Réchauffement climatique : inondations catastrophiques à Bali et à Florès // Global Warming : catastrophic floods in Bali and Flores

Les îles indonésiennes de Bali et de Florès font partie des destinations volcaniques les plus recherchées par les touristes. Il est vrai que ces îles sont magnifiques. La réputation des rizières de Bali n’est plus à faire. À Florès, le volcan Kelimutu, dénommé Montagne des Esprits, est connu pour la couleur de ces trois lacs : turquoise, brun et noir. Un aussi grand nombre de visiteurs présente inévitablement des problèmes et le surtourisme peut générer des catastrophes.

Photo: C. Grandpey

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Ainsi, le 9 septembre 2025, de fortes pluies se sont abattues sur Bali et sur Flores, avec pour conséquences des crues soudaines, des glissements de terrain et la rupture de digues. Le bilan humain est lourd : 23 morts sur les deux îles, plusieurs personnes sont toujours portées disparues et des centaines d’habitants ont dû être déplacés. Les infrastructures ont aussi été fortement touchées : routes inondées ou coupées, accès aux aéroports perturbés, habitations et commerces submergés, coupures d’électricité et d’eau dans certaines zones.

Le gouvernement indonésien a envoyé des équipes de secours pour distribuer de la nourriture et des vêtements, ainsi que pour reloger les habitants sinistrés. Les opérations sur le terrain ont été rendues difficiles par l’énorme quantité de matériaux, notamment des tonnes de déchets plastiques, charriés par les inondations à Bali et Flores.

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Depuis des années, ces deux îles connaissent une montée en puissance de leur fréquentation touristique, avec plus de 6 millions de visiteurs par an. Les conséquences environnementales sont énormes. Les rizières, qui m’avaient émerveillé dans les années 1990 et qui permettent d’absorber l’eau, sont remplacées par des hôtels et des villas. En plus, la gestion des déchets est plus qu’aléatoire. Par exemple, près de 33 000 tonnes de déchets plastiques sont mal gérées chaque année à Bali. D’après les autorités, ce sont ces détritus qui ont bouché les systèmes de drainage et entraîné des débordements d’eau incontrôlables.

À ces problèmes viennent s’ajouter les effets du réchauffement climatique. L’Indonésie a toujours été sujette aux crues soudaines et aux glissements de terrain, mais le réchauffement climatique augmente l’intensité des tempêtes,avec des pluies plus abondantes et des rafales plus violentes. À noter que les inondations à Bali et Flores ont eu lieu début septembre alors que la saison des pluies n’est attendue qu’en novembre dans l’archipel. Cette situation montre l’importance des dérèglements et les conséquences dramatiques qu’ils entraînent.

Au moment des inondations, les touristes présents sur place ont été mis en sécurité et ont eu pour recommandation officielle de suivre les alertes météorologiques, d’éviter les zones inondées ou à risque, et de se renseigner avant de se déplacer. À plus long terme, c’est la réputation de ces deux îles qui va en pâtir. En effet les images, très impressionnantes, des dégâts peuvent inquiéter les voyageurs potentiels qui savent désormais que même la saison sèche peut connaître des catastrophes climatiques.

Au final, les inondations à Bali et Flores montrent clairement que le risque lié au climat est réel. Ce n’est pas une simple catastrophe momentanée : c’est un signal fort que les destinations touristiques, surtout celles dépendantes de la nature, des infrastructures sensibles et des saisons, doivent intégrer la résilience climatique dans leurs stratégies touristiques.

Source : presse internationale.

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The Indonesian islands of Bali and Flores are among the most popular destinations among tourists. It’s true that these islands are magnificent. The reputation of Bali’s rice paddies is well-established. In Flores, Kelimutu volcano, known as Spirit Mountain, is known for the color of its three lakes: turquoise, brown, and black. Such a large number of visitors inevitably presents problems, and overtourism can lead to disasters.
For example, on September 9, 2025, heavy rains fell on Bali and Flores, resulting in flash floods, landslides, and dike failures. The human toll was high: 23 deaths on the two islands, several people are still missing, and hundreds of residents have been displaced. Infrastructure has also been severely affected: flooded or cut roads, disrupted access to airports, submerged homes and businesses, and power and water outages in some areas.
The Indonesian government has sent relief teams to distribute food and clothing, as well as to relocate affected residents. Operations on the ground have been made difficult by the enormous quantity of materials, including tons of plastic waste, carried by the floods in Bali and Flores.
For years, the two islands have seen a surge in tourism, with more than 6 million visitors per year. The environmental consequences are enormous. The rice fields, which amazed me in the 1990s and which help absorb water, are being replaced by hotels and villas. Moreover, waste management is more than haphazard. For example, nearly 33,000 tons of plastic waste are mismanaged each year in Bali. According to authorities, it was this debris that clogged drainage systems and caused uncontrollable overflows.
Adding to these problems are the effects of global warming. Indonesia has always been prone to flash floods and landslides, but global warming is increasing the intensity of storms, with heavier rains and more violent gusts. It should be noted that the floods in Bali and Flores occurred in early September, while the rainy season is not expected until November in the archipelago. This situation highlights the extent of the disruptions and the dramatic consequences they cause.
At the time of the floods, tourists on site were taken to safety and were officially advised to follow weather warnings, avoid flooded or at-risk areas, and seek information before traveling. In the longer term, the reputation of these two islands will suffer. Indeed, the shocking images of the damage may worry potential travelers, who now know that even the dry season can experience climate-related disasters.
Ultimately, the floods in Bali and Flores clearly demonstrate that climate-related risks are real. This is not just a temporary disaster: it’s a strong signal that tourist destinations, especially those dependent on nature, sensitive infrastructure, and the seasons, must integrate climate resilience into their tourism strategies.
Source: international press.

Le Mont Fuji et le surtourisme au Japon // Mount Fuji and overtourism in Japan

Ça va mal au Japon ; les Japonais sont en colère. Le mont Fuji (3776 m), merveille naturelle la plus emblématique du pays et site classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, ne fait plus la une des journaux pour sa beauté, mais parce qu’il est en train de devenir une « montagne de déchets ».

Crédit photo: Wikipedia

Autrefois vénéré pour sa sérénité et son symbolisme, le mont Fuji montre aujourd’hui les conséquences fâcheuses de sa popularité : bouteilles, emballages et toutes sortes d’équipements abandonnés jonchent les sentiers d’accès au célèbre volcan.
En 2024, le Japon a accueilli un nombre record de touristes. Mais cette croissance a un revers de taille. Des destinations très prisées comme Kyoto, Tokyo et surtout le mont Fuji sont submergées par un trop grand nombre de visiteurs. Cette forte augmentation de la fréquentation entraîne une augmentation des déchets et une dégradation de l’environnement sur cette montagne autrefois parfaitement propre. De nombreuses images de pentes jonchées de détritus ont circulé sur les réseaux sociaux, ce qui va à l’encontre de la notion de propreté au Japon. Cette abondance de détritus a valu au mont Fuji le surnom peu enviable de « montagne de déchets ». Les autorités locales, la population autour du volcan et les observateurs internationaux tirent désormais la sonnette d’alarme. En réponse, le gouvernement japonais et les autorités régionales mettent en place des politiques visant à réduire l’impact environnemental du tourisme de masse.
Dans une note publiée en février 2018, j’expliquais que les autorités japonaises avaient décidé de réduire de 25% le nombre de randonneurs sur le mont Fuji. Des seuils pour deux des quatre sentiers d’accès au sommet ont été proposés lors d’une réunion le 15 février 2018, suite à un appel de l’UNESCO visant à remédier à la surfréquentation sur le volcan, susceptible d’avoir un impact sur l’environnement naturel et même la survie de la montagne. Selon ce plan, le nombre de randonneurs serait limité à 4 000 par jour sur le sentier Yoshida, dans la préfecture de Yamanashi, et à 2 000 sur le sentier Fujinomiya, dans la préfecture de Shizuoka. Selon le ministère de l’Environnement, le nombre quotidien de randonneurs a atteint un pic de 4 544 sur le sentier Yoshida et de 2 656 sur le sentier Fujinomiya pendant la saison d’escalade de juillet à septembre 2017.

Reflet du Mont Fuji dans le lac Kawaguchi, l’une des Trente-Six Vues du Mont Fuji de Katsushika Hokusai.

Le surtourisme met non seulement à rude épreuve les infrastructures locales, mais menace également les écosystèmes naturels et le patrimoine culturel. Les amas de déchets peuvent libérer des toxines dans le sol et polluer l’eau, nuire à la faune et dégrader les conditions de visite des touristes. Si le mont Fuji est l’exemple le plus visible du surtourisme, de nombreux sites culturels et naturels du Japon subissent cette pression.
Sans une gestion rigoureuse, les profits économiques du tourisme risquent de se faire au détriment de l’environnement et de la culture sur le long terme. Alors que le Japon poursuit son objectif ambitieux d’atteindre 60 millions de visiteurs par an d’ici 2030, la nécessité d’établir un équilibre entre croissance et durabilité devient de plus en plus urgente. Une solution pour enrayer le problème croissant des déchets serait d’augmenter les droits d’entrée pour les visiteurs étrangers, ce qui pourrait contribuer à financer la préservation de l’environnement. Les collectivités locales encouragent également les voyageurs à visiter les régions moins fréquentées, ce qui répartirait la pression touristique de manière plus uniforme.
Des campagnes comme « Tourisme pour tous » encouragent les touristes à respecter les traditions locales et à ne pas laisser leurs déchets derrière eux. De plus, le gouvernement encourage le développement du tourisme régional, notamment dans les zones peu visitées, mais présentant une valeur culturelle et naturelle.
Source : The Japan Times.

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Things are going badly in Japan ; the Japanese are angry. Mount Fuji (3,776 m.), the country’s most iconic natural wonder and a UNESCO World Heritage site, is no longer making headlines for its beauty, but because it is becoming a « trash mountain. »

Once revered for its serenity and symbolism, it is now showing the wear and tear of popularity in the form of discarded bottles, wrappers, and gear littering its trails.

In 2024, Japan welcomed a record number of tourists. But this growth came with a big downside. Popular destinations such as Kyoto, Tokyo, and especially Mount Fuji have become overwhelmed by the number of visitors.

This spike in foot traffic has led to increased waste and environmental degradation on the once-pristine peak. Images of litter-strewn slopes have circulated widely online, which goes against the Japanese notion of cleanliness. The surge in trash earned Mount Fuji the poorly enviable nickname of « trash mountain ». Local officials, concerned citizens, and international observers are now raising alarms. In response, the Japanese government and regional authorities are introducing policies to reduce the environmental toll of mass tourism.

In a post released in February 2018, I explained that Japanese authorities had decided to reduce the number of hikers on Mount Fuji by up to 25 percent. The thresholds for two of the four trails to the summit were proposed at a meeting on February 15th, 2018 in response to a call by UNESCO to address the congestion on the volcano, which may have an impact on the mountain’s natural environment and existence. Under the plan, hikers would be limited to 4,000 climbers a day on the Yoshida trail in Yamanashi prefecture and 2,000 on the Fujinomiya trail in Shizuoka prefecture. According to the Environment Ministry, the number of climbers per day had peaked at 4,544 on the Yoshida trail, and 2,656 on the Fujinomiya trail during the July-September 2017 climbing season.

Overtourism not only strains local infrastructure but also threatens natural ecosystems and cultural heritage. Piles of trash can leach toxins into the soil and water, harm wildlife, and degrade visitor experiences. While Mount Fuji is the most visible example, many of Japan’s cultural and natural sites are feeling the pressure.

Without careful management, the economic gains of tourism risk coming at the cost of long-term environmental and cultural loss. As Japan pursues its ambitious goal of reaching 60 million visitors per year by 2030, the balance between growth and sustainability is becoming increasingly urgent.

One solution to curb the mounting waste problem includes introducing higher entry fees for international visitors, which could help fund environmental maintenance. Local governments are also urging travelers to visit less-trafficked regions, spreading out tourism pressure more evenly.

Campaigns like « Tourism for All » are encouraging visitors to respect local traditions and pack out all trash. Moreover, the government is promoting regional tourism development, particularly in under-visited areas with cultural and natural value.

Source : The Japan Times.

L’érosion littorale révèle des déchets toxiques à la Dune du Pilat (Gironde)

Qui ne connaît pas la Dune du Pilat, la plus haute dune d’Europe avec ses quelque 103 mètres de hauteur ? Située à quelques encablures d’Arcachon et classée Grand Site de France, elle accueille plus de deux millions de visiteurs chaque année.

Photo: C. Grandpey

Comme tout le littoral atlantique la Dune du Pilat subit les effets de l’érosion littorale, avec une bien mauvaise surprise fin juillet 2025. Des déchets toxiques ont été retrouvés sous la dune avec des fûts métalliques rouillés, des plastiques épais, des fragments de bâches et des résidus de chantier. Un communiqué commun du Conservatoire du littoral et du Syndicat Mixte de la Grande Dune du Pilat a confirmé une pollution aux hydrocarbures. Ces matériaux enfouis depuis plusieurs décennies ont été mis au jour par l’érosion. Cette pollution pourrait remonter aux années 1960–1970, période où les réglementations environnementales étaient encore très floues. Ce type de dépôt sauvage était courant, même sur des sites naturels. Le sable a par la suite tout recouvert, jusqu’à ce que l’érosion fasse son travail. Avec le réchauffement climatique et la hausse de niveau des océans, entre un et cinq mètres de littoral sont rognés par les vagues chaque année.

En réponse à cette découverte, les autorités ont décidé de fermer une partie du site, notamment le secteur de Sabloney. C’est un incident fâcheux qui survient en plein milieu de la saison estivale et risque d’impacter les retombées économiques.

Suite à la découverte de cette pollution, des mesures ont rapidement été envisagées. L’accès à la zone de Sabloney concernée a été interdit, ainsi que le survol du secteur. Les services techniques vont évaluer l’ampleur des matériaux enfouis. Suivront des travaux de réhabilitation : pour nettoyer les déchets et revaloriser la Dune du Pilat.

Afin de ne pas affoler le public en pleine période estivale, le Syndicat Mixte de la Grande Dune du Pilat et le Conservatoire du littoral se sont empressés de clarifier la situation et de préciser que la Dune du Pilat demeure pleinement ouverte aux visiteurs. Le communiqué de presse du 22 juillet 2025 indique que seule une zone très restreinte « représentant quelques mètres carrés localisés au lieu-dit le Sabloney (50 mètres carrés environ, tout au sud de la Dune), vers le site de décollage des parapentes, fait actuellement l’objet d’une mesure de protection. Cette interdiction ne concerne en aucun cas les accès principaux et officiels à la Dune, ni les sentiers ouverts au public. »

Source : Syndicat Mixte de la Grande Dune du Pilat, Conservatoire du littoral, presse régionale.

Piton de la Fournaise (Île de la Réunion) : l’Enclos est fermé… pour cause d’éboulement !

Le Piton de la Fournaise n’est pas en éruption, mais les médias réunionnais indiquent qu’un éboulement s’est produit le 6 août 2025 au matin dans les escaliers du Pas de Bellecombe, principal accès à l’Enclos. En raison de cet éboulement, l’accès est pour l’heure totalement interdit. Des agents de l’ONF et la gendarmerie se sont rendus sur place. Huit randonneurs présents dans l’Enclos au moment de l’incident ont été évacués par hélicoptère vers le Pas de Bellecombe. Aucun blessé n’est à signaler. Des travaux de sécurisation vont devoir être réalisés après l’inspection du site et des dégâts causés. Une fermeture prolongée du sentier de plusieurs semaines est donc envisagée. Les sentiers Kapor et Rivals sont eux aussi fermés.

À noter que l’éboulement est lié à un phénomène d’érosion et n’a absolument rien à voir avec l’activité éruptive du Piton de la Fournaise. C’est le calme plat en ce moment sur le volcan.

Source: presse locale.

Photo: C. Grandpey