Effets d’un séisme au Mexique sur la Vallée de la Mort (Californie) // Repercussions of a Mexican earthquake on Death Valley (California)

Ce n’est pas de la volcanologie, mais il s’agit d’un phénomène très surprenant qui a été observé dans la Vallée de la Mort suite au puissant séisme de M 7,6 qui a secoué la côte Pacifique du Mexique le 19 septembre 2022, tuant au moins deux personnes.
Les vibrations générées par le séisme ont été ressenties jusqu’à 2 400 kilomètres au nord, où des vagues de 1,20 mètre de haut ont commencé à s’agiter fortement à l’intérieur de Devils Hole, une cavité dans le Parc national de la Vallée de la Mort.
Une séquence vidéo du phénomène montre une vue d’en haut de la cavité au moment où l’eau, initialement calme, produit une série de vagues qui viennent s’écraser par intermittence sur les parois de la cavité pendant plusieurs minutes. D’un point de vue technique, il s’agit d’une seiche, une oscillation de l’eau que l’on observe lorsque des changements soudains se produisent dans un lac ou un plan d’eau partiellement fermé sous l’effet de petites secousses telluriques.
Devils Hole est une pièce d’eau géothermale au fond d’une cavité creusée dans le calcaire, dans une partie de la Vallée de la Mort près de la frontière entre le Nevada et la Californie. La cavité proprement dite a plusieurs dizaines de mètres de profondeur et la pièce d’eau relativement peu profonde sert de lieu de vie à une espèce marine en voie de disparition appelée Cyprinodontidae

(Cyprinodon salinus) et pupfish en anglais . Les poissons, dont la population s’élevait à seulement 175 individus début 2022, se nourrissent d’algues qui poussent sur une saillie rocheuse peu profonde et ensoleillée dans Devils Hole. La seiche déclenchée par le séisme a arraché les algues qui poussaient dans la grotte, ce qui réduit la nourriture des poissons à court terme. Cependant, un biologiste marin du National Park Service estime que les poissons seront probablement suffisamment résistants pour faire face au changement temporaire de leur environnement. En effet, ils ont survécu à plusieurs événements semblables ces dernières années, et aucun poisson mort n’a été retrouvé après l’arrêt de la dernière seiche.
Le séisme ressenti dans la Vallée de la Mort est le premier de deux événements puissants qui ont secoué le Mexique. Un deuxième séisme a été enregistré plus à l’intérieur des terres, près de la ville de Mexico, en début de journée le 22 septembre. Il avait une magnitude préliminaire de M 6,8, a fait osciller des bâtiments et a tué au moins une personne.
Source : Service des Parcs Nationaux.

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This is not volcanology, but a very surprising phenomeneon was observed in Death Valley following the M 7.6 earthquake tat shook Mexico’s Pacific coast on September 19th, 2022 and killed at least two people.

Repercussions of the earthquake extended as far as 2,400 kilometers north, where 1.20 meter-tall waves began churning inside Devils Hole, a cave in a Death Valley National Park.

Video footage of the phenomenon – technically called a seiche, when sudden changes are observed in a lake or partially enclosed body of water – shows a view of the cave from above as the initially still water erupts into a series of waves that roil and crash intermittently over the course of several minutes.

Devils Hole is a geothermal pool within a limestone cave, located in a section of Death Valley near the border of Nevada and California. The cave itself is several tens of meters deep, and its relatively shallow water level is crucial for an endangered marine species called pupfish that live there. The fish, whose naturally-occurring population totaled just 175 earlier this year, feed on algae that grows on a shallow, sunlit shelf in Devils Hole. Because the seiche triggered by the earthquake removed algae that had been growing in the cave, it will reduce the pupfish’s food supply in the short term. However, an aquatic ecologist with the National park Service, believes that the creatures may be resilient enough to withstand the temporary shift in their environment. Indeed, the pupfish have survived several of these events in recent years, and no dead fish was found after the waves stopped.

The Mexican earthquake was the first of two powerful events that shook the country. A second quake happened further inland near Mexico City, early on September 22nd. It was given a preliminary magnitude of M 6.8, and killed at least one person while causing buildings to sway.

Source: National Park Service.

Cette image fournie par le National Park Service montre les vagues provoquées par la seiche à l’intérieur de Devils Hole après le séisme au Mexique.

Cyprinodontidae male (à droite) et femelle (à gauche) – Source : Wikipedia

Les limites de la prévision volcanique à Uruapan (Mexique) // The limits of volcanic prediction in Uruapan (Mexico)

Si vous parlez de Uruapan à des touristes qui sont allés au Mexique, ils vous diront qu’ils sont partis de cette localité pour aller visiter le Paricutin qui se trouve à une trentaine de kilomètres à l’ouest de la ville. Uruapan est la deuxième plus grande ville de l’État du Michoacán, à l’extrémité ouest des hautes terres de Purépecha, et juste à l’est de la région de Tierra Caliente.

Pour la deuxième fois depuis 2020, les scientifiques pensent qu’un nouveau volcan pourrait naître dans le secteur de Uruapan. Ils ont en effet détecté 236 séismes de faible magnitude dans la région entre le 1er mai et le 8 juin 2021.

En 2020, une équipe scientifique avait déjà effectué des études dans la région pour déterminer si l’intensification de la sismicité annonçait la naissance d’un nouveau volcan. De janvier à février 2020, plus de 3 000 séismes avaient été enregistrés, avec des magnitudes comprises entre M 2,9 et M 4,1 dans une zone au nord-ouest d’Uruapan. Les chercheurs de l’Institut de Géophysique de l’Université Nationale Autonome (UNAM) pensaient à l’époque que l’essaim pouvait être lié à des événements tectoniques ou magmatiques. Ils n’étaient pas certains que la hausse de l’activité sismique déboucherait sur la formation d’un nouveau volcan car la plupart des mouvements magmatiques détectés étaient horizontaux et non verticaux. Ce n’était donc pas le signe d’une ascension du magma.

Cependant, les essaims sismiques détectés en 2021 ont incité les scientifiques à continuer de surveiller le site, même s’il n’y a actuellement aucune preuve réelle qu’un nouveau volcan se formera. Un chercheur de l’UNAM explique que si un essaim sismique est une condition préalable à la naissance d’un nouveau volcan, ce n’est pas la seule. Comme autre paramètre, il y a une déformation de la croûte terrestre qui permet à un volcan de s’édifier verticalement plutôt que latéralement. Il est probable que les essaims sismiques actuels sont associés au mouvement du magma, mais il se peut aussi que la lave n’atteigne pas la surface. Des essaims similaires se sont produits en 1997, 1999 et 2006, mais le magma n’a pas atteint la surface. La situation est peut-être identique en ce moment, mais il est important de continuer à surveiller les mouvements du magma.

Source : The Watchers.

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If you mention Uruapan to tourists who have been to Mexico, they will tell you that they started from the city to go and visit Paricutin which stands about 30 kilometres to the west. Uruapan is the second largest city in the Mexican state of Michoacán. It is located at the western edge of the Purépecha highlands, just to the east of the Tierra Caliente region.

For the second time since 2020, scientists are considering the possibility of a new volcano forming in Uruapan. They have detected 236 low magnitude quakes in the area from May 1st to June 8th, 2021. 

In 2020, a scientific team conducted studies in the region to determine whether the increased seismic activity could foretell the birth of a new volcano. From January to February 2020, more than 3 000 earthquakes were recorded, with magnitudes between M 2.9 and M 4.1 in an area northwest of Uruapan. The researchers from the Institute of Geophysics at the National Autonomous University (UNAM) thought at the time that the swarm could be related to either tectonic or magmatic events. They did not think that the elevated seismic activity would lead to the formation of a new volcano as most of the detected magma movements were horizontal, rather than vertical. This was not the sign of a magma ascent.  

However, the earthquake swarms detected in 2021 prompted scientists to keep monitoring the site, even though there is no current conclusive evidence that a new volcano will form. 

A UNAM researcher explains that while an earthquake swarm is a crucial pre-condition for the birth of a new volcano, it is not the only one. Among others is a deformation in the Earth’s crust that allows a volcano to pierce through upward, rather than sideways. It is likely that these seismic swarms are associated with the movement of magma, but it may not reach the surface. Similar swarms occurred in 1997, 1999, and 2006, but magma didn’t reach the surface. The situation might be the same right now, but it is important to keep monitoring the magma movements. 

Source: The Watchers.

L’éruption du Paricutin en 1943 (Source: Wikipedia)

Volcans du monde // Volcanoes of the world

Voici quelques nouvelles de l’activité volcanique dans le monde :

Suite à la baisse de la sismicité, l’absence d’activité éruptive et d’anomalie thermique de surface ces dernières semaines, l’AVO a abaissé la couleur de l’alerte aérienne du Pavlof (Aléoutiennes / Alaska) au Vert et le niveau d’alerte volcanique à Normal. Cependant, les éruptions du Pavlof se produisent souvent avec peu ou pas d’activité préalable ; le volcan doit donc être surveillé en permanence.
Source: AVO.

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Au Kamtchatka, on observe une activité strombolienne sur le Klyuchevskoy, avec une coulée de lave dans la ravine Apakhonchich sur le flanc SE. On observe également de fortes explosions générant des panaches de cendres qui s’étirent sur 200 km vers le SE. La couleur de l’alerte aérienne est passée à l’Orange le 8 octobre 2020.

Des explosions sont également observées sur l’Ebeko. Elles génèrent des panaches de cendres jusqu’à 3 km au-dessus du niveau de la mer. La couleur de l’alerte aérienne reste à l’Orange.

Une anomalie thermique a été détectée par des satellites sur le Sheveluch dont la couleur de l’alerte aérienne reste à l’Orange.
Source: KVERT.

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Au Guatemala, l’activité est toujours intense sur le Fuego avec une moyenne de 5 à 19 explosions par heure. Les ondes de choc habituelles secouent les bâtiments jusqu’à 7 – 15 km du sommet. Des matériaux incandescents éjectés jusqu’à 100 à 400 m de hauteur ; ils provoquent des avalanches de blocs dans plusieurs ravines. Ces avalanches atteignent parfois la végétation. Des retombées de cendres sont signalées dans plusieurs zones sous le vent. Le 9 octobre 2020, des lahars ont dévalé plusieurs ravines sur les flancs du Fuego, provoquant une fermeture de route.

Une activité strombolienne accompagnée de coulées de lave se poursuit sur le Pacaya. Les explosions dans le cratère Mackenney éjectent des matériaux jusqu’à 200-300 m au-dessus de la bouche éruptive. Au moins quatre coulées de lave sont toujours actives sur les flancs N et E; elles avancent sur 200-400 m.
Source: INSIVUMEH.

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Le Popocatepetl (Mexique) montre son activité habituelle, avec des émissions de vapeur et de gaz, dont la plupart contiennent de petites quantités de cendres. De petites  retombées de cendres sont signalées dans les zones sous le vent. Une incandescence est parfois observée au-dessus du cratère. Le niveau d’alerte reste à la couleur Jaune, Phase 2.
Source: CENAPRED.

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Here is some news of volcanic activity around the world :

With a decline of seismicity and no eruptive activity or unusual surface temperatures observed in recent weeks, AVO has lowered the aviation colour code for Pavlof (Aleutians / Alaska) to Green abd the volcanic alert level to Normal. However, eruptions at Pavlof often occur with little or no precursory activity, and the volcano needs to be continually monitored.

Source: AVO.

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In Kamchatka, strombolian activity is observed at Klyuchevskoy, with a lava flow advancing down the Apakhonchich drainage on the SE flank. One also observes strong explosions generating ash plumes that drift over 200 km SE. The aviation colour code was raised to Orange on October 8th, 2020.

Explosions are also observed at Ebeko. They produce ash plumes up to 3 km above sea level. The aviation colour code is kept at Orange.

A thermal anomaly has been identified by satellites over Sheveluch whose aviation colour code remains at Orange.

Source: KVERT.

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In Guatemala, activity is still high at Fuego with an average of  5-19 explosions per hour. The usual shock waves rattle buildings within 7-15 km of the summit. Incandescent material ejected 100-400 m high cause avalanches of blocks in several drainages. These avalanches sometimes reach the vegetation. Ashfall is reported in several downwind areas. On October 9th, 2020, lahars descended multiple drainages on Fuego’s flanks, causing a road closure.

Strombolian activity and lava effusion continue at Pacaya. Explosions in the Mackenney Crater eject material up to 200-300 m above the vent. At least four lava flows are still active on the N and E flanks; travelling over 200-400 m.

Source: INSIVUMEH.

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Popocatepetl (Mexico) is showing its usual steam-and-gas emissions, most of which contain minor amounts of ash. Minor ashfall is reported in downwind areas. Incandescence is sometimes observed above the crater. The alert level remains at Yellow, Phase Two.

Source: CENAPRED.

Vue du Klyuchevskoy (Source : KVERT)

Du jamais vu, mais que l’on reverra !

Au cours de la tempête Alex, les cumuls d’eau de pluie enregistrés en l’espace de 24 heures dans les Alpes-Maritimes dépassent tous ceux jamais observés dans le département. Ainsi, 500 mm ont été enregistrés à Saint-Martin-Vésubie.

Les météorologues de Météo France expliquent que c’est une véritable « bombe météorologique » qui a explosé au-dessus de la région. Le phénomène se caractérise  par la rapidité de sa formation. Les baromètres ont parfaitement traduit la chute de pression atmosphérique d’une trentaine d’hectopascals en 12 heures, d’où l’expression « bombe météorologique ».

Le problème est que ces dépressions de petite taille et très localisées sont mal appréhendées par les modèles de simulation atmosphérique. Un décalage géographique de quelques dizaines de kilomètres peut ainsi avoir d’importantes conséquences car ces bombes météorologiques peuvent laisser derrière elles des dégâts très importants.

Les bombes météorologiques restent relativement rares. Météo France indique que la dernière s’était produite en Bretagne le 6 mars 2017, avec des rafales atteignant 193 km/h. Elle a provoqué la mort de 12 personnes.

Tous les témoins s’accordent pour dire que la catastrophe dans les Alpes-Maritimes est « du jamais vu » dans la région. Le problème est que le « jamais vu » a tendance à se répéter à travers le monde. Je me tiens au courant très régulièrement de ce type d’actualité et je ne peux que constater que la situation dramatique vécue en France affecte de nombreuses populations à travers le monde. En voici quelques exemples recensés au cours du mois de septembre :

  • Pas très loin des Alpes-Maritimes, un épisode méditerranéen a tué deux personnes dans le Gard le 19 septembre 2020, avec une hauteur de précipitations de 468 mm enregistrée en 6 heures à Valleraugue. Du jamais vu depuis l’année 1900.
  • Le 18 septembre 2020, la tempête subtropicale « Alpha », la 22ème et la plus précoce de la saison dans l’Atlantique en 2020, a frappé le Portugal en occasionnant d’importants dégâts.
  • Le 18 septembre également, au moins dix personnes ont perdu la vie quand la tempête tropicale “Noul” a frappé le Sud-est Asiatique entre le Vietnam, le Laos le Thaïlande et le Myanmar (ex-Birmanie) en causant de gros dégâts.
  • Plus de 240 000 personnes ont été affectées et 140 000 déplacées quand des inondations catastrophiques ont frappé quelque 80 localités en Ethiopie au mois de septembre. Du jamais vu selon les autorités.
  • Toujours en Afrique, de très sévères inondations ont affecté le Ghana. Le bilan est de 5 morts, avec quelque 1 700 habitations endommagées ou détruites.
  • En Indonésie, des inondations et des glissements de terrain ont frappé Jakarta et ses environs au cours du mois de septembre. On déplore deux morts et une vingtaine de blessés. Les autorités font remarquer que depuis le mois de janvier 2020, au moins 123 personnes ont péri au cours de catastrophes naturelles provoquées par des intempéries. De tels chiffres n’avaient encore jamais été atteints. Les inondations continuent d’affecter à l’heure actuelle l’ouest de l’île de Java où l’on déplore des personnes disparues et des maisons submergées.

Le mois d’octobre suit la même tendance. Outre les victimes dans les Alpes-Maritimes, on peu citer les 40 personnes qui ont péri dans les pires inondations de tous les temps au Nigeria, avec la perte de 2 millions de tonnes de riz.

La tempête tropicale “Gamma” est la 24ème de la saison à s’être formée dans l’Atlantique Nord. C’est aussi la plus précoce ; elle est apparue le 3 octobre et bat ainsi le record établi le 27 octobre 2005.  Cette tempête vient d’atteindre la Péninsule du Yukatan au Mexique avec de très fortes pluies et des inondations, en particulier dans les zones montagneuses, comme cela s’est produit dans le secteur de Saint-Martin-Vésubie. On déplore au moins 6 morts et plusieurs milliers de personnes ont dû être évacuées.

Obnubilée qu’elle est par la Covid-19, la presse française ne mentionne pas ces événements qui sont pourtant aussi dramatiques que ceux survenus dans le sud-est de notre pays.

S’agissant des causes, on est en droit de se poser des questions car la répétition et l’accélération des événements extrêmes est inquiétante. Le principal coupable semble bien le réchauffement climatique. Pourtant, je n’en ai guère entendu parler au cours des dernières heures. Il est vrai que je ne fais qu’effleurer les bulletins d’informations. L’urgence de la situation humanitaire est telle qu’il faut avant tout essayer de panser les blessures infligées par la tempête Alex.

Je remarque que, comme au Portugal et au Mexique, la tempête Alex est historiquement précoce. Aucune tempête majeure n’avait été enregistrée par Météo France avant le 15 octobre depuis 1980. Le problème, c’est que la Méditerranée est encore très chaude ce qui amplifie les précipitations. Avec le réchauffement climatique, la mer se réchauffe de plus en plus et cette température élevée joue un rôle de carburant dans les phénomènes extrêmes comme la tempête Alex

Qu’on le veuille ou non, il faudra se demander si les activités humaines et les émissions de gaz à effet de serre ne portent pas une part de responsabilité !

Du jamais vu, mais que l’on reverra !

Des épisodes pluvieux de plus en plus fréquents et intenses

(Source : Météo France)