Réchauffement climatique : la grande sécheresse de la Corne de l’Afrique // Global warming: The great Horn of Africa drought

De plus en plus de régions du monde doivent faire face à de graves sécheresses à cause du réchauffement climatique. L’Afrique de l’Est est l’une d’elles. La région est confrontée à la pire sécheresse depuis au moins 40 ans. Elle a déplacé plus d’un million de personnes et poussé des millions d’autres au bord de la famine. Une étude récente de la World Weather Attribution, un ensemble de scientifiques qui analysent le rôle du réchauffement climatique dans les événements météorologiques extrêmes, confirme que cette situation désastreuse ne se serait pas produite sans le réchauffement climatique d’origine anthropique.
Les chercheurs expliquent que la hausse des températures à l’échelle mondiale, en grande partie à cause de la combustion de combustibles fossiles, a perturbé les conditions météorologiques qui apportent généralement des précipitations en Éthiopie, au Kenya et en Somalie. L’automne dernier, les pluies saisonnières ont fait défaut, pour la cinquième saison consécutive, un record. La hausse des températures a également entraîné l’évaporation d’une plus grande quantité d’humidité, ce qui a entraîné un dessèchement des terres cultivées et affamé des millions de têtes de bétail.
Avec des températures globales supérieures d’environ 1,2 °C à la moyenne préindustrielle, les scientifiques affirment que des sécheresses comme celle qui sévit en ce moment sont 100 fois plus probables qu’elles ne le seraient dans un monde moins chaud. Cette situation souligne les effets dévastateurs du réchauffement climatique dans les pays en voie de développement. Comme leurs responsables ne cessent de le répéter lors des Conférences des Parties (COP), ils ne contribuent pas, ou peu, au problème du réchauffement de la planète et disposent de beaucoup moins de ressources que les pays industrialisés – les plus pollueurs – pour y faire face. Les auteurs de l’étude espèrent qu’elle contribuera à galvaniser le soutien financier aux nations les plus vulnérables alors qu’elles sont confrontées à des dommages climatiques irréversibles.
La Corne de l’Afrique connaît généralement deux saisons des pluies : les « longues pluies » de mars à mai et les « courtes pluies » en octobre et novembre. Entre l’automne 2020 et la fin de l’année 2022, chacune de ces saisons a été bien inférieure à la moyenne et plusieurs bassins fluviaux connaissent leurs plus faibles cumuls de précipitations depuis 1981.
Le réchauffement climatique a été particulièrement problématique pour les ‘longues pluies’. Elles sont générées par la Zone de convergence intertropicale (ITCZ), une bande de nuages qui encercle la Terre autour de l’équateur. Au printemps, l’ITCZ suit généralement le soleil vers le nord, ce qui apporte des pluies saisonnières indispensables à l’Éthiopie, au Kenya et à la Somalie. La ceinture de pluie commence à fluctuer à mesure que les températures augmentent. Un rapport récent du GIEC a révélé que l’ITCZ devient probablement plus étroite avec des précipitations plus intenses, ce qui entraîne des inondations en Afrique de l’Ouest et la sécheresse à l’Est. Les chercheurs estiment que le réchauffement climatique a pratiquement doublé le risque d’une saison de ‘longues pluies’ plus réduite.
Plus problématique que la réduction des pluies, le paysage s’est asséché avec les températures plus chaudes. Pour chaque degré Celsius de réchauffement, les scientifiques ont découvert que l’atmosphère peut absorber environ 7 % d’humidité en plus. Dans ces conditions, l’atmosphère a littéralement aspiré l’eau des plantes et des sols de la région, plongeant de vastes zones dans une sécheresse exceptionnelle.
Dans une région où la plupart des gens sont employés dans l’agriculture et où peu de communautés disposent de systèmes d’irrigation ou de stockage de l’eau à long terme, les conséquences sont désastreuses. Les agriculteurs dont les récoltes sont mauvaises n’ont souvent pas les moyens d’acheter de nouvelles semences pour la saison suivante. La plupart des éleveurs n’ont pas accès à une assurance ; lorsque leur bétail meurt, ils sont forcés d’abandonner les moyens de subsistance qui ont permis à leurs familles de vivre pendant des générations.
À la fin de 2022, le Programme alimentaire mondial a révélé qu’environ 23 millions de personnes en Éthiopie, au Kenya et en Somalie étaient en « grave insécurité alimentaire », ce qui signifie qu’elles étaient à court de nourriture et passaient un jour ou plus sans manger. Près d’un million d’enfants souffraient de malnutrition aiguë. Un autre million de personnes ont été forcées de quitter leur foyer à la recherche de nourriture, d’eau et de travail.
La pluie est enfin revenue dans la Corne de l’Afrique ce printemps 2023. Mais au lieu d’apporter l’eau nécessaire au paysage aride, les fortes précipitations ont noyé les terres agricoles et inondé les pâturages. Les cours d’eau en crue ont débordé les berges et emporté la couche arable. Ces pluies exceptionnellement intenses n’ont donc pas permis à la région à se remettre de la sécheresse historique.
Alors que les émissions globales de gaz à effet de serre continuent d’augmenter et que les températures moyennes augmentent elles aussi chaque année, les conditions météorologiques dans la Corne de l’Afrique devraient devenir encore plus aléatoires. On peut lire dans l’étude : « Il y aura des années très sèches probablement suivies de fortes inondations. Il y aura beaucoup plus d’événements extrêmes auxquels les gens devront faire face. »
Source : médias d’information internationaux.

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More and more regions of the world have to face severe droughts because of global warming. East Africa is one of them. The region is confronted with the worst drought in at least 40 years. It has displaced more than a million people and pushed millions more to the brink of famine. A recent study from the World Weather Attribution, a coalition of scientists who analyze the role of climate change in extreme weather events, confirms that this disastrous situation would not have happned without human-caused global warming.

The researchers explain that rising global temperatures, largely from burning fossil fuels, have disrupted the weather patterns that typically bring rainfall to Ethiopia, Kenya and Somalia. Last autumn, the seasonal rains failed for a never seen before fifth season in a row. Hotter conditions have also caused more moisture to evaporate from the landscape, desiccating croplands and causing millions of livestock to starve.

With global temperatures about 1.2°C higher than the preindustrial average, scientists say that droughts like the current one are 100 times more likely than they would be in a cooler world. This situation underscores the devastating effects of global warming in developing countries. As their leader keep repeating during the Conferences of Parties (COP), they did little to contribute the problem and have far fewer resources to cope. The authors of the study hope it will help galvanize financial support for the world’s most vulnerable nations as they face irreversible climate harms.

The Horn of Africa typically experiences two rainy seasons : the “long rains” from March to May and the “short rains” in October and November. From the autumn of 2020 to the end of 2022, each of these seasons has been far below average, with several river basins having to face their lowest rainfall totals since 1981.

Global warming has been particularly problematic for the long rains. These are generated by the Intertropical Convergence Zone (ITCZ), a band of clouds that encircles the Earth around the equator. In springtime, the ITCZ usually follows the sun northward, providing Ethiopia, Kenya and Somalia with much-needed seasonal rains. Yet the rain belt starts fluctuating as temperatures rise. A recent report from the IPCC found that the ITCZ is likely getting narrower and more intense — leading to floods in West Africa and drought in the East. The researchers estimate that human-caused warming has roughly doubled the chance of a weak long rain season.

More problematic than the weakened rains is the way the landscape dried out amid higher temperatures. For every degree Celsius of warming, scientists have found, the atmosphere can hold about 7 percent more moisture. This warmer, thirstier atmosphere literally sucked water out of the region’s plants and soils, pushing large swaths of the region into an exceptional drought.

In a region where most people are employed in agriculture and few communities have irrigation systems or long-term water storage, the consequences have been profound. Farmers whose crops fail often cannot afford to purchase new seed for the next season’s planting. Most herders have no access to insurance; when their cattle die, they are forced to abandon the livelihood that has sustained their families for generations.

By the end of 2022, the World Food Program said that roughly 23 million people in Ethiopia, Kenya and Somalia were “severely food insecure”, meaning they had run out of food and gone a day or more without eating. Nearly a million children suffered from acute malnutrition. Another million people were forced to leave their homes in search of food, water and work.

Rain finally returned to the Horn of Africa this spring. But instead of quenching the parched landscape, the storms drowned farm fields and deluged pastures. Floodwaters overtopped riverbanks and washed away topsoil. As a consequence, these unusually intense rains did not help the region recover from the historic drought.

With global greenhouse gas emissions still increasing, and average temperatures getting hotter every year, the weather in the Horn of Africa is expected to become even more erratic. One can read in the study : « There will be very dry years probably followed by heavy floods. There will be a lot more extreme events people have to be able to deal with. »

Source : International news media.

 

Carte montrant la sécheresse dans la Corne de l’Afrique entre octobre 2022 et janvier 2023. Les zones en orange sont en état de crise, celles en rouge en urgence alimentaire (Source : Famine Early Warning System)

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