Suite à ma note mise en ligne le 21 avril, voici quelques informations supplémentaires sur ce volcan sous-marin – baptisé NW Rota -1 – exploré par une expédition américaine qui vient de publier ses conclusions.
Le volcan est très actif et a grandi considérablement depuis le début des observations en 2004. Le dernier cône qui s’est édifié récemment mesure 40 mètres de hauteur et présente une base de 300 mètres de diamètre.
Comme je l’indiquais précédemment, une vie animale (avec beaucoup de crevettes et de patelles) s’est mise en place sur le volcan, en dépit des éruptions et du milieu extrêmement hostile. Ces êtres vivants parviennent à exister dans des conditions qui seraient toxiques pour une vie marine normale. Ici, la vie existe grâce à l’éruption du volcan ! C’est dans les émissions hydrothermales que les animaux trouvent leur nourriture sous forme de filaments bactériens qui recouvrent les roches. Plus il y a d’émissions hydrothermales, plus la vie animale est dense ! Les crevettes, en particulier, semblent apprécier cet environnement. Les scientifiques ont réussi à observer une évolution chez les crevettes ‘Loihi’ déjà observées à Hawaii sur le volcan sous-marin du même nom. Ils ont remarqué que la morphologie de ces crevettes se modifiait avec le temps; en grandissant, elles se dotent de pinces qui les transforment en prédateurs, alors qu’elles étaient des proies à l’origine !
Le NW Rota-1 constitue un laboratoire exceptionnel car il montre la relation qui existe entre l’activité volcanique et les écosystèmes qui se développent autour des bouches hydrothermales. Beaucoup de chercheurs sont persuadés que la vie sur Terre a commencé dans cet environnement.
D’autre part, le NW Rota-1 permet d’observer une éruption en profondeur, puisque son cratère actif se trouve à 520 mètres sous la surface de l’océan. Cette profondeur élimine les risques qui accompagnent les explosions de surface – comme l’éruption phréato-magmatique aux îles Tonga récemment – qui peuvent être très dangereuses
A une telle profondeur, le panache éruptif n’a plus la même morphologie qu’en surface où il est chargé de vapeur, de cendre et de gaz invisibles à l’œil nu. Au fond de l’océan, la vapeur se condense et disparaît immédiatement. On peut parfaitement observer les bulles de CO2 ainsi qu’un nuage de minuscules gouttelettes de soufre, résultat du contact du SO2 avec l’eau de mer. Ces gaz volcaniques rendent le panache éruptif extrêmement acide, obstacle supplémentaire pour les communautés biologiques qui ont élu domicile autour du volcan et qui ont, malgré tout, réussi à s’adapter.
Comme je l’indiquais dans ma note précédente, les scientifiques américains ont utilisé le robot Jason pour faire une approche encore plus serrée du volcan. Ils ont pu ainsi voir la lave sortir de la bouche éruptive, sans que le phénomène soit explosif à cause de la pression exercée par l’eau de mer. L’utilisation d’hydrophones a permis de mieux ausculter le cœur du volcan.
Cette étude est particulièrement intéressante car les volcans sous-marins actifs et accessibles sont extrêment rares sur la planète. Le Loihi – au large de la côte sud de la Grande Ile à Hawaii – est bien connu, mais son activité est moins régulière que celle du NW Rota-1. De plus, son sommet se trouve à environ 900 mètres sous la surface de l’océan, ce qui le rend moins accessible que le volcan au large de l’île de Guam.