Éruption du volcan Hayli Gubbi (Éthiopie) [suite]

Comme je l’ai indiqué précédemment, le volcan Hayli Gubbi, situé dans la région Afar au nord-est de l’Éthiopie, est entré en éruption pour la première fois depuis 10 000 ans, avec l’émission d’épais panaches de cendres. Le trafic aérien a été perturbé jusqu’en Inde, à des milliers de kilomètres de là.
L’éruption a eu lieu le 23 novembre 2025 et a recouvert de poussière les villages voisins, ce qui a posé des problèmes aux agriculteurs. Bien qu’aucune victime n’ait été signalée, la cendre représente une menace pour la communauté locale d’éleveurs de bétail, en détruisant des pâturages essentiels.
Des habitants ont décrit avoir entendu une explosion terrifiante au moment de l’éruption. L’un d’eux a déclaré : « On aurait dit qu’une bombe avait explosé soudainement, accompagnée de fumée et de cendres.»

 

Source : NASA/ Satellite Aqua MODIS

L’éruption a été observée par les satellites. Les images de la NASA montrent d’épais panaches de poussière s’élevant dans le ciel et se répandant au-dessus de la mer Rouge. Le VAAC de Toulouse explique que les nuages ​​ont dérivé au-dessus du Yémen, d’Oman, puis du Pakistan et de l’Inde. Les services météorologiques du Pakistan ont émis un bulletin d’alerte après que des cendres ont pénétré dans son espace aérien le 24 novembre au soir. En Inde, Air India a annulé plusieurs vols intérieurs et internationaux afin de procéder à des contrôles sur les appareils qui avaient survolé certaines zones après l’éruption.
Delhi, qui subit une vague de forte pollution atmosphérique, n’a pas été significativement touchée car les cendres qui se dispersaient à haute altitude.
Situé à environ 800 kilomètres au nord-est d’Addi-Abeba, le Hayli Gubbi est le volcan le plus méridional de la chaîne de l’Erta Ale. Il culmine à environ 500 mètres d’altitude et se trouve dans une zone d’intense activité géologique, à la jonction de deux plaques tectoniques. Selon la Smithsonian Institution, un cône de scories doté d’un cratère de 200 mètres de diamètre présentant une activité fumerollienne occupe le centre d’un graben au sommet du volcan.
Il n’existe aucun système de surveillance local du volcan Hayli Gubbi. Comme je le dis souvent, nous connaissons mieux Mars que notre propre planète. L’Autorité environnementale du Sultanat d’Oman suit de près l’évolution de l’éruption, notamment en ce qui concerne la santé publique et la qualité de l’air dans les différents gouvernorats du Sultanat. Grâce à 68 stations de surveillance réparties dans tout le Sultanat, l’Autorité surveille en continu les concentrations de polluants 24h/24. Elle confirme également qu’aucune augmentation des concentrations de polluants n’a été enregistrée à ce jour dans le Sultanat et qu’il n’y a aucune indication que la qualité de l’air ait été affectée par les émissions volcaniques.
Source : The Times of Oman, Smithsonian Institution, CNN.

 

Source : UW/CIMSS

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As I put it previously, Hayli Gubbi volcano in the Afar region in Ethiopia’s northeast has erupted for the first known time in 10,000 years, spewing plumes of thick smoke and ash high into the sky. It impacted air travel thousands of kilometers away in India.

The eruption occurred on November 23, 2025, covering the neighboring villages in dust and creating challenges for farmers. While no casualties were reported,it poses a threat to the local community of livestock herders by smothering vital grazing lands.

Residents described hearing a terrifying blast at the moment of the eruption. One person said that “it felt like a sudden bomb had been thrown with smoke and ash.”

The eruption was visible from satellites, with NASA images showing thick plumes of dust rising into the sky and billowing across the Red Sea. The Toulouse VAAC explains that the clouds drifted over Yemen, Oman, and into Pakistan and India. Pakistan’s Meteorological Department issued a warning after ash entered its airspace late on Monday. In India, Air India cancelled several domestic and international flights to carry out “precautionary checks on the aircraft which had flown over certain geographical locations after the eruption.

Delhi, which is experiencing a wave of severe air pollution, was not significantly affected because the ash is drifting at a high altitude.

Located about 800 kilometers northeast of Addi Ababa, Hayli Gubbi is the southernmost volcano of the Erta Ale Range. It rises about 500 meters in altitude and sits within a zone of intense geological activity where two tectonic plates meet.According to the Smithsonian Institution, a symmetrical scoria cone with a 200-m-wide crater displaying fumarolic activity occupies the center of a graben at the summit.

There is no local monitoring system of the Hayli Gubbi volcano. As I often say, we know better Mars than our own planet. The Environment Authority (EA) of the Sultanate of Oman is closely monitoring the developments of the eruption with a view to public health and air quality in the various governorates of the Sultanate. The Authority, through 68 monitoring stations distributed across the governorates of the Sultanate, is continuously monitoring pollutant concentrations around the clock. It also confirms that no increases in pollutant concentrations have been recorded so far within the Sultanate, and there are no indications that air quality has been affected by the volcanic emissions.

Source : The Times of Oman, the Smithsonian Institution, CNN. .

Magma et plaques tectoniques dans l’Afar (Éthiopie) // Magma and tectonic plates in the Afar region (Ethiopia)

En Éthiopie, la région Afar se situe au-dessus de la jonction entre trois plaques tectoniques. Des scientifiques ont découvert que du magma en fusion vient frapper la croûte terrestre par en dessous. Dans cette partie du monde, le continent africain se déchire lentement, et finira par former un nouveau bassin océanique. En échantillonnant les signatures chimiques des volcans de cette région, une équipe scientifique de l’Université de Swansea et de l’Université de Southampton, au Royaume-Uni, a essayé d’obtenir davantage d’informations sur ce processus. Les chercheurs ont découvert que le manteau sous l’Afar n’est ni uniforme ni stationnaire ; il vibre, et ces vibrations portent des signatures chimiques distinctes. L’étude, intitulée « Mantle upwelling at Afar triple junction shaped by overriding plate dynamics », a été publiée dans Nature Geoscience.

Carte tectonique du système de rifts de l’Afar (Source : Wikipedia)

La surface de notre planète connaît un processus de renouvellement constant. Les plaques tectoniques qui divisent la croûte terrestre ne sont pas fixes ; elles se déplacent, entrent en collision et glissent même les unes sous les autres. Leurs points de rencontre sont généralement des points chauds de l’évolution géologique, marqués par une activité volcanique intense qui remodèle la surface par en dessous.
L’Afar est le point de rencontre des plaques arabique, nubienne et somalienne. Chacune s’écarte dans sa direction respective, ce qui laisse place à une brèche de plus en plus grande sous le Triangle de l’Afar. À terme, la croûte deviendra si fine à cet endroit que la surface s’abaissera sous le niveau de la mer, créant un nouveau bassin océanique au large de la mer Rouge.
Les scientifiques pensent que la remontée du magma joue un rôle dans ce processus de rupture continentale, mais ils ont du mal à comprendre son fonctionnement. Il est bien sûr impossible de forer pour l’observer de près ; c’est pourquoi ils ont étudié les matériaux déposés à la surface de la Terre depuis le manteau par l’activité volcanique.
Les auteurs de l’étude ont collecté 130 échantillons de roche volcanique provenant de la région de l’Afar et du rift éthiopien, et ont effectué des analyses chimiques. Ils ont utilisé ces analyses, combinées aux données existantes, pour réaliser une modélisation qui leur permettrait de comprendre l’activité sous le Triangle. Les résultats montrent des bandes ou stries chimiques distinctes qui se répètent à travers le système de rift. Elles sont produites par un panache unique et asymétrique de matière, façonné par son environnement au fur et à mesure qu’il s’élève du manteau. L’un des scientifiques a déclaré que « les stries chimiques montrent que le panache se comporte comme les pulsations d’un cœur ». De plus, « ces pulsations semblent se comporter différemment selon l’épaisseur de la plaque et la vitesse à laquelle elle s’éloigne. Dans les rifts à expansion rapide comme la mer Rouge, les pulsations se propagent plus nettement et plus régulièrement, comme le sang dans une artère étroite.»
Si le modèle réalisé par l’équipe scientifique est correct, il montre que les panaches et les remontées mantelliques peuvent être façonnés par la dynamique des plaques tectoniques situées au-dessus. Cette découverte pourrait favoriser les recherches futures sur l’activité qui remodèle continuellement notre planète.

 

Schéma issu de l’étude et montrant comment le panache mantellique est canalisé par les trois rifts

Les chercheurs ont découvert que l’évolution des remontées mantelliques profondes est intimement liée au mouvement des plaques situées au-dessus. Cela a de profondes implications pour l’interprétation du volcanisme de surface, de l’activité sismique et du processus de rupture continentale. Les recherches montrent que les remontées du manteau profond peuvent circuler sous la base des plaques tectoniques et contribuer à concentrer l’activité volcanique là où la plaque est la plus fine. Des recherches ultérieures tenteront de comprendre comment et à quelle vitesse se produit la circulation de la remontée mantellique sous les plaques.
Source : L’étude dans Nature Geoscience.

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In Ethiopia, the Afar region lies above the junction between three tectonic plates, and scientists have discovred that molten magma pounds the planet’s crust from below. In that part of the world,, the continent is slowly being torn asunder in the early formation stages of a new ocean basin. By sampling the chemical signatures of volcanoes around this region, a scientific team from Swansea University and the University of Southampton in the UK hoped to learn more about this wild process. They found that the mantle beneath Afar is not uniform or stationary ; it pulses, and these pulses carry distinct chemical signatures. The study, entitled « Mantle upwelling at Afar triple junction shaped by overriding plate dynamics », was published in Nature Geoscience.

Our planet’s surface is in a constant state of renovation. The tectonic plates into which the planetary crust is divided are not fixed in position, but shift and collide and even slip underneath one another. The places at which they meet are usually hotspots of geological evolution, rampant with volcanic activity that is reshaping the surface from below.

The Afar junction is the point at which the Arabian, Nubian, and Somalian plates meet, each departing in their own directions to leave a widening gap under the Afar Triangle. Eventually, the crust will become so thin here that the surface will drop below sea level, creating a new ocean basin off the Red Sea.

Scientists suspect that mantle upwelling is playing a role in this continental breakup process, but our understanding of how it works is limited. We can’t dig down to have a close look, so the researchers looked at material that has been disgorged onto Earth’s surface from the mantle by way of volcano.

They collected 130 samples of volcanic rock from around the Afar region and the Main Ethiopian Rift, and conducted chemical analyses. They used these analyses combined with existing data to conduct advanced modeling to understand the activity under the Triangle. The results show distinct chemical bands or stripes that repeat across the rift system, delivered by a single, asymmetrical plume of material shaped by its environment and pushing upwards from the mantle. One of the scientists said that « the chemical striping suggests the plume is pulsing, like a heartbeat. » Moreover,

« these pulses appear to behave differently depending on the thickness of the plate, and how fast it’s pulling apart. In faster-spreading rifts like the Red Sea, the pulses travel more efficiently and regularly like a pulse through a narrow artery. »

If the team’s model is correct, it suggests that mantle plumes and upwellings can be shaped by the dynamics of the tectonic plates above them. The finding could be used to inform future research into the activity that is continually remodeling our planet.

The researchers have found that the evolution of deep mantle upwellings is intimately tied to the motion of the plates above. This has profound implications for the interpretation of surface volcanism, earthquake activity, and the process of continental breakup. The research shows that deep mantle upwellings can flow beneath the base of tectonic plates and help to focus volcanic activity to where the tectonic plate is thinnest. Follow-on research includes understanding how and at what rate mantle flow occurs beneath plates.

Source : The study in Nature Geoscience.

https://www.nature.com/articles/s41561-025-01717-0

Persistance de la sismicité dans l’Afar (Éthiopie) // Continuing seismicity if the Afar region (Ethiopia)

Une sismicité relativement importante continue d’être enregistrée dans la région du volcan Dofen en Éthiopie depuis le 22 décembre 2024. Cette crise a été marquée par une série de séismes modérés à forts, l’ouverture d’importantes fissures dans le sol et l’apparition d’une bouche volcanique dans la région de l’Afar.
Un nouveau séisme de forte intensité et peu profond, enregistré par l’USGS avec une magnitude de M5,5, a frappé la région de l’Afar le 16 mars 2025. L’hypocentre se situait à 10 km de profondeur. L’épicentre se trouvait à 46 km au sud d’Awash et à 55 km à l’est du volcan Dofen. Le risque de victimes et de dégâts est faible. Une réplique modérée de magnitude M4,3 a également été enregistrée le 16 mars à 10 km de profondeur.
L’évacuation de 60 000 habitants a été ordonnée après le séisme de magnitude M5,7 du 4 janvier 2025, qui a provoqué l’apparition de larges fissures.
Le 3 janvier, une nouvelle bouche est apparue près du mont Dofen ; elle émettait de puissants jets de vapeur, de gaz, de roches et de boue, suscitant des inquiétudes quant à une éventuelle éruption.
L’activité sismique a par ailleurs suscité des inquiétudes quant à la stabilité structurelle du barrage de Kesem/Sabure, qui retient un volume d’eau important. Le barrage est censé résister à des séismes de magnitude M5,6. Cependant, l’activité sismique dans la région dépassant ce seuil, les scientifiques ont averti que toute défaillance structurelle pourrait entraîner des inondations catastrophiques, mettant en danger la vie de centaines de milliers d’habitants.
La région se situe dans le rift éthiopien qui fait partie du Système de rift est-africain (EARS), l’une des zones tectoniques les plus actives au monde. Cette région est sujette à de fréquents séismes, éruptions volcaniques et déformations du sol, principalement dues à l’accrétion des plaques tectoniques et à l’intrusion de magma sous la surface. Le rift africain se situe à la limite entre des plaques tectoniques divergentes, là où la plaque africaine est en train de se scinder en deux et donne naissance à la plaque somalienne et la plaque nubienne. La partie orientale de l’Afrique, autrement dit la plaque somalienne, s’éloigne du reste du continent, qui comprend la plaque nubienne. Les plaques nubienne et somalienne se séparent également de la plaque arabique au nord, créant ainsi un système de rift en « Y ». Ces plaques se croisent dans la région de l’Afar, en Éthiopie, en formant une « triple jonction ».
Source : The Watchers, USGS.

Source: USGS

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A significant seismicity has been recorded in Ethiopia’s Dofen volcano region since December 22nd, 2024. The crisis has been marked by a series of moderate to strong earthquakes, large ground fissures, and the opening of a powerful volcanic vent in the Afar region.

Another strong and shallow earthquake registered by the USGS as M5.5 hit the Afar region on March 16th, 2025. The hypocenter was located at a depth of 10 km. The epicenter was located 46 km south of Awash, and 55 km east of Dofen volcano. There is a low likelihood of casualties and damage. A moderate M4.3 aftershock was also recorded on March 16th at a depth of 10 km.

The evacuation of 60,000 residents was ordered after an M5.7 earthquake on January 4th, 2025, led to the appearance of large cracks.

On January 3rd, a new vent formed near Mount Dofen, releasing powerful jets of steam, gas, rocks, and mud, raising concerns about a potential eruption.

The seismic actuivity raised concerns about he structural stability of the Kesem/Sabure Dam which holds a substantial volume of water. The dam is supposed to withstand earthquakes up to M5.6. However, with seismic activity in the region exceeding that threshold, experts warned that any structural failure could lead to catastrophic flooding, endangering hundreds of thousands of lives.

The region lies within the Main Ethiopian Rift, part of the East African Rift System (EARS), one of the most tectonically active zones in the world. This region is prone to frequent earthquakes, volcanic eruptions, and ground deformation, mainly from ongoing tectonic plate divergence and magma intrusion beneath the surface. The rift lies on a developing divergent tectonic plate boundary where the African plate is in the process of splitting into two tectonic plates, the Somali plate and the Nubian plate. The eastern portion of Africa, the Somalian plate, is pulling away from the rest of the continent, that comprises the  Nubian plate. The Nubian and Somalian plates are also separating  from the Arabian plate in the north, thus creating a ‘Y’ shaped rifting system. These plates intersect in the Afar region of Ethiopia at what is known as a ‘triple junction’.

Source : The Watchers, USGS.

Volcans du monde // Volcanoes of the world

Voici quelques nouvelles de l’activité volcanique dans le monde :

Un séisme de magnitude 4,1 a été enregistré au nord-nord-est du Bárðarbunga (Islande) le 7 janvier 2025 dans la soirée. Il s’agit du séisme le plus significatif en Islande jusqu’à présent cette année. Ce séisme fait suite à d’autres épisodes d’activité sismique enregistrés au cours des derniers mois. Comme je l’ai écrit précédemment, en décembre 2024, il y a eu un événement de magnitude M5,1 sur le Bárðarbunga. Celui enregistré le 7 janvier a été le plus intense des 60 derniers jours. Il a été suivi d’une réplique de magnitude M2,8.

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Des signes de mouvements de magma en profondeur ont été détectés près du Grjótárvatn sur la Péninsule de Snaefellsnes (Islande), mais il n’y a aucune indication d’activité magmatique proche de la surface. Le 18 décembre 2024, le séisme le plus significatif avait une magnitude de M3,2. Et un événement de M2,9 a été enregistré le 8 janvier 2025. Il n’est pas possible de dire quelle est l’origine de cette activité, mais il existe deux possibilités : la tectonique des plaques ou l’accumulation de magma à de grandes profondeurs. Selon le Met Office, ces événements ne sont pas des séismes typiques, mais plutôt des grondements basse fréquence associés à des systèmes volcaniques.
Il est trop tôt pour dire si l’activité récente sur la péninsule de Snæfellsnes est comparable à celle qui a précédé les éruptions sur la péninsule de Reykjanes. Cependant, il existe une différence majeure entre les deux sites : une déformation de surface a été observée sur la péninsule de Reykjanes alors qu’elle n’a pas été détectée à Snæfellsnes en raison de la profondeur des événements. Les instruments GPS et les données satellites INSAR n’ont détecté aucune variation de surface ; il est donc trop tôt pour établir un parallélisme avec la situation à Reykjanes.

 

Systèmes volcaniques sur la péninsule de Snæfellsnes

Vue du lac Grjótárvatn sur la péninsule de Snaefellness (Source : Iceland Monitor)

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Toujours en Islande, les données de déformation obtenues le 30 décembre 2024 révèlent que l’accumulation de magma sous Svartsengi se poursuit. La probabilité d’une nouvelle intrusion magmatique et ensuite d’une éruption deviendra réelle lorsque le volume de magma sous Svartsengi correspondra à la quantité qui a quitté le réservoir magmatique lors de l’intrusion et de l’éruption du 20 novembre 2024. Ce volume est estimé entre 12 et 15 millions de mètres cubes.
Selon les dernières données de déformation, l’accumulation magmatique est actuellement estimée à un peu plus de 3 mètres cubes par seconde, ce qui correspond à la situation avant la dernière éruption. Si l’accumulation se poursuit au rythme actuel, le volume de magma sous Svartsengi devrait atteindre 12 millions de mètres cubes d’ici la fin janvier et environ 13,5 millions de mètres cubes d’ici la première semaine de février. Par conséquent, la probabilité d’une intrusion magmatique et potentiellement d’une éruption le long de la chaîne de cratères de Sundhnúkur pourrait augmenter à partir de la fin du mois de janvier. [NDLR : Selon mes calculs, si l’inflation – et donc l’accumulation magmatique – se poursuit au rythme actuel, la prochaine éruption pourrait avoir pour la Saint Claude, le 15 février 2025].

Source : Met Office islandais.

 

Source: Met Office

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L’activité éruptive qui a commencé le 23 décembre 2024 sur le Kilauea (Hawaï) est toujours en mode pause. Toutefois, les inclinomètres sommitaux montrent à nouveau une inflation depuis la fin du dernier épisode éruptif. De plus, une incandescence est toujours visible dans la principale bouche éruptive. Ce sont les signes qu’une nouvelle activité pourrait avoir lieu dans les jours ou les semaines à venir si la chambre magmatique sommitale se repressurise suffisamment.

 

La webcam du HVO est braquée vers la principale bouche éruptive où persiste l’incandescence nocturne et d’où l’éruption pourrait repartir. De toute évidence, la lave bouillonne au fond de la bouche active. Cela me rappelle la situation que j’avais observée en 1998 sur le Pu’uO’o.

Photo: C. Grandpey

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Comme je l’ai indiqué précédemment, les données de sismicité et de déformation acquises à partir d’images radar satellite indiquaient qu’une intrusion magmatique avait commencé fin septembre 2024 dans la région de l’Afar en Éthiopie, entre les volcans Fentale et Dofen. Les interférogrammes indiquaient qu’une intrusion magmatique avait commencé fin septembre 2024. Les données du 18 octobre ont indiqué que l’intrusion avait ralenti ou fait une pause. Une deuxième phase de l’intrusion s’est produite fin 2024. Un interférogramme a montré plus de 40 cm de soulèvement sur presque tout l’axe de Fentale-Dofen du 17 au 29 décembre.
La sismicité a continué d’être élevée dans la région au moins jusqu’au 4 janvier 2025 et elle était probablement associée à l’intrusion magmatique. Un séisme de magnitude M5,0 survenu le 29 décembre 2024 près d’Awash Fentale a provoqué l’effondrement de plus de 30 maisons et des fissures dans les routes et le sol dans les districts de Dulecha et d’Awash Fentale. Le 3 janvier, les images de médias locaux ont montré une hausse d’activité dans une zone géothermale près de Dofen. La vidéo montrait des projections d’eau, de sédiments et de roches. L’activité n’était pas d’origine volcanique, mais elle a fait d craindre à la population un lien avec l’intrusion et l’activité volcanique potentielle. Au moins 10 séismes ont été enregistrés entre le 3 et le 4 janvier, le plus important, d’une magnitude de M 5,8, s’étant produit le 4 janvier (voir ma note à propos de cet événement). L’Institut géologique éthiopien a signalé que des milliers de personnes avaient été évacuées vers d’autres zones de la région.

Une forte hausse de l’activité sismique a été enregistrée entre le 4 et le 6 janvier. Plus de 20 secousses de M4,2 à M5,8 ont été enregistrés dans les districts d’Awash et de Dulecha au cours de cette période.
L’événement le plus intense s’est produit près du volcan Dofen, endommageant des infrastructures, notamment l’usine sucrière de Kesem.

Source : Global Volcanism Network.

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L’activité éruptive à Home Reef (arc volcanique de Tofua) se poursuit ; la lave avance sur les côtes N et NE. Des images satellites montraient des émissions riches en cendres le 17 décembre 2024. Des anomalies thermiques ont été détectées dans les derniers jours de 2024. Le 2 janvier 2025, de petits panaches de gaz et de cendres s’élevaient de la bouche éruptive centrale à des intervalles d’environ une minute. La coulée de lave couvrait environ 76 000 mètres carrés sur 350 mètres du nord au sud et 270 m de l’est à l’ouest. Le niveau d’alerte reste à Orange et il est conseillé aux marins de rester à au moins 2 milles nautiques de l’île. La couleur de l’alerte aérienne reste au Jaune.
Source : Tonga Geological Services.

Source: NASA

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Un événement éruptif dans la partie sud du lac de cratère du Poás (Costa Rica) a été enregistré le 5 janvier 2025. Des matériaux de couleur sombre ont été projetés à plusieurs mètres au-dessus de la surface du lac. L’événement a été précédé d’une période de lente intensification de plusieurs paramètres de surveillance, notamment une hausse de la sismicité, des émissions de SO2 et de CO2, une hausse du tremor associée à l’apparition de bulles dans le lac le 6 janvier.
Source : OVSICORI.

Crédit photo: Wikipedia

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L’activité éruptive se poursuit sur le Kanlaon (Philippines) avec une sismicité élevée. Les émissions de SO2 varient de 3 406 à 5 840 tonnes par jour. Des périodes d’émissions de cendres sont également observées, jusqu’à plusieurs centaines de mètres au-dessus du sommet.
L’éruption continue d’avoir un impact sur la population. Le 7 janvier 2025, 13 246 personnes (4 070 familles) étaient réparties dans 34 centres d’évacuation et 7 458 autres personnes (2 351 familles) séjournaient ailleurs. Le niveau d’alerte reste à 3 (sur une échelle de 0 à 5) ; le public est prié de rester à au moins 6 km du sommet.

Crédit photo: PHIVOLCS

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Dans un bulletin spécial, le PHIVOLCS a indiqué que les valeurs sismiques avaient considérablement augmenté du 4 au 6 janvier 2025 sur le Taal. Sur la base d’observations visuelles, le panache de gaz habituel avait cessé de s’élever du cratère principal. En plus de la hausse de la sismicité, cela pouvait indiquer un blocage dans les conduits d’alimentation du volcan. Un événement phréatomagmatique mineur s’est produit à 19 h34 le 6 janvier et a duré trois minutes. Le panache est ensuite réapparu et s’est élevé à 600 m au-dessus du cratère. Le niveau d’alerte reste à 1 (sur une échelle de 0 à 5).
Source : PHIVOLCS.

Crédit photo: PHIVOLCS

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L’activité reste globalement stable sur les autres volcans mentionnés dans les bulletins précédents « Volcans du monde ».
Ces informations ne sont pas exhaustives. Vous pourrez en obtenir d’autres en lisant le rapport hebdomadaire de la Smithsonian Institution :
https://volcano.si.edu/reports_weekly.cfm

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Vous pouvez également cliquer sur « Suivre Claude Grandpey : Volcans et Glaciers ».

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Here is some news about volcanic activity in the world:

An M4.1 earthquake struck north-northeast of Bárðarbunga (Iceland)on January 7th, 2025 in the evening. It is the biggest earthquake in Iceland so far this year. This earthquake follows more seismic activity recorded in the past months. As I put it previously, in December 2024, there was an M5.1 event in Bárðarbunga, The one recorded on January 7th was the biggest earthquake in the last 60 days. It was followed by an M2.8 aftershock.

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Signs of deep-seated magma movement have been detected near Grjótárvatn on the Snaefellsnes Peninsula (Iceland). On December 18th, 2024 , the largest earthquake had a magnitude M3.2. And an M2.9 event was recorded on January 8th, 2025. It is not possible to say what is causing the activity, but two main possibilities are: plate tectonics or magma accumulation at great depths. According to the Met Office, these tremors are not typical earthquakes, but rather low-frequency rumbles associated with volcanic systems.

It is too early to determine whether the recent activity on Snæfellsnes is comparable to the lead-up to the eruptions on the Reykjanes Peninsula. However, there is a major difference between the two sites : surface deformation was observed on the Reykjanes Peninsula whereas it was not detected at Snæfellsnes due to the depth of the events. GPS instruments and INSAR satellite data have not detected any surface changes, so it is too early to draw parallels with the situation at Reykjanes.

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Still in Iceland, deformation data up to December 30th, 2024,reveals that magma accumulation beneath Svartsengi (Iceland) continues. The likelihood of a new magma intrusion and potentially an eruption is expected to increase when the volume of magma beneath Svartsengi matches the amount that left the magma region during the magma intrusion and eruption on November 20th. This volume is estimated between 12 and 15 million cubic meters.

According to the latest deformation data, the magma inflow rate is currently estimated at just over 3 cubic meters per second, which is similar to the rate observed before the last eruption. If magma accumulation continues at the current rate, the magma volume beneath Svartsengi is projected to reach 12 million m³ by late January and approximately 13.5 million cubic meters by the first week of February.  Therefore, the likelihood of magma intrusion and potentially an eruption along the Sundhnúkur crater row may increase as of late January. [Editor’s note: According to my personal calculations, if the inflation – and therefore magma accumulation – continues at the current rate, the next eruption could occur on Saint Claude’s Day, February 15th, 2025].

Source : Icelandic Met Office.

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The eruptive activity that began on December 23rd, 2024 on Kilauea (Hawaii) is still taking a break. However, summit tiltmeters have been showing inflation again since the end of the last eruptive episode. In addition, incandescence is still visible in the main eruptive vent. These are signs that new activity could occur in the coming days or weeks if the summit magma chamber repressurizes sufficiently.

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As I indicated previously, seismicity and deformation data acquired from satellite radar images indicated that a magmatic intrusion began in late September 2024 in Ethiopia’s Afar Region between the Fentale and Dofen volcanoes. Interferograms indicated that a magmatic intrusion began in late September 2024. Data from 18 October indicated that the intrusion had slowed or paused. A second phase of the intrusion occurred during the end of 2024. An interferogram showed over 40 cm of uplift along almost the entire axis from Fentale to Dofen during 17-29 December.

Seismicity continued to be elevated in the region at least through 4 January 2025 and was likely associated with the magma intrusion. An M 5.0 earthquake on 29 December 2024 located near Awash Fentale caused the collapse of more than 30 homes and cracks in roads and the ground in the Dulecha and Awash Fentale districts. On 3 January footage of increased activity at a geothermal area near Dofen was reported by news sources. The video showed water, sediment, and rocks being ejected above vents. The activity was non-volcanic in origin though it increased fears among residents that is was connected to the intrusion and potential volcanic activity. At least 10 earthquakes were recorded during 3-4 January with the largest, with a magnitude M 5.8, occurring on 4 January. The Ethiopian Geological Institute reported that thousands of people had evacuated to other areas in the region.

A sharp increase in seismic activity was recorded between January 4th and 6th. More than 20 earthquakes ranging from M4.2 and M5.8 were recorded in the Awash and Dulecha districts during this period. The strongest event struck near the Dofen volcano, damaging infrastructure including the Kesem Sugar Factory.

Source : Global Volcanism Network.

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Eruptive activity at Home Reef (TofuaVolcanic Arc) continues, with lava expanding the N and NE shorelines. Satellite images showed ash-rich emissions rising from the central vent on 17 December 2024. Thermal anomalies were detected in the last days of 2024. On 2 January 2025, small gas-and-ash plumes rose from the central vent at approximately one-minute intervals. The lava flow had grown to approximately 76,000 square meters and had a maximum dimension of 350 m (N-S) by 270 m (E-W). The Alert Level remains at Orange and mariners are advised to stay at least 2 nautical miles away from the island. The Aviation Color Code remains at Yellow.

Source : Tonga Geological Services.

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An eruptive event from the S part of the lake at Poás (Costa Rica)was recorded on 5 January 2025. The event ejected dark material several meters above the surface of the lake. The event was preceded by a period of slow intensification of several monitoring parameters, including increased seismicity, increased SO2 and CO2 emissions, increased tremor associated with bubbling in the lake on 6 January.

Source : OVSICORI.

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Eruptive activity continues at Kanlaon (Philippines) with elevated seismicity. SO2 emissions range from 3,406 to 5,840 tonnes per day. Periods of ash emissions are also observed, rising several hundred meters above the summit.
The eruption continues to impact residents. On 7 January 2025, 13,246 people (4,070 families) were spread across 34 evacuation centers and another 7,458 people (2,351 families) were staying elsewhere. The Alert Level remains at 3 (on a scale of 0-5); the public is asked to stay at least 6 km away from the summit.

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In a special advisory PHIVOLCS stated that seismic values had significantly increased during 4-6 January2025 at Taal. Based on visual observations the typical gas plume that rose from Main Crater was absent. Along with the increased seismicity, it might have indicated a blockage of the volcanic gas pathways. A minor phreatomagmatic event occurred at 1934 on 6 January and lasted three minutes. A plume rose 600 m above the crater rim. The Alert Level remains at 1 (on a scale of 0-5).

Source : PHIVOLCS.

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Activity remains globally stable on other volcanoes mentioned in the previous bulletins « Volcanoes of the world ».

This information is not exhaustive. You can find more by reading the Smithsonian Institution’s weekly report:

https://volcano.si.edu/reports_weekly.cfm

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