Les îles du Pacifique sous la menace de l’océan // Pacific Islands under threat from the ocean

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a lancé un nouvel avertissement climatique au monde : le niveau des océans s’élève à un rythme accéléré, en particulier dans les nations insulaires du Pacifique qui sont beaucoup plus vulnérables. Le 26 août 2024, les Nations Unies et l’Organisation météorologique mondiale ont publié des rapports sur l’aggravation de l’élévation du niveau de la mer, dopée par le réchauffement de la Terre et la fonte des calottes glaciaires et des glaciers. Ces rapports soulignent que le Pacifique Sud-Ouest est non seulement touché par la montée des océans, mais aussi par d’autres effets du réchauffement climatique tels que l’acidification des océans et les vagues de chaleur marines.
Selon Guterres, « la montée des mers est une crise entièrement imputable à l’Homme. Une crise qui va bientôt atteindre une ampleur presque inimaginable, sans canot de sauvetage pour remettre le monde en sécurité ».
Le niveau de la mer à Nuku’alofa, la capitale des Tonga, a augmenté de 21 centimètres entre 1990 et 2020, soit deux fois la moyenne mondiale qui est de 10 centimètres. À Apia, aux Samoa, le niveau de la mer a augmenté de 31 centimètres, tandis qu’à Suva-B, aux Fidji, il a augmenté de 29 centimètres. Cela met les nations insulaires du Pacifique en grand danger, car environ 90 % de la population de la région vit à moins de 5 kilomètres des zones où le niveau de l’océan est en train de monter.
Depuis 1980, les inondations côtières à Guam sont passées de deux à 22 fois par an. Elles sont passées de cinq à 43 fois par an aux îles Cook. À Pago Pago, aux Samoa américaines, les inondations côtières sont passées de zéro à 102 fois par an, selon le rapport de l’OMM publié en 2023 sur l’état du climat dans le Pacifique Sud-Ouest.
En raison de l’élévation de son niveau, l’océan est devenu une menace de plus en plus grande. Le niveau de la mer monte plus rapidement dans le Pacifique tropical occidental en raison de la fonte des glaces de l’Antarctique occidental, à laquelle viennent s’ajouter des eaux et des courants océaniques plus chauds.
Le Pacifique est durement touché alors qu’il ne produit que 0,2 % des gaz à effet de serre responsables du réchauffement climatique et de l’expansion des océans. La plus grande partie de l’élévation du niveau de la mer est due à la fonte des calottes glaciaires de l’Antarctique et du Groenland, sans oublier la fonte des glaciers terrestres et le fait que l’eau plus chaude se dilate en fonction des lois de la physique. Environ 90 % de la chaleur emprisonnée par les gaz à effet de serre est absorbée par les océans. Entre 1901 et 1971, l’élévation moyenne du niveau de la mer dans le monde était de 1,3 centimètre par décennie, selon le rapport de l’ONU. Entre 1971 et 2006, elle a grimpé à 1,9 centimètre par décennie ; ensuite, entre 2006 et 2018, elle a atteint 3,7 centimètres par décennie. Au cours de la dernière décennie, le niveau des mers a augmenté de 4,8 centimètres.
Le rapport de l’ONU met également en évidence les villes des 20 pays les plus riches, qui représentent 80 % des gaz à effet de serre, et où la montée des mers touche de grands centres de population. Les villes où l’élévation du niveau de la mer au cours des 30 dernières années a été au moins 50 % supérieure à la moyenne mondiale comprennent Shanghai, Perth en Australie, Londres, Boston, Miami et la Nouvelle-Orléans. Cette dernière arrive en tête de liste avec 26 centimètres d’élévation du niveau de la mer entre 1990 et 2020.
Une fois de plus, Guterres exhorte les pays riches à intensifier leurs efforts pour réduire les émissions de carbone, mettre fin à l’utilisation des combustibles fossiles et aider les pays les plus pauvres. Pourtant, les plans des pays riches en matière d’énergie montrent qu’ils produiront deux fois plus de combustibles fossiles en 2030 que la quantité qui limiterait le réchauffement aux niveaux convenus au niveau international. La dernière COP 28 s’est tenue à Dubaï, aux Émirats arabes unis, et la prochaine se tiendra à Bakou, en Azerbaïdjan, en 2024. C’est reçu comme une insulte par les nations du Pacifique qui sont menacées par le réchauffement climatique et l’élévation du niveau de la mer.
Source : Médias d’information internationaux.

 

(Source : Wikipedia)

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U.N. Secretary-General Antonio Guterres has issued another climate warning to the world : Seas are rising at an accelerating rate, especially in the far more vulnerable Pacific island nations. On August 26th, 2024, the United Nations and the World Meteorological Organization issued reports on worsening sea level rise, turbocharged by a warming Earth and melting ice sheets and glaciers. They highlight how the Southwestern Pacific is not only hurt by the rising oceans, but by other climate change effects of ocean acidification and marine heat waves.

According to Guterres, “rising seas are a crisis entirely of humanity’s making. A crisis that will soon swell to an almost unimaginable scale, with no lifeboat to take us back to safety.”

Sea level in Tonga’s capital Nuku’alofa rose 21 centimeters between 1990 and 2020, twice the global average of 10 centimeters. Apia in Samoa, has seen 31 centimeters of rising seas, while Suva-B in Fiji has had 29 centimeters. This puts Pacific Island nations in grave danger as about 90% of the region’s people live within 5 kilometers of the rising oceans.

Since 1980, coastal flooding in Guam has jumped from twice a year to 22 times a year. It’s gone from five times a year to 43 times a year in the Cook Islands. In Pago Pago, American Samoa, coastal flooding went from zero to 102 times a year, according to the WMO State of the Climate in the South-West Pacific 2023 report.

Because of sea level rise, the ocean has become a growing threat. Sea levels are rising faster in the western tropical Pacific because of the melting ice from western Antarctica, with warmer waters and ocean currents.

The Pacific is hit hard despite only producing 0.2% of greenhouse gases causing global warming and expanding oceans. The largest part of the sea rise is from melting ice sheets in Antarctica and Greenland. Melting land glaciers add to that, and warmer water also expands based on the laws of physics. About 90% of the heat trapped by greenhouse gases goes into the oceans. Between 1901 and 1971, the global average sea rise was 1.3 centimeters a decade, according to the UN report. Between 1971 and 2006 it jumped to 1.9 centimeters per decade, then between 2006 and 2018 it was up to 3.7 centimeters a decade. The last decade, seas have risen 4.8 centimeters.

The UN report also highlights cities in the richest 20 nations, which account for 80% of the heat-trapping gases, where rising seas are lapping at large population centers. Those cities where sea level rise in the past 30 years has been at least 50% higher than the global average include places like Shanghai, Perth in Australia, London, Boston, Miami; and New Orleans. New Orleans tops the list with 26 centimeters of sea level rise between 1990 and 2020.

One again, Guterres urges richer nations to step up efforts to reduce carbon emissions, end fossil fuel use and help poorer nations. Yet countries’ energy plans show them producing double the amount of fossil fuels in 2030 than the amount that would limit warming to internationally agreed upon levels. The past COP 28 was in Dubai, United Arab Emirates, and the next one will be in Baku, Azerbaijan in 2024. This comes as an insult to the Pacific nations that are under the threat of global warming and rising sea levels.

Source : International news media.

Les îles du lac de lave du Kilauea (Hawaii) // Islands in Kilauea’s lava lake (Hawaii)

Des îles en train de flotter et de se déplacer à la surface des lacs de lave du Kilauea ne sont pas chose exceptionnelle. Elles ont été observés lors d’éruptions du volcan dans le passé, par exemple au cours de l’activité de l’Halema’uma’u avant 1924.
Lorsqu’une éruption a commencé le 20 décembre 2020, elle a créé un lac de lave au fond du cratère avec un événement topographique assez surprenant à sa surface au cours de la première nuit de l’éruption: une structure d’assez grande taille, de couleur marron, composée d’un matériau moins dense que la lave du lac semblait flotter à sa surface. Au cours de la semaine suivante, elle s’est déplacée dans le lac au gré des courants, pour finalement s’immobiliser en son centre. Cette structure a rappelé aux géologues du HVO les «îles flottantes» décrites par des observateurs du sommet du Kilauea il y a un siècle et même avant.
Aujourd’hui, les géologues pensent que le mot «radeau» serait plus approprié pour désigner ces structures qui ont fait leur réapparition lorsque la lave a de nouveau envahi le cratère de l’Halema’uma’u le 29 septembre 2021. Lorsque les géologues sont arrivés sur le site environ une heure après le début de l’éruption, une grande île unique – qui faisait partie du système éruptif de décembre 2020 – se dressait au-dessus de la surface du nouveau lac de lave. Plusieurs heures plus tard, l’île a été recouverte par la lave et son point culminant n’était qu’à 10 mètres au-dessus de la surface du nouveau lac.
Il semblait alors très probable que le nouveau lac de lave allait continuer à monter et allait finir par recouvrir toute la topographie qui restait de l’éruption précédente. Cependant, au fur et à mesure que l’éruption progressait, la hauteur de l’île au-dessus de la surface commençait à augmenter.
Au cours des jours suivants, d’autres îles ont refait surface dans les parties est et nord du lac de lave. La plus grande d’entre elles a maintenant son point culminant à 20 mètres au-dessus de la surface du lac.
On ne sait pas pourquoi ces îles – ou radeaux – qui avaient été submergées par la lave quelques jours auparavant sont réapparues. Il semble peu probable qu’il s’agisse de morceaux de croûte qui se seraient détachés de l’ancien fond du lac de lave solidifié et seraient remontés à sa surface. Si tel était le cas, certaines des plus petites îles se déplaceraient autour du lac de lave en étant poussées par les flux de lave en provenance des bouches actives. Il n’en est rien.Toutes les îles semblent être immobiles, si ce n’est qu’elle semblent flotter verticalement. Il est probable que tous les morceaux, ou les plus gros d’entre eux, qui se trouvaient sur le plancher de l’ancien lac de lave remontent ensemble vers la surface du lac actuel.
Un comportement semblable du lac de lave a été observé par Thomas Jaggar, fondateur du HVO, il y a environ un siècle. Cependant, le cratère Halema’uma’u était beaucoup plus petit à l’époque, Il représentait environ un cinquième (soit vingt pour cent) de sa taille aujourd’hui.
Source : USGS/HVO.

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Islands drifting on Kilauea’s lava lakes are not exceptional. They have been observed during the volcano’s past eruptions. They were already observed during pre-1924 Halemaʻumaʻu activity.

When an eruption began on December 20th, 2020, it created a lava lake at the base of the crater with striking topographic relief that formed across its surface during the first night of the eruption. A broad, brown feature made up of less-dense material appeared to be floating in the lava lake. Over the next week, it migrated around the lake according to flow directions f, eventually halting in the center of the lake. This feature reminded HVO geologists of the “floating islands” described by Kilauea summit observers a century ago and earlier.

Contemporary geologists suggest that the word ‘raft’ may be a better term to describe these features which reappeared when lava again emerged within Halema’uma’u Crater on September 29th, 2021. By the time geologists arrived for visual observations about an hour after this new eruption began, only the largest island, part of the high-standing west vent system from the December 2020 eruption, remained above the surface of the new lava lake. Several hours later, the island was submerged by lava and its highest point was only 10 meters above the surface of the new lava lake.

It seemed apparent that the newly forming lava lake was going to continue rising and eventually cover all remnant topography of the earlier eruption. However, as the eruption progressed, the height of the island above the lava lake surface started to increase.

Over the next few days, more islands within the eastern and northern part of the lava lake re-emerged above the lava lake surface. The largest island now has a high point that is 20 meters above the active surface of the lava lake.

It is unclear why these islands – or rafts – that were submerged by the lake only a few days before have reappeared. It seems unlikely that these are individual pieces of crust detaching from the old, solidified lava lake floor and rising up. If that were the case, at least some of the smaller islands would migrate around the lava lake as lava flows moving outward from the active vents push them around. All of the islands appear to be stationary except for floating vertically upward, so it is likely that all or large chunks of the older lava lake floor are moving upward together.

Similar lava lake behaviour was observed by Thomas Jaggar, founder of HVO, about a century ago. However, Halemaʻumaʻu crater was much smaller then, about a one-fifth or twenty percent of its size today.

Source : USGS / HVO.

 

Le lac de lave du Kilauea et ses îles le 2 octobre 2021 (Crédit photo : HVO)

Le mot juste // The right word

Dans un article sur l’utilisation d’une terminologie précise en volcanologie, les scientifiques du HVO se demandent quel mot doit être utilisé pour désigner les masses de matériau basaltique que l’on observe au milieu du lac de lave dans le cratère de l’Halema’uma’u depuis le début de la dernière éruption du Kilauea.

Au début de l’éruption, ces masses de basalte se déplaçaient lentement dans le lac et s’élevaient à mesure que la lave s’accumulait dans le cratère. Ce  ne sont pas des îles qui sont, par définition, immobiles dans leur environnement. Il y a une centaine d’années, les volcanologues du HVO ont utilisé l’expression «îles flottantes» pour y faire référence, mais l’expression n’est pas vraiment exacte, elle non plus.

Pour plus de facilité, le HVO a utilisé le mot «île» pour décrire ces masses en mouvement dans le lac de lave actuel. Il semblerait toutefois que le mot «radeau» soit mieux adapté au vu de leur mobilité. Un radeau est généralement perçu comme une masse flottante avec un faible tirant d’eau, mais les géologues du HVO pensent (sans en être certains) que la grande île – ou le grand radeau? – que l’on observe actuellement dans le lac a un tirant d’eau relativement important qui expliquerait son lent déplacement.

Des scientifiques ont suggéré d’appeler ces masses flottantes des «bergs de basalte» par analogie avec les icebergs dont la majeure partie de la masse est submergée. Îles flottantes? Radeaux?  Bergs de basalte? Autre appellation? Seul le temps dira quel mot ou expression sera finalement retenu !

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In an article about the use of accurate terminology in volcanology, HVO scientists wonder what word should be used to refer to the masses of solid basalt material seen in the middle of the lava lake within Halema’uma’u Crater since the start of the new Kilauea eruption.

At the start of the eruption, these basalt masses moved slowly around in the lake and rose as the lake deepened. The masses are therefore not islands, which are stationary relative to their surroundings. HVO volcanologists 100 years ago used the phrase ‘floating islands’ for such features, an expressive but inaccurate phrase.

HVO used the word “island” to describe these drifting masses in Halema‘uma‘u’s current lava lake, though “raft” may be a better term to acknowledge their mobility. A raft, however, is usually perceived as a floating mass having a shallow draft, but HVO geologists suspect (admittedly with little confidence) that the largest current island/raft has a relatively deep draft reflecting a sluggish foundation.

It was suggested that the floating masses might be termed ‘basalt bergs’ by analogy with icebergs, which are mostly submerged. Floating islands, rafts, basalt bergs, or something else? Only time will tell what name finally sticks.

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Afin d’illustrer cet article, le HVO a publié deux photos du cratère de l’Halema’uma’u en 1917 et en 2021 avec la présence d’ « îles » à la surface des lacs de lave.

Le cliché panoramique de 1917 a été pris depuis le bord du lac de lave qui se trouvait alors à seulement une trentaine de mètres sous la lèvre de la caldeira de Kilauea.

L’île s’élevait à une vingtaine de mètres au-dessus de la surface et mesurait 100 mètres de large.

En janvier 2021, la plus grande île faisait environ 250 mètres de long, 135 mètres de large et environ 20 mètres de haut. L’île a effectué une rotation et s’est déplacée vers l’est et vers l’ouest depuis son apparition dès le premier jour de l’éruption. (Crédit photo: K. Mulliken)

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In order to illustrate the article, HVO has released two photographs of Halema’uma’u Crater from 1917 and 2021 showing islands floating in lava lakes.

The 1917 photographic panorama was taken from the edge of the lava lake, which was only about 30 metres below Kilauea caldera floor. The island rose about 20 metres from the surface and was 100 metres wide.

In January 2021, the largest island is about 250 metres long, 135 metres wide, and roughly 20 metres tall. The island has rotated and moved both eastward and westward since its formation on the first day of the eruption. (Crédit photo : K. Mulliken)