L’intelligence artificielle (IA) au service de la prévision sismique // Artificial Intelligence (AI) to help seismic prediction

La prévision sismique reste aujourd’hui l’un des maillons faibles de la science. Force est de constater que nous ne savons pas prévoir les séismes. Chaque fois que de puissantes secousses se produisent, le nombre de victimes est très élevé et les dégâts matériels sont souvent considérables.

Nous connaissons la plupart des zones où les séismes les plus puissants sont susceptibles de se produire, mais notre connaissance sismique s’arrête là. Pourtant, une zone sensible comme la Californie avec la Faille de San Andreas est truffée de sismographes qui fournissent une foule d’informations, mais nous ne savons pas suffisamment les interpréter pour éviter des catastrophes.

Il se pourrait qu’avec l’avènement de l’Intelligence Artificielle (IA) des progrès soient accomplis rapidement en matière de prévision. Le numéro de novembre 2024 du National Geographic raconte l’histoire de Zachary Ross, professeur adjoint de géophysique à l’Institut de Technologie (Caltech) de Californie.

Zachary Ross a cherché une nouvelle approche d’interprétation des signaux sismiques californiens. Il avait remarqué que la majorité des failles dans cet État génèrent de minuscules secousses et des ondes sismiques tellement faibles qu’elles sont difficilement décelables par l’Homme.

En 2017, le scientifique eut l’idée de transposer à la sismologie la technique du machine learning ou apprentiisage automatique utilisée pour l’IA, en particulier pour la gestion de grandes quantités de photos. Il s’est proposé de l’appliquer aux innombrables microséismes, parfois difficilement détectables, mais probablement révélateurs au niveau des failles, enregistrés en Californie.

Avec ses collègues, Zachary Ross a collecté tous les sismogrammes obtenus dans le sud de l’État. Il a ensuite établi des modèles d’ondes sismiques pour chacun d’entre eux et passé ces données au crible d’un algorithme pour qu’il recherche des secousses imperceptibles correspondant à ces modèles. Le résultat a révélé que près de deux millions de séismes survenus entre 2008 et 2017 – et non détectés – ont été identifiés par l’algorithme. Cela a permis de mettre en évidence un réseau complexe de failles qui n’avait pas été décelé jusqu’alors. Toutefois, l’algorithme n’a pu discerner des séismes que dans les données qu’il avait appris à reconnaître.

Zachary Ross s’est alors tourné vers des programmes de self-learning – ou auto-apprentissage – autrement dit des programmes se servant d’informations existantes pour prédire l’avenir, c’est à dire les ondes que pourrait émettre une plus grande variété de séismes. Ces outils ont effectivement repéré une foule de séismes méconnus, mais confirmés par les scientifiques.

Ces programmes d’auto-apprentissage ne se contentent pas d’identifier les séismes indétectables par l’Homme et les failles cachées. Une fois déployés à travers la Californie, ils ont révélé une nouvelle catégorie d’essaims sismiques à propagation lente.

On peut raisonnablement penser que ces programmes de machine learning, de plus en plus précis, donneront bientôt un aperçu plus précis de la croûte terrestre. Peut-être permettront ils d’améliorer la rapidité et l’exactitude des systèmes d’alerte précoce. Ils rejoindront inévitablement une gamme de plus en plus fournie d’outils reposant sur l’IA pour que les catastrophes sismiques soient moins destructrices.

Il reste toutefois un long chemin à parcourir avant que les humains et l’IA parviennent ensemble à une prévision sismique digne de ce nom.

Adapté d’un article paru dans le National Geographic France.

Région tourmentée de la Faille de San Andreas (Photos: C. Grandpey)

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Earthquake prediction remains one of the weak points in science today. Indeed, we are not able to predict earthquakes. Every time powerful tremors occur, the number of victims is very high and the material damage is often considerable.
We know most of the areas where the most powerful earthquakes are likely to occur, but our seismic knowledge does not go any further. A sensitive area like California with the San Andreas Fault is full of seismographs that provide a wealth of information, but we do not know how to interpret them to avoid disasters.
It is possible that with the advent of Artificial Intelligence (AI), progress will be made quickly in terms of prediction. The November 2024 issue of National Geographic tells the story of Zachary Ross, an assistant professor of geophysics at the California Institute of Technology (Caltech).
Zachary Ross was looking for a new approach to interpreting Californian seismic signals. He had noticed that most of the faults in this State generate tiny tremors and seismic waves so weak that they are difficult to detect by humans.
In 2017, the scientist had the idea of ​​transposing to seismology the machine learning technique used for AI, in particular for the management of large quantities of photos. He proposed to apply it to the countless microseisms, sometimes difficult to detect, but probably revealing at the level of the faults, recorded in California.
With his colleagues, Zachary Ross collected all the seismograms recorded in the southern part of the State. He then established seismic wave patterns for each of them and ran the data through an algorithm to look for imperceptible tremors that matched those patterns. The result was that nearly two million earthquakes that had occurred between 2008 and 2017—and had not been detected—were identified by the algorithm. This revealed a complex network of faults that had previously gone undetected. However, the algorithm could only discern earthquakes in data that it had learned to recognize.
Zachary Ross then turned to self-learning programs – programs that use existing information to predict the future, that is, the waves that a wider variety of earthquakes might emit. These tools did indeed detect a host of unknown earthquakes, but that scientists confirmed.
These self-learning programs don’t just identify earthquakes that humans can’t detect and hidden faults. When deployed across California, they revealed a new class of slow-moving seismic swarms.
It’s reasonable to assume that these increasingly accurate machine learning programs will soon provide a more precise view of the Earth’s crust. Perhaps they will help improve the speed and accuracy of early warning systems. They will inevitably join a growing range of AI-powered tools to make seismic disasters less destructive.
However, there’s still a long way to go before humans and AI can work together to predict earthquakes.
Adapted from an article in National Geographic France.

Volcans du monde // Volcanoes of the world

Voici quelques nouvelles de l’activité volcanique dans le monde :

Une brève mais violente éruption phréatique s’est produite sur le Dempo (Sumatra du Sud / Indonésie) dans l’après-midi du 23 novembre 2024. L’éruption avait sa source dans le cratère sommital et a projeté des panaches de cendres et de roches mêlés à de la vapeur. Voici une courte vidéo de l’événement :

https://twitter.com/i/status/1860291795994722653

Le panache de cendres s’est élevé à 200 mètres au-dessus du sommet et a atrteint, selon le VAAC de Darwin, 3,4 km au-dessus du niveau de la mer.
La couleur de l’alerte aérienne a été élevée à l’Orange, car il y avait une menace potentielle pour l’aviation.
L’éruption n’a entraîné aucun dégât ni blessé.
Il s’agit de la première éruption du Dempo depuis mai 2024.

Le Dempo est un stratovolcan andésitique s’élevant à 3 100 m ; il est situé dans l’arc volcanique de la Sonde. Il possède 2 sommets principaux situés près du bord sud-est d’un amphithéâtre de 3 km de large qui s’ouvre vers le nord.
Le cratère actif, qui mesure 0,7 km de large et 1,1 km de long, contient un lac à son extrémité nord-ouest. Les éruptions récentes du Dempo comprennent un événement de VEI 2 en juillet 2023 et un événement de VEI 1 en mai 2024. Environ 2,3 millions de personnes vivent dans un rayon de 100 km du Dempo.
Il s’agit de la première éruption depuis mai 2024.
Source : PVMBG, Smithsonian Institution.

 

Capture d’écran de la vidéo ci-dessus

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L’intensité de l’éruption sur la péninsule de Reykjanes (Islande) a diminué ces derniers jours. Les bouches actives au centre et au sud de la fracture éruptive le long de la chaîne de cratères Sundhnúkagígar semblent avoir cessé d’émettre de la lave. Cependant, la bouche la plus au nord est toujours active et les coulées de lave semblent se déplacer vers l’est en direction de Fagradalsfjall, bien qu’il ne soit pas exclu que la lave s’écoule toujours vers l’ouest sous la surface solidifiée. Ces derniers jours, les digues de terre ont été renforcées près de Svartsengi et du Blue Lagoon, et un débordement de lave a été copieusement arrosé pour tenter de freiner sa progression.

Pour le moment, il est impossible de dire si le soulèvement du sol reprendra à Svartsengi une fois l’éruption terminée.

Source : Met Office.

Capture d’écran de la bouche active

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Une activité éruptive a été observée à Ambrym (Vanuatu) en octobre et novembre 2024. En octobre, de petites émissions de vapeur provenant des cratères Benbow et Marum étaient visibles sur les images webcam. Une anomalie thermique de faible niveau au-dessus du volcan a été détectée sur des images satellites le 3 octobre, indiquant la présence de lave à la surface ou près de la surface. Les données sismiques ont confirmé une activité volcanique en cours. Le 12 novembre, une analyse interférométrique des données satellite a indiqué un mouvement de magma sous la surface. Le niveau d’alerte reste à 2 (sur une échelle de 0 à 5). Le public est prié de rester à l’extérieur de la zone de danger permanent A avec un rayon de 1 km autour du cratère du Benbow et un rayon de 2 km autour du cratère du Marum, et de rester à 500 m des fractures au sol ouvertes par l’éruption de décembre 2018.
Source : Vanuatu GeoHazards.

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L’activité éruptive se poursuit sur le Lewotobi Laki-laki (arc volcanique de la Sonde / Indonésie). Des panaches de cendres s’élèvent de 1 à 3 km au-dessus du sommet. Les images de la webcam montrent toujours une incandescence au sommet. Des grondements ont également été signalés. Le 23 novembre, 5 607 personnes se trouvaient dans des centres d’évacuation et 7 363 autres séjournaient dans d’autres endroits. Des membres de l’armée indonésienne ont été envoyés dans sept villages touchés par l’éruption pour aider au nettoyage et à la reconstruction des structures endommagées. Au moins 422 logements temporaires seront construits dans les deux prochains mois pour accueillir les familles déplacées. Le niveau d’alerte reste à 4 (sur une échelle de 1 à 4). La populations et les visiteurs ne doivent pas pénétrer dans un rayon de 7 km du Laki-laki et dans un rayon de 8 km sur les flancs sud-ouest, ouest et nord-ouest.
Source : PVMBG.

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Au Kamchatka, l’extrusion de lave s’est probablement poursuivie sur le dôme « 300 ans de RAS » du Sheveluch sur le flanc sud-ouest du Vieux Sheveluch et sur le dôme du Jeune Sheveluch au cours de la semaine dernière, mais les mauvaises conditions météorologiques ont empêché de bonnes observations. Des anomalies thermiques au-dessus de ces dômes ont été identifiées sur des images satellite. La couleur de l’alerte aérienne reste Orange (niveau 2 sur une échelle de quatre couleurs). Elle reste également Orange sur l’Ebeko et le Karymsky.
Source : KVERT.

Exemple d’activité sur le nouveau dôme (Crédit photo: KVERT)

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La sismicité sur l’Ulawun (Arc volcanique de Bismarck / Paoua-Nouvelle-Guinée) a augmenté le 19 novembre 2024, avec une possible hausse de la magnitude des signaux volcano-tectoniques. Le RVO a recommandé le déclenchement d’une alerte aérienne de niveau 1, sur une échelle de quatre niveaux.
Source : Observatoire Volcanologique de Rabaul (RVO).

Activité éruptive sur l’Ulawun (Source; Smithsonian Institution)

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L’activité éruptive se poursuit sur le Kanlaon (Philippines) avec des séismes volcaniques quotidiens. Les émissions de SO2 varient de 5 125 à 8 040 tonnes par jour. Les émissions de gaz et de vapeur s’élèvent généralement jusqu’à 300 m au-dessus du sommet, et jusqu’à 2,7 km d’altitude , selon le VAAC de Tokyo. Le niveau d’alerte reste à 2 (sur une échelle de 0 à 5).
Source : PHIVOLCS.

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L’activité reste globalement stable sur les autres volcans mentionnés dans les bulletins précédents « Volcans du monde ».
Ces informations ne sont pas exhaustives. Vous pourrez en obtenir d’autres en lisant le rapport hebdomadaire de la Smithsonian Institution :
https://volcano.si.edu/reports_weekly.cfm

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Here is some news about volcanic activity in the world:

A brief but intense phreatic eruption occurred at Dempo volcano (South Sumatra / Indonesia)in the afternoon of November 23rd, 2024. The eruption originated from the summit crater and expelled dense jets of light to dark gray ash and rocks mixed with white steam. Here is a short video of the event :

https://twitter.com/i/status/1860291795994722653

The ash plume rose 0.2 km above the summit, reaching 3.4 km above sea level.

The Aviation Color Code was raised to Orange, signaling a potential threat to aviation.

The eruption did not result in any damage or injuries.

This was the first eruption at Dempo since May 2024.

Dempo is an andesitic stratovolcano rising 3,100 m a.s.l. and is situated in the Sunda Volcanic Arc. It has 2 main peaks located near the southeast rim of a 3 km wide amphitheater that opens to the north.

The active crater which is 0.7 km wide and 1.1 km long contains a lake at its northwest end. Recent eruptions at Dempo include a VEI 2 event in July 2023 and a VEI 1 event in May 2024. Approximately 2.3 million people live within a 100 km radius from Dempo..

This was the first eruption at Dempo since May 2024.

Source : PVMBG, Smithsonian Institution.

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The intensity of the eruption on the Reykjanes Peninsula (Iceland) has been declining in the past days. The central and southern craters have most likely become inactive on the eruptive fissure along the Sundhnúkagígar crater chain. However, the northernmost crater is still active and lava flows appear to be moving eastward toward Fagradalsfjall, although it is not excluded that lava could still be flowing westward beneath the solidified surface. In the past days, the defense walls have been reinforced close to Svartsengi and the Blue Lagoon, and water has been sprayed to try and stop a lava overflow.

At the moment, it is impossible to say whether ground uplift will start again at Svartsengi oce the eruption is over.

Source : Met Office.

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Eruptive activity was observed at Ambrym (Vanuatu) during October and November 2024. In October small steam emissions from both Benbow and Marum craters were visible in webcam images. A low-level thermal anomaly over the volcano was detected in satellite images on 3 October indicating the presence of lava at or near the surface. Seismic data confirmed an ongoing volcanic activity. On 12 November interferometry analysis of satellite data indicated magma movement beneath the surface. The Alert Level remains at 2 (on a scale of 0-5). The public is asked to stay outside Permanent Danger Zone A, defined as a 1-km radius around Benbow Crater and a 2-km radius around Marum Crater, and to stay 500 m away from the ground cracks created by the December 2018 eruption.

Source : Vanuatu GeoHazards.

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Eruptive activity continues at Lewotobi Laki-laki (Sunda Volcanic Arc / Indonesia). Ash plumes rise 1-3 km above the summit. Webcam images still show incandescence at the summit. Rumbling has also been reported. On 23 November there were 5,607 people in evacuation centers and another 7,363 people staying in other locations. Members of the Indonesian Army were sent to seven affected villages to assist with clean up and recovery. At least 422 temporary housing units will be built within the next two months to accommodate displaced families. The Alert Level remains at 4 (on a scale of 1-4). Residents and visitors are prohibited within a radius of 7 km from the center of Laki-laki and within a radius of 8 km on the SW, W, and NW flanks.

Source : PVMBG.

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In Kamchatka, lava extrusion may have continued at Sheveluch’s “300 years of RAS” dome on the SW flank of Old Sheveluch and at the dome at Young Sheveluch in the past week, but poor weather conditions prevented good observations. Thermal anomalies over the domes were identified in satellite images. The Aviation Color Code remains at Orange (level 2 on a four-color scale). It also remains at Orange at Ebeko and Karymsky.

Source : KVERT..

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Seismicity at Ulawun (Bismarck Volcanic Arc / Pauua New Guinea) increased on 19 November 2024 and was characterized as an increase in the magnitude of possible volcano-tectonic signals. RVO recommended a declaration of Alert Level 1 on a four-level scale.

Source : Rabaul Volcano Observatory (RVO).

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Eruptive activity continues at at Kanlaon (Philippines) with daily volcanic earthquakes. SO2 emissions range from 5,125 to 8,040 tonnes per day. Gas-and-steam emissions usually rise as high as 300 m above the summit and then up to 2.7 km a.s.l., according to the Tokyo VAAC. The Alert Level remains at 2 (on a scale of 0-5).

Source : PHIVOLCS.

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Activity remains globally stable on other volcanoes mentioned in the previous bulletins « Volcanoes of the world ».

This information is not exhaustive. You can find more by reading the Smithsonian Institution’s weekly report:

https://volcano.si.edu/reports_weekly.cfm

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Neige, espèce en voie de disparition

Quand j’étais jeune adolescent dans ma Creuse natale, tous les hivers étaient blancs, avec une couche de neige pouvant atteindre plusieurs dizaines de centimètres. Les bonshommes de neige étaient légion. Je n’habitais pourtant pas sur le Plateau de Millevaches, mais en zone de basse altitude dans le nord-ouest du département. À l’École Primaire, les ‘grands’ en classe de Certificat d’études faisaient des glissades dans la cour de l’école, mais leur accès était strictement interdit par les instituteurs aux autres écoliers. Aujourd’hui, ce genre de divertissement a disparu et les professeurs des écoles qui l’autoriseraient risqueraient fort de se faire taper sur les doigts, avec le risque d’une mise en examen !

Météo-France vient ENFIN de reconnaître que « les paysages d’hiver couverts de neige en plaine deviennent une vision de plus en plus rare en France. Depuis environ une dizaine d’années, les épisodes de neige en plaine se font nettement moins nombreux et, lorsqu’ils ont lieu, ils sont souvent de courte durée.) Le graphique ci-dessous montre que le déclin de la neige en plaine a commencé vers 2010. Il faut toutefois se méfier des statistiques globales, car l’enneigement peut varier fortement d’une région de plaine à une autre.

 

Source : Météo-France

Selon Météo-France, « la chute de l’enneigement en plaine est en partie liée à l’augmentation des températures moyennes, une conséquence directe du changement climatique qui affecte notre pays. » Personnellement, je retirerais ‘en partie’ et je parlerais de ‘réchauffement climatique’ plus que de changement. On sait que Météo-France a mis longtemps à admettre, du bout des lèvres, l’existence du réchauffement climatique d’origine anthropique.

Le dernier hiver rigoureux accompagné d’épisodes neigeux significatifs a eu lieu en décembre 2010,

 

Neige en Limousin le 4 décembre 2021 (Photo : C. Grandpey)

Depuis, les hivers enneigés en plaine sont devenus exceptionnels et se limitent souvent à un ou deux épisodes de faible intensité où la neige ne tient généralement que quelques heures, comme ce fut le cas dans la moitié nord de la France il y a quelques jours, alors que la moitié sud bénéficiait de températures remarquablement douces, voire chaudes, pour la saison.

Météo-France ajoute : « Même si une forte variabilité entre les années continue d’être observée, les épisodes de neige en plaine, bien qu’encore présents, deviennent de plus en plus rares et éphémères, ne durant majoritairement que quelques heures. » On pourrait ajouter qu’il en va de même en montagne où les stations de sports d’hiver de basse et moyenne altitude ont intérêt à très rapidement diversifier leurs activités si elles ne veulent pas mettre la clé sous la porte.

Météo-France admet enfin que cette évolution est directement liée à l’augmentation des températures moyennes due au réchauffement climatique. « Pour que la neige puisse tomber en plaine, des conditions de froid sont requises, autant en altitude, qu’au sol. Avec des températures qui tendent à être de plus en plus douces, il devient davantage difficile d’atteindre ces conditions. »

Bien sûr, il peut y avoir des ratés et un hiver rigoureux peut venir s’intercaler entre deux saisons relativement chaudes, mais globalement, il faut s’attendre à voir la neige disparaître totalement en plaine. Selon Météo-France, « les projections climatiques indiquent une réduction continue de la durée d’enneigement en plaine d’ici à la fin du XXIe siècle. En fonction des scénarios d’émissions de gaz à effet de serre, la durée d’enneigement pourrait diminuer de plusieurs semaines, voire devenir quasi inexistante dans certaines régions. » La baisse de ces émissions n’étant pas à l’ordre du jour, il faut s’attendre à voir une diminution régulière des chutes de neige aussi bien en plaine qu’en montagne.

Avec la disparition de la neige, la hausse des températures et l’humidification de l’atmosphère, les épisodes pluvieux deviennent de plus en plus intenses, avec le risque d’inondations, comme on l’a vu ces derniers mois dans plusieurs régions de France.

Météo-France fait très justement remarquer que la baisse de l’enneigement en plaine pose des questions sur notre rapport à l’hiver et a des répercussions économiques et écologiques importantes : tourisme hivernal, recharge des nappes phréatiques et conséquences sur la disponibilité en eau douce, particulièrement lors des périodes de sécheresse estivale.

Il ne fait guère de doute que les souvenirs d’hivers blancs sont en train de se transformer progressivement en images rares .Les prochaines générations devront se contenter des photos laissées par leurs parents et grands-parents pour admirer les beaux paysages du Limousin sous la neige…

La Lune à nouveau à la mode // The Moon is back in fashion

Une nouvelle étude publiée le 15 novembre 2024 dans la revue Science confirme ce que l’on savait déjà : des volcans étaient en éruption sur la face cachée de la Lune il y a des milliards d’années, tout comme sur la face que nous pouvons voir. J’avais déjà publié un article sur ce sujet le 10 septembre 2024 :

https://claudegrandpeyvolcansetglaciers.com/2024/09/10/des-volcans-actifs-sur-la-lune-au-temps-des-dinosaures-active-volcanoes-on-the-moon-when-dinosaurs-roamed-earth/

Des chercheurs ont analysé le sol lunaire rapporté par la sonde chinoise Chang’e-6. Deux équipes ont daté des fragments de roche volcanique à environ 2,8 milliards d’années. Un échantillon était encore plus ancien, datant de 4,2 milliards d’années.
Les scientifiques savent qu’il y avait des volcans actifs sur la face visible de la Lune au cours d’une période similaire. Des études antérieures, notamment à partir des données fournies pat le Lunar Reconnaissance Orbiter de la NASA, laissaient supposer que la face cachée avait un passé volcanique elle aussi. Les premiers échantillons rapportés de cette région que nous ne voyons pas confirment un historique actif.
La Chine a lancé plusieurs engins spatiaux vers la Lune. En 2020, le vaisseau Chang’e-5 a rapporté des roches de la face visible de la Lune, les premières depuis celles collectées par les astronautes d’Apollo de la NASA et les engins spatiaux de l’Union soviétique dans les années 1970. Le vaisseau spatial Chang’e-4 est le premier à avoir visité la face cachée de la Lune en 2019.
La face cachée de la Lune est couverte de cratères et comporte moins de plaines que la face visible qui a été sculptée par des coulées de lave. La raison pour laquelle les deux faces de la Lune sont si différentes reste un mystère.
La nouvelle étude révèle qu’il y a eu plus d’un milliard d’années d’éruptions volcaniques sur la face cachée de la Lune. Les recherches futures permettront de déterminer comment cette activité a pu durer aussi longtemps.
Le programme lunaire de la Chine s’inscrit dans le cadre d’une rivalité avec les États-Unis et d’autres pays, dont le Japon et l’Inde. La Chine a envoyé un équipage de trois membres à bord de sa propre station spatiale en orbite autour de la Terre, et elle prévoit d’envoyer des astronautes sur la Lune d’ici 2030. D’autres missions de sonde lunaire chinoises sont prévues au cours des quatre prochaines années.
De son côté, la NASA prévoit sa première mission pilotée Artemis à la fin de l’année prochaine. Il s’agira d’envoyer trois astronautes de la NASA et un pilote canadien dans un voyage en boucle autour de la Lune avec retour sur Terre pour tester le vaisseau Orion destiné à transporter des équipages.

Source : U.S. News media.

Vue de la super lune du 15 novembre 2024.

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A new reserach published on November 15th, 2024 in the journal Science confirms what we already knew. I already posted an article on this topic on 10 September 2024 : Volcanoes were erupting on the far side of the moon billions of years ago just like on the side that we can see :

https://claudegrandpeyvolcansetglaciers.com/2024/09/10/des-volcans-actifs-sur-la-lune-au-temps-des-dinosaures-active-volcanoes-on-the-moon-when-dinosaurs-roamed-earth/

Researchers analyzed lunar soil brought back by China’s Chang’e-6. Two separate teams found fragments of volcanic rock that were about 2.8 billion years old. One piece was even more ancient, dating back to 4.2 billion years.

Scientists know there were active volcanoes on the near side, the part of the moon seen from Earth, dating back to a similar time frame. Previous studies, including data from NASA’s Lunar Reconnaissance Orbiter, suggested the far side might also have a volcanic past. The first samples from that region facing away from Earth confirm an active history.

China has launched several spacecraft to the moon. In 2020, the Chang’e-5 spacecraft returned moon rocks from the near side, the first since those collected by NASA’s Apollo astronauts and Soviet Union spacecraft in the 1970s. The Chang’e-4 spacecraft became the first to visit the moon’s far side in 2019.

The moon’s far side is pockmarked by craters and has fewer of the near side’s flat, dark plains carved by lava flows. Why the two halves are so different remains a mystery.

The new research reveals over 1 billion years of volcanic eruptions on the lunar far side. Future research will determine how the activity lasted so long.

China’s moon program is part of a growing rivalry with the U.S. and others, including Japan and India. China launched a three-member crew on its own space station orbiting the Earth, and it aims to put astronauts on the moon by 2030. More Chinese lunar probe missions are planned over the next four years.

On its side, NASA plans its first piloted Artemis mission late next year, launching three NASA astronauts and a Canadian flyer on a looping voyage around the moon and back to test the agency’s Orion crew transport ship.

Source : U.S. News media.