La fonte des glaciers alpins (suite)

Les glaciers de la Meije.

Je rentre d’un séjour dans les Alpes où je voulais voir l’évolution de la fonte des glaciers. En ce mois de septembre 2021, j’avais opté pour les glaciers du massif de la Meije et en particulier celui de la Girose dont un projet de prolongement du téléphérique actuel enflamme le village de La Grave, bien connu de ceux qui, comme moi, ont escaladé à vélo le Col du Lautaret avant de s’attaquer au mythique col du Galibier.

Ma dernière visite dans ce secteur des Hautes Alpes remontait à 2017, année où j’étais également allé explorer les superbes ophiolites du Chenaillet, pas très loin du col du Montgenèvre.

Pour observer l’ensemble des glaciers de la Meije, je me suis hissé au village du Chazelet qui offre un superbe panorama sur la massif. Sans être vraiment surpris, j’ai pu constater que les différentes langues de glace, que ce soit celles du Tabuchet, de la Meije ou du Rateau, continuent leur implacable recul, s’amincissent et raccourcissent à vue d’oeil. Au train où vont les choses, il n’y aura plus trace de glace sur la roche dans un très proche avenir.

 

Je me suis ensuite rendu à La Grave où j’ai pris le téléphérique des Glaciers de la Meije qui, en deux étapes et en déboursant 30 euros aller-retour atteint 3200 mètres d’altitude et fait débarquer les passagers en bordure du glacier de la Girose.

N’ayant jamais effectué cette excursion dans le passé, je ne peux pas établir de comparaison, mais les employés du site avec lesquels j’ai discuté m’ont montré le niveau que la glace atteignait il y a seulement deux décennies. J’ai aussi compris que l’expression « réchauffement climatique » était assez tabou dans la région. Il est bien évident que s’il arrête de faire froid, la neige va devenir de la pluie et l’or blanc va faire cruellement défaut.

Cette volonté d’ignorer le réchauffement climatique et la perspective d’hivers sans neige trouve son couronnement dans un projet qualifié de pharaonique par certains. Il consisterait à prolonger le téléphérique actuel en lui faisant effectuer un bond au-dessus du glacier de la Girose, jusqu’au Dôme de la Lauze à 3500 m d’altitude.

Ce projet fracture en ce moment le village de La Grave. Certains pensent qu’il est nécessaire à la survie de la station – en permettant de rejoindre le domaine de ski des Deux-Alpes, si mes sources sont exactes – tandis que d’autres sont persuadés qu’il va dénaturer la montagne. A l’heure actuelle, le chantier a été retardé car l’administration demande des études complémentaires, et il ne devrait pas reprendre avant 2022.

Pour en revenir à la fonte des glaciers, il faut lui associer le dégel du permafrost qui, comme je l’ai souvent souligné, scelle les roches en profondeur à haute altitude et les empêche de s’effondrer. J’ai déjà mentionné les effondrements des Drus en 2005 et de l’arête des Cosmiques en 2018. Il ne faudrait pas oublier celui qui a eu lieu dans le Parc des Ecrins, à La Meije, en août 2018 et plus récemment dans l’impressionnante face nord de l’Olan le 1er septembre 2019. La Meije quant à elle, a connu son plus spectaculaire effondrement en 1964. Mais le réchauffement climatique a causé de nouveaux déboires depuis cette époque. En 2017, le refuge du Promontoire a reçu de plein fouet plusieurs blocs qui se sont détachés de l’amont. En 2018, c’est une partie du pic du Glacier Carré qui s’est effondrée sur le glacier éponyme, réduisant à néant le cheminement de la voie normale.

Source: Parc National des Ecrins

En conclusion, le réchauffement climatique poursuit son œuvre de destruction dans les Alpes. Certaines années, comme 2021, peuvent paraître moins catastrophiques car les canicules ont été moins sévères, mais c’est l’évolution globale du climat qu’il faut prendre en compte et elle n’est pas bonne.

Evettes, Grand Motte, Pisaillas.

Les conditions météo étant optimales en ce début du mois de septembre, j’ai décidé de prolonger mon séjour alpin en basculant côté Maurienne, après avoir franchi les cols du Montgenèvre et du Mont Cenis.

Il y a une vingtaine d’années, j’avais emprunté le sentier qui part du parking de l’Ecot, près du superbe village de Bonneval-sur-Arc, pour atteindre le Cirque des Evettes. Le glacier du même nom se trouvait alors au fond de cette vaste combe et une longue marche très agréable permettait d’atteindre son front. Aujourd’hui c’est fini. Tout comme ses voisins, le glacier est remonté dans la montagne. On se rend parfaitement compte de ce recul glaciaire depuis les premières rampes du col de l’Iseran.

Il n’y a pas si longtemps, le sommet du col de l’Iseran (2770m) était très fréquenté par les adeptes du ski d’été. Tout près, le glacier du Pisaillas permettait de garder le contact avec la neige. Aujourd’hui c’est terminé. Il ne reste plus qu’une maigre langue de glace sous la Pointe du Montet. L’année 2021 a été une exception. La météo pourrie du mois de juillet a permis un enneigement correct et les skieurs ont pu pratiquer leur sport favori jusqu’à la mi-août.

J’ai déjà expliqué sur ce blog (voir ma note du 30 septembre 2019) les problèmes rencontrés sur le glacier de la Grande Motte à Tignes. En septembre 2019, une étude montrait qu’en certains endroits, il y avait encore 60 mètres de glace, mais que le glacier s’amincissait énormément. En l’espace de 20 ans, il a perdu entre 25 et 30 mètres d’épaisseur. Il perd 1,5 mètre d’épaisseur par an. Comme je l’ai indiqué à plusieurs reprises, les stations de ski de basse et moyenne altitude vont d’ores et déjà devoir diversifier leurs activités, avec le risque d’être confrontées à de sérieuses difficultés si elles ne le font pas.

Je suis surpris par le nombre incroyable d’enneigeurs sur les pentes des montagnes. Des retenues collinaires permettent en général de les alimenter, sans utiliser le réseau d’eau à usage domestique, mais est-ce une bonne option ? Pour que ces canons à neige fonctionnent correctement, il faut une température suffisamment basse, ce qui est loin d’être gagné avec le réchauffement climatique actuel !

Photos: C. Grandpey

 

Fagradalsfjall (Islande): retour de la lave ! // Lava is back !

! 11 septembre – 23 heures: Après plusieurs jours de pause, l’éruption vient de reprendre sur la Péninsule de Reykjanes. Vers 19h15 (heure locale), plusieurs bouches se sont ouvertes au sud du cratère actif. La lave a commencé à s’étaler autour de ces bouches. L’incandescence est ensuite réapparue à l’intérieur du cratère, signe du retour de la lave. Reste à savoir comment va évoluer la situation. Le tremor éruptif semble reprendre de la vigueur lui aussi. Rendez-vous demain matin pour les dernières nouvelles. Voici une vidéo de cet événement:

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12 septembre – 7 heures: L’éruption de Fagradalsfjall continue. La lave continue à s’écouler en aval du cratère actif où l’incandescence est toujours présente. Plus que l’ouverture de nouvelles bouches, il semble que la lave emprunte d’anciens tunnels et s’échappe par des lucarnes dans leur voûte. La pression ne semble pas très forte dans les conduits et l’activité éruptive n’est pas très intense. Le tremor amorce un déclin ce matin. Allons nous assister de nouveau à une activité éruptive à répétition? Personne n’a la réponse!

Vue du site éruptif le 12 septembre au matin (capture écran webcam)

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11 September – 11:00 pm: After a few days’ pause, the eruption has just resumed on the Reykjanes Peninsula. At around 7:15 p.m. (local time), a new vent opened south of the active crater. Lava began to spread around this vent. Then, incandescence reappeared inside the crater, a sign that lava was back inside. It remains to be seen how the situation will develop. The eruptive tremor seems to gain strength. See you tomorrow morning for the latest news.

See above a video of this event.

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12 September – 7 am: The eruption of Fagradalsfjall continues. Lava keeps flowing downslope of the active crater where incandescence is still present. More than the opening of new vents, it seems that lava is travelling along ancient tunnels and squirting through skylights in their vault. The pressure does not appear to be very strong in the ducts and the eruptive activity is not very intense. The tremor is declining this morning. Are we going to witness repeated eruptive activity again? Nobody has the answer!

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Voici quelques captures d’écran montrant la reprise de l’éruption et le sursaut du tremor :

Captures écran webcam

Source: IMO