Comme je l’ai écrit dans une note précédente (13 juillet 2016), le navire de croisière Crystal Serenity a pu emprunter le Passage du Nord-Ouest pendant l’été 2016, grâce à la fonte de la glace dans toute la région.
A l’inverse, au cours de l’été 1778, lorsque le capitaine James Cook tenta de trouver l’entrée ouest de ce passage, il se heurta, au nord du détroit de Béring, à une barrière de glace qui, selon son journal de bord, « était aussi compacte qu’un mur et semblait avoir au moins entre 10 et 12 pieds de hauteur.»
Plus de deux siècles plus tard, les scientifiques examinent des archives tenues méticuleusement par Cook et son équipage pour mieux comprendre comment le réchauffement climatique a pu ouvrir l’Arctique d’une manière que l’explorateur du 18ème siècle n’aurait jamais pu imaginer.
En passant au crible des cartes et des journaux de bord de Cook, ainsi que d’autres documents historiques et les images satellites, les chercheurs de l’Université de Washington ont étudié l’évolution de la glace dans la Mer des Tchouktches, entre l’Alaska et la Russie, pendant près de 240 ans. Les résultats, publiés dans la revue Polar Geography, confirment le retrait important de la calotte glaciaire pendant l’été et apportent une nouvelle lumière sur l’époque où la transformation s’est opérée.
L’étude révèle que pendant plus de 200 ans après la visite de Cook, la couverture de glace d’été dans la Mer des Tchouktches a fluctué, mais s’étendait le plus souvent vers le sud à proximité du secteur où Cook l’a rencontrée. D’une manière générale, entre la période de Cook et les années 1990, la glace se trouvait au mois d’août quelque part autour de la latitude 70 degrés nord.
Aujourd’hui, la limite de glace se trouve à des centaines de kilomètres plus au nord. Cela correspond aux observations récentes qui confirment le rétrécissement rapide de la banquise arctique au cours des trois dernières décennies. Le volume total de glace en été est maintenant de 60 à 70 pour cent inférieur à celui des années 1980, alors que les températures de l’Arctique ont augmenté deux fois plus que le reste de la planète suite à l’augmentation des gaz à effet de serre.
Avec plus de fonte de glace en été et un gel tardif à l’automne, le Passage du Nord-Ouest, autrefois infranchissable, est maintenant navigable pour des paquebots comme le Crystal Serenity, qui a effectué le voyage de 11 700 kilomètres entre l’Alaska et New York en 32 jours. Cette nouvelle situation a également provoqué un rush vers les gisements pétroliers dans des eaux qui étaient autrefois bloquées par la glace. On assiste également à une lutte entre les puissances internationales sur le contrôle du Passage du Nord-Ouest et des ressources qu’il recèle. Les tensions sont semblables à celles qui existaient à l’époque de Cook quand les pays étaient désireux de trouver et de revendiquer le Passage du Nord-Ouest, alors que les baleiniers et les marchands de fourrures se bousculaient pour exploiter cette nouvelle frontière…
Source: The Seattle Times.
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As I put it in a previous note (13 July 2016), the cruise ship Crystal Serenity was able to move through the Northwest Passage during the summer 2016.
However, in the summer of 1778, when Captain James Cook tried to find a western entrance to the route, the British expedition was halted north of the Bering Strait by « ice which was as compact as a wall and seemed to be 10 or 12 feet high at least, » according to the captain’s journal.
More than two centuries later, scientists are mining meticulous records kept by Cook and his crew for a new perspective on the warming that has opened the Arctic in a way the18th century explorer could never have imagined.
Working with maps and logs from Cook’s voyage and other historical records and satellite imagery, University of Washington researchers have tracked changes in ice cover in the Chukchi Sea, between Alaska and Russia, over nearly 240 years. The results, published in the journal Polar Geography, confirm the significant shrinkage of the summer ice cap and shed new light on the timing of the transformation.
The study has found that for more than 200 years after Cook’s visit, the summer ice cover in the Chukchi Sea fluctuated but generally extended south to near where Cook encountered it. Basically, from the time of Cook until the 1990s, the ice was somewhere around 70 degrees north in August.
Now the ice edge is hundreds of kilometres farther north. This corresponds with modern observations that confirm rapid shrinkage of the Arctic ice pack over the past three decades. The total volume of ice in summer is now 60 percent to 70 percent lower than it was in the 1980s, while Arctic temperatures have increased at twice the rate of the rest of the planet as a result of rising greenhouse-gas levels.
With more melting in the summer and delayed freezing in the fall, the once-elusive Northwest Passage is now navigable for vessels like the Crystal Serenity, which made the 11,700-kilometre trip from Alaska to New York in 32 days. The transformation has also triggered a rush to drill for oil in previously ice-choked waters, and an international power struggle over control of the route and resources. The tensions are similar to those in Cook’s days when nations then were eager to find and claim a Northwest Passage, while whalers and fur traders scrambled to exploit the newly opened frontier.
Source: The Seattle Times.
Limite de la glace d’été en 1778 (Historic sea-ice age) et en 2016.
[Source : Institute of Oceanography, University of Hamburg (Germany)]
Augmentation du trafic maritime dans le Passage du NO au cours des dernières années.
[Source: Scott Polar Institute, University of Cambridge (England)]