus chaude que tous les projets précédents. Cependant, même les 331 degrés de Newberry restent inférieurs au seuil de surchauffe de 373 degrés ou plus. À cette température, et sous une pression très élevée, l’eau devient « supercritique » et se comporte comme un fluide à mi-chemin entre un liquide et un gaz. L’eau supercritique emmagasine une grande quantité de chaleur comme un liquide, tout en s’écoulant avec la fluidité d’un gaz.
Un puits géothermique à très haute température peut produire cinq à dix fois plus d’énergie qu’un puits à température classique, qui avoisine les 204 °C. De ce fait, les exploitants géothermiques n’ont plus besoin de forer autant de puits coûteux, ce qui permet de réduire les coûts.
À terme, l’énergie géothermique issue de roches à très haute température pourrait être aussi économique que le gaz naturel ou l’énergie solaire, sans la pollution des énergies fossiles ni la variabilité des énergies renouvelables.

Mazama Energy prévoit de forer de nouveaux puits l’an prochain afin d’atteindre des températures supérieures à 398 °C. À proximité d’un volcan actif, elle espère atteindre cette température à moins de 5 kilomètres de profondeur. Ailleurs, les exploitants géothermiques doivent souvent creuser jusqu’à 20 kilomètres.
Forer dans une roche à 398 °C représente un défi de taille. Les centrales géothermiques conventionnelles utilisent des équipements prévus pour l’industrie pétrolière et gazière, mais dans une roche surchauffée, les foreuses classiques deviennent inutilisables car leurs composants électroniques sont défaillants. Les ingénieurs de Mazama Energy ont refroidi leurs installations de forage en injectant un flux constant de dioxyde de carbone liquide. Cela leur a permis de forer à 3,2 km de profondeur sur le flanc du volcan et d’atteindre une roche à 331 °C en début d’année.
D’autres puits expérimentaux ont atteint des températures encore plus élevées, mais aucun n’a résisté longtemps. Des expériences de forage en Islande et à Hawaï ont été interrompues après avoir rencontré du magma de manière inattendue, ce qui a endommagé les trépans. Des puits forés au Japon et en Italie ont atteint des roches à plus de 482 °C, approchant la zone de la croûte terrestre où la roche rigide commence à se comporter comme de la pâte à modeler. Cependant, ces forages ont été abandonnés suite à des problèmes rencontrés avec le matériel de forage et les tubages en ciment.
Pour l’instant, Mazama Energy affirme que son puits est stable. Cependant, les scientifiques prévoient que les difficultés s’accumuleront à mesure que l’entreprise forera dans des roches plus chaudes et exploitera ses puits pendant des années. Les tubages en ciment et en acier seront alors exposés à des variations extrêmes de température et de pression.
Cependant, les avantages potentiels de cette nouvelle géothermie sont bien supérieurs aux défis qu’elle suppose. Mazama Energy prévoit de produire 15 mégawatts d’électricité sur le flanc ouest du volcan Newberry en 2026, avec une augmentation progressive de la production jusqu’à 200 mégawatts, soit suffisamment d’énergie pour alimenter un grand centre de données ou une petite ville.
Source : Médias américains.

Big Obsidian Flow dans le parc du Newberry (Photo: C. Grandpey)

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On October 12, 2012 I released a post on this blog, about a geothermal energy development project in the Newberry volcano area (Oregon). Such a project had triggered numerous protests because the region is potentially volcanically and seismically active, and the project therefore presented obvious risks.

Today in 2025, we learn that engineers are building in the region the hottest geothermal power plant on Earth. The plant will tap into the energy of what is, according to the USGS, “one of the largest and most hazardous active volcanoes in the United States.”.

Newberry

Vue du site exploité par Mazama Energy sur le Newberry (Source : Mazama Energy)

The structure has already reached temperatures of 331 degrees Celsius, making it one of the hottest geothermal sites in the world, and next year it will start selling electricity to nearby homes and businesses.

But the start-up behind the project, Mazama Energy, wants to reach a temperature of 389°C and become the first to make electricity from “superhot rock.”

Enthusiasts say that could usher in a new era of geothermal power. Today, geothermal produces less than 1 percent of the world’s electricity. But tapping into superhot rock, along with other technological advances, could boost that share to 8 percent by 2050, according to the International Energy Agency (IEA) which explains that geothermal using superhot temperatures could theoretically generate 150 times more electricity than the world uses..

The Newberry Volcano project combines two big trends that could make geothermal energy cheaper and more widely available. First, Mazama Energy is bringing its own water to the volcano, using a method called “enhanced geothermal energy.” Over the past few decades, pioneering projects have started to make energy from hot dry rocks by cracking the stone and pumping in water to make steam, borrowing fracking techniques developed by the oil and gas industry. Pilot projects have been developed in Nevada and Utah, and international researchers have demonstrated the technology in France, Germany, Switzerland and Japan.

Pumping water into rock fractures risks causing earthquakes, much like injecting wastewater from fracking. A Swiss enhanced geothermal experiment was shut down after setting off an M 3.4 quake in 2006. Sensors at the Newberry site recorded five tremors in the past six months, with the biggest reaching M2.5 on July 24, 2025.

Scientists say earthquakes will always be a risk, but it can be managed with good monitoring and engineering. The Energy Department says water pollution risks are low because geothermal plants recirculate the same water in sealed wells, passing through reservoirs much deeper than most groundwater.

The Newberry project also taps into hotter rock than any previous enhanced geothermal project. But even Newberry’s 331 degrees fall short of the superhot threshold of 373 degrees or above. At that temperature, and under a lot of pressure, water becomes “supercritical” and starts acting like something between a liquid and a gas. Supercritical water holds lots of heat like a liquid, but it flows with the ease of a gas, combining the best of both worlds for generating electricity.

A superhot geothermal well can produce five to 10 times more energy than a well at typical temperatures, which hover around 204°C. That means geothermal operators don’t have to drill as many multimillion-dollar holes in the ground, bringing down costs.

Eventually, superhot rock geothermal energy could be about as cheap as natural gas or solar — without the pollution of fossil fuels or the variability of renewables.

The Mazama company will dig new wells to reach temperatures above 398°C next year. Alongside an active volcano, the company expects to hit that temperature less than 5 kilometers beneath the surface. But elsewhere, geothermal developers might have to dig as deep as 20 kilometers.

Drilling into 398°C rock presents some devilish challenges. Conventional geothermal plants can use gear developed by the oil and gas industry, which can stand up to lower temperatures. But in superhot rock, standard drills die as their electronic components fail. Mazama engineers cooled their drilling rigs by pumping in a constant stream of liquid carbon dioxide. That allowed them to burrow3.2 km into the flank of the volcano to find 331 degrees rock earlier this year.

Other experimental wells have hit even higher temperatures, but none has survived for long. Drilling experiments in Iceland and Hawaii were called off after they unexpectedly hit magma, which broke their drill bits. Wells in Japan and Italy reached rock hotter than 482°C approaching the region of Earth’s crust where rigid rock starts behaving more like putty, but were abandoned after facing problems with their drilling equipment and cement casings.

So far, Mazama says its well has remained stable. But experts say challenges will pile up as the company drills into hotter rock and operates its wells for years on end, exposing the cement and steel casings to punishing up-and-down cycles of temperature and pressure.

However, the potential rewards loom larger than the challenges. Mazama plans to generate 15 megawatts of electricity on the western flank of Newberry Volcano in 2026, eventually ramping up to 200 megawatts, enough to power a big data center or a small city.

Source : US news media.

Mayotte et les aléas climatiques

Mayotte, département d’outre-mer français, a été dévasté par le cyclone Chido qui a anéanti l’archipel le samedi 14 décembre 2024. Aujourd’hui, il est intéressant de s’attarder sur les données fournies par le gouvernement.

On apprend que Mayotte présente une superficie totale de 375 km². Le territoire est composé de deux îles principales, Grande Terre (365 km²) et Petite Terre (10 km²), et d’une vingtaine d’îlots, séparés de la haute mer par un récif corallien de 160 km de long, isolant un lagon de 1 100 km².

Mayotte, la plus « ancienne » des îles qui composent l’archipel des Comores, est d’origine volcanique. 63 % de la surface de Grande Terre se caractérisent par des pentes supérieures à 15 %. Les rares espaces plats, propices à l’installation des hommes, sont contenus dans la mince bande littorale de l’île.

Source: Wikipedia

Le document gouvernemental explique aussi que Mayotte est particulièrement exposée aux phénomènes naturels propres aux îles volcaniques en régions tropicales. On se souvient de l’éruption du volcan sous-marin Fani Maoré, accompagnée d’une forte sismicité, qui a généré une vague d’inquiétude sur la Grande Île en mai 2018. Depuis le début des années 2000, l’État français,avec l’aide du BRGM, a identifié d’autres aléas naturels comme les glissements de terrains, les inondations et les effets directs d’un cyclone. En terme de surface, environ 90 % de l’île est concernée par un aléa, dont près de 50 % de niveau fort.

Les influences tropicales et maritimes du climat exposent l’île de Mayotte à des risques cycloniques non négligeables lors de l’été austral, de novembre à avril. Au cours de cette période, une vaste zone dépressionnaire s’étend du centre de l’Afrique à Madagascar et se déplace lentement vers le Nord ou vers le Sud entre les deux tropiques.

Des perturbations tropicales évoluant parfois en cyclones peuvent se former et toucher Mayotte. Les années 1984 et 1985 donnent avec le cyclone KAMISY et la dépression tropicale FELIKSA, deux exemples de perturbations ayant affecté directement l’île. La première s’est caractérisée par la violence des vents observés au sol (148 km/h) et la seconde a été marquée par la forte intensité des pluies (plus de 200 mm en 24 h). Au total, entre 1976 et 2002, Mayotte a été touchée par quatre cyclones et une dizaine de dépressions tropicales.

Le communiqué du gouvernement français précise que l’ensemble de l’île est concerné par ce risque majeur. Il ajoute que l’évolution actuelle du climat à l’échelle planétaire laisse présager une augmentation de ces phénomènes extrêmes sous les climats tropicaux. L’incidence des phénomènes météorologiques exceptionnels (cyclones, tempêtes tropicales) peut être très forte,notamment sur les zones littorales, avec une action destructive de la houle et du vent, ainsi qu’une surcote marine. Selon le dossier des risques majeurs (Préfecture, 2004), dans les conditions extrêmes de cyclones tels que ceux de La Réunion, une surcote maximale de 3,60 mètres a été modélisée près du littoral, à laquelle se superpose une houle de 0,9 m. Au final, cela augmente la hauteur de la marée de 4,50 mètres. A noter que la dépression tropicale Feliksa (13-18 février 1985) qui sert d’événement de référence à Mayotte reste bien en deçà de ces estimations de surcote.

Au vu de ce document gouvernemental et des dégâts majeurs causés par le cyclone Chido, la reconstruction est bien sûr la priorité du moment à Mayotte. Une fois la vie rendue à nouveau possible, il faudra absolument que l’archipel soit doté de moyens permettant d’affronter de nouveaux cyclones qui seront probablement de plus en plus puissants avec l’accélération du réchauffement climatique. Cela s’appelle la prévention et elle semble avoir été négligée jusqu’à présent par la métropole. Le gouvernement français a identifié les aléas climatiques mais n’a pas donné à Mayotte les moyens d’y faire face. Je ne cesse de le répéter : comme la Réunion, la Martinique, la Guadeloupe ou la Guyane, Mayotte est un département français au même titre que la Gironde ou les Bouches-du-Rhône. Ce n’est pas parce que l’archipel est loin de la métropole qu’il ne doit pas bénéficier de la même sécurité face aux aléas naturels.

Voici une vidéo donnant un aperçu des dégâts causés par le cyclone Chido. Mayotte est dévastée. Le bilan humain risque d’être très lourd. Ce ne sont que scènes de désolation. Il faudra beaucoup de temps pour que l’archipel panse ses blessures.

Arctique : nouveau volcan et manque de brise-glaces américains // Arctic : new volcano and lack of American icebreakers

J’ai écrit à plusieurs reprises sur ce blog que nous connaissons mieux la surface de la planète Mars que les profondeurs de nos océans. En voici un nouvel exemple.
Au large des côtes de l’ouest et du nord de l’Alaska, des scientifiques à bord du Healy, le navire des garde-côtes américains, cartographiaient au mois de novembre 2024 les fonds marins de l’océan Arctique dans une zone encore inexplorée des mers des Tchouktches et de Beaufort. Long de 138 mètres, le Healy est le seul brise-glace de la garde côtière prévu pour des missions scientifiques.
Au cours de cette mission, les scientifiques ont découvert une nouvelle formation volcanique au fond des eaux océaniques. La structure se trouve à plus de 1 600 mètres sous la surface. Elle est donc trop profonde pour constituer un danger pour les personnes sur terre. Cependant, les chercheurs ont détecté un possible panache de gaz s’élevant de la structure et qui atteignait presque la surface. Le nouvel édifice volcanique et son panache de gaz ne devraient pas, non plus, présenter de risque pour les navires opérant dans la zone.
La mission du Healy s’intégrait dans un projet plus vaste visant à étudier les voies d’accès aux ports de la côte arctique de l’Alaska. Le projet est censé évaluer la nécessité d’établir des mesures d’acheminement des navires.
Source : The Independent.

 

Image de la structure volcanique découverte dans l’océan au large de l’Alaska (Source : US Coast Guard)

Avec le réchauffement climatique, l’Arctique devient de plus en plus stratégique. La fonte des glaces ouvre de nouvelles voies de navigation commerciales et militaires, notamment pour la Russie et la Chine. Il faudra absolument que les États-Unis et leurs partenaires soient prêts à affronter cette nouvelle situation. Pour le moment, ils ne le sont pas et ils sont très en retard par rapport à la Russie. En effet, à l’heure actuelle, les États Unis ne disposent que de deux deux brise-glaces polaires qui ne sauraient rivaliser avec la flotte de plus de 40 brise-glaces russes.
La garde côtière américaine est la seule à posséder deux brise-glace polaires depuis 1965. Selon une analyse réalisée en 2023, elle aurait besoin d’au moins quatre brise-glaces lourds et d’un nombre identique de brise-glaces de taille moyenne pour mener à bien ses missions dans l’Arctique et l’Antarctique.
Comme je viens de l’écrire, la garde côtière n’exploite que deux brise-glaces polaires : le Healy de classe moyenne (utilisé pour la mission ci-dessus) et le Polar Star, le seul brise-glace lourd de la flotte. Plusieurs brise-glaces plus petits viennent en aide au trafic sur les Grands Lacs et le long de la côte Est, mais ils ne sont pas conçus pour opérer dans les régions polaires. Le directeur du Polar Institute a déclaré : « Nous vivons une crise en ce moment, mais elle mijote depuis des décennies. Nous sommes arrivés à un point où les États-Unis ont moins de brise-glaces que la Chine. »
La situation est d’autant plus inquiétante que le Healy et le Polar Star sont actuellement hors service. Le 25 juillet 2024, le Healy a passé environ un mois dans l’Arctique (avec la découverte de l’édifice volcanique sus-mentionné) lorsqu’un incendie s’est déclaré dans le compartiment technique. L’incendie a été rapidement maîtrisé mais le Healy a dû retourner très prudemment à Seattle, son port d’attache. Le Polar Star, mis en service dans les années 1970, subit une maintenance majeure dans une cale sèche en Californie.
Les responsables de la Garde côtière américaine font également remarquer que dans l’Arctique, les ressources de sauvetage sont rares et que les eaux couvertes de glace rendent les missions de sauvetage périlleuses. Les équipages opérant dans les eaux polaires doivent donc être bien formés aux interventions d’urgence. L’exploitation responsable d’un navire comprend la réparation des systèmes avant de poursuivre la navigation dans les hautes latitudes. La Garde côtière a certes besoin de plus de brise-glaces, mais elle doit aussi se doter d’équipes capables d’assurer leur fonctionnement et leur maintenance.
Source : The Washington Times.

 

Le Healy et le Polar Star sont les deux seuls brise-glaces américains capables d’affronter l’Arctique (Crédit photo : U.S. Coast Guard)

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I have written several times on this blog that we know the surface of Mars better than the depths of our oceans. Here is another fact that proves it.

In November 2024, off the coast of western and northern Alaska, scientists aboard the Coast Guard Cutter Healy’s were in the area to conduct Artic Ocean seafloor mapping and survey uncharted waters of the Chukchi and Beaufort Seas. At 420 feet long, the Healy is the Coast Guard’s only icebreaker designed to support research.

Then, they found a new volcano-like formation deep in the ocean waters. The new structure sits more than 1,600 meters from the water’s surface. So, it is far too deep to pose a danger to those on land. However, the scientists detected a possible gas plume rising from the feature and the gas nearly reaches the surface.

The new mountain range or gas plume is also unlikely to pose any risk to vessels operating in the area.

The trip with the Healy was part of a larger project called the Alaskan Arctic Coast Port Access Route Study, which was enacted to evaluate the need for establishing vessel routing measures.

Source : The Independent.

The Arctic region is becoming increasingly strategic as melting ice opens new commercial and military transportation routes, including for Russia and China. Officials say the U.S. and its partners must be prepared. For the moment, they are not. Russia is ready for this mission while the U.S. is very late. The American two polar icebreakers cannot rival with Russia’s more than 40 icebreakers.

The U.S. Coast Guard has had the only U.S. polar icebreaking capability since 1965. According to a 2023 Coast Guard fleet analysis, it needs at least four heavy icebreakers and a similar number of medium icebreakers to carry out its Arctic and Antarctic missions.

The Coast Guard operates only two polar icebreakers: the medium-class Cutter Healy (mentioned in the above text) and the Polar Star, the sole heavy icebreaker in the fleet. Several smaller icebreakers support maritime traffic on the Great Lakes and along the East Coast, but they are not capable of operating in polar regions. Said the director of the Polar Institute : “It’s definitely a crisis right now, but it’s something that has been decades in the making. We’re at a point right now where the U.S. has fewer icebreakers than China.”

The Healy and the Polar Star are currently out of action. On July 25th, 2024, the Healy was about a month into its summer Arctic patrol when a fire broke out in the engineering compartment. The fire was quickly extinguished, but the Healy had to return to its home port of Seattle.The Polar Star, commissioned in the 1970s, is undergoing major maintenance at a dry dock in California.

Coast Guard officials aslo warn that in the Arctic, there are few rescue resources, and ice-covered waters make it difficult for rescue assets. Crews operating in polar waters must be well-trained for emergency response, and responsible operation includes addressing any system degradation on a vessel before continuing operations in the high latitudes. The Coast Guard needs more icebreakers, but it’s got to figure out how to crew them and operate them and maintain them.

Source : The Washington Times.