Quelques nouvelles d’Islande // Some news from Iceland

Dans un bulletin publié le 19 août 2025, le Met Office islandais indique qu’un séisme de magnitude M3,2 a été enregistré dans le sud-ouest de l’Islande peu après 18h00 le 18 août et a été ressenti jusque dans la région de la capitale. L’épicentre a été localisé à Brennisteinsfjöll, une zone sismique active. Depuis le début de l’activité sur la péninsule de Reykjanes en 2020, la sismicité dans cette zone a augmenté. Elle traduit l’accumulation de plus en plus importante de contraintes dans la croûte terrestre.
Le Met Office prévient que de forts séismes se produisent régulièrement dans cette région, bien qu’à de longs intervalles, et que la date du prochain n’est, bien sûr, pas connue. Les derniers séismes majeurs ont été de magnitude M6,4 en 1929 et de magnitude M6,1 en 1968. Depuis cette époque, les normes de construction n’ont cessé de s’améliorer, avec des exigences plus strictes en matière de conception parasismique. Bien que des séismes de cette ampleur puissent provoquer des chutes de pierres sur des falaises et déplacer des objets ménagers, les blessures en Islande sont rares et résultent le plus souvent de la chute d’objets mal fixés lors des secousses. Le Met Office ajoute que dans les zones à risque sismique, il est conseillé de prendre des mesures préventives pour réduire les risques de dommages. Par exemple, il est fortement conseillé de sécuriser les objets lourds et veiller qu’ils ne soient pas placés au-dessus des lits. Il est également recommandé de consulter les consignes d’intervention en cas de séisme
Une activité sismique est également enregistrée à l’ouest du Kleifarvatn. Krýsuvík et ses environs sont historiquement connus pour leur activité sismique, mais l’activité récente est principalement liée à des intrusions magmatiques sous Fagradalsfjall et la chaîne de cratères de Sundhnúkur. À Krýsuvík, on a observé un soulèvement et un affaissement du sol. La zone a déjà présenté de telles fluctuations, mais la déformation actuelle semble plus rapide que précédemment.
L’accumulation de magma se poursuit sous Svartsengi à un rythme semblable à celui observé avant la dernière éruption. Aucune activité sismique n’a été détectée dans la zone depuis le début de la dernière éruption.

Nouvelle carte de risques sur laquelle apparaît en jaune le champ de lave de la dernière éruption (Source : IMO)

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In a report released on 19 August 2025, the Icelandic Met Office indicates that an M3.2 earthquake struck southwest Iceland shortly after 18:00 on 18 August and was felt in the capital area. The quake was located in Brennisteinsfjöll, an active seismic zone. Since the onset of activity on the Reykjanes Peninsula in 2020, seismicity in this area has increased, reflecting growing stress accumulation in the crust.

The Met Office warns that strong earthquakes recur in this region, although at long intervals, and it is uncertain when the next might occur. The last major events were M6.4 in 1929 and M6.1 in 1968. Since then, building standards have steadily improved with stricter requirements for earthquake-resistant design. While earthquakes of this size can trigger rockfalls in steep slopes and cause household items to shift, injuries in Iceland are rare and most often result from unsecured objects falling during shaking.

The Met Office adds that in earthquake-prone areas it is advisable to take preventive measures to reduce the risk of damage, such as securing heavy objects so they are not placed above beds, and reviewing guidelines on how to respond during earthquakes.

Some seismic activity has also been recorded west of Kleifarvatn. Krýsuvík and nearby areas are historically known for earthquakes, but recent activity is mainly linked to intrusion-related quakes beneath Fagradalsfjall and Sundhnúkur. At Krýsuvík, both uplift and subsidence have been measured. The area has shown such fluctuations before, but the current deformation appears faster than previously observed.

Magma accumulation continues beneath Svartsengi at a rate similar to that before the last eruption. No seismic activity has been detected in the area since the eruption began.

Islande : fin de l’éruption // Iceland : end of the eruption

L’éruption qui avait débuté le 16 juillet 2025 sur la péninsule de Reykjanes est désormais terminée. Le Met Office explique que le tremor volcanique et l’activité explosive ont cessé au cours du week-end. Aucune activité n’est actuellement observée au niveau des cratères. Cependant, les visiteurs du site de l’éruption doivent savoir qu’il est très dangereux de marcher sur de la lave nouvellement émise, car la croûte superficielle peut s’effondrer sous les pas sans prévenir et de la lave encore incandescente peut se trouver juste en dessous. De plus, la pollution gazeuse peut encore dépasser les seuils de danger à proximité du site de l’éruption.
Comme je l’ai déjà indiqué, le soulèvement du sol a repris à Svartsengi d’environ 2 à 3 centimètres. Cela confirme que le magma continue de s’accumuler et que si le soulèvement se poursuit, on pourrait assister à de nouvelles éruptions.

Image de drone d’Isak Finnbogason, souvenir de la dernière éruption

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The eruption that began on July 16 2025 on the Reykjanes Peninsula has now come to an end.  The Met Office explains that volcanic tremor and explosive activity ceased over the weekend. No activity is currently observed in the craters. However, visitors to the eruption site are warned that it is very dangerous to walk on newly formed lava, as the surface crust may collapse without warning and glowing lava may lie just beneath. Moreover, gas pollution can still exceed danger thresholds in the vicinity of the eruption site.

As I put it before, uplift has resumed at Svartsengi by approximately 2–3 centimeters. This confirms that magma is still accumulating, and if uplift continues, it could lead to new magma intrusions and future eruptions.

Islande : poursuite du soulèvement du sol à Svartsengi // Iceland : ground uplift continues at Svartsengi

Dans sa dernière mise à jour du 17 octobre 2024, le Met Office islandais indique que l’accumulation de magma sous Svartsengi et le soulèvement du sol dans cette zone se poursuivent, comme le montre le graphique ci-dessous. Sur la base des mesures actuelles, les scientifiques islandais estiment qu’il faudra environ 4 à 5 semaines avant qu’une nouvelle éruption se produise
On peut lire dans la mise à jour que la progression de l’accumulation de magma sous Svartsengi et le soulèvement du sol sont restés stables ces dernières semaines. Le soulèvement du sol se poursuit à un rythme soutenu. Il a légèrement ralenti il ​​y a environ 1 à 2 semaines, mais n’a pas connu d’autres variations. Rien n’indique que l’accumulation de magma se soit arrêtée.
Les modèles révèlent qu’environ 24 millions de mètres cubes de magma ont quitté leur zone d’accumulation sous Svartsengi pour percer la surface sur la chaîne de cratères Sundhnúkur lors de la dernière éruption qui a débuté le 22 août 2024. On remarque une tendance selon laquelle une quantité de magma identique ou supérieure à celle utilisée par l’éruption précédente doit s’accumuler avant l’éruption suivante.
Si l’accumulation de magma continue au rythme actuel, le Met Office pense que le résultat le plus probable sera une éruption sur la chaîne de cratères Sundhnúks. À ce stade, il est impossible de dire à quel moment le prochain événement éruptif se produira.
Lorsque le magma commence à se déplacer vers la surface, on observe d’abord une hausse de la sismicité, des changements rapides dans la déformation du sol et des changements de pression dans les forages. Le Met Office prévient que le temps entre le premier signal et le début d’une éruption peut être très court. 30 minutes seulement se sont écoulées avant la dernière éruption du 22 août 2024.

Le graphique montre le mouvement vertical du sol en millimètres dans le secteur de Svartsengi. La dernière mesure est indiquée par un point vert. Les lignes rouges marquent le début des éruptions : 18 décembre 2023, 14 janvier, 8 février, 16 mars, 29 mai et 22 août 2024. Les lignes bleues indiquent les mouvements de dikes qui n’ont pas débouché sur une éruption le 10 novembre 2023 et le 2 mars 2024. (Source : Met Office).

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In its latest update of October 17th, 2024, the Icelandic Met Office indicates that magma accumulation beneath and land uplift above Svartsengi continue, asseen on the chart below. Based on the current measurements, Icelandic scientists estimate about 4-5 weeks until a new eruption will be considered likely

One can read in the update that the progression of magma accumulation beneath and land uplift above Svartsengi have remained unchanged in recent weeks. The land uplift continues at a steady rate. It slowed down slightly about 1-2 weeks ago but has not diminished further. There is no indication that magma accumulation has stopped.

Models calculate that about 24 million cubic meters of magma left the magma accumulation zone beneath Svartsengi to erupt at the Sundhnúkur crater row in the last eruption that started on August 22nd, 2024. There has been a trend that the same amount or more magma than left during the last event has needed to accumulate prior to each subsequent dyke movement or eruption.

If magma accumulation continues at a similar rate as now the most likely outcome is considered an eruption at the Sundhnúks crater row. At this point there is significant uncertainty in the possible timing of the next event.

When magma starts to move tpward the surface, the first signs are an increase in seismicity, rapid changes in ground deformation and pressure changes in boreholes. The Met Office warns that the time between the first signal and the start of an eruption can be very short. There were only 30 minutes prior to the most recent eruption on August 22nd.

Le soulèvement du Groenland (suite) // Ground uplift in Greenland (continued)

Un article paru sur le site web Live Science nous informe que le Groenland perd en ce moment tellement de glace que l’île se soulève. La perte de glace au niveau des glaciers qui viennent vêler le long des côtes groenlandaises fait se soulever la masse continentale, un peu comme un matelas en train de décompresser.
J’ai déjà expliqué ce phénomène appelé ‘rebond isostatique’ à propos de l’Islande où certains scientifiques pensent que la perte de masse de l’île due à la fonte des glaciers pourrait favoriser les éruptions volcaniques. Cependant, nous ne disposons pas de suffisamment de recul pour confirmer cette hypothèse.

En Islande, le rebond isostatique pourrait poser des problèmes d’approche des gros navires dans les ports du sud et du sud-est de l’île car leur tirant d’eau pourrair devenir insuffisant avec le soulèvement du plancher océanique littoral. Le problème ne devrait pas se poser au Groenland où les côtes plongent beaucoup plus rapidement dans les profondeurs.

A noter que le rebond isostatique est également observé en Patagonie (voir ma note du 13 mars 2022).

Le soulèvement du Groenland est un processus bien connu. Depuis la fin de la dernière période glaciaire, il y a environ 11 700 ans, le retrait de la calotte glaciaire a allégé la masse du Groenland, permettant à son substrat rocheux de se soulever. En plus de ce processus qui se déroule sur une très longue période, le Groenland perd désormais de la glace beaucoup plus rapidement en raison du réchauffement climatique observé au cours des dernières décennies.

La calotte glaciaire du Groenland perd environ 262 gigatonnes de glace chaque année. Le long des côtes, en venant vêler dans l’océan, les glaciers émissaires perdent à eux seuls environ 42 gigatonnes de glace, selon une étude parue en 2022.

(Photo: C. Grandpey)

Une nouvelle étude publiée en janvier 2024 dans la revue Geophysical Research Letters révèle que cette perte de glace contribue dans une large mesure à la remontée du substrat rocheux du Groenland. Dans certaines régions, la perte de glace est responsable de près d’un tiers du mouvement vertical des terres.
Les auteurs de la nouvelle étude ont utilisé les données fournies par 58 capteurs GPS enfouis dans le substrat rocheux autour du Groenland pour mesurer le mouvement vertical depuis 2007. Ils ont ensuite déterminé dans quelle mesure ce mouvement était dû à la perte de glace actuelle et récente et quelle part était due à une perte de glace au cours des siècles précédents.
Les résultats montrent que la perte de glace au niveau des glaciers est responsable d’une grande partie du soulèvement du Groenland. Elle représente respectivement 32 % et 27,9 % du rebond isostatique dans deux parties nord et est de la masse continentale. Le rebond du substrat rocheux le plus significatif est observé près du glacier Kangerlussuaq, dans le sud-est du Groenland, où le sol se soulève d’environ 8 millimètres par an. Ce glacier a reculé de 10 kilomètres depuis 1900 et s’est aminci de plusieurs centaines de mètres près de son extrémité.

 

(Photo: C. Grandpey)

Il existe d’autres moyens de quantifier la réduction de la calotte glaciaire du Groenland, comme les mesures altimétriques et gravitationnelles, dont les variations peuvent être évaluées par satellite. Ces différentes techniques permettent des mesures précises de la quantité de glace qui disparaît chaque année au Groenland. .
Source  : Live Science via Yahoo Actualités.

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An article released on the website Live Science informs us that Greenland is losing so much ice that it is getting taller. The flow of glaciers off the edges of Greenland is causing the landmass to rise like a decompressing mattress.

I have already explained this phenomenon called ‘isostatic rebound’ about Iceland where sone scientists think that the lighter mass of the island due to glacier melting might favour volcanic eruptions. However, this hypothesis has not been confirmed yet.

The uplift of Greenland is a long-term and well-known process. Since the end of the last ice age about 11,700 years ago, the retreat of the ice sheet has taken a weight off of Greenland, allowing its bedrock to rise. On top of this long-running process, Greenland is now rapidly losing ice due to the global warming of the last decades. The Greenland Ice Sheet is shedding approximately 262 gigatons of ice each year. Its peripheral glaciers – or outlet glaciers – are losing about 42 gigatons of ice alone, according to 2022 research.

A new study published in January 2024 in the journal Geophysical Research Letters finds that this glacial ice loss contributes a significant amount to the springing up of Greenland’s bedrock. In some areas, the glacial ice loss is responsible for nearly a third of the total vertical land motion.

The authors of the new study used data from 58 GPS monitors drilled into the bedrock around Greenland to measure vertical motion since 2007. Then, they determined how much of this movement was due to current and recent ice loss and how much was from longer-term rebound.

The results showed that ice loss from glaciers was responsible for large portions of Greenland’s rise — 32% and 27.9% of the total rebound in two basins in the northern and eastern parts of the landmass. The largest rate of bedrock rebound was seen near Kangerlussuaq Glacier in southeast Greenland, where the ground is rising at about 8 millimeters per year. That glacier has retreated 10 kilometers since 1900 and has thinned near its terminus by hundreds of meters.

Other ways of quantifying the shrinking of the Greenland Ice Sheet include measurements of altimetry and gravity, variations of which can be measured by satellite. Together with vertical land motion, these multiple techniques can lead to precise measurements of how much ice is disappearing.

Source : Live Science via Yahoo News.