Eruption du Mauna Loa en 2022 : une histoire de caldeiras// Calderas during the 2022 Mauna Loa eruption

La dernière éruption du Mauna Loa a commencé juste avant minuit le 27 novembre 2022. Les premières fissures qui se sont ouvertes dans le plancher de la caldeira étaient visibles sur les webcams ; ensuite, l’activité s’est déplacée vers le sud, hors du champ de vision des webcams.
Les bulletins officiels du HVO ont indiqué que les premières bouches éruptives se trouvaient à l’intérieur de la caldeira sommitale Mokuʻāweoweo. Dans le même temps, des coulées de lave étaient visibles depuis Kona où les habitants pouvaient voir la lave descendre le flanc ouest du volcan. Ils étaient inquiets, convaincus que la lave s’écoulait à l’extérieur de la caldeira.
La plupart des gens connaissent Mokuʻāweoweo, la caldeira intérieure du Mauna Loa. Cependant, il existe également une caldeira extérieure, ce qui est également vrai pour le Kilauea. La caldeira extérieure sud du Mauna Loa est recouverte par les coulées de lave des siècles passés (voir la ligne blanche en pointillés sur la carte ci-dessous). Trois cratères indépendants dominent cette zone du nord au sud : South Pit dans la caldeira Mokuʻāweoweo, Luahohonu et Luahou. Ces pit craters se trouvent dans la caldeira extérieure et ne font pas partie de la zone de rift sud-ouest. La ligne blanche sur la carte indique les parties nord, est et sud-est de la caldeira extérieure.
La limite approximative entre la caldeira et la zone de rift sud-ouest est l’endroit où ces fissures circonférentielles traversent la zone de rift. De nouvelles fissures qui traverseraient ces fissures circonférentielles indiqueraient que l’éruption migre vers une zone de rift. Parfois, les fissures se dirigent vers la limite extérieure de la caldeira, avant de prendre la direction opposée. C’est ce qui s’est passé lors des éruptions de 1935, 1942 et 1984.
Le HVO a indiqué que les premières fissures apparues en 2022 étaient confinées dans la zone sommitale du Mauna Loa. Pourtant, des photos de nuit prises depuis Kona montraient des coulées de lave qui descendaient le versant ouest. L’utilisation par l’Observatoire de l’expression « zone sommitale » a pu semer la confusion chez certains habitants de Kona qui pensaient que l’Observatoire faisait référence à la caldeira intérieure. Les coulées observées depuis Kona provenaient de 3 kilomètres de fissures dans la caldeira extérieure sud du Mauna Loa. Lorsque la lave est émise dans cette zone, elle est visible de loin car il n’y a pas de parois de caldeira pour entraver la vue du côté ouest.
Par la suite, les cartes ont révélé que 2 kilomètres de fissures s’étiraient entre la caldeira extérieure et la partie la plus élevée de la zone de rift sud-ouest, et qu’un peu de lave était émis par ces fissures. Au total, 8 kilomètres de fissures se sont ouvertes pendant l’éruption du Mauna Loa en 2022 sur le plancher central et sud de la caldeira extérieure pendant la nuit du 27 au 28 novembre.
Lors du premier survol de l’éruption à l’aube du 28 novembre, toutes les fissures de la caldeira intérieure, de la caldeira extérieure sud et de la zone supérieure du rift sud-ouest avaient cessé d’émettre de la lave et montraient seulement de l’incandescence. Dans le même temps un nouvel ensemble de fissures avait commencé à s’ouvrir sur la zone de rift nord-est. Les trois fissures les plus basses ont été baptisées Fissures 1, 2 et 3. La fissure 4 s’est ouverte deux jours plus tard, le 29 novembre 2022.
Au total, quelque 17 kilomètres de fissures se sont ouvertes dans la partie supérieure du rift sud-ouest, la caldeira extérieure sud et centrale, ainsi que la zone du rift nord-ouest lors de l’éruption du Mauna Loa en 2022.
Source : USGS/HVO.

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The 2022 Mauna Loa eruption began just before midnight on November 27th, 2022.  The first caldera floor fissures were visible in webcams; however, the activity flowed south, outside of the view of the webcams.

Official statements from the Hawaiian Volcano Observatory noted that initial vents were within the summit Mokuʻāweoweo caldera. But at the same time lava flows were reported visible from Kona where residents could see lava flows descending the western flank of the volcano. They were concerned, feeling that lava was outside of the caldera.

Most people are familiar with Mokuʻāweoweo, the inner caldera at Mauna Loa. However, there is also an outer caldera, which is also true at Kilauea. Mauna Loa’s southern outer caldera is buried under lava flows from the past centuries (see white dashed line on map). Three distinctive pit craters dominate this area from north to south: South Pit in Mokuʻāweoweo, Luahohonu and Luahou. These pit craters are within the outer caldera, and not part of the Southwest Rift Zone. The white line on the map indicates the northern, eastern and southeastern portions of the outer caldera.

The approximate boundary between the caldera and the Southwest Rift Zone is where these circumferential cracks cross the rift zone. Fissures that cross these circumferential cracks would indicate that the eruption is migrating into a rift zone. Sometimes fissures run right up to the outer caldera boundary and then head in the opposite direction. This is what happened during eruptions in 1935, 1942 and 1984.

Hawaiian Volcano Observatory stated that initial 2022 fissures were restricted to the summit area.  Yet, overnight photographs from Kona showed lava flows descending the western slope. The Observatory’s use of the phrase “summit region” may have caused confusion for some Kona residents who thought the observatory was referring to the “inner caldera.” The flows seen from Kona were coming from 3 kilometers of fissures in the south outer caldera. When lava is erupting from this area it is visible because there are no major caldera walls obscuring the view of the western flank.

Later mapping revealed that 2 kilometers of fissures extended from the outer caldera into the uppermost extent of the Southwest Rift Zone, with minor lava being emitted from those fissures. In total, the 2022 eruption of Mauna Loa saw 8 kilometers of fissures open across the central and southern outer caldera floor during the night of November 27th and 28th.

By the first eruption overflight at dawn on November 28th, all fissures in the inner caldera, southern outer caldera, and the uppermost Southwest Rift Zone had stopped erupting and were incandescent glowing cracks. And, a new set of fissures had begun to form on the Northeast Rift Zone. The three lowest elevation fissures were erupting during the initial overflight and named fissure 1 to 3.  Fissure 4 opened two days later, on November 29th, 2022.

In total, about 17 kilometers of fissures spanned the uppermost Southwest Rift Zone, the southern and central outer caldera, and the Northwest Rift Zone during the 2022 eruption of Mauna Loa.

Source : USGS / HVO.

Source: USGS HVO

Vue aérienne de la caldeira Mokuʻāweoweo (Crédit photo: USGS)

Vue au sol de la caldeira Mokuʻāweoweo, avec le South Pit (Photo: C. Grandpey)

Image thermique de la lave dans le cratère sommital

Image des premières heures de l’éruption (Crédit photo: USGS)

 

Feu rouge à La Fossa de Vulcano (Iles Eoliennes)

Comme je l’ai indiqué précédemment, la réouverture de l’accès au cratère de La Fossa à Vulcano est soumise à certaines conditions, la première étant, bien sûr, le comportement du volcan et des panaches de gaz sur la lèvre nord. La direction du vent est également à prendre en compte et l’accès au volcan sera fermé si les gaz sont rabattus sur le nouveau sentier. Un système de caméras et de feux rouge / vert a été mis en place..

Le 29 avril 2023, le feu s’est mis au Rouge – accès interdit – car le vent poussait le panache de gaz vers le sentier. Des touristes qui s’apprêtaient à effectuer l’ascension du volcan au petit matin se sont retrouvés face au feu rouge, décision prise par la Protection civile.

L’accès étant contrôlé par des caméras, je déconseille fortement de braver l’interdiction. Il est bon de rappeler que plusieurs touristes ont reçu des amendes salées pour avoir atteint le cratère malgré l’interdiction qui avait été décrétée précédemment.

Source : La Sicilia.

Feu rouge = accès interdit (Crédit photo: La Sicilia)

Fermeture du Parc national du Vésuve à cause du risque d’une explosion…de joie !

Les autorités en charge du Parc national du Vésuve à Naples ont annoncé qu’elles fermeraient l’accès au volcan le 29 avril 2023, avant le match du 30 avril, susceptible de donner le titre de champion d’Italie au Napoli, l’équipe de football locale. Si la Lazio perd contre l’Inter Milan lors du match qui se jouera auparavant le 30 avril, le Napoli, pourrait remporter son premier titre de champion d’Italie en 33 ans en cas de victoire contre la Salernitana.
Les autorités sont inquiètes car il a été fait état d’utilisation de bombes fumigènes bleues et de feux d’artifice puissants à l’intérieur du cratère qui est décrit comme un « endroit fragile et intrinsèquement dangereux ». Certains supporters du Napoli entendent célébrer la probable victoire de leur équipe en organisant une simulation d’éruption du Vésuve, avec une « invasion » et l’allumage de fumigènes tricolores au sommet du cratère.
Les autorités ont déclaré qu’elles « considèrent cette initiative comme dangereuse et irréalisable car elle se déroulerait au cœur du Parc. De telles célébrations pourraient causer des dommages aux personnes et aux choses, et, en particulier, à la flore et à la faune du Parc national du Vésuve ainsi qu’aux structures et aux systèmes technologiques qui sont présents. »
Les unités de police locale et la police militaire des carabiniers seront en nombre suffisant pour protéger les entrées et l’accès au Parc national. .
Source : médias d’information italiens.

Le cratère du Vésuve (Photo: C. Grandpey)

Réchauffement climatique : la grande sécheresse de la Corne de l’Afrique // Global warming: The great Horn of Africa drought

De plus en plus de régions du monde doivent faire face à de graves sécheresses à cause du réchauffement climatique. L’Afrique de l’Est est l’une d’elles. La région est confrontée à la pire sécheresse depuis au moins 40 ans. Elle a déplacé plus d’un million de personnes et poussé des millions d’autres au bord de la famine. Une étude récente de la World Weather Attribution, un ensemble de scientifiques qui analysent le rôle du réchauffement climatique dans les événements météorologiques extrêmes, confirme que cette situation désastreuse ne se serait pas produite sans le réchauffement climatique d’origine anthropique.
Les chercheurs expliquent que la hausse des températures à l’échelle mondiale, en grande partie à cause de la combustion de combustibles fossiles, a perturbé les conditions météorologiques qui apportent généralement des précipitations en Éthiopie, au Kenya et en Somalie. L’automne dernier, les pluies saisonnières ont fait défaut, pour la cinquième saison consécutive, un record. La hausse des températures a également entraîné l’évaporation d’une plus grande quantité d’humidité, ce qui a entraîné un dessèchement des terres cultivées et affamé des millions de têtes de bétail.
Avec des températures globales supérieures d’environ 1,2 °C à la moyenne préindustrielle, les scientifiques affirment que des sécheresses comme celle qui sévit en ce moment sont 100 fois plus probables qu’elles ne le seraient dans un monde moins chaud. Cette situation souligne les effets dévastateurs du réchauffement climatique dans les pays en voie de développement. Comme leurs responsables ne cessent de le répéter lors des Conférences des Parties (COP), ils ne contribuent pas, ou peu, au problème du réchauffement de la planète et disposent de beaucoup moins de ressources que les pays industrialisés – les plus pollueurs – pour y faire face. Les auteurs de l’étude espèrent qu’elle contribuera à galvaniser le soutien financier aux nations les plus vulnérables alors qu’elles sont confrontées à des dommages climatiques irréversibles.
La Corne de l’Afrique connaît généralement deux saisons des pluies : les « longues pluies » de mars à mai et les « courtes pluies » en octobre et novembre. Entre l’automne 2020 et la fin de l’année 2022, chacune de ces saisons a été bien inférieure à la moyenne et plusieurs bassins fluviaux connaissent leurs plus faibles cumuls de précipitations depuis 1981.
Le réchauffement climatique a été particulièrement problématique pour les ‘longues pluies’. Elles sont générées par la Zone de convergence intertropicale (ITCZ), une bande de nuages qui encercle la Terre autour de l’équateur. Au printemps, l’ITCZ suit généralement le soleil vers le nord, ce qui apporte des pluies saisonnières indispensables à l’Éthiopie, au Kenya et à la Somalie. La ceinture de pluie commence à fluctuer à mesure que les températures augmentent. Un rapport récent du GIEC a révélé que l’ITCZ devient probablement plus étroite avec des précipitations plus intenses, ce qui entraîne des inondations en Afrique de l’Ouest et la sécheresse à l’Est. Les chercheurs estiment que le réchauffement climatique a pratiquement doublé le risque d’une saison de ‘longues pluies’ plus réduite.
Plus problématique que la réduction des pluies, le paysage s’est asséché avec les températures plus chaudes. Pour chaque degré Celsius de réchauffement, les scientifiques ont découvert que l’atmosphère peut absorber environ 7 % d’humidité en plus. Dans ces conditions, l’atmosphère a littéralement aspiré l’eau des plantes et des sols de la région, plongeant de vastes zones dans une sécheresse exceptionnelle.
Dans une région où la plupart des gens sont employés dans l’agriculture et où peu de communautés disposent de systèmes d’irrigation ou de stockage de l’eau à long terme, les conséquences sont désastreuses. Les agriculteurs dont les récoltes sont mauvaises n’ont souvent pas les moyens d’acheter de nouvelles semences pour la saison suivante. La plupart des éleveurs n’ont pas accès à une assurance ; lorsque leur bétail meurt, ils sont forcés d’abandonner les moyens de subsistance qui ont permis à leurs familles de vivre pendant des générations.
À la fin de 2022, le Programme alimentaire mondial a révélé qu’environ 23 millions de personnes en Éthiopie, au Kenya et en Somalie étaient en « grave insécurité alimentaire », ce qui signifie qu’elles étaient à court de nourriture et passaient un jour ou plus sans manger. Près d’un million d’enfants souffraient de malnutrition aiguë. Un autre million de personnes ont été forcées de quitter leur foyer à la recherche de nourriture, d’eau et de travail.
La pluie est enfin revenue dans la Corne de l’Afrique ce printemps 2023. Mais au lieu d’apporter l’eau nécessaire au paysage aride, les fortes précipitations ont noyé les terres agricoles et inondé les pâturages. Les cours d’eau en crue ont débordé les berges et emporté la couche arable. Ces pluies exceptionnellement intenses n’ont donc pas permis à la région à se remettre de la sécheresse historique.
Alors que les émissions globales de gaz à effet de serre continuent d’augmenter et que les températures moyennes augmentent elles aussi chaque année, les conditions météorologiques dans la Corne de l’Afrique devraient devenir encore plus aléatoires. On peut lire dans l’étude : « Il y aura des années très sèches probablement suivies de fortes inondations. Il y aura beaucoup plus d’événements extrêmes auxquels les gens devront faire face. »
Source : médias d’information internationaux.

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More and more regions of the world have to face severe droughts because of global warming. East Africa is one of them. The region is confronted with the worst drought in at least 40 years. It has displaced more than a million people and pushed millions more to the brink of famine. A recent study from the World Weather Attribution, a coalition of scientists who analyze the role of climate change in extreme weather events, confirms that this disastrous situation would not have happned without human-caused global warming.

The researchers explain that rising global temperatures, largely from burning fossil fuels, have disrupted the weather patterns that typically bring rainfall to Ethiopia, Kenya and Somalia. Last autumn, the seasonal rains failed for a never seen before fifth season in a row. Hotter conditions have also caused more moisture to evaporate from the landscape, desiccating croplands and causing millions of livestock to starve.

With global temperatures about 1.2°C higher than the preindustrial average, scientists say that droughts like the current one are 100 times more likely than they would be in a cooler world. This situation underscores the devastating effects of global warming in developing countries. As their leader keep repeating during the Conferences of Parties (COP), they did little to contribute the problem and have far fewer resources to cope. The authors of the study hope it will help galvanize financial support for the world’s most vulnerable nations as they face irreversible climate harms.

The Horn of Africa typically experiences two rainy seasons : the “long rains” from March to May and the “short rains” in October and November. From the autumn of 2020 to the end of 2022, each of these seasons has been far below average, with several river basins having to face their lowest rainfall totals since 1981.

Global warming has been particularly problematic for the long rains. These are generated by the Intertropical Convergence Zone (ITCZ), a band of clouds that encircles the Earth around the equator. In springtime, the ITCZ usually follows the sun northward, providing Ethiopia, Kenya and Somalia with much-needed seasonal rains. Yet the rain belt starts fluctuating as temperatures rise. A recent report from the IPCC found that the ITCZ is likely getting narrower and more intense — leading to floods in West Africa and drought in the East. The researchers estimate that human-caused warming has roughly doubled the chance of a weak long rain season.

More problematic than the weakened rains is the way the landscape dried out amid higher temperatures. For every degree Celsius of warming, scientists have found, the atmosphere can hold about 7 percent more moisture. This warmer, thirstier atmosphere literally sucked water out of the region’s plants and soils, pushing large swaths of the region into an exceptional drought.

In a region where most people are employed in agriculture and few communities have irrigation systems or long-term water storage, the consequences have been profound. Farmers whose crops fail often cannot afford to purchase new seed for the next season’s planting. Most herders have no access to insurance; when their cattle die, they are forced to abandon the livelihood that has sustained their families for generations.

By the end of 2022, the World Food Program said that roughly 23 million people in Ethiopia, Kenya and Somalia were “severely food insecure”, meaning they had run out of food and gone a day or more without eating. Nearly a million children suffered from acute malnutrition. Another million people were forced to leave their homes in search of food, water and work.

Rain finally returned to the Horn of Africa this spring. But instead of quenching the parched landscape, the storms drowned farm fields and deluged pastures. Floodwaters overtopped riverbanks and washed away topsoil. As a consequence, these unusually intense rains did not help the region recover from the historic drought.

With global greenhouse gas emissions still increasing, and average temperatures getting hotter every year, the weather in the Horn of Africa is expected to become even more erratic. One can read in the study : « There will be very dry years probably followed by heavy floods. There will be a lot more extreme events people have to be able to deal with. »

Source : International news media.

 

Carte montrant la sécheresse dans la Corne de l’Afrique entre octobre 2022 et janvier 2023. Les zones en orange sont en état de crise, celles en rouge en urgence alimentaire (Source : Famine Early Warning System)