Volcans du monde // Volcanoes of the world

Voici quelques informations sur l’activité volcanique dans le monde.

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L’Épisode 38 de l’éruption du Kilauea (Hawaï) le 6 décembre 2025 a été l’événement le plus spectaculaire de la semaine écoulée. Des fontaines de lave de près de 370 mètres de hauteur ont jailli de la bouche sud, détruisant au passage l’une des webcams du HVO. Avant que la bouche sud ne devienne la plus puissante, on observait trois fontaines de lave simultanées d’une hauteur d’environ 150 mètres : deux provenaient de la bouche nord et une de son homologue sud. Ce triple phénomène est extrêmement rare et c’est la première fois qu’il est observé au cours de cette éruption qui a duré une douzaine d’heures. L’inflation sommitale a repris dès l’arrêt des fontaines de lave. Le HVO s’attend à un 39ème épisode d’ici deux à trois semaines.

Source : HVO.

Image webcam de l’Épisode 38

L’Épisode 38 s’est terminé avec un débit moyen de 190 mètres cubes par seconde. On estime à 12,6 millions de mètres cubes le volume de lave émis. Cette lave a recouvert environ 50 à 60 % du plancher du cratère de l’Halemaʻumaʻu.
Plus globalement, après un an d’éruptions à répétition, le HVO explique que plus de 185,5 millions de mètres cubes de lave se sont déversés dans la caldeira sommitale du Kilauea depuis le début des éruptions épisodiques du volcan, le 23 décembre 2024.
Voici ci-dessous deux photos montrant une vue d’ensemble du cratère de l’Halemaʻumaʻu. La photo du haut date du 12 décembre 2024, juste avant le début des éruptions, et celle du bas a été prise le 11 décembre 2025.

On peut observer le monticule de téphra en formation sur la gauche, le long de la lèvre de la caldeira ; ce monticule était absent en 2024. On estime que le plancher du cratère s’est élevé de plus de 64 mètres, mais il reste encore beaucoup d’espace pour de nouvelles éruptions. La prochaine devrait avoir lieu entre le 20 et le 30 décembre 2025.
Source : HVO.

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Sur l’île de la Réunion, on s’attendait à une éruption du Piton de la Fournaise à brève échéance. Les instruments de l’OVPF avaient détecté une intrusion magmatique qui s’est arrêtée le 5 décembre 2025. Rien de significatif n’étant remarqué par l’Observatoire le 8 décembre, le préfet a levé les restrictions d’accès à l’Enclos dans les limites des zones balisées.

Toutefois, la sismicité ainsi que l’inflation lente de la zone sommitale se poursuivent, même si la sismicité a bien faibli. Il ne fait guère de doute que la mise en pression du réservoir magmatique superficiel se poursuit. Jusqu’à quand ? Personne ne le sait.

Selon l’OVPF, à ce stade, aucune hypothèse n’est écartée (arrêt définitif de l’intrusion, reprise de l’intrusion, nouvelle intrusion) quant à l’évolution de la situation à venir compte tenu de cette sismicité persistante. Cette situation illustre parfaitement l’état actuel de la prévision éruptive. Les paramètres scientifiques montrent qu’un événement est probable, mais nous sommes incapables de dire quand. Ce n’est pas très grave pour le Piton de la Fournaise dans la mesure où aucune population n’est vraiment menacée.

Par le passé de telles intrusions ont parfois précédé de quelques jours l’injection finale de magma conduisant à l’éruption, comme cela a été observé récemment en septembre 2022 et décembre 2020.

Photo: C. Grandpey

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Selon des chercheurs de l’Université d’État de l’Oregon (OSU), l’Axial Seamount, un volcan sous-marin situé au large des côtes de l’Oregon, le long de la dorsale Juan de Fuca dans l’océan Pacifique, dont l’éruption était initialement prévue pour 2025, ne se manifestera pas avant le milieu ou la fin de l’année 2026. Les chercheurs de l’OSU surveillent en continu et en temps réel l’activité de l’Axial Seamount grâce au Regional Cabled Array (RCAR), un dispositif qui utilise environ 1 050 kilomètres de câbles sous-marins et plus de 140 instruments pour surveiller en permanence son activité. Ces derniers ont révélé que le seuil de gonflement du volcan est proche de celui de l’éruption de 2015. Alors que l’année 2025 tire à sa fin, le gonflement de l’Axial Seamount est resté stable et la sismicité est relativement faible, ce qui signifie qu’« aucune éruption n’est imminente ». Au rythme actuel de l’inflation, aucune éruption ne devrait se produire avant le milieu ou la fin de l’année 2026.
Même si l’Axial Seamount entrait en éruption en 2026, il n’y aurait aucun danger pour la population. Les coulées de lave n’auraient aucun impact sur la surface de l’océan et ne feraient que remodeler le plancher océanique.
L’Axial Seamount a connu une cinquantaine d’éruptions au cours des 800 dernières années. Trois ont eu lieu ces 30 dernières années : en 1998, 2011 et 2015.

Source : Salem Statesman Journal.

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Dans une mise à jour publiée le 11 décembre 2025, le Met Office islandais indique que le processus d’accumulation magmatique sous Svartsengi se poursuit. Au cours des deux dernières semaines, le rythme d’accumulation est resté relativement stable.
Le Met Office ajoute que tant que le magma s’accumule, la probabilité d’une éruption demeure élevée. L’incertitude quant à la date de la prochaine éruption devient plus grande lorsque l’accumulation est lente. Compte tenu du rythme d’accumulation actuel, cette incertitude se chiffre en mois. Autrement dit, toute prénision éruptive à court terme est impossible.
Les modélisations montrent que depuis mars 2024, le volume de magma nécessaire pour déclencher une nouvelle éruption semble avoir augmenté par rapport aux éruptions précédentes. Selon les modèles, le volume de magma accumulé sous Svartsengi entre les éruptions depuis mars 2024 a varié entre 17 et 23 millions de mètres cubes. Les modélisations montrent actuellement qu’un peu plus de 17 millions de mètres cubes de magma se sont accumulés sous Svartsengi depuis la dernière éruption de juillet 2025. Ce volume est comparable à celui observé juste avant l’éruption de mai 2024.
L’activité sismique dans la région demeure faible.
Source : Met Office.

Volumes de magma accumulés pour chaque épisode d’inflation à Svartsengi depuis décembre 2023. Les barres orange représentent le volume accumulé avant le début de l’éruption. La barre rouge représente le volume accumulé depuis l’éruption de juillet jusqu’à aujourd’hui. (Source : Met Office)

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L’activité éruptive s’est poursuivie à Ambae (Vanuatu) durant la dernière semaine de novembre et la première semaine de décembre. Des panaches de vapeur, de gaz et de cendres étaient visibles sur les images satellites et les webcams. Une anomalie thermique a également été détectée sur les images satellites. Des retombées de cendres ont été signalées dans les localités situées sous le vent. Selon le VAAC de Wellington, les panaches de cendres ont atteint une hauteur de 3,7 km début décembre. Le niveau d’alerte reste à 2 (sur une échelle de 0 à 5) et la population est priée de rester en dehors de la zone de danger A, soit un rayon de 2 km autour des bouches actives du lac Voui.
Source : Département de météorologie et de géorisques du Vanuatu (VMGD).

Bouche active sur le Lac Voui (Source: Vanuatu GeoHazards)

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Une forte sismicité est toujours enregistrée sur le Bur ni Telong (Indonésie). Le réseau sismique a détecté une hausse du nombre d’événements volcaniques profonds. De plus, on a enregistré 19 séismes tectoniques locaux. Aucune émission n’a été observée. Le niveau d’alerte reste à 2 (niveau 2 sur une échelle de 1 à 4), mais la zone d’exclusion a été étendue à un rayon de 3 km autour du cratère le 4 décembre 2025. Le public est invité à éviter les zones de fumerolles et de solfatares, en particulier par temps nuageux ou pluvieux.

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Toujours en Indonésie, l’activité éruptive se poursuit sur le Semeru, avec des événements quotidiens enregistrés par le réseau sismique. Des panaches de vapeur et de cendres s’élèvent entre 400 et 1 100 m au-dessus du sommet. Une incandescence sommitale ainsi que sur la partie supérieure du flanc sud-est est visible de nuit sur les images des webcams. Le niveau d’alerte reste à 3 et le public est prié de se tenir à au moins 5 km du sommet dans toutes les directions, et à l’écart des ravines en raison des risques d’avalanches et de lahars.
Source : PVMBG.

Photo: C. Grandpey

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L’activité éruptive se poursuit sur le Puracé (Colombie). La sismicité inclut des épisodes de tremor et des signaux longue période indiquant des mouvements de fluides, et des séismes révélant des fracturations de roches à des profondeurs de 1 à 3 km. Les émissions de gaz et de cendres s’élèvent de 100 à 900 m au-dessus du sommet. Le 3 décembre 2025, une hausse de température à l’intérieur du cratère a été observée par satellite. De faibles retombées de cendres ont été signalées dans plusieurs localités. Le niveau d’alerte reste à l’Orange (niveau 2 sur une échelle de quatre couleurs) et le public est prié de rester à l’écart du cratère.
Source : Servicio Geologico Colombiano (SGC).

Source: Wikipedia

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L’éruption du Krasheninnikov (Kamchatka) se poursuit. Une importante anomalie thermique au-dessus du volcan a été identifiée sur les images satellites. Elle a révélé la présence de coulées de lave sur le flanc est-nord-est du 22 novembre au 6 décembre 2025. La couleur de l’alerte aérienne reste Orange (niveau 2 sur une échelle de quatre couleurs).
Source : KVERT.

Crédit photo: KVERT

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Au vu des images satellites, l’éruption du Nyamulagira (République Démocratique du Congo) s’est poursuivie en décembre. Une incandescence était visible sur le fond de la caldeira sommitale et au niveau des coulées de lave actives sur le flanc nord-ouest le 7 décembre. La longueur maximale de la coulée de lave a été estimée à environ 6,5 km par rapport au cratère.
Source : Copernicus.

Éruption du Nyiamuragira (Crédit photo: Observatoire de Goma)

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L’activité reste globalement stable sur les autres volcans mentionnés dans les bulletins précédents « Volcans du monde ».
Ces informations ne sont pas exhaustives. Vous pourrez en obtenir d’autres en lisant le rapport hebdomadaire de la Smithsonian Institution :
https://volcano.si.edu/reports_weekly.cfm

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Here is the latest news about volcanic activity around the world.

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Episode 38 of the Kilauea eruption (Hawaii) on December 6, 2025, was the most spectacular event of the past week. Lava fountains nearly 370 meters high erupted from the south vent, destroying one of the HVO’s webcams in the process. Before the south vent became the most powerful, three simultaneous lava fountains, each about 150 meters high, were observed: two from the north vent and one from its southern counterpart. This triple phenomenon is extremely rare and was the first time it had been observed during this eruption, which lasted about twelve hours. Summit inflation resumed as soon as the lava fountains stopped. The HVO expects a 39th episode within two to three weeks.

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Episode 38 ended with an average effusion rate of 190 cubic meters per second. An estimated 12.6 million cubic meters of lava erupted and covered about 50-60% of the floor of Halemaʻumaʻu crater.

More globally, after one year of repetitive eruptions, the HVO explains that more than 185.5 million cubic meters of lava have poured into Kilauea’s summit caldera since the volcano’s episodic eruptions began on 23 December 2024.

Here are two photos showing an overview of Halema’uma’u Crater. The top photo is from 12 December 2024, just before the eruptions began, and bottom photo is from today, 11 December 2025. One can see the growing mound of tephra just to their left along the caldera edge, that was not present last year. It is estimated that the crater floor has risen by more than 64 meters. There is still plenty of room left for more episodes. The next one is likely to occur between December 20 and 30, 2025.

Source : HVO.

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Everybody on Réunion Island was expecting an eruption of Piton de la Fournaise in the near future. Instruments from the Piton de la Fournaise Volcano Observatory (OVPF) detected a magma intrusion that ceased on December 5, 2025. As nothing significant was observed by the Observatory on December 8, the prédet lifted the restrictions on access to the Enclos within the limits of the marked areas.

However, seismicity and slow inflation of the summit area continue, even though the seismicity has significantly decreased. There is little doubt that the pressure buildup in the shallow magma reservoir is ongoing. Until when ? Nobody knows.
According to the OVPF, at this stage, no hypothesis is being ruled out (definitive cessation of the intrusion, resumption of the intrusion, or a new intrusion) regarding the future evolution of the situation, given this persistent seismicity. This situation perfectly illustrates the current state of eruptive prediction. The scientific parameters indicate that an event is probable, but we are unable to say when. This is not a major concern for Piton de la Fournaise, as no population is truly threatened. In the past, such intrusions have sometimes preceded the final injection of magma leading to the eruption by a few days, as was observed recently in September 2022 and December 2020.

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According to researchers at Oregon State University (OSU), Axial Seamount, the underwater volcano off the Oregon Coast and along the Juan de Fuca Ridge in the Pacific Ocean, that was predicted to erupt in 2025 is now expected to erupt mid-to-late 2026.

Researchers at OSU have been continuously monitoring the Axial Seamount’s activity in real time by using the Regional Cabled Array, an ocean observatory that uses approximately 1,050 kilometers of undersea cables to constantly monitor activity with more than 140 instruments. The latter have revealed that the inflation threshold is close to where the volcano erupted in 2015. As 2025 comes to a close, while the inflation of Axial Seamount has reportedly been steady, the rate of seismicity has been relatively low, meaning « nothing is imminent. » At the current rate of inflation, no eruption is likely to happen until mid-to-late 2026.

Even if the Axial Seamount volcano erupts in 2026, there is no danger to people. The lava flows that come from Axial Seamount will have no effect on the surface of the ocean and will only reshape the seafloor.

The volcano has experienced around 50 eruptions during the last 800 years. It has had three eruptions in the last 30 years, in 1998, 2011 and 2015.

Source : Salem Statesman Journal.

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In an update released on December 11, 2025, the Icelandic Met Office indicates that the magma accumulation process under Svartsengi is still ongoing.Over the past two weeks, the accumulation rate has remained fairly steady.

The Met Office adds that as long as magma is accumulating, the likelihood of an eruption remains elevated. The uncertainty regarding the timing of the next eruption is greater when accumulation is slow. Based on the current accumulation rate, the timing uncertainty spans months.In other words, short-term eruptive prediction amounts to zero.

Model calculations indicate that since March 2024, the volume of magma required to trigger a new eruption appears to have increased compared to earlier events. According to the models, the magma volume that has accumulated beneath Svartsengi between eruptions since March 2024 has varied between 17 and 23 million cubic meters. Model calculations now show that just over 17 million cubic meters of magma have been added to the accumulation area beneath Svartsengi since the last eruption in July. This is similar to the volume observed just before the May 2024 eruption.

Seismic activity in the area remains low.

Source : Met Office.

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Eruptive activity continued at Ambae (Vanuatu) during the last week of November and the first week of December. Steam, gas, and ash plumes were visible in satellite and webcam observations. A thermal anomaly was also detected in satellite images. Ashfall was reported in downwind communities. According to the Wellington VAAC low-level ash plumes rose as high as 3.7 km in early December. The Alert Level remains at 2 (on a scale of 0-5), and the public is asked to stay outside of Danger Zone A, defined as a 2-km radius around the active vents in Lake Voui.

Source : Vanuatu Meteorology and Geohazards Department (VMGD).

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Increased seismicity is still recordedat Bur ni Telong (Indonesia). The seismic network has detected an increase in the number of deep volcanic events. Additionally, the network recorded has 19 local tectonic earthquakes. No emissions were observed. The Alert Level remains at 2 (level 2 on a scale of 1-4), though on 4 December 2025 the exclusion zone was increased to a radius of 3 km from the crater area. The public should avoid the fumarole and solfatara regions, especially during cloudy or rainy weather.

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Still in Indonesia, eruptive activity continues at Semeru, with daily events recorded by the seismic network. Steam and ash plumes rise 400-1,100 m above the summit. Incandescence at the summit on the upper SE flank can be seen at night on webcam images. The Alert Level remains at 3 and the public is asked to stay at least 5 km away from the summit in all directions, and away from the drainages because of the risks of avalanches and lahars.

Source : PVMBG.

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Eruptive activity continues at Puracé (Colombia). Seismicity is characterized by tremor and long-period signals indicating fluid movement, and earthquakes indicating rock fracturing located at depths of 1-3 km. Daily gas-and-ash emissions rose 100-900 m above the summit. On 3 December 2025, a temperature increase within the crater was identified in satellite data. Minor ashfall has been reported in several communities. The Alert Level remains at Orange (level 2 on a four-color scale) and the public is asked to stay away from the crater.

Source : Servicio Geologico Colombiano (SGC).

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The eruption at Krasheninnikov (Kamchatka) continues. A large thermal anomaly over the volcano has been identified in satellite images. it showed the advancement of lava flows on the ENE flank during 22 November-6 December 2025. The Aviation Color Code remains at Orange (level 2 on a four-color scale).

Source : KVERT.

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The eruption at Nyamulagira (Democratic Republic of Congo) continued in December based on observations using satellite images. Incandescence on the floor of the summit caldera and from active lava flows on the NW flanks was visible in a 7 December satellite image. The distal end of the farthest lava flow was about 6.5 km from the crater rim.

Source: Copernicus.

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Activity remains globally stable on other volcanoes mentioned in the previous bulletins « Volcanoes of the world ».

This information is not exhaustive. You can find more by reading the Smithsonian Institution’s weekly report:

https://volcano.si.edu/reports_weekly.cfm

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La complexité de la situation sismique en Islande // The complexity of the seismic situation in Iceland

Dans son dernier bulletin (4 avril 2025), le Met Office indique que le soulèvement du sol semble avoir repris à Svartsengi. La cause la plus probable est la poursuite de l’accumulation de magma, bien qu’une partie de ce soulèvement puisse être également attribuée aux effets de la formation du dyke le 1er avril. En effet, lorsque les dykes se forment, ils repoussent la croûte terrestre de chaque côté. À ce stade, il est difficile de déterminer le niveau d’accumulation du magma ; le Met Office ajoute qu’il faudra probablement jusqu’à une semaine pour évaluer son évolution sous Svartsengi.
Les données de déformation montrent également que le mouvement du sol se poursuit autour de la partie nord du dyke. Ces mêmes données révèlent des mouvements de failles de quelques millimètres dans la partie est de Grindavík.
L’activité sismique sur la partie nord du dyke continue de diminuer. La plupart des séismes se propagent de Stóra-Skógfell, au sud, jusqu’au nord de Keilir. Leur profondeur se situe généralement entre 4 et 6 km. L’évolution de la situation dans les jours à venir est très incertaine, et des mouvements de magma au sein du dyke ne sauraient être exclus.
Le 3 avril à 17h30, un essaim sismique significatif a débuté près de Trölladyngja, au nord-ouest du Kleifarvatn. Le séisme le plus important de la séquence a atteint une magnitude de M3,9. Les secousses ont été ressenties dans des zones habitées. Selon le Met Office, les séismes près de Trölladyngja sont probablement dus à des variations de tension dans la croûte, consécutives à l’intrusion magmatique du 1er avril. Des événements similaires pourraient se produire dans les régions voisines, comme Trölladyngja et Reykjanestá, dans les jours et les semaines à venir.
Les événements actuels en Islande illustrent la complexité de la situation, avec un mélange d’événements tectoniques et volcaniques. L’accent est généralement mis sur les mouvements de magma, mais il ne faudrait pas oublier la position de l’Islande sur la dorsale médio-atlantique. Deux séismes importants ont été enregistrés près de Reykjanestá peu avant 17h le 1er avril ; le plus puissant atteignait M5,3. Il semble que ces événements aient été causés par des modifications dans la croûte terrestre suite à l’intense activité sismique dans la région, liée aux mouvements de magma. Il est parfois très difficile de distinguer les deux contextes.

Même en baisse, la sismicité reste intense sur la péninsule de Reykjanes (Source: Met Office)

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In its latest update (April 4th, 2025) the Met Office indicates that ground uplift may have resumed in Svartsengi. The most likely cause is continued magma accumulation, though part of the uplift may be attributed to the effects of the dike formation on April 1st. Indeed, when dikes form, they push the crust away on either side. At this stage, it is difficult to determine the rate of magma accumulation, and the Met Office says it may take up to a week to assess how it evolves beneath Svartsengi.

Deformation data also shows that movement continues around the northern part of the dike. The same data also reveals fault displacements of a few millimetres in the eastern part of Grindavík.

Seismic activity over the northern part of the dike continues to decrease. Most earthquakes are spread from Stóra-Skógfell in the south to just north of Keilir. Their depths are mostly between 4 and 6 km. There is considerable uncertainty about developments in the coming days, and magma movements within the dike cannot be ruled out.

At 17:30 on April 3rd, a notable earthquake swarm began near Trölladyngja, northwest of Kleifarvatn. The largest eartquake in the sequence measured M3.9. Many reports were received that the events were felt in populated areas. According to the Met Office, the earthquakes near Trölladyngja are likely due to stress changes following the dike intrusion on April 1st. There remains a possibility of similar events in nearby areas like Trölladyngja and Reykjanestá in the coming days and weeks.

The current events in Iceland show the complexity of the situation with a mixture of tectonic and volcanic events. Most often, the focus is put on magma movements, but one should not forget the position of Iceland on the mid-Atlantic ridge. Two significant earthquakes were recorded near Reykjanestá shortly before 5 p.m. On April 1st, with the largest measuring M5.3. It seems these events were caused by changes in the Earth’s crust due to the intense seismic activity in the region, linked to magma movements. It is sometimes very difficult to make a difference between the two contexts.

Islande : lent déclin de l’éruption // Iceland : slow decline of the eruption

Dans une mise à jour publiée dans la soirée du 25 novembre 2024, le Met Office a donné quelques informations supplémentaires sur l’éruption actuelle sur la péninsule de Reykjanes.

À partir 24 novembre au soir, le tremor volcanique et l’activité visible de l’éruption ont diminué, mais l’activité s’est à nouveau stabilisée après minuit. L’éruption reste assez soutenue et l’activité n’a pas diminué aussi rapidement que lors des éruptions précédentes le long de la chaîne de cratères de Sundhnúkur. À titre de comparaison, on estime que la coulée de lave actuelle est comparable aux éruptions les plus intenses à Fagradalsfjall.
La coulée de lave qui se déplace vers l’ouest a ralenti et s’est refroidie à sa surface. Cependant, il se peut que la lave continue à couler sous cette croûte solidifiée le long des digues de terre près de Svartsengi et du Blue Lagoon, même si son avancée a considérablement ralenti.
Selon les dernières mesures, le volume total de lave émise atteint environ 43 millions de mètres cubes, et couvre environ 8,5 kilomètres carrés. Cela représente environ 65 % du volume de la dernière éruption, qui a duré 14 jours.
Le sol continue de s’affaisser à Svartsengi, mais à un rythme plus lent qu’au début de l’éruption. Il est encore trop tôt pour dire si l’accumulation de magma reprendra sous Svartsengi.
Il existe un risque de pollution par les gaz volcaniques dans les zones proches de l’éruption, en particulier dans la partie sud-ouest du pays.
Source : Icelandic Met Office.

Il faut espérer que les digues de terre qui protègent Svartsengi et le Blue Lagoon tiendront le coup. Comme je l’écrivais précédemment, il serait bien que l’éruption ne dure pas encore trop longtemps (Crédit photo: Iceland Review)

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In an update released on the evening of November 25th, 2024, the Met Office gave some more information about the current eruption on the Reykjanes Peninsula.

Since November 24th in the evening, volcanic tremor and visible activity from the eruption have further diminished, but the activity stabilized again after midnight. Nevertheless, the eruption remains quite powerful, and the activity has not decreased as quickly as it had in previous eruptions in the Sundhnúkur crater row. For comparison, the current lava flow is estimated to be on par with the most vigorous eruptions at Fagradalsfjall.

The lava flow that has been travelling westward has slowed and cooled on the surface. However, lava may still continue to flow beneath this solidified crust toward the protective barriers near Svartsengi and the Blue Lagoon, though its advance has significantly slowed.

According to the latest measurements, the total volume of lava has reached about 43 million cubic meters, covering approximately 8.5 square kilometers. This is roughly 65% of the volume from the last eruption, which lasted 14 days.

Land continues to subside in Svartsengi, but at a slower rate than at the start of the eruption. It is still too early to determine whether magma accumulation will persist under Svartsengi.

There is a risk of volcanic pollution in the surrounding areas of the erauption, especially in the southwestern part of the country.

Source : Icelandic Met Office.

Quelques explications à propos de ma prévision éruptive

Plusieurs visiteurs de mon blog m’ont demandé comment j’avais réussi à prévoir le jour de la dernière éruption en Islande (mercredi 20 novembre 2024). À noter que je n’avais pas mentionné l’heure (23h14) ; la marche reste encore trop haute !

Pour arriver à cette prévision relativement précise (j’avais écrit « vers le 20 novembre »), j’ai pris en compte les différents volumes de magma accumulés au cours des différentes éruptions sur la Péninsule de Reykjanes, depuis le mois de décembre 2023. J’ai attentivement examiné leur évolution avant le déclenchement des éruptions, en appliquant des pondérations selon les événements. Mes calculs montraient que la lave n’attendrait pas forcément aussi longtemps que le prétendait le Met Office pour percer la surface. La pression exercée par le magma était déjà significative au début du moins de novembre quand j’ai publié ma prévision. J’expliquais que les dernières éruptions sur la péninsule de Reykjanes avaient suivi un scénario répétitif et que l’espace temporel entre les éruptions s’allongeait. On pouvait en conclure que des volumes de magma de plus en plus importants s’accumulaient entre les événements. La dernière éruption s’était terminée le 6 septembre 2024.
Début novembre, les volcanologues islandais pensaient que la situation resterait calme jusqu’à la mi-novembre. Selon mes calculs personnels, une éruption se produirait vers le 20 novembre. J’en étais toujours persuadé ces derniers jours quand le Met Office a fait savoir qu’une éruption était « peu probable » en novembre et qu’elle ne se produirait peut-être pas avant Noël. Je n’étais pas d’accord et je n’ai pas vraiment compris pourquoi les volcanologues islandais avaient changé leur fusil d’épaule…

Ma prévision a été bonne cette fois, mais il se peut que j’aie tout faux la prochaine fois. Un volcan fait à sa tête et nous avons encore bien du mal à pénétrer ses humeurs…

Crédit photo: Protection Civile