Le projet international de forage des Champs Phlégréens – auquel j’avais consacré plusieurs notes il y a quelques mois – est entré dans sa phase active. Le but est de « contrôler et étudier le volcan et d’en évaluer les risques ». Le forage devait commencer en 2010 mais les autorités locales avaient mis leur veto car des voix s’étaient élevées pour mettre en évidence les risques d’une telle opération. Après les élections, les têtes ont changé et la nouvelle administration a donné son feu vert au projet il y a seulement quelques mois.
Sous la direction des scientifiques italiens, en particulier de l’INGV, les foreuses ont déjà atteint une profondeur de 200 mètres sur les 500 prévus pour la première tranche de travaux dont le coût s’élève à environ 500 000 euros. Un chercheur fait remarquer que ce sera un voyage dans l’histoire des Champs Phlégréens ; en effet, le forage a atteint la couche de tuf jaune, d’une épaisseur probable d’une centaine de mètres, correspondant à une éruption qui a eu lieu il y a 15000 ans.
Une fois atteinte la profondeur de 500 mètres, le projet actuel prendra fin. La tranche suivante prévoit de forer, d’ici environ 2 ans, un deuxième puits dont la profondeur sera de 3500 mètres.
En fait, ce n’est pas la première fois qu’un forage est effectué dans les Champs Phlégréens. Dans les années 1970 et 1980, alors que la région connaissait un épisode bradysismique, l’AGIP et l’ENEL avaient creusé jusqu’à 3050 mètres de profondeur dans l’espoir de trouver des ressources géothermiques. Le projet est finalement tombé à l’eau car l’exploitation aurait demandé une infrastructure trop coûteuse et la politique énergétique italienne de l’époque était orientée vers le nucléaire.
Anecdote amusante : A l’époque où l’activité bradysismique battait son plein, les autorités de Campanie avaient fait appel à Haroun Tazieff pour analyser la situation. Au vu des tracés sismiques, le volcanologue français avait été surpris de voir avec quelle régularité les événements se produisaient. En étudiant les horaires des trains, il avait vite remarqué que les secousses correspondaient aux passages des convois ! Les scientifiques italiens avaient alors été la risée de la presse !
Source : ANSA.IT.
Vous trouverez l’intégralité de l’article (en italien) à l’adresse ci-dessous, avec une belle photo aérienne des Champs Phlégréens :
http://www.ansa.it/web/notizie/specializzati/scienza/2012/07/26/Iniziata-perforazione-supervulcano-Campi-Flegrei_7240605.html?idPhoto=1

L’Observatoire Friedlender, aujourd’hui disparu, dans la Solfatara.
(Photo: C. Grandpey)