Péninsule de Reykjanes (Islande) : dernières nouvelles de l’éruption // Reykjanes Peninsula (Iceland) : latest news of the eruption

Le Met Office a donné quelques informations supplémentaires sur l’éruption sur la péninsule de Reykjanes (Islande). Avec une fissure de 4 km de long au départ, elle est susceptible de devenir la plus importante éruption dans la région depuis l’automne 2023.
L’éruption se poursuit dans une zone au nord-est de Stóra-Skógfell. L’activité se limite désormais à une zone dans la partie nord de la fissure qui s’est ouverte dans la soirée du 22 août. Comme le montrent les vidéos tournées à l’aide d’un drone, la lave se dirige désormais principalement vers le nord-ouest en formant deux coulées principales et sa progression a considérablement ralenti. La superficie du champ de lave est actuellement de 15,1 km2.. Il faut attendre les prochaines vues de drone, mais l’activité semble moins intense ce soir sur le site éruptif, avec des fontaines de lave moins nombreuses et moins puissantes.

Le débit éruptif actuel est estimé à plusieurs dizaines de mètres cubes par seconde. Au cours de la première phase de l’éruption, il était estimé à 1 500 à 2 000 mètres cubes par seconde. Aujourd’hui, l’activité n’est donc qu’une fraction de ce qu’elle était au début.
Lorsque le magma a migré du réservoir sous Svartsengi vers la chaîne de cratères de Sundhnúkur le 22 août, le sol s’est affaissé d’environ 40 centimètres. C’est presque deux fois plus que l’affaissement observé le 29 mai lors de la dernière éruption. Cela confirme qu’il s’agit bien de l’événement éruptif le plus important. L’affaissement continue mais à un rythme qui décroît de jour en jour. Les modélisations montrent que 17 à 27 millions de mètres cubes de magma ont migré depuis le réservoir de magma sous Svartsengi depuis le début de l’éruption.
La pollution due à l’éruption et aux incendies de végétation devrait se propager dans toute la péninsule de Reykjanes. Comme je l’ai expliqué précédemment, les nuages ​​​​ont atteint la France où une légère odeur de soufre a parfois été perçue, sans aucun risque sanitaire.

Il est bon de rappeler que l’accès au site de l’éruption est interdit. Il est jugé beaucoup trop chaotique et dangereux. La situation est compliquée par la présence de projectiles militaires non explosés car la zone est un terrain militaire autrefois utilisé par les Américains. La meilleure solution est de regarder les vidéos réalisées depuis des drones, ou de louer un hélicoptère pour survoler le site éruptif.

Image extraite de la vidéo par drone (Source: https://www.youtube.com/@IcelandFPV/videos)

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The Met office has given more details about the eruption on the Reykjanes Peninsula (Iceland). Started with a 4-km-long fissure, it is likely to become the largest in the area since the autumn of 2023.

The eruption continues in the area northeast of Stóra-Skógfell. Activity is now limited to an area in the northern part of the fissure that opened in the evening of 22 August. As shown in the videos shot from a drone, the lava now flows mostly to the northwest in two main streams and its progress has slowed down considerably. The area of the lava field has reached 15.1 km2. We will have to wait for the next drone views, but activity seems less intense this evening on the eruption site, with fewer and less powerful lava fountains.

The current extrusion rate is estimated at several tens of cubic meters per second. During the first phase of the eruption, it was estimated to be 1.500-2.000 cubic meters per second. Therefore, the activity today is only a fraction of what it was.

When magma propagated from the Svartsengi reservoir to the Sundhnúkur crater row on August 22nd, land subsided by about 40 centimeters. That is almost twice as much as the subsidence measured on May 29th in the last eruption, which fits well with the fact that this is the largest event. The subsidence continues but at decreasing rate day by day. Model calculations suggest that 17-27 million cubic meters of magma have propagated from the magma reservoir beneath Svartsengi since the eruption began.

Pollution from the eruption and wildfires is likely to spread throughout the Reykjanes peninsula. As I put it before, the clouds travvelled down to France where s faint odour of sulphur could occasionally be perceived, with no sanitary hazards.

It is worth remembering that access to the eruption site is prohibited. It is considered far too chaotic and dangerous. The situation is complicated by the presence of unexploded military projectiles because the area is military land formerly used by the Americans. The best solution is to watch videos made from drones, or to rent a helicopter to fly over the eruption site.

Désinformation sur le nouveau site de la Mer de Glace ?

A Chamonix, la Mer de Glace fond inexorablement et le spectacle offert par le glacier depuis la terrasse du Montenvers donne envie de pleurer. Je me suis rendu sur le site pour la dernière fois en septembre 2017 et les images des webcams montrent que la situation continue de se dégrader. Conscientes que la Mer de Glace allait attirer de moins en moins de touristes, la ville de Chamonix et la Compagnie du Mont Blanc ont décidé de construire de nouvelles infrastructures.

Dans une note publiée le 11 juillet 2022, j’expliquais qu’en 2025, télécabine et escalier d’accès au glacier auront disparu. La nouvelle société gestionnaire du site prévoyait quatre années de travaux de grande ampleur, débutés au printemps 2022, d’un coût de 53 million d’euros. L’autre attraction du Montenvers en 2025 devait être le Glaciorium, un centre d’interprétation du climat et des glaciers. Le bâtiment va proposer sur 800 m² une expérience immersive autour des glaciers, de leur histoire et des mutations climatiques. Le projet est censé contribuer à la prise de conscience de la fragilité des espaces naturels et de la nécessité de les préserver.

Au vu d’un article paru sur le site Reporterre le 29 août 2023, le Glaciorium est déjà ouvert au public. L’un des visiteur, docteur en Sciences de l’environnement, s’étonne du manque d’importance accordé au réchauffement climatique pour expliquer la fonte et le recul inexorables de la Mer de Glace. En outre, le scientifique a relevé « plusieurs approximations géologiques » à l’intérieur du Glaciorium. Ainsi, on peut lire sur un panneau : « Si les conditions climatiques restent défavorables (plus de fonte ou/et moins de neige) durant les deux siècles à venir, la Mer de glace reculera de quatre à cinq kilomètres, elle se rapprochera de son état minimum d’avant la dernière glaciation il y a 125 000 ans. » Or, les études scientifiques ont montré que la rapidité de la fonte est bien supérieure à celle mentionnée sur le panneau : dans un scénario optimiste de réchauffement climatique, le recul serait de 7,2 kilomètres dans moins de 80 ans. Dans un scenario plus pessimiste avec poursuite des émissions de gaz à effet de serre, la totalité de la Mer de glace aurait disparu d’ici 70 ans.

De plus, à l’intérieur du Glaciorium, il n’est jamais fait état du rôle des glaciers dans la préservation des conditions bioclimatiques (fonction de stabilisation climatique ; effet albédo ; stockage d’eau, en sachant que l’eau de fonte assure 70 % de l’eau douce dans le monde).

Plus grave, le seul panneau expliquant la fonte de la Mer de Glace fait totalement abstraction des activités humaines. Ainsi, on peut lire : « En observant le climat de ces 400 000 dernières années, où alternent périodes glaciaires et interglaciaires, les climatologues prévoient une prochaine glaciation dans 30 à 40 000 ans. Ces périodes froides et chaudes sont le résultat de l’énergie solaire reçue par la Terre. Leur intensité et durée sont rythmées par la combinaison de trois paramètres astronomiques : inclinaison de l’axe de la Terre, précession des équinoxes et variation de l’orbite de la Terre. » Quid de la responsabilité des activités humaines dans le réchauffement climatique et la fonte des glaciers ? En plus de cette omission très surprenante des activités humaines, il est utile de préciser qu’aujourd’hui les climatologues ne prévoient pas de prochaine glaciation.

Au final, selon le scientifique, une visite du Glaciorium ne permet pas de sensibiliser les touristes au réchauffement climatique de nature anthropique, ni à toutes ses incidences sur la vie dans notre société .

N’ayant pas visité le nouveau Glaciorium, je me garderai de tout commentaire. Malgré tout, ce que raconte le scientifique ne me surprend guère. Au même titre que l’Aiguille du Midi, la Mer de Glace est une importante source de revenus pour la ville de Chamonix. La fonte des glaciers et le dégel du permafrost avec leurs conséquences sur le tourisme sont déjà suffisamment dommageables sans qu’on ajoute une deuxième couche d’inquiétude avec le réchauffement climatique. Cela risquerait de faire fuir les clients. La réalité climatique ne triche pas ; elle arrivera suffisamment vite pour corriger les défauts d’information….

Photo: G. Grandpey

Photos: C. Grandpey

Vue d’artiste du nouveau site du Montenvers (Source: Compagnie du Mont Blanc)

Les sites web des observatoires volcanologiques américains font peau neuve // US volcano observatory websites are being revamped

Plusieurs observatoires volcanologiques de l’USGS (Yellowstone Volcano Observatory, Cascades Volcano Observatory et California Volcano Observatory) ont réorganisé leurs sites web afin de fournir plus efficacement au public des informations qui ont été mises à jour

Le site web de l’Observatoire des Volcans d’Hawaii (HVO) qui vient d’être mis en ligne fait partie d’une modernisation à grande échelle qui concerne les observatoires volcanologiques, mais aussi l’ensemble des services proposés par l’USGS.
Ce nouveau système, qui inclut avant tout une base de données plus importante, hébergera le contenu et les données nécessaires à la gestion des sites web de tous les programmes de l’USGS, y compris le Coastal and Marine Hazards and Resources Program (risques côtiers et marins) et le Earthquake Hazards Program (risque sismique), ainsi que le Volcano Hazards Program (risque volcanique).
Le nouveau site web du HVO ne diffère pas radicalement de celui qui existait jusqu’à présent entre 2017 et 2020. Le contenu est en grande partie le même; il est juste formaté un peu différemment.
Sur la version plein format destinée aux tablettes et ordinateurs, les visiteurs peuvent toujours accéder aux informations et aux données concernant les volcans hawaïens via un menu d’options affichées sur le côté gauche de l’écran, avec une liste de raccourcis vers les pages les plus visitées sur le côté droit. Les actualités sont répertoriées au bas de la page d’accueil. Le nouveau site web gère les flux de données dynamiques déjà proposés précédemment : cartes sismiques, tracés de déformation et images des webcams des volcans hawaïens.
La principale évolution du nouveau site du HVO est qu’il est facilement accessible par les smartphones. Près de la moitié des visiteurs du site web le font via des téléphones mobiles. Il leur sera désormais plus facile d’obtenir des informations sur les volcans hawaïens à tout moment et depuis n’importe quel appareil. Le nouveau site web redimensionnera automatiquement une page lorsqu’elle sera visualisée sur des écrans plus petits, ce qui répond à la demande fédérale de rendre plus accessibles les données et informations sur les volcans.
Un autre grand changement apporté au nouveau site web du HVO est sa connexion dynamique aux pages de l’USGS. Grâce à l’intégration du site du HVO à l’ensemble des sites de l’USGS, les informations sur les volcans hawaïens peuvent être facilement partagées. Cela permettra  également aux visiteurs du site web de trouver plus facilement des informations, des données et du contenu liés sur le sujet qui les intéresse.
Source: HVO.

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Several USGS volcano observatories (Yellowstone Volcano Observatory, Cascades Volcano Observatory, and California Volcano Observatory) have revamped their websites in order to provide the public more efficiently with up-to-date information.

The Hawaiian Volcano Observatory HVO website that has just been launched is part of a much larger effort that includes not only the volcano observatories but the entire USGS.

This new system, essentially a larger database, will house the content and data to drive websites for all USGS programs, including the Coastal and Marine Hazards and Resources Program and the Earthquake Hazards Program, as well as the Volcano Hazards Program (VHP).

Today’s HVO website doesn’t look dramatically different than the 2017–2020 website. The content on the new website is essentially the same ; it is just formatted slightly differently.

On the full-sized version (using a tablet or computer), users can still access Hawaiian volcanoes information and data via a menu of options viewed on the left-hand side of the screen, with a list of shortcuts to our most popular pages available on the right-hand side. News items are listed at the bottom of the homepage. The new website maintains the dynamic data streams — seismic maps, deformation plots, and webcam imagery of Hawaiian volcanoes — of the old website.

A major improvement on the new HVO website is that it is more mobile-friendly. With almost half of website visitors doing so via mobile devices, it is now easier to check the status of Hawaiian volcanoes at any time and from any device. The new website will automatically re-size a page when viewed on smaller screens, which meets the federal mandate to make our data and volcano information more accessible.

One of the biggest changes to the new HVO website is its dynamic connection to USGS-wide pages. By integrating HVO’s website with the rest of USGS, information on Hawaiian volcanoes can be easily shared. It also helps the website visitors find more easily information, data, and content related to the subject that interests them.

Source: HVO.

La nouvelle page d’accueil du HVO

Autres informations volcaniques // More volcanic news

Voici quelques autres informations sur l’activité volcanique dans le monde, au vu du rapport hebdomadaire de la Smithsonian Institution:

Les nouvelles du Kawah Ijen (Indonésie) ne sont pas fréquentes ; il est donc intéressant de noter que pendant les deux premières semaines de janvier 2020, des panaches blancs montaient à 250-400 m au-dessus du lac et aucun changement de couleur de l’eau n’a été observé. Une augmentation du nombre de séismes volcaniques superficiels a été détectée et des épisodes de tremor sont apparus le 11 janvier ; ils ont culminé le 15 janvier, avant de diminuer les 17 et 18 janvier. La température de l’eau du lac a fluctué, mais elle est passée de 38°C en juin 2019 à 20°C le 14 janvier 2020. On se souvient que l’eau du lac a atteint 46°C pendant une période d’activité intense de février à mars 2018. Le niveau d’alerte du Kawah Ijen reste à 1 (sur une échelle de 1 à 4). Il est conseillé aux habitants et aux touristes de ne pas s’approcher de la lèvre du volcan ou de descendre jusqu’au fond du cratère.
Source: CVGHM.

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Des panaches de gaz relativement denses continuent de monter à 25-300 m au-dessus du fond du cratère de l’Anak Krakatau (Indonésie). Deux événements éruptifs ont été enregistrés par le réseau sismique le 15 janvier 2020. Le niveau d’alerte reste à 2 (sur une échelle de 1 à 4), et le public est prié de rester en dehors de la zone de danger de 2 km de rayon.
Source: CVGHM.

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Toujours en Indonésie, la lave continue de s’échapperdu cratère principal du Karangetang. Elle parcourt jusqu’à 1,8 km le long des ravines Nanitu, Pangi et Sense sur les flancs SO et O du volcan. Parfois, des panaches blancs montent à 50-300 m au-dessus du sommet. L’incandescence des deux cratères sommitaux est visible la nuit. Le niveau d’alerte reste à 2 (sur une échelle de 1 à 4).
Source: CVGHM.

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Le Fuego (Guatemala) reste très actif avec 8 à 17 explosions enregistrées chaque heure quotidiennement. Elles génèrent des panaches de cendre qui s’élèvent jusqu’à 1,1 km au-dessus du cratère. Des retombées de cendre ont été signalées dans plusieurs zones sous le vent. Les explosions produisent parfois des ondes de choc qui font vibrer les vitres des maisons dans les localités situées dans un rayon de 7 km du volcan. Des matériaux incandescents sont éjectés à une hauteur de 100 à 500 m et provoquent des avalanches qui parcourent parfois de longues distances dans plusieurs ravines et atteignent parfois la végétation.
Source: INSIVUMEH.

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La Garde côtière japonaise indique que lors d’un survol de Nishinoshima effectué le 17 janvier 2020, des panaches gris émis par le cône central montaient jusqu’à 1,8 km d’altitude. Le cratère central était ouvert vers l’ENE;  et laissait échapper des coulées de lave qui se dirigeaient vers le nord-est avant d’entrer dans l’océan en produisant des panaches de vapeur le long de la côte.

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La situation est stable sur le Taal (Philippines). Le 21 janvier au soir, on recensait 148,987 personnes dans 493 centres d’évacuation. Le niveau d’alerte reste à 4, sur une échelle de 0 à 5.

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Here is some more news about volcanic activity around the world, as reported by the Smithsonian Institution’s Weekly Report:

News of Kawah Ijen (Indonesia) is not released very often, so it is interesting to leran that during the first two weeks of January 2020 white plumes rose 250-400 m above the lake and no change in the colour of the water was noted. An increase in the number of shallow volcanic earthquakes was detected and continuous tremor emerged on January11th, peaked on January 15th, and then decreased on January 17th and 18th. The temperature of the lake water fluctuated, though it decreased from 38°C in June 2019 to 20°C on January 14th. One can remember that the lake water was 46°C during a period of increased activity from February to March 2018. The alert level for Kawah Ijen remains at 1 (on a scale of 1-4), and residents and visitors are advised to not approach the crater rim or descend to the crater floor.

Source: CVGHM.

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Dense white gas plumes keep rising 25-300 m above the bottom of Anak Krakatau’s crater (Indonesia). Two eruptive events were recorded by the seismic network on January 15th, 2020. The alert level remains at 2 (on a scale of 1-4), and the public is asked to remain outside the 2-km-radius hazard zone.

Source: CVGHM.

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Still in Indonesia, lava continues to effuse from Karangetang’s Main Crater, travelling as far as 1.8 km down the Nanitu, Pangi, and Sense drainages on the SW and W flanks. Sometimes dense white plumes rise 50-300 m above the summit. Incandescence from both summit craters is visible at night. The alert level remains at 2 (on a scale of 1-4).

Source : CVGHM.

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Fuego (Guatemala) remains very active with 8-17 explosions per hour recorded daily. They generate ash plumes that rise as high as 1.1 km above the crater. Ashfall has been reported in several areas downwind. The explosions sometimes produce shock waves that rattle houses in communities within a 7 km radius. Incandescent material is ejected 100-500 m high and causes avalanches of material that occasionally travel long distances in several drainages, reaching vegetated areas.

Source : INSIVUMEH.

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The Japan Coast Guard reports that during an overflight of Nishinoshima conducted on January 17th, 2020, continuous grey plumes were rising up to 1.8 km a.s.l. from the central cone. The central crater was open to the ENE; lava flows travelled NE and entered the ocean, producing steam plumes at the coastline.

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As far as Taal (Philippines) is concerned, the situation is stable. There was a total of 148,987 people in 493 evacuation centres in the evening of January 21st, 2020. The alert level remains at 4 (on a scale of 0-5).

Vue du lac d’acide du Kawah Ijen (Photo: C. Grandpey)